• B CONFERENCE NAPOLEON 1

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  • B CONFERENCE NAPOLEON


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  • b ROANNE  patrimoine 2014

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  • b coteau patrimoine 2014
     

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  • B DUEL
     

    La colère est mauvaise conseillère, et lorsqu’on porte l’épée au côté, au premier grief, l’acte suit la pensée. L’ancienne société Roannaise nous fournit quelques exemples intéressant de ces duels assez fréquents alors.

     

    Le 8 mars 1691, Jean Odin des Malignières, avocat plaidant au baillage de Roanne, s’emporta contre le lieutenant-général et comme plaideur et magistrat avaient l’épée sous la main, l’affaire tourna aussitôt en jugement de Dieu. Les conseillers purent maitriser les combattants et le scandale se termina par un procès ou l’avocat fut condamné à l’amende publique. Ajoutons que les adversaires étaient fort jeunes : le lieutenant-général avait à peine vingt-sept ans.

     

    Le 27 avril 1705, une sentence par contumace du même bailliage condamne le capitaine de Balloncourt à être pendu étranglé sur la place publique du Pilori pour avoir attaqué Jean Courtin, écuyer seigneur de Riorges, sur le chemin de l’Hôtel-Dieu, et Ferdinand de Ballancourt, le père, prévôt des maréchaux, à cinq ans de galères. Cette affaire avait une origine curieuse : M. de Ballancourt avait fait  engager au régiment de Chalmazel, par des moyens douteux, le fils du boulanger de Riorges, qui se plaignit à son seigneur. Comme celui-ci allait à la recherche de son « voleur de gens », il rencontra le capitaine accompagné de son père et ce dernier, quoique prévôt, soutint la querelle l’épée à la main, sur le champ, et peu délicat, incita son fils à le seconder. M. de Courtin plus très jeune, succomba sous ses adversaires, d’un coup d’épée dans la poitrine. Ses nombreux enfants et sa veuve, Marie de Noyel s’en trouvèrent fort mal, car il laissait 245 000 livres de dettes…

     

    Mais ces condamnations rigoureuses inspiraient peu de crainte : la famille du mort mettait souvent un point d’honneur à demander les lettres de rémission de l’adversaire. M. de Ballancourt, qui avait pris la fuite, put rentrer peu d’années après sa malheureuse affaire.

    D’autrefois, la victime, avant d’expirer, excusait son meurtrier ou refuser de le dénoncer. Ce fut le cas de Nicolas de Neufbourg, tué en duel à Roanne en 1788. L’affaire était peut-être scabreuse, car ce jeune capitaine de cavalerie était fort… de son siècle. Déjà, en garnison à Saumur, âgé de 18 ans, il perdait 30 000 livres dans la nuit et se battait le jour. Son digne oncle lui-même, le comte de Feutrières, l’appela un jour « mauvaise tête » et ces deux chevaliers de St-Louis durent s’expliquer devant le sage tribunal de Messieurs les Maréchaux. L’affaire où périt M. de Neufbourg ne relevait sans doute pas de ces juges…Comme il était jeune encore, il ne laissa à ses enfants que cent mille livres de dettes.

     

    Toujours à Roanne, en mai 1724, le marquis de Ste-Colombe-de-L’Aubépin fut tué par M. Prat de Chassagny, de nuit, après un souper trop généreux. L’ivresse servit d’excuse, puisque M. de Chassagny obtint son pardon.

     

    C’est une affaire toute semblable que nous trouvons exposée dans les lettres de rémissions obtenues le 7 août 1686 par M. de Ronzault.

     

     « Louis, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre à tous présents et à  venir salut, nous avons reçu l’humble supplication de Georges Ronzault, escuyer, sieur de Ferland, âgé de 25 ans et dudit Georges Ronzault, l’un de nos conseillers secrétaires, contenant que le vendredi 15ième jour de février dernier, après avoir soupé avec son dit père en sa maison de la ville de Lyon et y être resté pour lui tenir compagnie une partie de la soirée à jouer au piquet jusque sur les 9 heures du soir, que son dit père s’étant retiré, le suppliant sortit pour aller passer quelques heures de lampe dans le voisinage. Il rencontra les sieurs de Cotton et Choppart, ses bons amis, lesquels le menèrent chez le nommé Fumerand, traiteur, pour y faire collation où ils burent ensemble trois bouteilles de vin et mangèrent une douzaine de truffes noires devisèrent ensemble en s’entretenant de choses indifférentes comme bons amis qu’il estoient, jusque sur l’heure de minuit, qu’ils furent quérir l’hoste auquel ledit Cotton paya 45 sols pour leurs dépenses, ensuite de quoi ils sortirent en marchant ensemble sans avoir eu aucun différent, querelle ni contestation, à la lueur d’un falot que le laquais dudit portoit devant eux pour leur éclairer et, arrivant vers le logis nommé de Ravaillis, ledit Choppart prit congé dudit Cotton et du suppliant et se sépara d’eux pour se retirer à son logis après que le laquais dudit Cotton eut allumé un flambeau à la chandelle dudit falot, ledit Choppart s’achemina pour aller chez lui du costé du petit collège, et ledit suppliant avec ledit de Cotton poursuivirent leur chemin, ayant devant eux le laquais dudit de Cotton qui leur éclairait pour s’en retourner chaque à leur logis par la petite rue de la Brèche-Saint-Jean en le Cloistre, ledit de Cotton, qui paraissait espris de vin, après avoir pris l’air, dit au suppliant qu’il voulait aller coucher avec lui, ce que ledit suppliant n’osa accepter, de crainte que son père ne le trouvât mauvais d’autant plus que ledit de Cotton paraissait ivre. Il dit audit de Cotton qu’il allât coucher chez lui et qu’il iroit l’y conduire ; ledit de Cotton, indigné de ce refus, mis l’épée à la main, dont il frappa le suppliant du plat, lequel surpris devant si prompt changement, voyant le péril auquel il couroit, dut de nécessité mettre l’épée à la main sans nul autre dessein que d’en parer les coups que ledit de Cotton s’efforçoit de lui porter, et, dans ce temps, le suppliant fut extrêmement surpris d’entendre ledit de Cotton dire au suppliant : je suis blessé et toi aussi. A quoi ledit suppliant répondit qu’il ne l’étoit pas, ou du moins fort légèrement à la main. Ledit suppliant fut aussitôt saisi d’une extrême douleur, voyant à la lueur du flambeau que ledit de Cotton palissoit en tombant, iceluy suppliant l’embrassa promptement le prit par l’un de ses bras et le laquais dudit Cotton de l’autre, le soutenant tous les deux pour lui aider à marcher, ils s’embrassèrent et demandèrent pardon respectivement et dans le temps que ledit suppliant et lesdits laquais conduisoient ledit Cotton vers la boutique du nommé Chalamel, chirurgien, pour le faire panser, ledit de Cotton bailla en suppliant la clef de sa cassette, qui la bailla de suite audit laquais pour la rendre au sieur  de Cotton père et estant arrivés à la porte de la boutique dudit Chalamel, le suppliant y heurta pour la faire ouvrir, afin de donner quelques secours audit de Cotton qui frappa lui-même du pied contre la dite boutique pour la faire ouvrir, laquelle estant ainsi ouverte, ledit suppliant eut la douleur de voir que ledit de Cotton estoit expiré entre ses bras, il s’écrira dans sa juste douleur : Hélas, mon Dieu, faut-il que j’ai tué mon meilleur ami !... , et s’est retiré ensuite craignant la sévérité des lois, pour recourir à notre clémence, et nous a humblement fait supplier, attendu que le décès est arrivé par un pur malheur, sans aucun dessein de mal faire, audit défunt, qui estoit son meilleur ami et avec lequel il n’avoit jamais eu aucun différent, querelle dispute, de leur pardonner le fait susdit et lui en faire expédier nos lettres ; nous avons audit suppliant, de notre grâce spéciale, pleine de puissance et autorité royaux, quitté, remis et pardonné par ces présentes signées de notre main, pour jouir par ledit Ronzault du contenu en icelles selon leur forme et teneur, et néanmoins le condamner en aumônes, au pain des prisonniers de la Conciergerie du Palais, la somme de 500 livres et 20 livres pour faire prier Dieu pour l’âme dudit défunt Cotton, en la chapelle de ladite Conciergerie et 1500 livres de réparation et au dépens.

    Fait en Parlement…..ce 7 août 1686. »

     

    Nouvelle Revue Héraldique (Historique et archéologique)

    2° Année N°1 Janvier 1918

     

    Heureusement pour vider les prisons il existe la « Lettre de Rémission ».

    Elle manque aujourd’hui dans la panoplie de notre actuelle Garde de Sceaux.


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