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    Rosalie Peluche de SAINT-JUST-LA-PENDUE<o:p></o:p>

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    Les contes des Bords du Rhins<o:p>

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    « Institutrice honoraire de l’Education Nationale »,  c’est ainsi que Rosalie Peluche avait fait compléter ses cartes de visite le jour où elle avait quitté définitivement la direction de l’école à deux classes qu’elle avait dirigée d’une main à la fois ferme et maternelle au village de Lacroix de Saint-Just. Trente-sept années et demie d’une vocation sans faille, pour ne pas dire sans congé tant ses absences furent rares aussi bien de sa classer que du pays, lui avaient permis d’acquérir une connaissance quasi encyclopédique des gens, des us et des coutumes de la région dont elle ne manquaient jamais de se prévaloir.

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    Cette présence, que certains trouvaient quelque peu envahissante, lui avait valu le surnom de « <st1:PersonName productid="La Pendue" w:st="on">La Pendue</st1:PersonName> » : appellation d’autant plus discutable qu’elle pouvait s’appliquer aussi bien à ses origines, elle était née, en effet, au hameau qui porte ce nom, qu’à sa langue dont elle faisait un usage manifestement abusif.

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    Mais Rosalie Peluche ne se formalisait guère de cette familiarité que l’on avait prise avec elle et le sobriquet qui, pour d’autres, aurait pu être traumatisant, n’avait sur elle aucune espèce de conséquence. Il est vrai que sa propension à s’occuper avec frénésie de ce qui ne la regardait pas lui laissait le temps de s’occuper d’elle-même.

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    Son mari, qu’elle semblait avoir épousé par inadvertance, s’était très tôt retiré sur la pointe des pieds lorsqu’il s’était rendu compte qu’il n’était pas de  taille à affronter les deux seules passions de sa compagne : l’enseignement primaire obligatoire et les ragots.

    Rosalie avait été si peu affectée par cette séparation qu’il lui arrivait parfois d’évoquer sa longue vie de jeune fille sans référence aucune à son aventure matrimoniale.

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    Dans sa petite maison au lieu-dit « Chez Clopet », qu’elle avait héritée de ses grands-parents, elle n’avait rien changé à la disposition des lieux, moins pour marquer l’absence de solution de continuité entre les générations que pour souligner le peu de cas qu’elle faisait de son rôle de femme au foyer.

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    Depuis son départ à la retraite, elle s’était rapprochée de l’église et le curé qu’elle tutoyait, ils s’étaient connus sur les bancs de la communale, ne perdait jamais une occasion de la plaisanter sur ce point. Insensible à la taquinerie, elle essayait parfois d’élever le débat : « Ecoute Félix, c’est tout de même injuste que les femmes ne puissent pas accéder à la prêtrise », « Veux-tu bien te taire Rosalie reprenait aussitôt le curé, le seul sacrement qui t’intéresse, toi, dans notre ministère, c’est <st1:PersonName productid="la Confession" w:st="on">la Confession</st1:PersonName> ». Elle hochait la tête mais ne le contredisait pas plus avant.

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    Il n’y avait pour ainsi dire pas de réunion dans le village pour laquelle elle ne se trouvât pas un prétexte qui lui permis d’y assister mais il aurait fallu qu’elle fut bien malade pour se priver d’un baptême, d’un mariage et plus encore d’un enterrement. C’est lors de ces derniers qu’elle pouvait donner toute la mesure de ses « connaissances ». « Ce pauvre Alphonse, avec la vie qu’il a menée »…et elle détaillait à tout venant, avec une délectation à peine dissimulée, les raisons multiples qui, selon elle, justifiaient amplement une issue fatale aussi rapide. « Tais-toi Rosalie » lui disait-t-on parfois ; elle baissait les yeux, marmonnait une prière mais reprenait peu après et de plus belle : « Tant qu’il a vécu avec Ernestine… ». Et il n’y avait guère que le passage à un temps fort de la cérémonie qui mit un terme momentané à son déluge de commérages.

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    Les seules obsèques qui ne furent pas l’objet de ragots de Rosalie Peluche, furent… les siennes. Ce soir là, un vendredi, il pleuvait à  verse sur la colline de Saint-Just-la-Pendue. Tout le village cependant c’était rassemblé au cimetière devant le caveau des familles Peluche et Jacquetou. Après les allocutions d’usage ; monsieur l’Inspecteur de l’Education Nationale s’était déplacé pour la circonstance, on entendit monter du fond de la fosse comme une rumeur confuse à forme répétitive. Le prêtre fit un pas en avant et, prêtant l’oreille, il crut entendre « Si je suis morte, Félix, c’est à cause de »…puis le silence s’établit définitivement. « Sacrée Rosalie » dit monsieur le Curé dans un instant d’inattention qu’il parvint à faire oublier en enchaînant aussitôt un ultime Agnus Dei hors programme.

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                                                                            Léo MIQUEL (1982)

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    Illustration : assiette en faïence de Porquier Beau, titrée Bannalec<o:p></o:p>

                         Fin XIX° siècle – Musée départementale Breton de Quimper<o:p></o:p>

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    La truie et le porcelet de CROIZET-SUR-GAND<o:p></o:p>

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    Les contes des Bords du Rhins<o:p></o:p>

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    Dame truie élevait, à Croizet-sur-Gand, une nombreuse progéniture avec la conscience professionnelle d’une mère poule avertie ; et cela d’autant plus aisément que ses dix plantureuses mamelles lui permettaient de répondre, sans difficulté majeure, aux appétits d’une portée remarquablement bien venue.

    Certes, il lui arrivait de temps à autre d’avoir à rappeler à l’ordre, généralement un coup de groin vigoureux y suffisait, un rejeton, particulièrement insatiable mais il était bien rare que les « repas » se déroulassent autrement que sous le signe d’une amusante et saine émulation.

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    Parmi les porcelets, il y en avait un, nous l’appellerons Porcelino pour préserver l’intimité de la famille, particulièrement éveillé et qui préoccupait Dame Truie par son comportement singulier. Ce n’était pas un problème d’alimentation, non, mais son attitude contestataire la prenait très souvent de court et elle en ressentait un malaise.

    L’esprit toujours en état d’alerte, Porcelino harcelait sa mère de questions embarrassantes, nettement au-dessus de son âge, et cela donnait :

    « M’man – la contraction est d’usage même chez les animaux

    -         pourquoi les cousins marcassins ont de beaux habits rayés alors que nous nous devons nous contenter d’une robe d’un rose fadasse ? »

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    Dame Truie essayait tout d’abord d’ignorer la question en jouant celle qui na pas entendu mais l’intrépide revenait à la charge et la mère en était réduite à donner hâtivement une réponse que généralement ni l’un ni l’autre ne trouvaient satisfaisante.

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    Cependant, au fur et à mesure que les mois passaient, la soif de connaissance de Porcelino ne faisait que croître et la mère dut aborder avec lui des problèmes d’ordre spéculatif qui de mémoire de cochon, n’avaient jamais préoccupé la famille porcine :

    « Dis, M’man ? – Aussitôt Dame Truie sentait son lait se figer dans ses mamelles – Dis, M’man ? Qu’est-ce qu’on devient quand on est grand ? »

    La mère, naturellement, le savait bien « ce que l’on devenait », mais allez expliquer ça calmement à un jeune goret qui vous lance les questions comme d’autres vous assènent des gifles. Fallait-il lui dire tout de suite la vérité ? C’était s’exposer à une cascade d’interrogations complémentaires auxquelles une intelligence normale de porcin peut difficilement faire face. Et Dame Truie tergiversait biaisait, louvoyait dans la mesure de ses modestes moyens.

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    La situation se compliqua à partir du moment où, sortant du giron maternel, Porcelino commença à s’intéresser aux discours que tenait un verrat rougeau sur les problèmes qui, justement,  préoccupaient notre cochonnet : c’est ainsi qu’il apprit ce que sa mère essayait vainement de lui dissimuler et qu’au détour d’une conversation il crut devoir lui montrer un feuillet imprimé sur lequel on pouvait lire ceci :

    « Le porc est un animal précieux, toutes les parties de son corps sont comestibles. »

    « Qui t’a donné ce papier ? S’insurgea Dame Truie.

    -         C’est le verrat.

    -         N’écoute pas ce vieux fou, insista la mère.

    -         Il n’est pas aussi fou que tu le dis, reprit le goret. Il m‘a même raconté que cette petite phrase figurait dans ce que les hommes appellent un dictionnaire et qu’il avait ramassé cette page par curiosité, à cause de la photo, alors qu’un gamin s’amusait à effeuiller le livre. Tu vois, il n’y a aucun doute possible. » Et Porcelino se rengorgea, sur d’avoir marqué un point.

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    La truie fut consternée et, à partir de ce jour-là, s’attendit au pire : le cochonnet cependant n’insista pas. Il avait lui aussi compris que toute discussion portant sur ce sujet ne pouvait qu’être douloureusement ressenti par sa mère et il se promit dorénavant de parachever sa formation en allant chercher le renseignement le plus souvent possible à la source.

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    Il n’en restait pas moins que la découverte du dictionnaire avait profondément marqué Porcelino.  Bien sûr, pour le consoler, le verrat lui avait précisé « qu’être mangé » était le sort réservé à tout animal, bipède compris, mais le goret considérait à juste titre qu’il y avait une différence sensible entre le devenir des porcs et celui d’autres espèces.

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    Pour les uns, il s’inscrivait naturellement dans le cycle de l’évolution, pour d’autre on court-circuite la chaîne alimentaire à des fins spéculatives au bénéfice de l’homme. Et ce qui navrait peut-être le plus le porcelet c’était de voir la triste résignation qu’affichaient ses congénères et qu’il assimilait, lui, à de la complicité inconsciente lorsqu’il voyait les cochons se gaver de nourriture comme s’ils éprouvaient un certain plaisir à prendre du poids.

    Les mois s’écoulèrent et Porcelino, qui entre temps avait décidé de ne pas tomber dans le travers de ses frères, apparaissait maintenant sous les traits flatteurs d’un jeune pourceau, élégant et racé mais totalement dépourvu de graisse : Dame Truie s’en inquiétait et elle lui en faisait discrètement le reproche .

    Or, il advint qu’au mois de juillet de la même année, l’entreprise reçut de nombreux visiteurs qui s’extasièrent sur la beauté des sujets présentés et qui pour quelques-uns du moins, manifestèrent le désir de se porter acquéreurs des animaux les plus représentatifs de l’excellence de l’élevage.

    Parmi les acheteurs potentiels, l’un d’entre eux semblait s’intéresser tout particulièrement à Dame Truie et à sa progéniture ; le sort en est jeté, se dit tristement la petite famille. Porcelino,  qui n’avait pas perdu une bribe de la conversation qui s’était engagée entre l’éleveur et son client, se précipita soudain  vers sa mère :

    « Sauvés ! Cria-t-il, nous sommes sauvés ! » Et d’expliquer qu’ils venaient d’être vendus à un émir du golfe Persique pour devenir les pensionnaires du jardin zoologique d’Abou Dhabi.

    Comme la famille ne semblait pas rassurée, il ajouta :

    « C’est un pays musulman  et les musulmans ne mangent pas de porc !

    - Ah ! Les braves gens ! » Soupira Dame Truie, qui gagnée par une émotion intense, en oublia le sort qui était réservé à la quasi-totalité de ses malheureux frères de race.

                                                                            Léo MIQUEL (1982)

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    Illustration : GARAGE DE FRANCE  Baptiste 116 Avenue de Paris à Roanne<o:p></o:p>

                         À l’époque de la photographie : concessionnaire Fiat<o:p></o:p>

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    MON QUARTIER DANS LES ANNEES 1950<o:p></o:p>

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    L'Avenue de Paris est recouverte de pavés bleus clairs, elle est bordée de platanes des deux côtés jusque à la sortie des Tuileries cette petite commune qui dépend de Mably au Nord de Roanne.

    L'éclairage de la chaussée au gaz, laisse bientôt sa place à l'électricité. Il faut attendre les années 60 pour qu'une série de lampadaires soit installée du côté des numéros impairs. C'est  à cette époque que la route est goudronnée, l'enrobé versé  par dessus les pavés, les platanes arrachés, les branches touchent continuellement les fils, du téléphone, qui courent de toit en toit comme une gigantesque toile d'araignée, ceux de l'électricité ne sont pas loin non plus.

    L'Avenue de Paris élargie au XVI° siècle, travaux exécutés sous la direction de Trudaine, garde encore aujourd'hui les dimensions données à cette époque. Les voitures sont peu nombreuses, par contre les vélos sont légions, quelques motos et mobylettes (qui ne  redémarrent qu'en pédalant,  au feu rouge, par exemple) certaines même possèdent un levier de vitesse qu'il faut manœuvrer, avec habileté. C'est l'époque du scooter et des nuées de "Vespa" sillonnent le quartier du Pontet ou un vendeur réparateur est installé (Robin). L'emblème de sa maison  est un trèfle à quatre feuilles qui se présente sous la forme d'un adhésif posé bien en évidence sur la carrosserie. De nombreuses sorties sont proposées et le dimanche ou peut voir partir toute cette armada par petits groupes d'une dizaine d'engins pour pas trop gêner la circulation. Je crois que ces machines étaient des 125 cm3, quelques années plus tard des assurances onéreuses feront chuter les ventes.

    La plupart des promenades dominicales se font en vélos. Les enfants se retrouvent  assis sur le porte-bagages les pieds dans les sacoches, pour ne "pas se les prendre dans les rayons". Souvent une même personne emmène deux enfants à la fois. Le second est assis sur une petite selle installée sur le cadre du vélo, en général c'est la place des garçons.

    L'eau courante n'est pas installée partout et deux ou trois fontaines en fonte, sont réparties sur la longueur de l'avenue. Munies à l'extrémité supérieure d'un disque que l'on tourne comme un moulin à café, elles fournissent de l'eau, l'hiver quand il gèle il est fréquent de voir des petites zones gelées où s'organisent de joyeuses, mais dangereuses glissades. Les pompes ne sont pas toujours très étanches et au moment des remplissages l'eau déborde fréquemment des récipients (en 1970 des logements proposés à la location derrière l'hôtel de Ville de Roanne  n'avaient pas l'eau courante).

    Sur la partie de l'avenue que nous habitons, entre le square Stalingrad et le Pontet, les bordures des trottoirs n'existent pas encore, juste une rigole faite de pavés disposés en forme de V laissant un creux pour permettre à l'eau de s'écouler. J'ai le souvenir  d'une " gamelle" mémorable prise en vélo dans la semaine qui a suivi la pose de ses fameuses bordures de granit rose, elles sont posées très hautes pour empêcher que les automobiles montent sur les trottoirs, le seul lieu possible de passage : les "bateaux",  heureusement assez nombreux devant les passages et les entrées de garages.

    Pour se rendre au cimetière les convois funéraires empruntent l’avenue, le corbillard est tiré par un cheval (ou des chevaux) les gens suivent derrière en groupe à pied. Au passage les hommes se découvrent et les femmes exécutent un rapide signe de croix, pour les enfants en âge de comprendre il faut agir de même, inutile de détourner la tête pour faire croire qu'on n'a rien vu, car dans le cortège et compte tenu de la vitesse de celui-ci, il y à toujours une personne qui s'aperçoit de votre manège et qui rapportera à qui de droit votre incorrection et alors gare aux oreilles, heureusement après  la première communion les choses changent.

    J'ai le souvenir de mon père m'emmenant un jour sur la voiture à cheval de son patron pour quelques livraisons, la jument de couleur blanche s'appelait "Nénette". Nous allions "au pas" vers le centre ville, plusieurs écoliers en sautant s'asseyaient sur le bord du plateau, juste derrière les colis,  profitant d'une promenade gratuit.

     Les gens croisent souvent le tram et sa remorque "le Buffalo", les rails de cet engin sont impitoyables de véritables pièges pour les cyclistes, si  les roues  se prennent dedans  la chute est assurée, beaucoup d'anciens roannais  se souviennent de ces  mésaventures.

    Les cars, on ne disait pas encore les "bus" à l'époque sont de  couleur rouge, c'est la TUR Transports Urbains Roannais, le garage est en face de l'ancien cimetière. Les clients entrent dans le véhicule par la porte arrière, un caissier est installé dans une minuscule cabine, derrière un guichet, pour leurs vendre les tickets. Bien entendu il est interdit de parler au chauffeur et de cracher par terre, des panneaux d’injonctions vous le rappellent. Nous prenons rarement ce moyen de transport, la marche et le vélo restent les systèmes les plus utilisés pour se déplacer.

    Le ramassage des ordures ménagères s'effectue pendant de nombreuses années à l'aide d'affreux camions  peints en un  vert foncé horrible Ils fonctionnent  avec un moteur  électrique. Les batteries sont chargées pendant la nuit, le garage se trouvait rue de la Résistance.

    Les poubelles sont  entièrement en métal, munies d’un couvercle. Le ramassage est extrêmement bruyant,  car celle-ci sont reposées sur le trottoirs sans ménagements par des ouvriers pressés par le travail et qui doivent continuellement courir au derrière du camion qui ne traîne guère.

    Souvent les matins les piétons trouvent des poubelles renversées leurs contenus éparpillés sur le sol, quelques joyeux fêtards ou des chiens en maraude sont passés par là.

    Un passage remarqué également, celui du "pâti" personnage haut en couleur qui annonce son passage avec sa  voix puissante " ho pâti ho pâti peaux de lapin". Il vous débarrasse de vos vieilleries contre quelques piécettes de monnaie, les peaux de lapin et le cuivre l’intéressent particulièrement.

    Le moyen de transport "chouchou" des Roannais : la bicyclette, pour les gens doués en orthographe, le vélo pour les autres  (bécane, clou, petite reine, cycles sont aussi usité).

    Une fois l'apprentissage de la bicyclette fait, c'est à dire plus de petites roues à l’arrière. Les recommandations d'usage retenues :" regarde pas ta roue, regarde loin devant toi". Après avoir bien fait courir (surtout) vos pères derrière vous, les pauvres essoufflés au bout de quelques mètres  mais tenant toujours fermement la selle pour maintenir votre équilibre sur le vélo.  Après de nombreuses chutes ou vous avez mordu la poussière ou abîmé votre bécane contre les murs, les poubelles ou des escaliers, exploits qui se terminent généralement dans une grande douleur nullement muette, vos cris et vos pleurs ameutent  les voisins, mais qui permettent à de nombreuses mères de badigeonner les genoux ( et bien d'autres endroits) éraflés d'un produit rouge appelé "mercurochrome", j'omets volontairement de parler du nettoyage des plaies avec « l'eau oxygénée » ou pire le fameux « éther » qui cuisait tant.

       Vous voilà prêt à partir sur la grande route au milieu de la circulation, pour "aller à la fille" comme disent les adultes. Une dernière recommandation nullement superflue : il faudra tenir bien « ta droite. »

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    Liste des commerçants de l'Avenue de Paris en 1956<o:p></o:p>

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    Numéros impairs<o:p></o:p>

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    1     Epicerie Moderne : JOUENNE<o:p></o:p>

    5     Hôtel Saint-Louis<o:p></o:p>

    11   Cycles et motos : les frères SIMON<o:p></o:p>

    11   Teinturerie : BOURLIERE (succursale)<o:p></o:p>

    11   Cafés en gros : GOMOT<o:p></o:p>

    13   Vins en gros : NOYER<o:p></o:p>

    15   Architecte : DURU<o:p></o:p>

    15Bis : Miroiterie GOBBA<o:p></o:p>

    23   Bar-Tabac : COULON René<o:p></o:p>

    25   Photographe : GIACOMIONI<o:p></o:p>

    27   Motos et cycles : magasin fermé suite à un écroulement<o:p></o:p>

    29   Café de Paris<o:p></o:p>

    33 à 35 Paris Radio Électroménager : GAUTHIER<o:p></o:p>

    43    Alimentation : GIRIN J.<o:p></o:p>

    43    Café : BONAVENTURE<o:p></o:p>

    45    <o:p></o:p>Boulangerie : COLL ( merci à monsieur Wagner pour ce renseignement)

    47    Épicerie : Casino (succursale) (?)<o:p></o:p>

    49    Coiffeur ?<o:p></o:p>

    57    Boucherie : GENEVE Jean<o:p></o:p>

    59    Café : MARTEAU<o:p></o:p>

    71    Boucherie - Charcuterie : RATIGNY<o:p></o:p>

    73    Épicerie : le Familistère (succursale) (?)<o:p></o:p>

    77    Assurances : LAGRELLE<o:p></o:p>

    79    Pâtisserie : GUILLOT<o:p></o:p>

    81    Ustensiles pour magasin ? <o:p></o:p>

    Bd Marais et E. Girardin Café : Mme SIMON (siège Des "poilus" du 98° RI)<o:p></o:p>

    91    Mécanicien : VADON<o:p></o:p>

    97    Boucherie : RONDARD<o:p></o:p>

    97    Boulangerie : PEGON<o:p></o:p>

    101  Pharmacie : GAROUX<o:p></o:p>

    103  Prothèse dentaire : DUBOST<o:p></o:p>

    103  Alimentation : BAUDINAT<o:p></o:p>

    105  Alimentation : LE CASINO (succursale tenue par Mr MEMBRE) (?)<o:p></o:p>

    111  Serrurerie : MEUNIER<o:p></o:p>

    113  Épicerie : Pierre LIVET ou  monsieur PITRE (?)<o:p></o:p>

    113  Marchand de Journaux : Madame CHAUNY<o:p></o:p>

    115  Manufacture de confection Odette<o:p></o:p>

    115  Bonneterie : RAY Robert<o:p></o:p>

    119  Droguerie parfumerie : DUBANCHET <o:p></o:p>

    121  Monuments funéraires : MURE<o:p></o:p>

    123  Fabrique de bonneterie : DESBAT <o:p></o:p>

    123  Étameur ?<o:p></o:p>

    123  Commerce de bois : les frères DURET<o:p></o:p>

    127  Bonneterie fantaisie DICKERS (?)<o:p></o:p>

    127  Laiterie : VEROTS<o:p></o:p>

    127  Café du square<o:p></o:p>

    129  Fonderie : MARCHANDIAU<o:p></o:p>

    131  Bières et boissons : LACOTE Edmond<o:p></o:p>

    147  Coquetier : NEVERS <o:p></o:p>

    151  Boucherie : RAMBAUD<o:p></o:p>

    153  Ponts et chaussées subdivision Nord : BOISSONADE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

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                                         <o:p></o:p>

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    Illustration d’après Lalaisse : « le costume des coureurs est aussi primitif que leur hippodrome, qui n’est autre chose que la grand’route. Vêtus de toile, en manches de chemise, un mouchoir sur la tête pour nouer leurs cheveux, et la taille serrée dans leur large ceinture de cuir, ils arment d’un formidable éperon l’un de leurs souliers ferrés et montent à poil leurs infatigables Bidets.

    Chaque prix est couru par tous les chevaux et généralement il n’y a qu’un seul prix par course. Le grand prix est une génisse, le vainqueur de la seconde gagne un mouton, et le prix de consolation est un chapeau ».

                                             Félix Benoist (<st1:PersonName productid="La Bretagne" w:st="on">La Bretagne</st1:PersonName> contemporaine) 1865

    <o:p> </o:p>

    LE CHEVAL BRETON (SUR LES ROUTES DU ROANNAIS ?)<o:p>
     </o:p>

    Les images du cheval-roi ne sont pas éternelles. On ne commence à en trouver mention qu’a partir de 1830 dans le Léon (Bousmiche évoque déjà la nourriture chaude qu’on donne aux chevaux de trait de Plounéour-Trerz). Les mentions du siècle précédent font beaucoup plus état d’animaux se nourrissant sur les communes, dunes ou landes, et qui ne bénéficient pas de l’attention nécessaire «  pour les faire prospérer ». Il faut souligner que le bœuf de travail n’a été remplacé que lentement par le cheval et que, dans le sud de la région, il est même resté prépondérant jusqu’à la généralisation des tracteurs. L’attelage traditionnel associait d’ailleurs les deux animaux, cheval devant et bœuf derrière.

    C’est l’objectif des arrêts du Conseil royal créant les haras en 1665 et 1668 que d’améliorer la race locale, en particulier pour la rendre propre à fournir des chevaux à l’armée (depuis le XV I° siècle, le royaume est obligé d’en importer). Le Roi procure des étalons mais il est fait obligation aux paysans bretons « d’entraver leurs petits chevaux lorsqu’ils les laisseront aller paistre dans les landes ».

    Toutefois, conscient de l’ampleur des besoins, le pouvoir central laisse la possibilité aux Etats de Bretagne d’avoir leurs propres étalons et ils ouvrent aux propriétaires privés la possibilité de faire « approuver » les chevaux entiers «  propres à améliorer la race ».

    En 1727, un texte prévoit que les étalons autorisés seront marqués d’une hermine sous le contrôle des commissaires de la province. Les nécessités de la guerre n’étant pas celle des agriculteurs ceux-ci continuent à préférer un petit cheval polyvalent, en particulier pour se déplacer dans les fondrières qui leur tiennent lieu de routes même si les aristocrates le trouvent « sans distinction ».

    Ce cheval roturier est en général appelé le Bidet breton.<o:p></o:p>

    On sait fort peu de choses sur les origines du Bidet. On peut, certes, imaginer qu’un petit cheval local se modifiait au fil des apports dus aux guerres ou aux immigrations. Faute d’une arrivée massive d’étalons identiques sur tout le territoire, les variantes devaient être nombreuses. Mais la fonction du cheval dans la société féodale était bien  plus guerrière qu’agricole et on ne peut imaginer qu’avec une extrême prudence des filiations menant des équidés de l’âge du Bronze trouvés à Plouescat aux postiers bretons modernes.

    Dans son ouvrage sur le cheval chez les Bretons des Côtes-d’Armor, Guy de Sallier Dupin veut voir un témoignage sur les chevaux bretons d’origine dans un récit rédigé vers 880 mais se situant au V° siècle est figurant au cartulaire de l’abbaye de Landévennec : Ryval, duc de Domnonée et Fracan, chef de <st1:PersonName productid="la Haute Cornouaille" w:st="on">la Haute Cornouaille</st1:PersonName> font un pari sur la rapidité de leurs coursiers dont il est noté qu’ils courent « à la façon des dromadaires », c'est-à-dire qu’ils utilisent simultanément les deux membres du même côté, cette allure portant le nom d’amble. Or c’est l’une des caractéristiques du Bidet breton que d’aller « l’amble naturellement », comme l’écrit Guy de Charnacé en 1869 dans son livre sur les races françaises. On peut toutefois objecter que le document témoigne peut-être pour le maintien d’une technique de dressage. On note aussi que c’est en jouant sur la mobilité de leur cavalerie que les Bretons d’Erispoé battirent l’armée de Charles le Chauve en 851.

    Il est certain que les grands seigneurs féodaux, voire certaines abbayes élevaient leur cavalerie dans de vastes enclos boisés tels ceux de Redon (Morbihan), Châteaulin (Finistère), Saint-Servais et Mûr-de-Bretagne (Côtes-d’Armor). La première mention fait état des étalons arabes rapportés en 1213 de la croisade par le vicomte de Rohan et installés dans la forêt de Quénécan, Poulancre et Loudéac. Presque trois siècles plus tard, un autre Rohan aurait obtenu l’autorisation de se procurer chez les Turcs des lévriers, des faucons et des coursiers pour la chasse, renouvelant ainsi l’injection de sang oriental (la possession d’étalons était alors un privilège et les vassaux étaient tenus d’y avoir recours en payant des droits).

    Enfin, en 1730, ce sont trois étalons offerts par le bey de Tunis à Louis XV qui auraient atterri en forêt de Lorge. Vraies ou fausses, ces anecdotes signent un souci d’anoblir le cheval breton par des origines exotiques mais, même authentiques, elles ne suffisent absolument pas pour prouver la moindre modification durable de ce type.

    PETIT CHEVAL DEVIENDRA GRAND

    A la fin du XVIII° siècle, on compte en Bretagne plus de 150 000 chevaux dont le tiers de chevaux entiers et 44 étalons royaux. Il faudra donc attendre le milieu du siècle suivant pour que la politique des haras commence à battre en brèche les options empiriques des agriculteurs. Les objectifs sont militaires (il faut fournir la cavalerie mais aussi les chevaux qui tirent les chariots et les canons) et civils (il faut répondre à la demande des chevaux de poste)

    Le dépôt de Langonet (crée en 1806, transféré à Hennebont en 1857) et celui de Lamballe (Crée en 1825, supprimé en 1833 et rétabli en 1842) associés aux conseils généraux et à tout un réseau de stations vont ainsi introduire de nouveaux étalons.

    Pour le seul Finistère (ou il y a  près de 100 000 chevaux au début du Second Empire), on dénombre 21 Percherons (de 1836 à 1840) et, surtout 103 Norfolk (de 1842 à 1900) ; à Lamballe, c’est, en 1844, un demi-sang Norfolk qui lancera le mouvement qui aboutira à la constitution du Postier breton. Parallèlement, une variété plus lourde du Bidet, nommée Sommier, croisée surtout avec des Percherons et des Ardennais va aboutir à la création du Trait breton, surtout localisé en Finistère Nord et sur le littoral des Côtes-d’Armor. Dans l’intérieur et vers le sud, le Bidet ou Roussin va donner une variété, le Petit Trait ou Centre-montagne (en haute Bretagne on disait « sang de montagne ») qui se maintiendra jusque dans les années 1970, époque à laquelle les haras ne le distingueront plus dans les concours.

    Quant au Bidet populaire qui figure encore sur quelques photos du début du XX° siècle, ses derniers représentants ne survécurent pas à la guerre de 1914 au cours de laquelle, il faut le rappeler, plus de 700 000 chevaux disparurent.

    En fait, il en fut des chevaux comme des coiffes, qui se diversifièrent à l’infini au cours de l’âge d’or somme toute assez bref. Au début du siècle dernier, les variétés nées de pratiquement chaque pays d’élevage se disputaient les faveurs des acheteurs. Citons un texte de 1907 : « Nulle province de France ne possède une population chevaline plus nombreuse, un production plus variée. On y trouve des représentants de toutes les espèces, cheval de trait de grande taille, de taille moyenne, postier, cheval de trait léger, cheval de sang à aptitudes trotteuses, demi-sang galopeur, cheval de selle pour la cavalerie, cheval d’artillerie sans rival. »

    Soixante-dix ans plus tard, on a fixé deux types (le Trait et le Postier) qui ont pris <st1:metricconverter productid="300 kg" w:st="on">300 kg</st1:metricconverter> de plus.

    Le cheval Breton est l’une des neuf races de trait reconnues en France. Après le Comtois, c’est celle qui, à l’heure des bilans, tire le mieux son épingle du jeu puisqu’elle compte encore 10 000 têtes dont 5400 juments, 4000 poulains et 600 étalons environ (40% vivent hors du berceau de la race). Encore utilisé comme cheval de travail dans les zones légumières du Léon, il a connu d’heureuses fortunes à l’exportation (une quinzaine de pays) et dans la promotion des randonnées en roulotte et en calèche. Mais il  ne doit son maintien actuel qu’à la passion des éleveurs, au travail des haras et aux efforts des hippophages…

    On pense souvent que les races locales sont, au même titre que les  Appellations d’origine contrôlées, le produit d’une terre et d’un climat quand elles sont, en fait, ce que les hommes ont fait d’une terre, d’un climat et d’un potentiel génétique. Le cheval breton en est un bel exemple et force d’admettre qu’il y a loin du Bidet au Postier. La race est sans conteste originale, elle n’en est pas moins bien récente puisque les croisements n’ont cessé qu’à partir de 1930.

    On ne saurait donc trop recommander aux  cinéastes qui rêvent de reconstitutions « authentiques » d’avoir plutôt recours à des poneys Dartmoor, dès lors qu’il d’agit pour eux de situer une action dans les campagnes bretonnes d’avant 1850.

    A SAVOIR :

    1. Quand un cheval mourait dans une ferme, on creusait une grande fosse et on le couvrit de chaux vive. Parfois, on coupait ses crins, on enlevait ses fers et on portait le tout à la chapelle de saint Eloi la plus proche.
    2. La foire « haute » à Morlaix était l’un des plus importants marchés aux chevaux d’Europe.
    3. Vers le début du XX° siècle c’est la robe « aubère » (mélange de poils rouges et blancs) qui était alors la plus répandue.
    4. Le cheval breton pouvait être aussi alezan, bai, rouan ou gris, le noir restant très rare.
    5. Le Bidet breton servait à tout, sauf à la boucherie.
    6. Les cartes postales anciennes conservent le souvenir de chevaux  « à barbe » (poils non rasés sous la mâchoire inférieure).
    7. En breton, le cheval, au sens général du terme est penn-Kezeg ; la jument est or gazeg (Kazeged ou kezeged au pluriel) ; l’étalon se disant mac’h (pluriels les plus courants : mirc’hed ou mic’hi). Le poulain est dit ebeuf et la pouliche ebeulez (eal quand on veut dire le petit).

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