• LE TOMMY PEINT PAR LUI-MEME

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    LE « TOMMY » PEINT PAR LUI-MEME (GRANDE GUERRE)

     

    Bully-beef : c’est notre singe à nous les Angliches. Présenté par le gouvernement en petites boites carrés, cette conserve de bœuf sert à toutes sortes de choses curieuses. Dans la tranchée ont les lances aux Boches. Une de ces boites bien diriger d’une main adroite suffit à mettre un Bavarois knock-out. Et Dieu sait s’ils ont la tête dure. On s’en sert aussi pour caler les bancs dans les guitounes et pour tuer les rats. Enfin on dit que certain mangent de ce bœuf, mais il faut demander confirmation.

     

    Marmelade : confiture dite d’orange, fournie par l’intendance. C’est le régal du guerrier Anglo-Saxon. Elle est livrée en fut de 1000 kg et servie à la louche par le sergent-major de bataillon. La marmelade est faite d’après une récente enquête de : melon, de la carotte, de la betterave, du navet et des potirons. C’est pourquoi on l’appelle « marmelade d’orange ». Quelle que soit son origine, on la déguste avec satisfaction dans la tranchée ou dans la cour de ferme et on l’échange parfois contre du beurre et des œufs de paysans français. Le « Tommy » sans marmelade, c’est une jolie femme sans poudre de riz.

     

    Clou de cercueil : expression militaire pour « cigarettes », les « Virginias » offertes aux « Tommy » sont longues et minces, dans cette philosophie pittoresque, ils les fument sans tristesse par les routes de France en pensant aux yeux bleus des « girls » qui les attendent dans la chère vieille Angleterre.

     

    Souvenirs : cris, cent fois répétés par les habitants de la France quand ils voient passer un régiment de soldats Anglais. Les dames surtout sont particulièrement persévérantes dans cette exclamation. Alors « Tommy » pour être galant, se sépare d’une quelconque petite chose qu’il porte sur lui et qu’il peut offrir sans risquer le Conseil de guerre par exemple, un écusson de bataillon, un bouton de sa tunique, un petit drapeau de l’Union Jack.

    Les jours de grande chaleur et de marche forcée, « Tommy » donnerait même volontiers comme souvenir « son sac, sa casquette, son fusil, sa pelle-bêche et sa cartouchière ».

     

    Thé : l’indispensable breuvage du « Tommy » en campagne. Qu’il tombe de la pluie, de la grêle de la neige, des obus ou des bombes d’aéroplane, il prépare son thé. Tous les récipients sont bons : marmite, bidon d’essence, douille de 77, casque de tranchée. Ce dernier est très goûté car il conserve après une petite odeur de thé qui fait le délice de son propriétaire.

     

    Zigzag : autre mot français indispensable au « Tommy ». Etre zigzag cela veut dire avoir son plumet, être éméché. Il est recommandé d’employé ce mot lorsque le patron d’un estaminet refuse le énième verre de bière parce que le consommateur semble un peu trop mur. On dira alors froidement en s’appuyant contre la table : « Moi, monsieur…pas du tout ZIGZAG… Donnez-moi un autre glass ! »

     

    Archibald : de même que les Boches ont baptisé le 75 français « le petit Gustave », nous appelons « Archibald » notre canon de campagne. Toute notre artillerie a ainsi des surnoms bizarres : les « grenouilles » sont les crapouillots ; le « petit ourson » est l’obusier de 105 ; mère et grand-mère sont les 280 et 305 ; enfin la « paresseuse Lizzie » c’est notre grand canon de siège d’un calibre analogue à celui de grosses pièces du fameux cuirassier Queen-Elisabeth.

     

    Crème de Menthe : ancêtre célèbre à présent des tanks. « Crème de Menthe » a connu la plus bruyante notoriété. Elle débuta sur le théâtre de la guerre comme une grande étoile en septembre 1916. Elle eut un tel succès que les boches au parterre se hâtèrent vers la sortie sans se faire rembourser leurs fauteuils.

    « Crème de Menthe » mariée à « Cordon-Rouge », tank de sexe mâle a eu beaucoup d’enfants. Un peu lourdauds d’apparence ceux-ci mettent souvent les pieds dans le tas. Ils ont besoin d’une main ferme pour les conduire. Ils boivent l’essence et crachent du fer. Avec leurs camarades français, ils boiront aussi l’obstacle et cahin-caha grinçant des dents et des pignons, ils prennent tout doucement le chemin du Rhin.

     

                                  Pour la Compagnie « Tommy » : Maurice Dekobra

     

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