• 009.JPG AG 2012 BOUCHON DES HALLES 9 décembre
     

    ASSOCIATION PHILATELIQUE ET CARTOPHILE DU ROANNAIS A.G. 2012

     

    L’Assemblée générale c’est déroulées le dimanche 9 décembre 2012 au « Bouchon des Halles » à Roanne.

    Elle débute à 10 h 30 sous la houlette du président Jean-Paul Uhring et en présence de notre doyen : monsieur Maurice Gardet, 92 ans bien connu dans les milieux culturels roannais et d’une vingtaine de sociétaires.

    Après les divers comptes rendus et votes habituels dans ce genre de réunion, le bureau qui réalise aux dires de tous « un excellent travail », est reconduit dans sa totalité Celle-ci se termine par un sympathique repas.

    Le Bureau :

    • Président d’Honneur Honoraire : docteur Jean Storch
    • Président d’Honneur Actif : Maurice Gardet
    • Président : Jean-Paul Uhring
    • Vice-président : Paul Riffort
    • Trésorier : Jean-François Gil
    • Secrétaire : Roland Cortay
    • Bibliothécaire : Jean-Luc Guy

    A noter, le talent inconnu, mais aujourd’hui dévoilé de notre secrétaire Roland Cortay  pour la poésie.

     

    Mais c’est jolie la rime002.JPG AG 2012 BOUCHON DES HALLES 9 décembre

    Que ces mots ici, là

    Mais surtout point de frime

    Patati, patata…

     

    C’est vrai pour un poème

    Il n’y a que des mots

    C’est vrai que je les aime

    De les mettre mot à mot

     

    Merci pour les cadeaux004.JPG AG 2012 BOUCHON DES HALLES 9 décembre

    Même emballage rouge

    Mais y’a rien de plus beaux

    Merci monsieur en rouge

     

    Pour ceux qui nous ont quittés

    Dans mon cœur une pensée

    Jamais nous oublié

    De les avoir croisés

     

    C’est vrai que je vais me taire005.JPG AG 2012 BOUCHON DES HALLES 9 décembre

    Car plus de mots charmants

    Je ne suis que secrétaires

    Et c’est signé Roland

     

    Voilà des mots trouvés

    Vous m’avez écouté

    Enfin j’ai terminé

    A vous tous de … voter.

     007.JPG AG 2012 BOUCHON DES HALLES 9 décembre0010.JPG AG 2012 BOUCHON DES HALLES 9 décembre0011.JPG AG 2012 BOUCHON DES HALLES 9 décembre


    2 commentaires
  •  

    DE LA CONCIERGERIE EN 1793…AUX BAUMETTES EN 2013

    Alors que les pouvoirs publics s’émeuvent en cette fin d’année 2012 des conditions de détentions des détenus à la prison des Baumettes à Marseille. Il est intéressant de faire une comparaison avec celle de la Conciergerie à Paris en 1793.

    (Les sentiments d’humanité que respire ce rapport le feront lire avec intérêt. On éprouvera aussi peut-être quelque étonnement en apprenant qu’au temps de la Terreur il ne se trouvait à Paris sous les verrous que 950 citoyens détenus, et que ce chiffre paraissait exorbitant à l’inspecteur des prisons)

    RAPPORT AU MINISTRE DE L’INTERIEUR SUR L’ETAT DES PRISONS DE LA CONCIERGERIE, LE 17 MARS 1793

    Je viens de faire une nouvelle visite des prisons de la Conciergerie. L’impression horrible que j’ai éprouvée à la vue des malheureux amoncelés dans cette affreuse demeure est inexprimable, et je ne puis encore concevoir la barbarie des officiers de police, chargés de la surveiller, et l’insouciance des tribunaux à absoudre ou condamner les accusés. Toutes les prisons ont été vidées à l’époque  à jamais exécrable des 2 et 3 septembre dernier. Cependant elles contiennent  aujourd’hui 950 individus. Il y en a 320 à l’hôtel de la Force, 44 à Ste-Pélagie, 206 à Bicêtre, et 380 à la Conciergerie.

    Cette dernière prison qui, par sa position près du tribunal criminel, a toujours été destinée pour les criminels, et qui ne devrait être considérée, d’après la nouvelle organisation, que comme maison de justice, sert cependant tout à la fois de maison d’arrêt, de maison de justice et de force ; il faut toute la surveillance et tout le dévouement d’un concierge incorruptible et de guichetiers éprouvés, tels que ceux qui en ont la garde, pour qu’il n’y arrive pas chaque jour des évènements sans nombre, et des évasions multipliées, comme cela arrive journellement dans presque tous les départements. J’y ai vu une trentaine d’hommes et de femmes condamnés à mort, qui tous sont pourvus en cassation, dont les procès languissent, et qui emploient tout le temps qu’on leur laisse à faire toutes sortes de tentatives, soit pour attenter à leur vie, soit pour opérer un soulèvement au dehors ou même en au-dedans ; et leur rassemblement prodigieux, en leur montrant leur force fait craindre à tout moment que leurs projets ne réussissent. Ce qui contribue le plus à les désespérer, et à leur faire tout entreprendre, c’est l’inhumanité avec laquelle on les entasse dans la même chambre, et les tourments incalculables qu’ils éprouvent pendant la nuit. Je les ai visités à l’ouverture, et je ne connais point d’expression assez forte pour peindre le sentiment d’horreur que j’ai éprouvé en voyant dans une seule pièce 26 hommes rassemblés, couchés sur 21 paillasses respirant l’air le plus infect, et couverts de lambeaux à moitié pourris ; dans une autre 45 hommes entassés sur 10 grabats  dans une troisième, 38 moribonds pressés sur 9 couchettes ; dans une quatrième, très petite, 14 hommes ne pouvant trouver de place dans 4 cases ; enfin, dans une cinquième, sixième et septième pièce, 85 malheureux se froissant les uns les autres pour pouvoir s’étendre sur 16 paillasses remplies de vermines, et ne pouvant tous trouver le moyen de poser leur tête. Un pareil spectacle m’a fait reculer d’épouvante, et je frissonne encore en voulant en donner une idée. Les femmes sont traitées de la même manière ; 54 d’entre elles sont forcées de se coucher sur 19 paillasses, ou de se relayer alternativement pour rester debout, et ne pas étouffer en se mettant les unes sur les autres. Il y a, dans cette maison 47 hommes et 12 femme, qui ont le privilège d’être à la pension et de coucher dans des lits séparés. Cette distinction m’a paru barbare, injuste et injurieuse à l’humanité (1) ; la loi qui distribue le pain également entre chaque détenu, ne peut avoir eu l’intention de donner à l’homme aisé un asile commode, et de mettre l’indigent dans un tombeau. Toute inégalité doit disparaitre devant elle. De quelque état ou condition qu’ils soient, elle voit les accusés du même œil, et leur promet à tous le même traitement, jusqu’à l’instant de leur jugement.

    A CONCIERGERIE 2

    Cependant, au mépris de cette loi bienfaisante, une foule d’individus de la classe indigente, prévenus, pour la plupart, de délits très légers, souffrent dans les prisons toutes les horreurs de la misère et de la faim, tandis que les citoyens opulents, prévenus des plus grands crimes, y jouissent, à la liberté près, de toutes les autres douceurs de la vie. S’il est impossible sous le règne de l’égalité, de faire cesse cette distinction révoltante, n’est-il pas un moyen d’adoucir le sort de l’infortuné détenu, et de lui procurer au moins le repos de la nuit accordé par la nature à tous les êtres, et dont l’homme est ici indument privé pat l’homme même. La maison des ci-devant Madelonettes, à laquelle le département vient de faire une dépense considérable peut contenir plus de 300 individus ; les chambres en sont très propres, aérées, commodes, et pourraient déjà recevoir un très grand ombre de détenus.

    Ceux qu’on y ferait passer ainsi qu’à Bicêtre, à la Force, et à Sainte-Pélagie, où il y a beaucoup plus de locaux qu’à la Conciergerie, soulageraient d’autant, cette dernière prison, et, en excitant l’activité des tribunaux, le nombre des détenus diminuerait chaque jour. Mais la justice semble endormie, ses oracles ne se rendent plus, ou le peu qui lui échappent sont sans effet, au moyen du tribunal de cassation où l’appel en est porté, et où les affaires restent en suspens. Cependant les prisons s’engorgent chaque jour ; presque aucun prisonnier n’en sort ; un grand nombre y arrivent sans cessent ; au milieu de cette effroyable quantité, le juré d’accusation se tait, ou ne se livre que négligemment à des fonctions dont le terme trop éloigné l’effarouche. Il choisit les individus dont il veut s’occuper de préférence, et des malheureux arrêtés depuis plusieurs mois, ont la douleur de n’avoir pas encore été interrogés. Il y en a dans ce cas 34, dont j’indique les noms et la date de l’arrestation dans un tableau joint au présent rapport.

    Je dois encore appeler l’attention du ministre sur le sort d’un assez grand nombre de malheureux échappés au carnage du mois de septembre, et réintégrés depuis dans les prisons en vertu d’ordres la plupart arbitraires et sans cause. La crise perpétuelle où se trouve la République ; les mouvements intérieurs et fréquents qui en sont la suite, les bruits qu’on ne cesse de répandre d’un nouveau massacre, l’image toujours présente de celui qui s’est effectué sous leurs yeux, jettent la terreur dans l’âme de ces infortunés, ils souffrent mille morts chaque jour, et maudissent le moment qui ne leur a sauvé la vie que pour les livrer de nouveau au supplice journalier d’une incertitude cent fois plus cruelle que tous les genres de mort possibles. Regardera-t-on comme une absolution de leurs fautes, l’épreuve à laquelle ils ont été soumis aux journées de septembre et la liberté qui leur a été accordé ! C’est une question que le ministre Roland (2) a soumis le 16 novembre au ministère de la Justice, et sur laquelle il serait important de prononcer. Il n’y a pas de délit qui ne doive être effacé pour des gens qui ont été plusieurs jours sous le couteau ; et la situation pénible où ils se retrouvent en ce moment, et dans laquelle ils sont depuis plusieurs mois les met sans doute dans le cas de l’indulgence.

                                                 Paris, le 17 mars 1793 l’an II de la République française

                                                                                      GRANDPRE

     

    1. N’oublions pas que nous sommes au début de la Révolution et que  les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité sont bafoués car les « plus riches » disposent déjà d’avantages considérables qu’ils s’offrent avec l’argent.
    2. Il s’agit du Ministre de Louis XVI : Roland de la Platière qui venait souvent dans notre région puisse qu’i possédait de la famille dans le village de Sainte Colombe sur Gand. Sa femme dite Madame Roland fut guillotinée quelques mois plus tard, tandis que son ministre de mari s’enfuyait à l’étranger.

    votre commentaire
  • A POIGNEE DE MAINS
     

    LA POIGNEE DE MAINS, DANGEREUSE ?

    (Alors qu’une publicité diffusée plusieurs fois sur nos chaînes de Télé nous indique que nos mains doivent rester propres. Alors que chaque bulletin météo nous annonce des changements climatiques. Il est intéressant de lire cet article vieux de plus 115 ans…)

    Ne crachez plus par terre, disent les hygiénistes ; méfiez-vous des couverts des restaurants, des timbres poste oblitérés, des plaques de téléphones, des rampes d'escalier, des essuie-mains dont tout le monde se sert, etc., car en cette fin de siècle, tout est sujet à microbes : le baiser lui-même peut contenir le germe de la mort.

    Dans cette crainte exagérée du microbe, il vient de se former à Bakou, ville russe située sur les bords de la mer Caspienne, une Société dont le but est de supprimer les poignées de main, sous peine d'encourir une amende.

    Le mobile qui a guidé les fondateurs de cette association n'est autre qu'une raison d'hygiène. Depuis longtemps, les médecins protestent contre l'abus des poignées de main, dont les effets sont surtout nuisibles en été, parce que la poussière, véhicule des plus dangereuses épidémies, reste adhérente aux parties humides de la main et se communique ensuite par le contact de l'un à l'autre.

    Des expériences nombreuses ont été faites, entre autres par l'hygiéniste Buchner, sur des souris et des singes auxquels on faisait respirer de l'air chargé de poussière, et qui propageaient ensuite chez leurs compagnons le germe de la peste sibérienne. D'où la conclusion que les épidémies peuvent se communiquer aussi par le serrement de main, surtout dans des villes poussiéreuses comme l'est celle de Bakou.

    Quelques Anglais ont poussé plus loin cette exagération. Dans un tramway de Londres, deux femmes causent entre elles d'un typhoïdique qu'elles viennent de soigner. La conversation est entendue des autres voyageurs : vite la peur les prend des germes morbides que ces deux personnes peuvent traîner avec elles ; vite de faire arrêter la voiture et de faire prier par les policemen les deux voyageuses de descendre.

    On ne saurait certes trop prendre de précautions contre la contagion ; la preuve en est dans les nombreuses prescriptions de nos municipalités; mais il y aura, toujours des desiderata. Car que ; dire de ces innombrables nuages de poussières, peut-être microbiennes que soulève chaque matin, en été, le balayage des grandes villes, où malgré la bonne réglementation administrative, l’arrosage ; ne se fait souvent qu'après le balayage, si par malheur l'arroseur n'arrive bon premier à son poste? On peut neuf fois sur dix constater le fait. Dans cette crainte exagérée du microbe, on n’oserait bientôt plus sortir de chez soi, ou tout au moins ne se promener qu'avec un masque sur le visage pour préserver la bouche, et les fosses nasales contre la pénétration des microbes dans les voies pulmonaires, un masque léger, en aluminium, pareil à celui dont se servent les pompiers pour entrer dans les endroits asphyxiants, et préconisé pour les soldats de Madagascar.

    Ce nouveau costume, agrémenté de lunettes, ne serait ni très commode, ni très seyant. Aussi ne faut-il pas pousser trop loin cette terreur du microbe, car nous pouvons être exposés chaque jour à côtoyer médecins et autres personnes venant peut-être de rendre visite à des malades.

    Envions alors le sort de ces hommes, femmes et enfants qui, nous dit la Médecine moderne, passent leur existence au fin fond des mines de sel gemme de Wieliczka (Galicie), à plusieurs centaines de mètres de profondeur et dont la plupart arrivent aux limites de l'extrême vieillesse. Ces galeries s'étendent sous terre, sur une longueur de 82 kilomètres, et les mineurs ont construit, à même le sol, des maisons, un hôtel de ville, des salles de réunion, et même un théâtre! Ils vivent et meurent dans ce village souterrain où les rues bien nivelées, les places spacieuses, sont éclairées à la lumière électrique.

    On cite des familles qui, depuis plusieurs générations, paraît-il, ne sont jamais montées à la surface du sol. La petite église de Wieliczka avec ses statues sculptées dans les blocs de sel est une des plus merveilleuses constructions architecturales de l'Europe.

                                                                                              * *

    Les hygiénistes sont d'accord sur la nécessité des précautions à prendre, surtout en présence de ces brusques variations atmosphériques qui se font sentir sur tout le globe, et montrent un véritable bouleversement dans les saisons. Mais à quoi les attribuer? A l'influence des taches du soleil, à l'éloignement de nos côtes de ce grand courant équatorial nommé le Gulf-Stream, au refroidissement de la terre, ou bien, comme on a tenté de le démontrer, à l'influence des glaces-polaires qui engendreraient de forts courants d'air passant sur ces masses considérables de glaces. Quelle qu'en soit la cause, nous avons vu succéder à une période de sécheresse générale ayant duré près de deux mois, une période de pluies extraordinaires, d’ouragans, de tempêtes telle que l'on n'en a pas constaté depuis longtemps.

    En Amérique, des pluies de boues, des tempêtes de poussières dans le Dakota, le Colorado, le ciel prenant une teinte spéciale due aux poussières en suspension dans l'air, et la neige venant ensuite, colorée en rose, et laissant après fusion des traces de boue. En Russie, à Grodno, on constate pendant un orage la chute d'une matière cristalline ayant l'apparence et le goût du sel gemme.

    En France également des orages et des cyclones d'une violence extraordinaire, et ayant donné lieu à nombreuses morts d'hommes. Citons à ce propos une curieuse évaluation de la puissance de la foudre, faite par le professeur Hoppe, à Klaustlial dans le Harz.

    A la suite d'un violent orage, un poteau en bois fut atteint par la foudre. A sa partie supérieure se trouvaient deux clous de quatre millimètres de diamètre, qui furent entièrement fondus. Pour arriver à cette fusion, il faut un courant électrique fourni par un moteur d'une puissance de 50 000 chevaux-vapeur, c'est-à-dire de la puissance de cinq grands cuirassés de l'escadre.

    A Orléans, au camp de Cercottes, un grand nombre de canons de fusil furent fondus. En appliquant le calcul du professeur Hoppe à ce cas, on trouve que le moteur de la dynamo pouvant fournir un semblable courant serait d'une puissance de 250.000 chevaux-vapeur.

     A Besançon, une pluie de grêlons de grosseur uniforme de quatre à cinq centimètres de diamètre et d'un poids de soixante grammes environ. M. Vieille-Cèssay qui a eu la patience de compter le nombre de ces grêlons tombés dans un espace dont il mesura ensuite la surface y évalue très justement le poids approximatif de glace issu des nuages orageux et trouve que les nuages déchargèrent environ 1.200 mille tonnes de glace! Poids fantastique, dont on peut se faire une idée en songeant qu'il est supérieur au poids de tout le matériel roulant dé toutes les compagnies françaises de chemins de fer ! En certains endroits même, on recueille des grêlons gros comme un œuf de poule  du poids de 250 grammes environ.

    L’UNIVERS ILLUSTRE du  21 décembre 1895 (BNF)


    votre commentaire
  • A 8 D2CEMBRE
     
     

                LE 8 DECEMBRE  DANS MON VILLAGE

    On a regardé, il y a déjà deux semaines, quand tombait le 8 décembre cette année.

    C’est un vendredi.

    Certains ont pensé : « Je rapporterai des pains de cire du marché ». D’autres ont pensé : « J’irai à la messe, le soir, à huit heures ».

    Quand on a parcouru le calendrier avec ses yeux, on a trouvé que c’était encore loin, et puis le temps a passé. Vite.

    C’est aujourd’hui.

    Toutes les femmes se disaient hier : « Pourvu qu’il n’y ait pas de vent ! » Elles ont été exaucées. Il n’y en a pas.

    L’année dernière, cela avait été une catastrophe. Il fallait rallumer les lampions toutes les cinq minutes.

    Cette année, ils pourront flamber en toute tranquillité.

    Pour être bien en règle, une femme a demandé à M. le Curé à qu’elle heure il fallait illuminer.

    « Quand la nuit commencera » a-t-il dit.

    Plusieurs femmes ont déjà ouvert leur fenêtre et ont observé s’il faisait suffisamment nuit. Elles ont regardé aussi si aucune fenêtre n’était illuminée.

    Rien pour le moment.

    Les rues sont calmes et il fait bon.

    Un chien fait le tour du bourg, la queue entre les jambes. Des enfants arrivent à l’épicerie pour acheter des pains de cire.

    Il n’en reste plus beaucoup. Pendant toute la semaine ils ont été vendus.

    Mais chaque année il y a des retardataires.

    On en trouvera quand même quelques-uns pour eux.

    Ils repartent avec chacun quatre pains de cire dans un petit sac de nylon.

     

    lulu 2

     

    La mère Ravière descend de son grenier froid son petit sac de l’année dernière et elle trie sur sa table ceux qui sont encore bons.

    Par précaution, elle en a quand même acheté huit. Elle s’assoit à sa table de cuisine, baisse la lampe pour mieux voir, et se met au travail. Il s’agit d’un travail sérieux et qui demande de ne pas être dérangé.

    Aussi a-t-elle donné un tour de clé à sa porte et a-t-elle poussé ses volets.

    Dans ses vieux doigts crochus, elle les prend un à un. Elle les regarde dessus, dessous, et autour. Elle approche son œil. Elle gratte avec son ongle ; elle tire sur la petite mèche.

    Celui-ci peut encore servir. Il est épais. Il a très peu brûlé.

    Celui-là est bien fini. Il ne reste qu’un petit bout de mèche noire, toute couchée. Elle les sépare. Les bons sont mis à droite sur leur pied. Les mauvais poussés à gauche.

    Et puis voilà les neufs. Ils sont frais et blancs. On dirait des petits gâteaux de sucre cuits dans des moules à madeleines. Leur mèche est propre et droite sent le magasin à savon. Ils sont fiers. Ils ont belle allure, comme s’ils savaient déjà la belle mission qu’on va leur confier pour cette nuit.

    La vieille femme est heureuse. De ses pauvres vieux doigts, elle les caresse, avec l’impression de caresser déjà un peu la lumière.

    Durant toutes sa vie, elle n’a jamais manqué de faire brûler les lampions du 8 décembre.

    Elle va maintenant chercher les verres. Ils sont rangés dans le placard à chaussures, bien empilés, dans un tout petit panier carré, noir, à force d’être vieux. Elle les compte. Avec le doigt, un à un. Il n’en manque point. Un petit coup de chiffon et les voilà propres.

    Elle les aligne. Il y a des verts et des rouges. Comment faire ? Mélanger les couleurs on ne mettre ou ne mettre que les rouges sur une fenêtre et que les verts sur une autre ? Elle ne se rappelle plus. Il y a tant de choses depuis tant d’années dans sa tête !

    Allons ! Six heures sonnent au clocher. Il faut trouver une solution.

    Alors elle fait une rangée de ses verres devant elle, une fois en les mélangeant ; une fois sans les mélanger. Et elle juge de l’effet.

    Oui elle mélangera les couleurs. Oh ! Il y en a un qui a été oublié par le chiffon. Il y a une mouche dedans !

    Pour être sûre qu’il ne reste aucune impropreté dans aucun des verres, elle les reprend, une fois encore, un à un, et souffle dedans.

     Cela fait douze verres.

    Il faut les partager en deux. Six sur chaque fenêtre. Les deux fenêtres du haut seront illuminées et la fenêtre de la cuisine sera laissée.

    C’est le moment de les porter.

    La pauvre vieille femme, flottant dans sa blouse noire, s’en va à travers sa maison, discrètement, six verres au bout des doigts.

    Elle monte le petit escalier de bois blanc avec précaution. Elle arrive en glissant sur ses pantoufles. Elle pousse avec son genou la porte et marche droit vers la fenêtre.

    Elle s’incline jusqu’à terre et dépose sur le vieux plancher, comme des vases sacrées, les six verres qui tintent avec leur pain dedans.

    Elle redescend. Et remonte déposer les six autres dans la chambre voisine. Elle revient aux premiers, la boîte d’allumettes à la main. Elle se met à genoux. Sa main tremble au moment de craquer l’allumette. Elle sait combien cet instant de la terre est grand dans le ciel.

    Toutes les flammes qui vont briller sur les fenêtres vont briller en l’honneur de l’Immaculée. La Vierge Très Sainte va pencher son regard sur toutes les maisons.

    La vieille paysanne, humblement, dépose la lumière au fond de chaque verre. Elle les porte vite ensuite à la nuit et, ayant fermé sur eux les vitres, elle les regarde tout près, derrière, en joignant les mains.

    Les premiers lampions du village brûlent, verts et rouges, en l’honneur de Marie.

    Dans une pauvre maison au bout du village, une grand-mère, qui ne peut plus monter les escaliers, a simplement éclairé sa fenêtre de cuisine avec trois verres de tous les jours.

    Les fenêtres une à une, se peuplent. Dans chaque maison, il y a une femme qui a laissé son souper et qui joue avec les pains de cire et les couleurs de verres.

    Une vieille fille, chancelante, apporte dans son tablier ses trois pains de cire usés.

    Un enfant les allume dans cette maison de jeunes. C’est la première fois, et sa maman se tient derrière, la main attentive.

    Des jeunes mariés ont mis des lumières blanches aux fenêtres de leurs chambres.

    On voit à l’écart des fenêtres, des ombres noires qui se tiennent vigilantes. Toutes droites ; immobiles. On ne veut pas laisser les toutes jeunes lumières commencer leur vie sans être à côté.

    On veut les accompagner quelques instants.

    Dans la rue noire, les lampions sont nés.

    Sur chaque bord de fenêtre, dans un verre encore froid, il y a une petite flamme qui gigote. Le vent ne lui fait point de mal mais l’air la surprend. A-t-elle peur d’être si haut perchée au bord du vide ? D’être exposée à la porte de cette immense nuit, de l’autre côté de chez les hommes ?

    Elle s’affole quelques instants. Elle tremble. Elle se jette contre les parois de sa maison comme si elle voulait s’enfuir. Et puis elle s’apaise, se rassure, et devient fière d’être là.

    Une grande rumeur, qui court les rues du 8 décembre, lui apprend que c’est la fête de la Vierge Immaculée.

    A l’église, toutes les chapelles sont éclairées. Le vitrail rouge et or du Sacré-Cœur se dresse tout grand au fond de la place et semble rendre hommage à l’humble vitrail bleu et blanc de la Sainte Vierge, qui se tient à ses côtés.

    La fenêtre de la sacristie palpite de huit lampions jaunes serrés.

    Les fenêtres répondent aux fenêtres.

    Sur la route de Saint-Priest une maison isolée fait signe avec ses quatre lumières blanche. Sur les hauteurs, les fenêtres de l’Ecole Publique saluent Marie de leurs dix verres blancs. A Montifond, les lumières sont une petite île. A Montessut, les fenêtres clignotent en blanc et en rouge, au-dessus de la bergerie. Sur le chemin perdu de « Chez Babe », la petite maisondu veuf lance dans la solitude la prière de ses quatre bougies. Au loin, sur les collines de Saint-Priest, les maisons chrétiennes ont sorti leurs flammes qui dessinent des pistes.

    Roanne, couché sur la plaine, n’est plus qu’un large bord de fenêtre où dansent des lumignons par centaines.

    Sur l’ancienne route, une maison de pierres flambe en rouge sur quatre fenêtres. La maison blanche du maire, dans des verres hauts, fait danser des flammes vertes et jaunes.

    Dans le bourg, l’hôtel fait briller ses fenêtres en blanc. A l’épicerie, ce sont deux lignes bleues et blanches.

    De fenêtre en fenêtre, la guirlande sainte des illuminations encercle le village ; s’enfonce jusque dans les trous noirs, bien au-delà des acacias rabougris du fond de la place.

    Les enfants courent sous toutes les fenêtres.

    Ils lèvent les yeux et attrapent à plein rire, ces flots de lumière que les maisons font tomber sur le pays.

    La cloche sonne. C’est la messe.

    Entre des haies de flammes vives, calmement, les femmes s’en vont à l’église.

    Notre-Dame de Lourdes préside, bien haut, près de l’autel. On a fleuri ses pieds ; on a éclairé son front d’un arc de lampions. Elle écrase le serpent. Elle sourit. M. le Curé vient au grand autel. Il a l’habit blanc des grandes fêtes.

    Quand j’étais enfant, je voulais allumer moi-même nos verres. Ils étaient à terre, sur le plancher. Six pour chaque fenêtre.

    Je mettais longtemps. Je me brûlais les doigts. Je lâchais les pains de cire. Je recommençais, tellement persuadé que ce petit geste était vu très haut, très haut au-dessus de moi.

    A peine mes lampions éclairés, laissant mon tas d’allumettes noircies devant les fenêtres, jr bondissais dans la rue. Je surveillais. Je ne voulais pas qu’un seul lampion défaille.

    Et combien de fois, par temps de vent, je courais les rallumer pour les voir de nouveaux éteints, une fois redescendu !

    Par contre, quand il n’y avait plus rien à craindre, au bout qu’un quart d’heure de surveillance, je les abandonnais et j’allais visiter toutes les fenêtres.

    Je voulais savoir qu’elle était la plus jolie.

    Il fallait être sûr. Il ne fallait pas tricher

    Parfois entre deux fenêtres j’avais bien des hésitations. Je me portais de l’une à l’autre. Je m’éloignais. Je réfléchissais. Ne pouvant en venir à bout, j’allais chercher mon père pour trancher.

    En tout dernier lieu, je visitais les petites rues. La rue de l’ancien boucher, la rue de la Font-Vaux, la rue du cimetière, la rue des Sœurs…

    Je demeurais aussi longtemps dehors que je le pouvais.

    Une fois au lit, j’écoutais dans ma chambre grésiller mes lampions. Ils vivaient.

    Et mes rideaux avaient des lueurs pourpres comme les voiles du tabernacle à côté de la petite lampe rouge.

           Louis Pralus (Mon village sous l’hiver, 1978)

     

    lulu 1

    votre commentaire
  • FOURVIERE 3 ESTAMPE ANCIENNE

     

    ILLUMINATIONS du 8 DECEMBRE à LYON

     

    La Fête des Lumières, autrefois appelée fête du 8 décembre ou fête des illuminations, est une manifestation populaire qui se tient chaque année quatre jours autour du 8 décembre, date traditionnelle de l'évènement, à Lyon (France).

    La ville de Lyon vénère la Vierge Marie depuis le Moyen Âge et s'est mise sous sa protection en 1643, année où le sud de la France était touché par la peste : les échevins de Lyon, le prévôt des marchands et les notables firent alors vœu de rendre hommage chaque année à la Vierge si l'épidémie de peste cessait.FOURVIERE BENIE EN 1805

     Depuis, un cortège solennel municipal se rend à la basilique Notre-Dame de Fourvière depuis la Cathédrale Saint-Jean chaque 8 septembre (et non le 8 décembre), jour de consécration de la ville à la Vierge, le jour de la fête de sa Nativité, pour lui offrir cierges et écus d'or : il s'agit du Vœu des Échevins.

    Les versions quant à l'origine de cette célébration prêtent à confusion : souvent le mélange des vœux à la Vierge et l'oubli des dates fait remonter l'origine des Illuminations, voire la création de la Basilique Notre-Dame de Fourvière, à un vœu prononcé après une épidémie de peste qui aurait sévi en 1643.

    En 1852, est inaugurée la statue de la Vierge Marie érigée sur la chapelle de la colline de Fourvière. Réalisée par le sculpteur Joseph-Hugues Fabisch, elle a été proposée par quelques notables lyonnais et fervents catholiques puis acceptée par le cardinal de Bonald en 1850. L'inauguration de la statue aurait dû avoir lieu le 8 septembre 1852, jour de la fête de la nativité de la Vierge et date anniversaire du vœu des échevins de 1643. Mais une crue de la Saône aurait empêché qu'elle fût prête ce jour-là et que la cérémonie s'effectuât. L'archevêché, en accord avec la commission des laïcs, choisit alors de reporter l'inauguration à la date du 8 décembre.

     Or, le 8 décembre est la date de la fête de l'Immaculée Conception de la Vierge, fête célébrée depuis le IXe siècle, même si la proclamation du dogme ne date que de 1854. Les jours qui précèdent l'inauguration, tout est en place pour les festivités : la statue doit être illuminée par des feux de Bengale, on prévoit des feux d'artifices depuis le haut de la colline et des fanfares vont jouer dans les rues. Les notables catholiques lyonnais proposent d'illuminer les façades de leurs maisons comme cela se fait traditionnellement pour les grands évènements (entrées royales, victoires militaires...).

     Mais le 8 décembre au matin, un violent orage s'abat sur Lyon. Le maître des cérémonies décide aussitôt de tout annuler et de reporter les réjouissances nocturnes au dimanche suivant. Puis, finalement, le ciel se dégage, et la population lyonnaise qui avait tant attendu cette cérémonie, d'un geste spontané, illumine ses fenêtres, descend dans les rues et quelques feux de bengale allumés à la hâte éclairent la statue et la chapelle de Notre-Dame-de-Fourvière (la basilique n'existe pas encore). Les Lyonnais chantent des cantiques et crient « Vive Marie ! » jusque tard dans la nuit.

                                                           Wikipédia et sites divers

     

    « Mais quand viennent les grands fléaux, cette horrible peste qui, au début du XVII° siècle, avait fait plus de 100 000 victimes, cette autre peste des temps modernes qu’on appelle le choléra, et qui, au commencement de notre siècle, exerça dans nos contrées de si cruels ravages, alors le cœur de la Vierge de Fourvière se dilate et sa protection, sans cesser d’être lyonnaise, se fait pour ainsi dire régionale : c’est-à-dire que nos plaines dauphinoises, comme la terre lyonnaise, durent la cessation des fléaux. Restait une dernière épreuve particulièrement terrible, l’épreuve de la guerre. Ah ! Qui ne se rappelle les épouvantables angoisses de cet hiver de 1870, quand, à Lyon, dans le Lyonnais, dans le Dauphiné et tout le Sud-Est, on voyait le torrent de l’invasion prêt à se présenter des hauteurs de la Bourgogne dans nos riches vallées, et qu’on se demandait avec terreur par quel miracle il pourrait rencontrer une digue ! Lyon  se souvint que la Gardienne de la cité pouvait être la Protectrice de la patrie, et par la voix de Mgr Ginoulhac, notre ancien évêque, Lyon fit à Notre-Dame de Fourvière le vœu qui nous sauva. Non, notre piété ne se trompe pas quand elle attribue notre salut à protection de Marie. C’est elle qui, à Nuits, inspira à nos soldats improvisés cet héroïsme qui faisait rêver des Thermopyles ; c’est elle qui jeta dans les conseils de l’ennemi ces indécisions si nouvelles chez lui, et qui sauvèrent nos vallées de ses outrages et de ses pillages. Fourvière fut notre digue miraculeuse contre le torrent ennemi ; et la protection de Marie eut les proportions d’une protection nationale.

    FOURVIERE

    Il y a dans l’année, des dates bénies que vous devez retenir, comme le 8 septembre, où l’on commémore si solennellement le vœu de 1643, le vœu de la peste (Vœu par lequel les échevins de Lyon, pour obtenir la cessation du fléau, s’engageaient, eux et leurs successeurs, à monter chaque année à Fourvière, le 8 septembre, pour y entendre une messe et offrir à Notre-Dame de Fourvière un écu d’or et de la cire. On sait  que depuis lors Lyon a toujours échappé au fléau des maladies contagieuses) , et où, à la chute du jour, la ville tout entière semble tomber à genoux sur les quais de nos fleuves, sous la bénédiction qui descend de Fourvière  ; comme encore le 8 décembre, où chrétiens et chrétiennes, par milliers et par milliers gravissent la colline de la Vierge Immaculée, en attendant que, la nuit venue, la ville s’embrase d’une illumination comme on n’en peut rêver de plus belle.

    Ces superbes manifestations de foi et d’amour filial ne peuvent suffire à exprimer la reconnaissance lyonnaise. D’âge en âge, elle se traduit par quelque embellissement apporté à l’ancienne chapelle, par l’érection d’une statue monumentale à la Gardienne de la cité et de la région, jusqu’à ce qu’enfin elle trouve sa plus magnifique expression dans cette Basilique qui, par les souvenirs patriotiques qu’elle évoque, est aussi un monument national.

                                                              Ouvrage religieux de la fin du XIX°

     


    votre commentaire