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    UN OUTIL TRES ANCIEN<o:p></o:p>

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    Petit bonheur que ce magnifique silex trouvé la semaine dernière par Victor un des membres des Chemins du passé lors d’une sortie de reconnaissance sur le terrain dans la recherche du petit patrimoine.<o:p></o:p>

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    En effet l’histoire locale ne s’écrit pas toujours n’en parcourant, les  registres ou plans de mairies, vieux papiers poussiéreux des églises, bibliothèques diverses où les intéressantes Archives départementales.<o:p></o:p>

    De belles découvertes sont encore à la fois en pleine nature sur le terrain et celui qui sait regarder : un vieux chemin romain, un bout de vieille route déclassée, une ancienne ferme à l’abandon, ou simplement un terrain labouré peu encore tout en bénéficiant d’un environnement rural verdoyant et des divers chants des oiseaux, loin du bruit des automobiles, découvrir de très belles choses.<o:p></o:p>

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    Pour en revenir à notre caillou, il s’agit d’un silex taillé qui devait servir à gratter les peaux. La main enveloppe  parfaitement  l’objet et trois doigts s’adaptent à des creux parfaitement lisses, empreintes érodées  par l’utilisation de cet outil pendant de très nombreuses années. <o:p></o:p>

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    La découverte a été faite  en bordure d’un champ jouxtant une des routes à l’entrée de Neulise. On sait que ce village est très ancien, il est fondé par les Gaulois ; puis une garnison romaine y réside. Neulise où il reste des vestiges de fortifications s'appelle Novalisio dès le X° siècle. Depuis l'an 1050 où la paroisse est dénommée "Ecclésia de Novalisiae", les registres de l'archevêché de Lyon nous livrent les transformations successives : Nuvélisia, Nualisia, Nulleysi, Nullise, Nulise. Alors des habitants bien plus anciens encore, ont   sans doute vécu ici ; les recherches continuent.<o:p></o:p>

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    SUR LA ROUTE DE LOUVIERS (Version coquine)<o:p></o:p>

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    Sur la route de Louviers<o:p></o:p>

    Sur la route de Louviers<o:p></o:p>

    Il y avait un cantonnier<o:p></o:p>

    Et qui cassait<o:p></o:p>

    Et qui cassait des tas d’cailloux<o:p></o:p>

    Pour mettre sous l’passage des roues<o:p></o:p>

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    Une belle Dame vint à passer<o:p></o:p>

    Mignonne à croquer<o:p></o:p>

                                  Dans un beau carrosse doré<o:p></o:p>

    Et qui lui dit et qui lui dit :<o:p></o:p>

    « Pauvre cantonnier<o:p></o:p>

    Tu fais un fichu métier »<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le cantonnier lui répond<o:p></o:p>

    Avec un regard fripon<o:p></o:p>

    « Faut que j’nourrissions mes garçons<o:p></o:p>

    Et si j’roulions carrosse comme vous<o:p></o:p>

    Et si j’roulions carrosse comme vous<o:p></o:p>

                                  Je n’casserions point d’cailloux »<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La belle Dame en le r’luquant<o:p></o:p>

                                  Le trouvant fort appétissant<o:p></o:p>

    Lui dit : « Tes bras son épatants »<o:p></o:p>

    Et le cantonnier lui répondit<o:p></o:p>

    Par un clin d’œil et  un sourire gentil :<o:p></o:p>

    « J’ai mieux que ça…mais c’est plus petit »<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    La belle Dame vite le fait monter<o:p></o:p>

                                  Dans son beau carrosse doré.<o:p></o:p>

    Pour un transport  accélérer<o:p></o:p>

    Chronopost venait d’être inventé<o:p></o:p>

    Si les ressorts pouvaient parler<o:p></o:p>

    Ils diraient : « j’ons cru casser <o:p></o:p>

    Heureusement étions bien graissés ».<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le cantonnier est r’venu<o:p></o:p>

    Mais le travail l’intérss’plus<o:p></o:p>

    Et c’est pour ça, comme y s’fout d’tout<o:p></o:p>

    Et c’est pour ça, comme y s’fout d’tout<o:p></o:p>

    Que nos routes sont pleines de trous<o:p></o:p>

    Que nos routes sont pleines de trous.<o:p></o:p>

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    TRAVAIL SCOLAIRE ET FAMILLE…À ROANNE COMME AILLEURS LES PROBLEMES NE DATENT PAS D’AUJOURD’HUI<o:p> </o:p>

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    Une plainte !<o:p></o:p>

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    Dans tous les milieux enseignants, les maîtres sont unanimes à déplorer l’incapacité où sont leurs élèves de fournir un effort soutenu. <o:p></o:p>

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    Jadis ? Sur les livres sans images, imprimés en lettres fines, privés d’anecdotes, l’écolier studieux peinait pour retenir à force de répétition la science sans charme qu’on exigeait de lui. Jadis le maître expliquait la leçon après que l’élève l’avait apprise ! A présent le maître expose, explique, raconte avant de demander à l’enfant l’effort d’apprendre : à présent les livres sont pleins d’agrément dans leur présentation bien imprimée, bien illustrée, bien résumée.<o:p></o:p>

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    Jadis, l’enfant « bûchait » ; son jeune courage et sa jeune science grandissaient dans l’effort ; à présent, l’enfant attend… Il attend du dehors tout secours et dans l’attente il ne fournit à peu près plus d’effort personnel. Une étonnante mentalité s’est formée en nos enfants : leurs parents doivent leur fournir les biens matériels, leurs maîtres doivent leur fournir la science. Et si ces paresseuses petites Majestés daignent agréer nos services sans critique nous devons, parents et maîtres, leur en savoir gré !<o:p></o:p>

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    Un exemple !<o:p></o:p>

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    Vous pensez que j’exagère ? Il y a deux ou trois ans, la division du Cours supérieur lisait et expliquait la célèbre page de l’enfance de Drouot, où il est raconté que le futur général apprenait ses leçons le soir à la lueur du four de boulanger de son père, celui-ci n’ayant pas les moyens d’acheter des chandelles pour veiller. La maîtresse demande à l’une de nos bonnes enfants, 14 ans, de dégager l’idée morale du récit. L’élève répondit : «  Le père était bien cruel de ne pas procurer une lumière plus confortable à son fils… »L’enfant de jadis admirait spontanément l’endurance du petit Drouot : l’enfant d’à présent trouve que le père n’avait qu’a se priver davantage !<o:p></o:p>

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    Que conclure ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    L’enfant actuel n’est pas plus mauvais que  nous n’étions, mais il est élevé comme un petit roi fainéant et le résultat est déplorable pour le savoir comme le caractère. Les enfants geignards, capricieux, paresseux se multiplient et les échecs aux examens n’ont pas pour cause tant que le dit la difficulté des épreuves ou la sévérité des examinateurs : le candidat sait mal ou ne sait rien parce qu’il n’apprend plus rien avec effort.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Vous entendez vos enfants répéter : « Je n’ai pas compris ce problème. » - « Je ne me suis pas rappelé ma leçon. » Neuf fois sur dix, ils pourraient dire : « Je n’ai pas cherché mon problème : je n’ai pas eu le courage de répéter ma leçon ». Ils ne pensent pas que certaines solutions mathématiques nécessitent des heures de recherches aux élèves intelligents, que bien des chapitres d’Histoire ou de Chimie ne sont retenus par les mieux doués qu’après un long temps de rabâchage. Or l’intelligence et la mémoire ne manquent pas aux enfants, mais il leur manque de plus en plus le courage de  chercher, le courage de rabâcher un passage ardu, le courage de faire un effort, enfin le courage de travailler !<o:p></o:p>

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    Alors ! Alors !<o:p></o:p>

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    Les moyens d’exciter l’énergie de nos gentils rois fainéants ?<o:p></o:p>

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    D’abord, ne les plaignez pas ouvertement d’avoir trop de travail ; n’exagérez pas vos sollicitudes dans les questions de santé ; l’enfant ne vous saura aucun gré des excès de votre attention à lui éviter le plus de peine possible (témoins l’histoire de Drouot). Tachez que vos enfants apprécient votre peine à vous. Mais ce n’est pas par des discours que vous ferez naître en eux cette appréciation, c’est en exigeant d’eux des sacrifices, en leur apprenant par la pratique ce que c’est que la difficulté, l’effort, le travail.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Obligez les a souffrir un peu sur leurs livres, c’est indispensable. Mais aidez-les à souffrir. Veillez aux heures d’études inflexiblement ; faites réciter les leçons de temps en temps rabâchez parfois avec eux afin qu’ils sentent mieux cette nécessité d’agir avec ténacité. Travaillez avec eux tant que vous pourrez.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Ne les aidez pas à escamoter le travail. Oh ! Les billets d’excuse pour les devoirs restés en panne ; ces excuses d’essayage, de voyage, de visite, de préparation de fête !... Nous les acceptons la mort dans l’âme. Si vous n’êtes pas résolu à faire passer le travail avant tout, comment osez-vous nous demander des diplômes et des succès ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Du moins, dites-vous bien que pour réussir plus tard, il faut que les élèves commencent à s‘astreindre au travail dès 7 ou 8 ans ; dites-vous que la malchances aux examens poursuit parfois un bon élève, mais que la chance ne sourit jamais aux indolents ; pensez que les brillantes carrières seront plus que jamais disputées « par ceux qui bûchent » qu’elles que soient les aptitudes des autres.<o:p></o:p>

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    Et puis encore…<o:p></o:p>

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    Songez que le professeur ou la maîtresse ne sont pas des magiciens capables de fixer <st1:personname productid="la Science" w:st="on">la Science</st1:personname> dans l’esprit d’un enfant qui n’est pas disposé à la recevoir, soit qu’il somnole en classe, soit qu’agité par le défilé des images de ses précédentes distractions, il n’entende que vaguement le bruit de la parole du maître. Les familles organisent ou détruisent les effets de l’école…Nous ne pouvons que peu de chose sans vous.<o:p></o:p>

                                                                      B. RABUT<o:p></o:p>

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    Ce petit article, semble sortir tout droit de la plume d’un « instit  » ou d’un « prof » de notre année 2008.<o:p></o:p>

     Pourtant il est tiré d’un excellent journal pédagogique « L’Ecole » dans son numéro du 22 juin 1935, il y a 73 ans et il reste d’  actualité aujourd’hui.<o:p></o:p>

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    ROANNE, <st1:PersonName productid="LA TRIQUE" w:st="on">LA TRIQUE</st1:PersonName>, S’IL VOUS PLAIT…<o:p></o:p>

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    Alors que les députés européens (qui ont certainement autre chose à faire) se penchent avec application sur les moyens de supprimer « la fessée » et de punir par des amendes ou de la prison, les parents récalcitrants. Il est intéressant de lire l’article suivant tiré  de « L’Echo de la paroisse Sainte-Anne de Roanne » en date  du mois d’avril 1932.<o:p></o:p>

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    La trique, s’il vous plait…Non point au figuré…mais la vraie, bonne authentique trique… muée en martinet, si vous préférez, ou encore en verge…ou en simple… « manutention » ! …peut-être en privation quelconque, mais physique.<o:p></o:p>

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    Ce jeune animal, notre enfant, ne comprend pas tout de suite les raisonnements ; il ne comprend guère que la force qu’il impose ; il est bon qu’il en prenne conscience.<o:p></o:p>

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    Il y a lieu d’user avec lui de châtiments et aussi d’ailleurs de récompenses dont nous parlerons plus tard.<o:p></o:p>

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    Donc, notre petit enfant manifestera de bonne heure qu’il a « sa tête » ; toutes les mamans qui ont pratiqué l’allaitement mixte savent que Monsieur ou Mademoiselle aime beaucoup mieux le biberon, car c’est du travail plus facile ! Oui, déjà la loi du moindre effort ! Et qu’il devient tout à fait laborieux de faire accepter le sein, si l’on a imprudemment donné d’abord le biberon.<o:p></o:p>

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    Oui, déjà à cet âge, ne lâchez pas les rênes. Il y va de la santé immédiate et future, de l’éducation toute entière ; car si vous vous révélez faible devant ces cris et ces révoltes inarticulées, comment résisterez-vous plus tard à des mines enjôleuses et à de tendres supplications renforcées de vos échecs antérieurs ?<o:p></o:p>

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    Faîtes-vous une âme de fer, Madame, l’âme d’un Bismarck…Mais ? En fine Française que vous êtes, habillez-la de velours et de chatoyant satin. Tachez de guider votre enfantelet, plus tard adolescent, avec des sourires et des gestes doux, mais que rien ne peut faire céder.<o:p></o:p>

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    Si la résistance s’accentue, et elle s’accentuera, vous aurez certainement à imprimer plus fortement votre volonté. Et c’est alors que le châtiment entre en jeu. Le châtiment physique est démodé, et c’est dommage : une bonne fessée rétablirait merveilleusement l’équilibre de ce petit coléreux et le martinet promis fait entrer dans l’âme par la voie des mollets, bien des idées justes et de salutaires habitudes.<o:p></o:p>

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    Mais, je n’ai pas à vous prêcher d’éviter les abus, ce n’est pas par ceux-là que pêche notre époque. Le châtiment physique n’est utile que bien pratiqué.<o:p></o:p>

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    D’abord, il doit être prévu de l’enfant ; il doit avoir entendu ceci : « Je t’avertis que ceci est défendu, ou ordonné. Je ne le redirai pas, je te donnerai une claque ». L’enfant sait le risque qu’il court. S’il se rend quand même coupable, que la promesse soit tenue ; c’est sacré : il y va de toute votre autorité, cest-à-dire de toute son éducation, de sa sécurité physique et morale, de tout son avenir…<o:p></o:p>

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    Mais, pendant que vous donnez ce qui fut promis, ne perdez jamais votre calme ; que la colère ne soit pour rien dans votre geste, c’est la loi qui agit avec la sûreté et la froideur d’un code. Vous, vous n’êtes que la pouvoir exécutif…Manifestez, au contraire, la peine que cela  vous cause, et l’enfant aura compris plusieurs choses : que l’obéissance est sacrée, que vous n’hésitez pas devant votre devoir et que vous l’aimez bien.<o:p></o:p>

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    Très vite, vous n’aurez plus besoin de ces procédés de début (comme dans la vie spirituelle, la crainte de peiner prendra la place de la crainte du châtiment). L’enfant, tout neuf dans ses émotions, n’oublie pas, et cette impression picotante ou contondante éclairera très nettement son jugement.<o:p></o:p>

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     BIENTÔT LES FEUX DE LA SAINT-JEAN (24 juin)<o:p></o:p>

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    C’était le soir, sur la place d’une petite ville, ou bien à la campagne, sur une hauteur dominant le paysage. Un bûcher d’ajoncs ou de brindilles, tordus en cône autour d’une grande perche et surmontés d’un bouquet et de l’étendard de saint-Jean, attendait les « processionneurs ». M. le curé venait en tête suivi du maire et des adjoints. La pieuse théorie faisait le tour du bûcher. Apres quoi, M. le maire abaissait son cierge et allumait lui-même le tantad. La flamme montait dans un joyeux crépitement. Une lueur rouge baignait le ciel, et, la procession repartie, des danses se nouaient, cadencées et vives, autour du brasier agonisant. Quelques gars, plus hardis, s’amusaient même à le traverser d’un bond…<o:p></o:p>

    J’ai assisté à l’une de  ces scènes en Bretagne, au hameau de Saint-Jean-du-Doigt, qui possède une église merveilleuse et un bijou de fontaine, renommée pour son eau miraculeuse. Le tantad était dressé devant l’église… Un ange descendait sur un  fil de fer et, du cierge qu’il tenait à la main, allumait le bûcher. On aurait pu craindre que le voisinage de l’église ne créât un danger d’incendie, et c’eût été mal connaître les Bretons. Ils savent, de notion certaine, que le soir de <st1:PersonName productid="LA SAINT-JEAN" w:st="on">la Saint-Jean</st1:PersonName> le vent tourne toujours au nord-est, de façon à porter les flammes dans la direction opposée. Ce changement du vent est l’indice de la présence du saint. Ari an aotrou sant Yan en he pardon « Voici Monsieur saint-Jean qui arrive à son pardon », disent les bonnes gens.<o:p></o:p>

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    Il n’y a plus guère de feux de <st1:PersonName productid="LA SAINT-JEAN" w:st="on">la Saint-Jean</st1:PersonName> qu’en  Bretagne, en Vendée, et dans quelques cantons du Midi. A Bordeaux, on en allume encore sur les places publiques de certains quartiers populaires. Tel apporte un fagot, tel une vieille futaille hors d’usage, tel une caisse ou un panier défoncé. Des rondes se forment, les enfants tirent des pétards, les femmes fredonnent une chanson, quelquefois un ménétrier mène le branle. Bordeaux est vraisemblablement avec Brest la seule grande ville de France qui ait conservé l’usage des feux de <st1:PersonName productid="LA SAINT-JEAN" w:st="on">la Saint-Jean</st1:PersonName>.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Encore à Brest, les bûchers sont-ils remplacés par des torches promenées sur les glacis, qu’on lance en l’air et qui retombent en secouant une poussière lumineuse. En Poitou, la coutume est de prendre une roue de charrette dont on entoure le cercle et les jantes d’un fort bourrelet de paille. La roue, allumée au moyen d’un cierge bénit, est promenée dans la campagne que les étincelles doivent fertiliser. Il n’est point malaisé de voir là le souvenir d’une pratique païenne : la roue symbolise le soleil et son entrée dans le solstice. Et l’on sait de reste que les Celtes, le 14 juin, célébraient la fête du renouveau de la jeunesse ressuscitée du monde.<o:p></o:p>

    Leurs druides, suivant une tradition, faisaient cette nuit-là le recensement des enfants nés dans l’année et allumaient sur toutes les hauteurs des bûchers en l’honneur de Teutatès, père du feu.<o:p></o:p>

    « On pouvait voir tous les villages s’allumer à la flamme de Taupont répondait celle de <st1:PersonName productid="La Touche" w:st="on">La Touche</st1:PersonName>, et la lumière gagnait l’autre côtés de la vallée, revenait vers Ploërmel par <st1:PersonName productid="la Ville-Bernier" w:st="on">la Ville-Bernier</st1:PersonName>, <st1:PersonName productid="La Ville-R←hel" w:st="on">La Ville-Réhel</st1:PersonName> ; lentement les fumées ondulaient dans l’air, s’effaçaient et se perdaient sous l’ardent rayonnement des brasiers, et bientôt les flammes dégagées montèrent hautes et droites vers le ciel perpétuant le souffle des vieux cultes consécrateurs du feu qui est la source première de la vie universelle. »<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Cette survivance de traditions millénaires ne laisse pas en effet de surprendre un peu au premier abord. Mais pour qui connaît l’âme bretonne et qui sait combien elle s’est peut modifiée à travers les âges, le phénomène parait banal. En quelques paroisses de <st1:PersonName productid="la Haute-Cornouaille" w:st="on">la Haute-Cornouaille</st1:PersonName>, la cérémonie avait d’ailleurs une conclusion assez funèbre ; quand les danses avaient cessé et que le feu était près de s’éteindre, on l’entourait de grandes pierres plates destinées, dans la pensée des assistants, à servir de siège aux anaon, aux mânes grelottants des pauvres morts de l’année, avides de se reposer quelques heures en tendant leurs mains débiles vers les cendres…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Paris,- inutile de le dire ! – n’a plus de feux de Saint-Jean. Les derniers datent de l’ancien régime. On dressait alors le bûcher sur la place de Grève et c’était le roi en personne, assisté de toute sa cours, qui l’enflammait. L’historien Dulaure nous a laissé la description d’une de ces cérémonies, qui se passa sous Charles IX :<o:p></o:p>

    «  Au milieu de la place de Grève était placé un arbre se soixante pieds de hauteur hérissé de traverses de bois auxquelles on attacha cinq cents bourres et deux cents cotrets ; au pied étaient entassées dix voies de gros bois et beaucoup de paille. Cent vingt archers de la ville, cent arbalétriers, cent arquebusiers, y assistaient pour contenir le peuple. Les joueurs d’instruments notamment ceux qu’on qualifiait de grande bande, sept trompettes sonnantes, accrurent le bruit de la solennité. Les magistrats de la ville, prévôt des marchands et échevins, portant des torches de cire jaune s’avancèrent vers l’arbre entouré de bûches et de fagots, présentèrent au roi une torche de cire blanche, garnie de deux poignées de velours rouge ; Sa Majesté, armée de cette torche, vint gravement allumer le feu »<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Le dernier monarque qui alluma le feu de Grève de ses mains fut Louis XIV. Plus tard cet honneur revint au prévôt des marchands et, à son défaut aux échevins. Par une bizarrerie véritable, la perche qui soutenait le bûcher était surmontée d’un tonneau ou d’un sac rempli de chats vivants. C’est ainsi qu’on lit dans les registres de la ville de Paris : « Payé à Lucas Pommereux, l’un des commissaires des quais, de la ville, cent sous parisis pour avoir fourni, durant trois années finies à <st1:PersonName productid="LA SAINT-JEAN" w:st="on">la Saint-Jean</st1:PersonName> 1573, tous les chats qu’il falloit audit feu, comme de coutume, et même pour avoir fourni, il y a un an où le roi y assista, un renard pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où estoient lesdits chats ».<o:p></o:p>

    Il arrivait en effet que, pour ajouter plus d’éclats à la fête, quand d’aventure Sa Majesté y assistait, on joignait aux chats quelque animal féroce, ours, loup, renard, dont l’autodafé constituait un divertissement de haut goût…<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Mais <st1:PersonName productid="LA SAINT-JEAN" w:st="on">la Saint-Jean</st1:PersonName> n’avait pas que ses feux ; elle avait aussi ses herbes, ses fameuses herbes de <st1:PersonName productid="LA SAINT-JEAN" w:st="on">la Saint-Jean</st1:PersonName> qui, cueillies le matin, pieds nus, en état de grâce et avec un couteau en d’or, donnaient pouvoir de chasser les démons et de guérir la fièvre. On sait que, parmi ces fleurs mystérieuses se trouvait la verveine, la plante sacrée des races celtiques. On la cueille encore sur les dunes de Saintonge en murmurant une formule bizarre, nommée la verven-Dieu et dont le sens s’est perdu.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Mais voici mieux : les Espagnols appellent la vigile de <st1:PersonName productid="LA SAINT-JEAN" w:st="on">la Saint-Jean</st1:PersonName> la verbena de San-Juan, la verveine de Saint-Jean. Dans toute l’Espagne, dit un savant docteur de l’Université de Madrid, M. Otéro Acevedo, on allume ce soir-là de grands feux appelés lumés, qui sont entretenus toute la nuit et que les enfants traversent en bondissant suivant un rythme qui rappelle les danses antiques.<o:p></o:p>

    Sur la côte, la population va s’ébrouer dans la mer, malgré le froid, souvent très vif, quoi qu’en disent les almanachs ; ceux qui habitent les villages de l’intérieur vont dans les prairies, dont l’herbe est encore très courte, et se roulent dans la rosée ; c’est paraît-il, un préservatif et, au besoin un  remède souverain contre les maladies de la peau.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Les jeunes filles ce soir-là remplissent d’eau un vase qu’elles déposent au rebord de la fenêtre et, à minuit sonnant elles y écrasent un œuf provenant d’une poule noire : suivant la forme que prend cet œuf, celle qui interroge ainsi le destin voit apparaître un novio, un château, un cercueil, etc. Inutile d’ajouter que c’est toujours le novio qui se laisse deviner. Quant à la verveine qui a donné son nom à la vigile, il est d’usage de l’aller cueillir au coucher du soleil, puis de la plonger dans l’eau et de l’y laisser jusqu’au jour, exposée aux rayons de la lune ; cette eau sert, le lendemain à se laver le visage. On dit également, en Espagne, de celui qui à l’habitude de se lever tôt ; qu’il va cueillir la verveine, coge la verbena…<o:p></o:p>

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    Semblablement, chez nous, de quelqu’un qui se couche tard, on pourrai dire : « Il est allé ramasser un charbon de Saint-Jean ». Le fait est que ces charbons passent en Bretagne pour avoir toutes sortes de propriétés merveilleuses. Il en suffit d’un recueilli dans les centres du tantad et dévotement placé, au retour, dans un coin du foyer, pour préserver la maison de l’incendie et de la foudre. On dit encore qu’en balançant les nouveaux-nés devant la flamme de trois tantads, on les garde à tout jamais contre le mal de la peur…<o:p></o:p>

    Croyances puériles, sans doute, et qui témoignent d’une âme singulière et naïve, agitée plus qu’aucune autre par le frisson du surnaturel. Mais la vérité est que les Bretons, en même temps que les plus superstitieux, sont les plus traditionnel des hommes. Où qu’ils aillent, ils apportent avec eux les coutumes de leur pays. C’est ainsi que, dans cette nuit sacrée du 24 juin, tandis que <st1:PersonName productid="la Bretagne" w:st="on">la Bretagne</st1:PersonName> lointaine, là-bas, derrière l’horizon, s’étoile de points d’or et danse autour de ses tantads, la mer, d’Islande, à son exemple, se fleurit de soudaines constellations.<o:p></o:p>

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    Un baril, depuis le matin, sur la goélette, oscille lourdement à l’extrémité de la grande vergue. On y a empilé d’antiques défroques, moufles, « curages », vareuses préalablement trempées dans le goudron et l’huile de foie de morue. Comme en Bretagne de son fagot, chaque homme y est allé de sa contribution personnelle de vieux chiffons. L’équipage, vers huit heures, a formé le cercle au pied du mât. Il ne fait pas nuit «  à » Islande, du 1° mai au 1° octobre.<o:p></o:p>

    Est-ce le jour, pourtant, ce crépuscule perpétuel, ces limbes blafards, où grelotte un soleil chlorotique ?...<o:p></o:p>

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    Le novice grimpe dans les enfléchures, boute le feu au baril. Et voici que, dans un tourbillon d’opaque fumée noire, la flamme éclate, bondit se propage, dirait-on de bord à bord. Phénomène explicable, toutes les goélettes bretonnes ayant leur fouée traditionnelle, leur tantad aérien suspendu à l’extrémité de la grande vergue et qui déchaîne, dans l’instant qu’il s’allume, les acclamations frénétiques de l’équipage. Le tumulte s’apaise pour la récitation de la prière. Puis, le capitaine descend dans le poste payer « la double » à ses hommes.<o:p></o:p>

    Et, ce soir-là, les « Islandais » s’endorme en rêvant de <st1:PersonName productid="la Bretagne." w:st="on">la Bretagne.</st1:PersonName><o:p></o:p>

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     « Fêtes et Coutumes populaires » par Charles le Goffic (1922)<o:p></o:p>

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    Quant à la coutume de traverser le feu la question se pose : est-ce réminiscence du passé lointain, où bêtes et gens passaient au milieu du feu, tant pour se purifier de leurs souillures que pour préserver des maladies à venir ? On ne sait ; peut-être est-ce tout simplement une concession à ce mystérieux désir de bonheur qui hante toute âme humaine et le lui fait chercher partout.<o:p></o:p>

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