• Sans titre 4
     

    A la bonne heure ! Tout ce mois de mai, du reste, que les Romains consacraient à Maïa, en qui ils personnifiaient la fécondité terrestre, et que les chrétiens ont voulu placer sous le patronage de la Vierge-Mère, abonde en cérémonie et en coutumes d’une grâce incomparable.

     

    Il y a peu de temps qu’il était d’usage, au premier jour du mois, de planter un arbre sur les places publiques. Merlin Cocaîe, dans son latin macaronique, constate cet usage sans l’expliquer :

     

    Prima dies mensis maii quo quisque plantas

    Per strada ramos frondoso nomine mazzon.

     

    “Le premier jour du mois, dit-il, on plante des rameaux verts nommés mais. » Ces mais étaient le plus souvent des peupliers. Dans certaines villes on en faisait des mâts de cocagne qu’on lissait avec de la graisse ou du savon et auxquels on accrochait des saucissons, des chapons, des foulards e des mouchoirs de poche.

     

    En d’autres contrées on dansait autour de l’arbre. La grande cour du Palais de Justice de Paris porte encore le nom de Cour-du-Mai.

     

    C’est que, nous apprend M. Garcin, « les clercs de la Basoche, jusqu’au XVIII° siècle, y ballaient et chantaient pour la fête du printemps. Vingt-cinq d’entre eux, vêtus de rouge, à cheval et suivis de musiciens, faisaient, durant plusieurs jours, une procession dans Paris, donnant des aubades aux premiers magistrats de la Cité ; puis ils se rendaient en bel arroi dans la forêt de Bondy, y marquaient trois chênes et en coupaient un qu’ils venaient planter au bas du grand escalier du palais, dans la Cour-du-Mai, et autour duquel ils menaient leurs rondes fort avant dans la nuit. »

     

    Ailleurs le mai servait seulement aux fiancés. C’est alors un simple rameau d’acacia ou de troène fleuri, que les galants venaient planter le matin devant la fenêtre de leurs belles. Ils y attachaient quelques menues offrandes, des épingles ou de rubans, et chantaient une façon de ritournelle rustique où défilaient les douze premiers jours du mois.

     

    Le premier jour du mois de mai,

    Que donnerai-je à ma mie ?

    Une perdriole,

    Qui va, qui vient, qui vole,

    Une perdriole

    Qui vole dans le blé

     

    Mais la coutume la plus curieuse de ce mois de mai, c’est en Lorraine qu’il faut aller chercher. On y appelle trimazos :

     

    « Trois jeunes filles vêtues de robes blanches, parées de rubans et de fleurs, qui le 1° mai, viennent chanter et danser devant chaque maison pour célébrer le retour du printemps. Dans certaines localités, e ruban qui orne leur corsage est disposé de manière à former un triangle. Leurs chants, dont les refrains sont répétés par toute la troupe joyeuse qui les suit, sont aussi appelés trimazos. »

     

    Ces trimamazos sont d’ordinaire, des chants pieux, analogues aux noëls, comme celui qui s’ouvre par ces jolis couplets :

     

    La Vierge Marie

    S’en va par les champs.

    Sur ses bras elle porte

    Son tant bel enfant.

    Jésus, Notre-Dame,

    Béni soit devant !

     

    Sur ses bras elle porte

    Son tant bel enfant

    Pourquoi pleurer, mère,

    Pourquoi pleurer tant ?

    Jésus, Notre-Dame,

    Béni soit devant !...

     

    Au dernier couplet, les jeunes filles font le tour de l’assistance. Donne qui veut et ce qu’il veut ! Tel y va d’une pièce d’argent et tel d’un humble sol. Nos trimazos acceptent même les dons en nature, beurre, œufs, volailles, qu’elles revendent ensuite et dont elles consacrent le produit à décorer l’autel de la Vierge…


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