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    NOELS DU MONDE

    En flânant dans le passé

    Le « Magasin Pittoresque » de 1841 évoquait les Noëls des pays Nordiques avec éloquence.

    « En Suède et en Norvège, où l’usage de la viande est une sorte de luxe pour les gens du peuple, chaque année, dès le mois d’octobre, on prépare les provisions destinées à la célébration de la fête de Noël ; on brasse de la bière, on fume les meilleurs morceaux de bœuf, de renne et d’ours. A ce saint Jour, le souper si longtemps désiré commence à 6 heures du soir ; il se compose de mets que l’on ne mange guère qu’une fois l’an. Au milieu du repas un homme, la tête voilée pour ne pas être reconnu, ouvre soudain la porte et entre tenant à la main une corbeille remplie de petits objets destinés à être distribués en présents ; cette apparition excite parmi les convives la joie la plus naïve et la plus bruyante. Un livre de prières, du prix le plus modique, est un des cadeaux de Noël les plus estimés, même des personnes aisées. Ace moment, les domestiques reçoivent leurs gages et leurs étrennes ; les enfants chantent des cantiques religieux ».

    Le Magasin s’attendrit sur les Noëls d’Allemagne, qui inspirèrent beaucoup des poètes : « Tous les parents se rassemblent dans la demeure du chef de famille et les amis sont invités à des cordiales réunions. Sur une petite table dressée dans la plus grande salle de la maison, on élève des petits sapins chargés de bougies, et la mère de famille dispose avec ses filles les présents destinés à chacun de ceux qui assisteront à cette pieuse fête… Le soir, les  petites bougies  du Christbaum sont allumées et éclairent les richesses répandues sur la table. La salle magique s’ouvre, les enfants s’y précipitent avec des cris de joies… »

    (A cette lecture, on constate que le sapin de Noël ‘avait pas encore acquit droit de cité en France…)

    Neuf ans plus tard, la même publication consacrait ses pages de Christmas à l’Angleterre, regrettant avec nostalgie le déclin des festivités qui rassemblaient toutes les classes : « Le banquet hospitalier réservait les parts du pauvre ; la place autour de la buche flamboyante (la Yule de la Christmas) était offerte à l’étranger. Epandre son bonheur c’est l’accroître ; pourquoi tant fermer et sa bourse et son cœur ? »

    L’Angleterre garde encore quelques souvenirs de ces jours où un abbé de la Déraison, un roi de la Bombance coudoyaient une joyeuse troupe de masques mêlés, chantant et célébrant Noël ; ou, sous les joyeux déguisements, serviteurs, enfants, ouvriers, venaient sans honte tendre la tirelire de Noël à la reine de la fête et demander largesse de joie, de gaité, de rire, aumône de plaisirs… Maintenant encore (en Grande-Bretagne) Noël est une époque de rapprochement. Les cadeaux qui chez nous se donnent au premier jour de l’an, s’échangent, chez nos voisins, le jour de la naissance du Sauveur. C’est le temps des banquets et d’une hospitalité large et joyeuse par toute l’île… Dès minuit, les serviteurs, les fournisseurs des grandes maisons vont en chantant présenter la boîte de Christmas où tomberons les étrennes :

    Enfant, apportez la tirelire !

    Qu’avec les Angelots y descende le rire !

    Vive Noël ! Vivent Pain et sel ! Vive Noël !

     En 1903 les Annales politiques et littéraires imprimaient :

    « Il est d’usage en Angleterre que toute la famille, riche ou pauvre mange du pudding le jour de Noël. Comme les malheureux ne pourraient peut-être pas s’offrir un tel luxe s’ils devaient le payer en une seule fois, les épiciers ont pris l’habitude d’ouvrir une sorte de souscription qui dure toute l’année et à laquelle chacun  peut participer pour la somme aussi modique que ses ressources le lui permettent ; il paraît que l’on peut souscrire un penny par semaine. Pour le jour de Christmas, chacun des participants reçoit un pudding d’une grosseur proportionnée à ses versements et personne ainsi ne manque la tradition. »

    A la table royale, le fameux gâteau, préparé à Windsor, où il subissait deux heures de cuisson avant d’être servi avec une sauce au cognac, faisait honneur à la reine. Celle-ci en avait fait confectionner une quantité énorme pour les veuves et orphelins des soldats morts au Transvaal. On citait, entre autres, un énorme qui ne mesurait pas moins de deux mètres de diamètre et qui avait été apporté sur la table du banquet, comprenant plus de deux mille invités, par une procession de cuisiniers…

    Mais où sont les neiges d’antan ? Neiges toutes relatives, d’ailleurs, car Noël 1903  avait été favorisé par une température extraordinairement clémente !

    Louis SMEYSTERS  (1953)


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    Chez : MIOT Pascal et Sabine

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  • Tout français – et même le plus enraciné des vieux parisiens – est, plus ou moins lointainement, originaire d’une petite ville ou d’un village de province, qu’il semble parfois dédaigner, mais dont secrètement il est fier. Sans doute est-ce un « trou perdu » mais c’est son pays, celui pour lequel il garde en définitive, une vive affection.

     

    HISTOIRE VILLAGE

    Vous êtes-vous jamais demandé quelle est l’histoire de ce village ou de ce bourg qui vous est cher ? Ces champs, ces arbres, ces fontaines, ces chemins, par quelles transformation successives sont-ils devenus tels que vous les voyez ?

    Soucieux donc de connaître les origines de notre village, allons-nous nous risquer sur le terrain de la préhistoire ?

    Une pierre, un squelette, une hache en silex, un outil primitif quelconque, lorsqu’ils s’avèrent authentiques sont, quelquefois, les seuls documents de toute une longue époque ignorée. Mais ces débris nous indiquent de façon formelle, que des hommes industrieux ont vécu, jadis, dans cette contrée. Ils ne nous permettent pas de reconstituer leur mode de vie, à peine de l’imaginer, mais ils nous font pressentir l’extraordinaire ancienneté de l’occupation de notre territoire par l’homme.

    Or, toutes les provinces de France, et en particulier le Périgord, où l’on a découvert, à Cro-Magnon, le squelette d’un homme préhistorique, ont livré en abondance des objets en pierre taillée, en fer, en bronze, datant de plusieurs milliers d’années et révélateurs de l’habileté déjà manifeste des ancêtres de « nos pères les Gaulois ».

    Si nous abordons maintenant l’époque historique, le premier problème quise pose, et ce n’est pas le plus simple, au contraire ! Est celui du nom de notre village. Le plus souvent, en effet, c’est lui qui en révèle l’ancienneté et qui en éclaire les origines.

    Selon qu’on retrouve, à ce nom, des racines celtes, latines, grecques, germaniques, ou nordiques, on peut déterminer, sinon l’âge exact du village, du moins celui du premier établissement humain définitif, dans le site qu’il occupe.

    Ce qui aide beaucoup les messieurs graves qui se consacrent à cette science très particulière qu’est la toponymie, c’est que les noms de lieux ont un sens. Ainsi, en Ile-de-France, les nombreux Mareuil, Limeuil, Nantueil, Anneuil, etc., sont des noms d’origine celtique qui signifient la Grande Clairière, La Clairière aux Ormes, la Clairière de la Vallée, la Clairière aux Aulnes etc.

    En effet, une grande partie des noms de nos agglomérations, de nos rivières ou de nos forêts, nous vient, au travers du latin, de la langue celte et sont portés par des sites occupés depuis l’aurore des temps historiques.

    Est-il besoin de citer Lyon (en latin Lugdunum), en celte Lucodunos : la forteresse brillante), Chambord (Camborito : le gué de la courbe), Salbris (Salerabriva / LE PONT DE LA Saudre° et mille autres ! Lutèce, ancien nom de notre capitale, signifie, croit-on, le marais aux canards.

    Dans Agde, Nice, Antibes, on retrouve la trace de la colonisation grecque. En ces trois noms, reconnaissez-vousAgathé (La Fortune) Niké (la Victoire) etAntipolis (la ville d’en face).

    Infiniment plus nombreuses se retrouvent les formations datant de l’occupation de notre pays par les Romains. Leur particularité, c’est la fréquence avec laquelle elles dérivent de noms de personnes : qu’au III° siècle, un Julius, un Florus, un Victorius, un Paulus ou un Sabinius aient donné leur nom à leur domaine, et c’est l’origine de nos Juilly, Fleury ou Florac, Vitrac, Vitré ou Vitry, Pauillac ou Pouilly, Savigny.

    Quelques siècles plus tard, c’est par l’adjonction de suffixes en ville et en cour que les propriétaires ruraux ont perpétué leurs noms : Dimancheville, c’est en latin, Dominici villa (la femme du seigneur), comme Gerbéviller, c’est la maison de Gerbert, et Rauvourt celle du germain Rodulfo.

    Les villages qui portent le nom de saints sont très nombreux chez nous. La plupart paraissent avoir été fondés par de petites communautés de moines-paysans. Nous savons, en effet, que le clergé régulier a été, au travers de l’histoire, l’infatigable colonisateur de nos provinces : à chaque fois que la guerre ou un autre fléau, peste ou incendie, dépeuplait une région, des moines s’en revenaient la défricher et attiraient de nouveaux habitants. Cependant, le nom du saint ou de l’abbé auquel on doit la fondation d’un village déterminé n’apparait pas toujours clairement. Il faut une minute de réflexion pour comprendre, par exemple, que ces trois villages lorrains : Dombasle, Domrémy et Domèvre, ont été fondés, le premier par dom Basile, le second par dom Rémy ou Rémi, le dernier par dom Epvre.

    Enfin, voici les derniers responsables de la formation des noms de nos pays : les Normands ou Northmen, c’est-à-dire les hommes du Nord. Ils nous ont apporté les désinences en bec, bœuf, dal, fleur, etc., qui nous permettent de dater de leur installation sur les côtes de la Manche, aux IX° et X° siècles, la fondation de nos villages de …Normandie.

    Connaître l’ancien nom latin, celte ou grec, de votre petit patelin ne vous suffit sans doute pas. Il vous reste, en effet à étudier son histoire proprement dite, depuis l’époque, plus ou moins reculée, de sa fondation jusqu’à aujourd’hui.

    Comment procéderez-vous ?

    Dès lors que vous aurez consulté la paléontologie et la toponymie, vous vous renseignerez sur l’histoire des forêts de votre région, sur la place qu’elles ont occupée aux différentes époques, par rapport aux terres cultivées, sur la flore qui les composait, sur les animaux qui les habitaient. Si l’on songe, en effet, que le marronnier et le platane n’ont été introduits en France qu’à la Renaissance, on voit qu’il n’est pas sans intérêt de connaître un peu le passé des bois de la contrée étudiée.

    De même, les procédés et le régime des cultures d’autrefois, pour peu qu’on parvienne à se documenter sur eux, s’avèreront extrêmement révélateurs. Ils diffèrent d’ailleurs  extrêmement, le plus souvent, de ceux d’aujourd’hui : rappelez-vous qu’on cultivait encore la vigne, il y a cent ans, dans le Nord de la France et que la pomme de terre était inconnue, avant que Parmentier en vulgarisât la consommation.

    La façon dont la population s’est aggloméré en  gros bourgs, ou, au contraire, éparpillée en fermes et hameaux, a pu varier au cours des âges, selon que les cultivateurs, par exemple, ont recherché ou non la protection d’un château fort, ont cultivé leurs propres terres ou été des métayers de riches abbayes. Observons donc la situation ou les déplacements de ce château ou de cette abbaye, véritables noyaux de la communauté. Le résultat de notre enquête nous renseignera sur les époques où les paysans ont été des vassaux d’un seigneur ou d’un abbé et sur celle où ils se sont affranchis de cette autorité. Tous les monuments doivent être étudiés sous ce rapport, car ils n’ont jamais été placés au hasard.

    Est-il besoin d’insister, enfin, sur l’importance des industries campagnardes, vieux moulins, vieilles forges, ou de demander si les voies de communications peuvent nous apprendre quelque chose de la vie de nos ancêtres ? Tel vieux chemin de terre a été jadis une chaussée romaine et a vu défiler des générations de marchands ligures ou gaulois, avant de vous voir la piétiner allégrement…

    Mais, direz-vous, comment, et où, pourrons-nous nous procurer tous ces renseignements passionnants ?

    Ne vous inquiétez-pas : avant vous, de nombreux érudits ont étudié l’histoire de leur petite patrie. Quoi qu’il en soit, je vous conseille d’abord de vous adresser, dans votre village, si pauvre soit-il, au maire, au curé, à l’instituteur (1) ou à quelques personnes cultivées, capable d’en savoir plus qu’un autre sur ce qui vous intéresse. Ensuite flânez dans les rue, demandez à visiter les vieilles maisons ; parcourez la contrée et relevez-y les indices historiques que vous ne manquerez pas d’y rencontrer. Enfin ne manquez pas de vous rendre à la sous-préfecture ou au chef-lieu et d’y consulter la bibliothèque ou le musée. Ils contiennent sûrement mille intéressants ouvrages, mille objets édifiants, mille souvenirs du temps passé.

    Si vos recherches sont couronnées de succès et que vous puissiez reconstituer, grosso modo, l’histoire de votre commune depuis sa fondation, vous ne manquerez pas de découvrir que le trait dominant de son passé, c’est l’alternance régulières des périodes de paix, de prospérité, de calme, avec les époques troublées.

    Plusieurs années d’efforts incessants sont parvenues à réparer les désastres d’une famine, d’une inondation, d’un incendie, d’une occupation ennemie.

    Malgré tout votre village a toujours surmonté l’adversité et, de siècle en siècle, il est devenu cette agréable bourgade que vous aimez aujourd’hui, dans laquelle vous vivez, ou que vous allez rejoindre en hâte quand revient le temps joyeux des vacances.

                                                   Jean BOISSY (1953)

     

    (1)   Il faut être méfiant car très souvent l’instituteur nommé dans le village par son administration et loin de bien le connaître.


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