• A TABLE 4
     

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  • A GRANDE GUERRE  VIEIL ARMAND 3
     

    Le quartier de l’Arsenal se situe sur les communes de Roanne et de Mably.

    De nombreuses rues évoquent des durs moments de la « Grande Guerre » :

    Boulevard d’Arras, boulevard de Verdun, Boulevard de Reims, Boulevard de Péronne, Avenue de Vauquois, Avenue de Beauséjour, rue de Bapaume, rue de Tavanne, rue du Vieil-Armand, rue des Eparges, Rue des Marais de St-Gond, rue d’Yprès, Allée de Soisson, rue de la Maison du Passeur, rue de Guise, rue de Rethel etc.

    Ces petites rues calmes et tranquilles contrastent curieusement, avec les douloureux combats sanglants qu’elles rappellent.

     

    A GRANDE GUERRE  VIEIL ARMAND

     

    LE VIEIL ARMAND

     

    Le massif du Hartmannswillerkopf, que le commandement allemand désignait par l’abréviation « HK », est un éperon rocheux pyramidal surplombant le sud de la plaine d’Alsace.

     

    Les « poilus » le surnommeront dès 1915 le « Vieil Armand »  puis qualifieront la falaise de « mangeuse d’hommes » ou de « montagne de la Mort ». Culminant à 956 mètres, cette position stratégique est l’enjeu de furieuses batailles qui s’échelonnent entre le 26 décembre 1914 et le 9 janvier 1916.

     

    Durant cette période, alors qu’attaques et contre-attaques se succèdent, le sommet change huit fois de main. Les régiments les plus illustres, dont le fameux 152° RI, appelé par les soldats le « 15-2 », s’y distinguent perdant parfois la moitié de leurs effectifs en quelques jours de combat. Quant aux intenses bombardements : 250 000 obus sont tirés par l’artillerie française pendant la seule journée du 21 décembre 1915. Ils transforment progressivement la forêt en  paysage lunaire.

     

    Les estimations des pertes évoquent le chiffre de 25 000 morts dans les deux camps, résultant de l’acharnement des généraux à maîtriser cette hauteur : pour Joffre, « le Hartmann doit être repris ». « Je veille la garde sur le Rhin » répondra le général allemand Gaede. Les aménagements, casemates, galeries et abris souterrains qui sont installés pour abriter les hommes et les munitions sont les plus imposants du Massif des Vosges. Parmi les 6 000 abris construits la moitié est encore visible, jalonnant un parcours de 90 kilomètres de tranchées.

     

    Le Monument National« Hartmannswillerkopf 14-18 » fait partie des quatre monuments nationaux de la Grande Guerre. Œuvre de l’architecte Robert DANIS et du sculpteur Antoine BOURDELLE, ce monument résolument original, a été inauguré  en 1932 par le président de la République Albert LEBRUN.

    A GRANDE GUERRE  VIEIL ARMAND 2
     
    Nécropole allemande.

    Le cimetière militaire allemand de Cernay, situé au pied du Hartmannswillerkopf, rénové dans les années 1979-1983 et dont certaines tombes datent du XIX° siècle, a accueilli l’essentiel des tombes de prisonniers allemands des différents fronts internés dans les camps français. 7085 victimes allemandes de la Première Guerre mondiale y reposent.

     

     

     LE FROND DES VOSGES (Tourisme de mémoire 14 18)

    http://www.front-vosges-14-18.eu


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  • Sans titre 1
     
     
     

    LES CHEMINS DU PASSE

     

    « Retour sur la Journée du Patrimoine 2014 (texte de la promenade sur les mines de charbon »

     

    « LES CHATS SUR UN TAS DE CHARBON »

    (Histoire de la richesse du sous-sol du Village de Lay)

     

    Ecoron

     

         De temps immémorial, Lay recèle dans son sous-sol du charbon. Le sobriquet des habitants de Lay étant « les chats » et le sous-sol de la commune regorgeant de charbon, vous comprenez maintenant pourquoi cette visite a pour titre: « Les chats sur un tas de charbon ».

     

         Désignées par Mr GRUNER, géologue du XIXème siècle, sous le nom de « Bassin de Lay », les concessions de charbon du Désert, de Lay et de Charbonnières sont situées sur la partie la plus riche et la plus régulière du terrain carbonifère inférieur; c'est là que les affleurements des couches de charbon relevées au jour se montrent en plus grand nombre, avec le plus d'épaisseur, parfois jusqu'à 10 mètres, et de continuité.

     

          Pour preuve de l'abondance locale du précieux minerai, des possessions de terres ou terriers datés des quinzième ou seizième siècles, citent déjà « Pierre Noyre », ou encore « Roche Noyre », ou encore « les Pré et terres des Charbonnières », ces derniers jouxtant le chemin d'Amplepuis à Régny, de bise.

     

         Dès le XIIIème siècle, l'extraction du charbon pouvait faire l'objet d'une convention juridique. L'ouverture d'une mine devait être soumise à la décision d'un arbitre.

     

        Par lettres patentes du 12 février 1470, Louis XI accorde licence pour ouvrir des mines à Jean de Bourbon, seigneur de Beaujolais où se trouvait la ville de Lay et comte de Forez. Ce sont donc les tout premiers actes officiels autorisant l'extraction des produits de notre sous-sol. 

     

         C'est en 1619 que, pour la première fois, une ordonnance royale officialise l'existence du charbon de terre dans notre sous-sol. Par ledit document, Mr de la Terrière, lieutenant général du Roy en beaujolais, interdit au sieur Antoine CHISSES, praticien à St Symphorien de Lay  « … touchant la mine de charbon qu'il a fait ouvrir depuis quelques années dans les environs dudit lieu, d'y travailler ou faire travailler car la mine est au Roi et doit être exploitée à son profit...»

     

        Les conditions d'exploitation sont rudimentaires, souvent gênées par les exhalaisons et vapeurs suffocantes obligeant parfois à cesser le travail. C'est souvent un puits vertical équipé d'un treuil qui sert pour le service des déblais, du charbon, pour l'accession par les ouvriers aux galeries.

     

        Le « toucheur » régle les mouvements du cheval qui fait tourner la machine au moyen de laquelle on extrait le charbon et l'eau du puits, le « marqueur », se tient à l'embouchure du puits et note la quantité de charbon qui en sort, reçoit l'argent qui doit être réparti entre les entrepreneurs et le propriétaire du fonds où est située la mine, et aide les voituriers à charger le charbon sur leurs mulets. Les « traîneurs » quant à eux, traînent les bennes de charbon depuis l'endroit où il a été détaché jusqu'au bas du puits. Il y a enfin les « piqueurs » dont l'unique fonction est de détacher de la masse les quartiers de charbon. Ils attaquent le minerai avec des instruments de fer, des masses et des coins.

     

         Mr JARS de l'Académie des Sciences obtient en 1750 l'autorisation d'exploiter une mine. Pour cela, il fait creuser un puits à 50 mètres des remparts de Lay; mais l'eau noie le puits et tout est abandonné.

     

        Selon l'écrivain Alléon DULAC,  durant l'automne et l'hiver 1762, les ouvriers travaillèrent, une nouvelle fois, à une mine de charbon découverte auprès des murs de la ville de Lay, « un peu au-dessus du niveau de la surface du ruisseau d'Ecouron, vers le domaine Dottoré ».  Tout laisse à penser qu'il s'agit de la mine où nous nous trouvons.

     

         Le charbon n'était pas trop mauvais pour les poêles des particuliers et on trouvait dans le minerai des parties dont on pouvait se servir pour forger le fer. Malheureusement, les eaux stoppèrent l'exploitation momentanément, car les entrepreneurs avaient la crainte de ne pas trouver à se dédommager des frais à faire pour l'écoulement des eaux.

     

         Dès 1788, une enquête signale que le « marchand de mines » propriétaire du domaine de la Forest, figure parmi les quatre privilégiés locaux ne payant pas la taille, car il est Conseiller à l'Election du Beaujolais dont dépend Lay. 

     

        Il faut aborder ici l'origine du nom d'Ecoron sur notre région. Une supposition peut s'envisager: le nord de la France était une grosse région productrice de charbon et les bâtiments des ouvriers se nommaient là-haut  les corons, à côté des déchets qui s'accumulaient près des puits de mines et nommés les terrils. Des ouvriers du Nord sont-ils venus dans la région exploiter ce précieux minerai? C'est possible. De là, à dire que le ruisseau l'Ecoron  a peut-être pour origine  « les corons »? L'auteur n'abonde pas dans cette voie-là. Nous sommes en toponymie ou étude des noms de lieux et il faut être très prudent.

     

         En effet, dès le milieu du XIVème siècle, dans le Terrier (ou possessions de terres) de Bonpar de Lorgue décrypté par notre ancien président Gabriel FOUILLANT, deux citations sont importantes car elles concernent la ville de Lay. Les voici:

     

    « ... De Vulpiglia Jehan... terres aux rives de CORON jouxtant... » (page 23) et « ... REGIS Jehan de Thellis... un pré en rive Descoron » (page 26).

     

         L'appellation du ruisseau au nom d'Ecoron, mais avec des orthographes différentes est donc très ancienne.  

     

            En 1843, une description plus précise des mines de Lay est donnée:

     

         « La concession de Lay appartient au sieur Augustin DESVERNAY de Lay. Sa contenance est de 460 hectares. Elle embrasse les deux rives de l'Ecorron, depuis Lay jusqu'au filon porphyrique de Butery. La zone des affleurements la divise en deux parties à peu près égales.... La première couche traverse la ville de Lay, puis s'abaisse vers l'Ecorron. Au domaine des Abroux, elle franchit le ruisseau et remonte de là le versant opposé, en se dirigeant sur Chantelet. Les couches inférieures passent au nord de Lay: on les voit affleurer dans les divers chemins qui sillonnent le flanc gauche de la vallée au-dessous de Lay. Plus loin, elles se développent sur l'autre rive, entre les fermes des Salles et des Arbres.

     

         Dès 1850, la mine est portée comme la plus importante entreprise de la commune de Lay, occupant une cinquantaine de personnes dans ses chantiers d'Ecoron. Preuve du peu d'attachement  des habitants à leur outil de travail local ou alors peur de voir le sous-sol s'effondrer  ou encore à cause des conditions très dures de travail, il est à noter qu'en 1858, à Lay, les habitants se prononcent par 129 voix contre 3 contre l'extension des galeries sous le périmètre de la cité.

     

          On sait qu'à cette époque-là, les mineurs s'éclairaient avec des lampes à acétylène. Des manèges à chevaux enroulant de solides cordages permettent, avant l'arrivée de la vapeur, l'accès aux mineurs  des puits et galeries et la remontée de l'anthracite dans les puits creusés en surface. Là où c'est possible, il est avantageux d'attaquer la colline par les flancs. C'est le cas de la mine de l'Ecoron sur Lay où nous nous trouvons. Les anciens de la commune, dont Emile GIRAUD, se rappellent qu'en allant à l'école à Lay, ils passaient près de la mine alors encore en activité. L'entrée était d'environ 2 mètres de hauteur et s'inclinait en descendant dans le sol.

     

      Les conditions de travail des mineurs étaient très dures, sans retraite ni assurance.   De grands chapeaux en cuir bouilli et à larges bords les protégeaient des suintements incessants de l'eau et des chutes de pierres. Ils venaient au travail avec leurs propres vêtements. La tâche était de type artisanal. On creusait sans repère par rapport à la surface... C'est ainsi qu'un jour, dans la mine de Crocomby, en mettant à feu une cartouche de dynamite, on crevait le fond d'une serve où s'abreuvaient les vaches de Mr ROMAGNY. Quelle surprise pour le paysan qui avait dû voir sa serve pleine le matin et tout d'un coup, vide!!!

     

         L'évacuation du charbon de cette mine se faisait par voiturage. Il n'était pas question de remonter le charbon sur Lay car la pente est trop ardue. Aussi l'évacuation se faisait par l'ancienne usine GOUTTENOIRE pour partir en direction de Régny ou de Neaux, dégradant la chaussée et obligeant à des remises en état multiples des voies communales.

     

        Une participation du propriétaire de la mine était parfois même demandée. Ainsi, une circulaire de la Préfecture du Rhône du 8 septembre 1873, indique que « Mme BELLANGER, propriétaire d'une mine à Lay, a dû payer une subvention industrielle en 1865, pour la dégradation extraordinaire causée aux chemins par les charrois provenant de la mine d'anthracite et elle devra servir la même subvention en 1873. » L'exploitation à laquelle il est fait allusion est certainement celle où nous sommes.

     

          Quelques données concernant la production locale:

     

         Entre 1843 et 1855, la production de Lay s’élève à 15794 quintaux métriques, celle de Charbonnières à 19466 quintaux métriques et celle du Désert à 480867 quintaux métriques. Depuis 1825, jusqu'à 1855, les productions respectives sont de 67000 quintaux à Lay, 32000 quintaux à Charbonnières mais 510000 au Désert, soit pour cette dernière, 5 fois plus que Lay et Charbonnières réunies. Cette période est ainsi la plus productive dans notre région.

     

          Après le Second Empire, la production décline. En effet avec la concurrence des autres bassins de la Loire et du Rhône, on assiste à un ballet d'ouvertures et de fermetures des mines locales assez difficile à suivre. Ainsi, dans les annuaires officiels du département de la Loire, nous relevons:

     

    En 1875, pour Lay: 319 tonnes, pour Charbonnières: 2638 tonnes, pour le Désert: 1464 tonnes.

     

    En 1882, la mine de la Luminaire à Charbonnières, inondée, est définitivement abandonnée.

     

    En 1883, le Désert produit 2299 tonnes, en 1886 et 1887: 2400 tonnes, en 1888: moins de 900 tonnes.

     

    En 1891, alors que Charbonnières, Combre et Régny sont fermés, le Désert extrait 1372 tonnes.

     

      

         La dernière exploitation connue des mines de St Symphorien et de Lay fut celle de Charbonnieres, durant la seconde guerre mondiale, de 1941 à 1945. Les réquisitions de l'armée allemande d'occupation avaient engendré pour les français de sévères restrictions. Un industriel de Chirassimont, Joseph RENAUD, reprit à Charbonnieres, l'extraction du charbon pour alimenter les chaudières de ses usines et dépanner ses ouvriers.      

     

         Pour terminer, connaissez-vous la recette du « pâté de charbon »? Ne vous régalez pas trop vite: ce n'est pas une pâtisserie, mais la manière très économe de récupérer la poussière de charbon et d'en utiliser les calories dans le « Dantot Rogeat » ou autre marque qui était l'indispensable outil de la maîtresse de maison depuis des générations et que l'évolution de l'habitat et des conditions sociales ont, pour une grande partie de la population, fait complètement disparaître des logements.

     

         Les gens de « chez nous »  achetaient de la poussière de charbon pour en garnir les fourneaux. Le poêle garni, on mouillait la poussière et on faisait dans ce conglomérat un trou (ou cheminée) dans l'épaisseur du pâté. Une fois qu'il était enflammé par en dessous, cela consumait longtemps pour finir par chauffer très fort les rondelles du poêle qui étaient portées au rouge. Cette combustion durait très longtemps, d'où une très grosse économie d'énergie.

     

        Arrosé de purin ou d'eau de savon, les cendres du charbon de terre constituent un très bon engrais pour les terres. 

     

         Notre visite est terminée. Merci de votre aimable participation.

     

    Bertrand Lacroix

    PATRIMOINE LAY
     
     

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  • A SOLDAT APICULTEUR 1
     

    Il est un fait indéniable et qui prouve combien est grand le sang-froid de nos soldats au milieu des dangers et des calamités de la guerre : c’est celui de leur belle sérénité morale. En effet ne voyons-nous pas à chaque instant s’ouvrir des expositions d’art ou d’industrie alimentées spécialement par nos poilus ? Ne trouvons nous pas dans la librairie toute une littérature (livres ou revues) écrite par eux sur le front ? N’entendons-nous pas dans les concerts, et même dans les rues, des chansons composées et chantées par nos admirables mitrailleurs ou grenadier, au milieu des éclats de marmites et des shrapnells ?

     

    Le fait intéressant que nous signalons aujourd’hui est celui d’un élevage d’abeilles sur le front de Verdun, de glorieuse mémoire, et de leur acclimatation dans des ruchers de fortune transportés de tranchées en tranchées.

     

    Les brigadiers d’artillerie Paul Morise et de la Vilarmoy, cantonnés dans le village D’Autrécourt, firent l’année dernière une abondante récolte de miel délicieux.

     

    Ils avaient recueilli les abeilles un peu partout, tantôt dans des ruches abandonnées, tantôt dans le creux des arbres ou dans des nids aériens. Ainsi, un jour, dans un vieil orme, à 6 mètres du sol, ils récoltèrent en même temps que les abeilles plus de dix kilos de miel ! C’était une véritable aubaine.

     

    Le plus curieux fut la création du rucher. Primitivement, nos poilus avaient pu se procurer une ruche comme nos pères s’en servaient et qu’emploient encore certains producteurs peu au courant des progrès de l’apiculture ; elle était en paille, mais elle était en pleine activité. Cette ruche, au mois de mai, donna deux essaims à quelques jours d’intervalle. Ils furent aussitôt capturés et enruchés.

    A SOLDAT APICULTEUR 2

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans la première quinzaine d’août, le composé d’un premier essaim, nombre considérable d’individus, environ 7 0000 abeilles, se dédoubla et donna naissance à un deuxième dans la seconde quinzaine du même mois et, à la même époque, le second essaim produisait son essaimage.

    De cette ruche primitive, qui enfanta tous ces essaims, sortit donc d’un petit rucher composé de six ruches, avec lesquelles nos poilus entreprirent quelques expériences.

     

    Avec des caisses de vin de Champagne, article très courant et très commun sur le front, parait-il, ils confectionnèrent une grande ruche à cadres, semblables à celles que les vrais apiculteurs emploient aujourd’hui. Ils y réunirent deux essaims après avoir supprimés la reine d’une des colonies.

    Voici de quelle manière ils s’y prirent : à défaut de vaporisateur, ils se servirent de leur bouche pour projeter de l’alcool de menthe, seul ingrédient en leur possession sur la première ruche, dont ils avaient enlevé le toit, puis comme le font les apiculteurs de métiers, ils renversèrent, non sans brusquerie, toutes les abeilles du deuxième essaim sur une planche inclinée et placée devant la grande ruche à cadres, projetant également sur les bestioles, par insufflation, un mélange d’alcool et de menthe et d’eau de pluie.

    Très rapidement, la masse des abeilles bruissa, se souleva, et comme si un rappel eût sonné à l’intérieure de la grande ruche, l’essaim entier y pénétra, se mélangea sans lutte et sans pillage au premier essaim qui y avait été antérieurement introduit.

    Plusieurs autres essaims furent capturés par nos artilleurs dans les environs d’Autrécourt et transportés dans la tranchée.

     

    L’un deux était suspendu à une branche d’arbre, un des rares restés debout, sur la route qui traverse le bois de Hesse, alors balayé par les obus allemands.

     

    Ayant étendu sur le sol une toile d’équipage, un des poilus frappa la branche où se tenait l’essaim d’un coup sec et les abeilles tombèrent dans la toile, qui fut aussitôt refermée et emportée. Le soir même elles étaient enruchées.

     

    Mais nos poilus, en capturant l’essaim, avaient-ils aussi capturé la reine ? Non, car quelques jours plus tard, ils s’aperçurent que la ruche ne prospérait pas : elle n’offrait aucune trace de couvain. Ou la reine s’était échappée lors de la prise de l’essaim, où elle avait été tuée accidentellement pendant les diverses opérations nécessité par la mise en ruche.

    Que faire, en vérité dans la circonstance ?

    Nos soldats apiculteurs devaient-ils se résigner à voir périr le fruit de leur trouvaille faite dans des circonstances assez dangereuses ? Sans la mère, l’essaim était destiné à disparaitre, à s’égrener à tous les vents, à produire des abeilles brigandes et pillardes.

     

    Ils se souvinrent que certaines apiculteurs avaient préconisés le transfert des œufs d’une ruche active à une ruche sans mère et que les abeilles de cette dernière ruche les adoptaient, les élevaient et reprenaient goût au travail.

     

    Cette assertion était-elle vraie ? Ils voulurent en faire l’expérience.

    Ils prirent donc dans une bonne ruche des œufs frais du jour, et, le soir, les placèrent devant l’entrée de la ruche orpheline.

    Dès le lendemain matin à leur grande satisfaction, les œufs avaient tous disparus. Ils visitèrent aussitôt l’intérieur de la ruche cadre par cadre, et se convainquirent que les œufs étaient installés dans le fond des cellules. Ils avaient donc été adoptés.

     

    Quelques jours plus tard plusieurs des cellules qui avaient reçu les œufs, étaient transformées en cellules royales, et, trois semaines après, l’éclosion s’opérait ; les reines fraiches écloses se promenaient au milieu des ouvrières. Une seule fut conservée dans la ruche, et bientôt, elle commença à pondre. Ce qui prouve, une fois de plus que l’accouplement n’est pas toujours aérien, et qu’il se produit aussi à l’intérieur de la ruche.

     

                                  Alphonse Labitte (attaché au Muséum)

                                                      Almanach illustré du « Petit Parisien ».


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