• SORTIE CHEMINS DU PASSE AOUT 2011
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  • tisane
     

     

    L’ART…TISANE DE NOS CAMPAGNES

    « Fantaisie Herboristique »

     

    Au Bûcheron, l’HACHE

    Au Chef de Gare ébahi, l’AGAR-AGAR

    Au Chef de train, l’AIRELLE

    Au Moine aigri, L’AIGREMOINE

    Au Garde Champêtre, les AMANDES

    Au Sourcier, l’AULNE

    Aux Nouveaux Soldats, les BLEUETS

    Au Donneur d’Eau, le BOLDO

    Aux Pauvres Gens, la BOUSE A  PASTEUR

    Au Nageur, le BOUILLON BLANC

    Aux Chômeurs, le BOULEAU

    Aux Gens Haineux, la BOURDAINE

    Au Peintre, le SAPIN

    Aux BOITEAUX, la CANNE

    Au Pêcheur, la CANNELLE

    Au Coiffeur, le CAPILLAIRE

    Au Bon Conducteur de Car, le CARVI

    Au Taquin, la Campêche

    Au Chasseur de Rats, le CASCARA

    Aux Ecervelés, la CASSE

    Aux Jeunes Epoux, les CHENES

    Aux Enquêteurs, le CHIENDENT

    Aux Encolleurs, la COLA

    Aux Mathématiciens, les CINQ-RACINES

    Aux Colons, le COLOMBO

    Aux Zingueurs, La Grande CONSOUDE

    Aux Gens Mielleux, la DOUCE-AMERE

    Aux Chiqueurs, le COLCHIQUE

    Aux Quinteux, la CLOQUINTE

    Aux éleveurs, les COQUES-DU-LEVANT

    Aux Chauves, le CRESSON

    Aux Ardents, le CHARBON

    Aux Faucheurs, le CYPRES

    Aux Facteurs, les DATTES

    Au Garde-freins, le FENE

    Aux Chasseurs de Loup, le GAROU

    Aux Timides, le GENET

    Aux Anciens Combattants, le GRENADIER

    Aux Humains, l’HETRE

    Aux Aviateurs, les LYS

    Aux Compagnons, la MARJOLAINE

    A un Amant, la MENTHE

    Au Percepteur, de MILLEFEUILLES

    Aux Marins, les MOUSSES-de-CORSE

    Au Maître-nageur, le NOYER

    Au gens Pressés, la PATIENCE

    Aux Marchands de Vaches, les PAVOTS

    Aux Non-Civilisés, les PENSEES-SAUVAGES

    Aux Chasseurs les PIEDS DE CHATS

    Aux Organisateur de Galas, le POLYGALA

    Aux Toréadors, la REINE DES PRES

    Aux Rodeurs, la RUE

    Aux Navigateurs, le ROMARIN

    Aux Gens Toujours Content, le SASSAFRAS

    Aux Nerveux, la SAPONAIRE

    Aux Tanneurs, la TANAISIE.

    Aux Ames Charitables, les BONS THES

    Aux Coquettes, le BEAU THYM.

     

     


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  • calen 1894

    LA BELLE LETTRE DE LA « ME »

     

    Lorsque le facteur arrivait péniblement en haut de la côte, il savait chaque fois qu’il verrait, accroupie sur son seuil, la mé  Bouvange. Alors, du même geste las, enlevant sa casquette pour essuyer son front avec son mouchoir à carreaux, il disait avec un petit filet dans la voix :

    -          Pas de lettre pour vous, la mé !...

    La vieille grand-mère, qui avait levé la tête pour voir venir le facteur, la rabaissait bien vite comme si elle avait eu honte. Et le facteur, sans oser s’attarder devant la douleur de la vieille, remontait, d’un pas lourd, les chemins où le sable crissait sous ses souliers.

    -          Qu’est-ce qu’elle attend, la mé ?...

    Demandaient les bonnes gens que la curiosité empêchait de se tenir en place, mais qui n’osaient jamais s’adresser à la vieille.

    -          Eh bien ! C’est sa petite fille qui travaille à la ville ! Elle s’inquiète, la pauvre femme, elle ne sait pas ce qu’elle devient, Jeanne, qu’elle s’appelle la « peutite » !...

    Et le facteur continuait sa tournée.

    - Jeanne ? Eh oui ! Pensaient les ménagères, c’est celle qui est partie depuis pas mal de temps, depuis que ses parents ne sont plus de ce monde !

    - Pauvre mé ! Elle n’a pas revu sa petite ! Chuchotaient les femmes en continuant leurs travaux.

    Cependant, la vieille mé se levait péniblement de son seuil, et elle entrait dans sa mystérieuse petite maison ou personne ne venait la voir et d’où jamais on ne la voyait sortir ne fût-ce que pour quelques heures.

     

    Elle restait là, les journées entières, à s’abîmer les yeux sur de longs ouvrages de dentelle si fins et si fragiles, que c’en était un émerveillement.

    Mais tout à coup, elle sortait, laissait retomber son ouvrage sur ses genoux tremblants et elle regardait au loin sur la route. Elle clignait longuement de ses paupières fatiguées et puis elle se disait tout bas en elle-même : « Qu’est-ce qui lui est arrivé mon Dieu ! Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Est-ce qu’elle serait malade, la petite, ou bien… » Et elle sentait un tremblement la saisir.

    Elle se souvenait que Jeanne avait toujours était une bonne petite fille, qu’elle avait toujours montré à sa grand-mère la tendre affection, elle avait été une petite fille modèle, elle avait dû le rester. C’était certain ! Rien n’aurait fait changer d’idée à la vieille mé. Et elle se remettait à coudre de plus belle, son aiguille volait, volait…

     

    Et les heures aussi se succédaient avec une rapidité amenant l’instant où la mé verrait la silhouette du facteur se profiler sur la terre ensoleillée.

    Il venait…Alors le cœur de la mé s’arrêtait. Il lui semblait bien, chaque fois, que le facteur brandissait une lettre dans sa main droite et qu’il lui faisait des signes des yeux, mais c’était une vision seulement. Le facteur, le facteur disait d’une voix grosse pour changer un peu :

    -          Non ! Il n’y a rien la mé !...Qu’est-ce qu’elle fait votre fille ?...

    Et la mé, alors, pour se soulager de toutes angoisses, se mettait à bavarder.

    -          Elle est dans la ville, disait-elle et pis elle travaille la dentelle comme moué ! Et pis, elle est gentille comme tout !...

    -          Oui, oui, la mé ! Vous en aurez « une « un  de ces jour ! La petite n’a sans doute pas le temps, la mé ! Vous verrez, vous verrez ça ! C’est moi qui vous le dis !... Je fais un pari avec vous, la mé, si vous n’avez pas de lettre, eh bien, je vous donnerai…Oui ? je vous donnerai quelque chose !

     

    C’est ainsi que l’année s’étira et on arriva à sa fin sans que la mé ait reçu de lettre. Elle ne disait rien. Elle regardait plus sur la route, la mé ! L’espoir était passé avec les heures, les jours, les mois… Il s’en allait avec l’année.

     

    Et elle ne regarda pas sur la route, la mé lorsqu’elle entendit des pas au loin. Elle regarda sa belle dentelle pour se passer l’envie de se lever les yeux encore une fois sur la route, encore une seule fois pour voir…

    Soudain, la mé tressaillit. Elle se sentit secouée un peu. Elle avait deux bras autour du cou mais elle ne voyait rien. Son cœur battait comme un tambour bat la charge. Et elle entendit la voix du facteur.

    -          Y a rien pour vous, la mé !...Y a rien…Mais j’apporte cette petite que j’ai vu descendre à la gare Hé ! Hé !

     

    Et la mé se mit à rire ou à pleurer, on n’a jamais su ce que c’était des deux, en sentant près de son cou ridé, le rire, les bras frais, et la voix de sa petite Jeannette.

     

                                                                                          Sylvain Reiner.


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  • chateau de la batie

     

    L’étonnante figure de PIERRE II D’URFE

     

    On sait que les d’Urfé doivent la plus belle part de leur gloire à l’immortel auteur de l’Astrée. L’œuvre d’Honoré d’Urfé reste en effet attachée à l’évolution de la littérature occidentale et à la culture du Grand Siècle.

     

    Mais bien avant que l’Europe se soit penchée sur les pastorales amours de Céladon, l’arrière-grand-père d’Honoré, Pierre II d’Urfé, avait déjà imprimé dans l’Histoire le nom de cette illustre famille Forézienne.

     

    Nous retraçons ici, l’existence aventureuse, téméraire parfois, et la carrière étonnante de ce gentilhomme du pays de Lignon.

     

    Lorsque nous étions enfants, nos jeunes imaginations ont toutes été impressionnées par la description que nous donnaient nos premiers manuels d’Histoires, de ces cages de fer, basses, exigües, dans lesquelles Louis XI retenait ses ennemis captifs. Raffinement de cruauté, ces cellules où les prisonniers ne pouvaient ni se tenir debout, ni se coucher, étaient voulues par le roi pour inspirer la crainte chez ses adversaires. L’une d’elles, après 1468, aurait bien pu devenir la misérable demeure de Pierre II d’Urfé seigneur de La Bastie. Nous allons voir pourquoi.

     

    Le fait déterminant de l’existence de Pierre d’Urfé fut sans doute son attachement à la cour du duc de Guyenne dès qu’il fût en âge de porter les armes. Nous nous trouvons précisément à l’époque où les grands vassaux – qui avaient pour ambition de s’affranchir de la tutelle royale – se groupaient en une ligue qu’ils appelèrent non sans quelque démagogie « Ligue du Bien Public » sous la conduite de Charles le Téméraire. C’est ainsi que lorsque le duc de Guyenne adhéra à la Ligue, d’Urfé embrassa avec lui les desseins du Téméraire.

     

    C’est alors que Louis XI, sentant sur son front chanceler la couronne, crut pouvoir négocier avec le chef de la Ligue et pour ce faire se rendit sur les bords de la Somme, à Péronne.

     

    On sait ce que fut l’entrevue de Péronne. Charles le Téméraire y retint le roi prisonnier sous un fallacieux prétexte, le menaça, et finalement ne lui rendit la liberté que lorsqu’il eut consenti à signer un traité humiliant.

    Or parmi les artisans, les participants, les témoins de ce que l’Histoire a appelé à juste titre le guet-apens de Péronne figurait Pierre d’Urfé.

     

    Le seigneur de La Bastie ne devait d’ailleurs pas s’en tenir là dans son adversité envers Louis XI. Deux ans après Péronne, Charles de Guyenne envisage une attaque de grande envergure contre le pouvoir royal. Aussitôt il dépêche en ambassade près de Charles le Téméraire un gentilhomme de sa cour pour lui demander d’engager la lutte sur un second front, ce gentilhomme ce sera Pierre d’Urfé.

     

    Philippe de Commines qui assistait à la démarche, raconte dans ses chroniques que le Téméraire « reçut fort bien l’envoyé de Guyenne et lui dit qu’il aimait mieux le bien de la France que Monsieur d’Urfé ne le pensait et qu’au lieu d’un roi il lui en voudrait six »

     

    C’est à ces divers titres que Pierre II aurait bien pu séjourner dans les souterrains du Petit-Châtelet, comme ce fut le sort réservé par Louis XI au Cardinal de La Balue, lui aussi présent à Péronne. Mais alors que ce prince de l’Eglise subissait onze ans le supplice de la cage de fer, alors que le duc de Nemours, que le Connétable Saint-Pol étaient décapités, Monsieur d’Urfé, esprit fait d’habileté, de finesse et de diplomatie, obtint l’absolution totale de son passé et entra dans la grâce de Louis XI !

     

    Cependant, il pensa qu’il n’était pas inopportun de mettre entre la cour de France et lui des distances respectables. C’est ainsi qu’il résolut de partir combattre les Turcs dont les territoires en Europe s’étendaient alors sur toute la péninsule balkanique. C’est au cours de cette campagne, au siège d’Otrande qu’il fut fait chevalier, l’An 1480.

     

    Mais avant de partir guerroyer en Apulie et alors qu’il venait d’obtenir le pardon royal, Pierre d’Urfé – par ce qui semblerait un comble d’ingratitude et de témérité à un diplomate moins sur que lui de son adresse – accepta une mission d’un des toujours vigilants adversaires de Louis XI, le duc de Bretagne, lequel le tient en si grandes faveurs qu’il le nomme dans des lettres du 4 janvier 1480 «  chambellan et grand escuyer de Bretagne ».

     

    Il est vrai que la mission dont François II de Bretagne avait investi le seigneur de la Bastie était flatteuse. Elle le dépêchait vers le Pape Sixte IV.

    Cette ambassade auprès du Pontife romain prend toute sa valeur quand on sait que le haut clergé breton et l’évêque de Nantes en particulier soutenaient le roi Louis XI dans sa lutte contre le duc de Bretagne.

     

    Là encore d’Urfé n’eut pas a encourir les foudres royales. Nous avons dit de Pierre II qu’il était un politique habile. Nous pouvons ajouter qu’il était un parfait courtisan. L’une et l’autre de ses qualités de cour lui valurent simultanément, ce qui ’est extrêmes rare, les faveurs de nombreux princes. Il se souvient opportunément que le comte de Forez était à la fois duc de Bourbon et l’époux d’Anne la fille de Louis XI qui bientôt devait assumer la régence du royaume.

     

    Pierre d’Urfé se lie d’amitié avec le duc de Bourbon et de telle façon qu’il reçoit de celui-ci des marques concrètes de son estime comme le don de la forêt de Clurieu près de Sainte-Foy en mars 1483.

     

    A la fin de la même année le chevalier d’Urfé est investi dans les fonctions de capitaine du château de Bourbon.

    L’ancien adversaire juré du pouvoir central va maintenant atteindre aux plus hautes charges du royaume.

     

    Louis XI vient de s’éteindre à Plessis-Lès-Tours. Anne de Beaujeu, comtesse de Forez, est maintenant régnante. Une de ses premières mesures sera de nommer Pierre II d’Urfé grand Escuyer de France. Et quand le jeune roi Charles VIII fait son entrée à Paris, premier gentilhomme de la cour, le seigneur de La Bastie s’avance « magnifiquement revêtu » immédiatement devant le monarque, portant son heaume et sa couronne d’or.

     

    Quelques mois plus tard, le 16 août 1484, Pierre II prononce le serment qui le fera conseiller privé du roi.

     

    Autant de grâces à Paris qu’à Montbrison, d’Urfé reçoit le 29 janvier 1487 la charge héréditaire de bailli du Forez, titre le plus envié du comté et, que tant qu’ils vivront, les d’Urfé se transmettront avec fierté.

     

    Cependant Pierre II n’a pas encore donné toute la mesure de son génie négociateur.

    La France et la Bretagne sont en constantes querelles. Finalement à St-Aubin-du-Cormier, François II de Bretagne doit s’incliner devant les armées de Charles VIII. Le dernier des ducs héréditaires de Bretagne devait ne pas survivre à cet échec. Sa fille Anne de Bretagne continue la lutte. Mais depuis longtemps déjà, de nombreux conseillers ont préconisé le mariage de « la duchesse en sabots » avec le roi Charles VIII. Sans doute, Anne a déjà contracte mariage avec Maximilien d’Autriche, mais un mariage par procuration, célébré en 1490, alors qu’elle avait tout juste quatorze ans. Mariage par conséquent qui facilement sera annulé.

     

    Nous avons dit que Pierre II d’Urfé était alors grand écuyer de France. Qu’on veuille bien se rappeler que – selon les mémoires de M. de Saint-Gelais – il avait été aussi « l’un des conseillers principaux du duc François II, père d’Anne de Bretagne ». De sorte que, quand le projet de mariage qui devait réunir la Bretagne à la France eut suffisamment mûri, un négociateur s’imposa, Monsieur d’Urfé.

     

    Dans un mémoire qu’il présenta à l’Université de Paris, Pierre II, lui-même, nous rapporte que lors de la première rencontre ménagée à Rennes entre le roi et la duchesse , Charles VIII trouva celle-ci «  tant belle, gracieuse, bénigne et humaine et bien servie de corps » qu’il résolut de l’épouser espérant qu’avec elle « il aurait génération si Dieu le permet ».

     

    On sait ce que ce mariage eut de bénéfique pour la restauration de la Bretagne exsangue et pour la paix intérieure de notre pays.

     

    C’est vers cette époque que se situe le voyage en Terre Sainte de Pierre II et la décision qu’il en ramena de construire à la Bastie un Couvent de Cordeliers.

     

    Louis XI avait renoncé pour la France aux droits qu’il pouvait prétendre sur le royaume de Naples. Son successeur Charles VIII n’eut pas la même sagesse. Il résolut de franchir les Alpes.

     

    Pierre d’Urfé accompagna le roi dans son expédition et c’est en qualité de chef de l’armée qu’il s’empare de Naples, l’an1495. Quelques semaines plus tard d’Urfé est encore sur les bords du Taro pour bousculer à Fournoue l’armée de la « Ligue italienne ». En Navarre il combat encore Ludovic le More, duc de Milan.

     

    Grand Escuyer et chambellan de Charles VIII lors du mariage de ce souverain, d’Urfé le sera encore en 1498 pour les funérailles du même roi. C’est de sa plume que sortira l’ordonnance « faicte par Messire Pierre d’Urfé, chevalier, Grand Escuyer de France, ainsi que audit grand escuyer appartient de faire pour l’enterrement du corps du bon Roy Charles huytième, que Dieu absoille » (Cette ordonnance est conservée à la Bibliothèque Ste-Geneviève à Paris).

     

    Comme pour Charles VIII, le parfait courtisan assistait à l’entrée à Paris de Louis XII l’an1498.

    E n cette année-là Pierre II avait dépassé la cinquantaine. Il ne lui restait plus que dix ans à vivre. Mais loin de se retirer au soir d’une carrière aussi lourde, sur ses terres foréziennes, il devra au contraire, à nouveau s’en éloigner.

     

    Le seigneur de La Bastie n’a rien perdu de la témérité qui l’animait au temps de l’entrevue de Péronne. Nous allons voir dans quelles circonstances il en fera preuve au point d’être une fois de plus contraint de s’exiler pour échapper aux vengeances royales.

     

    Par ordre de Louis XII, un grand seigneur ami de Pierre II est retenu prisonnier au château d’Usson, condamné à mort pour le meurtre de sa femme qu’il accusait d’avoir entretenu des relations coupables avec le roi de France. Disons en passant que la rigueur royal pourrait bien en la circonstance s’interpréter comme un aveu.

     

    D’Urfé, sûr de son crédit près du roi, vole à la cour solliciter la grâce pour son ami. En vain. Il multiplie les interventions, a recours aux offices des plus grands courtisans. Louis XII reste inflexible et Pierre II connait son premier échec. Alors sentant son ami perdu et sa cause rejetée, d’Urfé, par une de ces impulsions qui marqua toujours son caractère intrépide, faisant fi du roi, de la cour, des institutions, renonçant à sa gloire, à ses biens, à ses titres, compromettant son nom et sa personne, n’écoutant que son cœur et peut-être sa rancœur, d’Urfé, dis-je, retourne à Husson et utilisant sa qualité de grand écuyer, pénètre au château, force la prison et en délivre son ami, exactement l’avant-veille du jour où celui-ci doit être décapité.

     

    Après quoi, il crut bon de mettre une frontière entre la cour et lui. Il passe en Espagne et met sa vieille épée chevaleresque au service de Ferdinand V le Catholique.

     

    Disgracié par un souverain qu’il avait indigné et offensé, tout paraissait perdu pour Pierre II. Impossible semblait être son retour en grâce, chimère son séjour sur la terre lointaine et ancestrale du Lignon.

     

    Mais Messire d’Urfé était un homme de ressources. Ses qualités de diplomate qui lui valurent tant de succès, tant de gloire, étaient-elles épuisées, ruinées, oubliées ? Non pas.

    Une grande voix s’éleva pour réconcilier Louis XII roi de France et Pierre d’Urfé, gentilhomme Forézien, celle du Pape Alexandre VI. Le célèbre et dissolu pontife réussit tant bien à mettre  un terme au différent qu’en 1503 nous retrouvons le seigneur de La Bastie, à la tête de …l’artillerie française.

     

    Pierre d’Urfé va enfin retrouver le berceau de son enfance. Les charges qu’ils assumées, les titres qu’il a mérités lui font désormais une lumineuse auréole de gloire planant sur le bocage du Lignon.

     

    Le 9 août 1508 il signe son testament, le dernier acte d’un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup lutté, beaucoup servi.

    Enfin quelques mois plus tard le 10 octobre 1508, le vieux chevalier d’Urfé, turbulent serviteur des rois, s’éteignait en son château de La Bastie.

     

    On déposa ses cendres dans le cloître du couvent voisin, et le ciseau d’un artisan de Boën incisa dans la pierre : « Ci-git Pierre II, seigneur d’Urfé, Rochefort, La Bâtie…Plaise à ceux qui en cette église entreront lui donner de l’eau bénite »

     

                                                                           Henri Bedoin (1957)

     

     

     

     

     

     


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  • VISITE CHÂTEAU DE DREE (71) AOUT 2011
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