• CHIRASSIMONT : NOTRE TERROIR

     

    1 CHIRASSIMONT
     

    Notre terroir    26/04/2013

     

        Le terme « Terroir » répond à trois définitions :

     

    - Etendue limitée de terre de production agricole

     

    - Région provinciale rurale influant sur ses habitants

     

    - Goût particulier : goût de terroir.

     

        Essayons d’aborder chez nous ces trois aspects. Toute ressemblance avec des personnages locaux imaginaires est parfaitement fortuite et n’engage pas l’auteur.

     

    1/- Etendue limitée de terre de production agricole.

     

        Petit Pierre est venu passer ses vacances chez pépé et mémé, au hameau des Champs à Chirassimont. Il aime beaucoup ce hameau vallonné où sa mère est née avant la première guerre, pour ne le quitter que lors de son mariage. Le couple s’est alors installé au village.

     

         Il connaît la vieille ferme par cœur pour y venir régulièrement avec sa petite sœur Marie mais aujourd’hui, il va y rester plusieurs jours.

     

        « C’est toujours toi qui pars chez pépé et mémé et jamais moi » lui a répété sa sœur sur le pas de la porte, une larme perlant sur sa joue.

     

        « Je te promets que la prochaine fois, ce sera toi. Mais deux enfants pour mémé, c’est beaucoup avec tout le travail qu’elle a ». La promesse de sa mère calme la petite qui tire la langue à son frère, assurée de sa prochaine victoire.

     

         Dès son arrivée, il a couru voir les lapins dans les cages grillagées en bois, surtout les petits à qui il va glisser quelques brindilles d’herbe à travers le grillage. C’est toujours un plaisir pour lui de les voir tirer de leurs petites dents affûtées et grignoter le pissenlit fraîchement cueilli. Et puis leur nid tout en poils semble si douillet.

     

         « Dis mémé, tu me feras des pommes de terre comme tu sais si bien les faire ». « Elles sont déjà épluchées et sur le poêle, prêtes à cuire », lui répond sa grand-mère. 

     

         Pépé a toujours mis des pommes de terre sur son exploitation de 15 hectares. Elles rendent bien sur cette terre où le gorre n’est jamais très loin profondément mais la culture en est simple. Il suffit de surveiller les doryphores. Pépé dit toujours de ces prédateurs : « Tant que ce n’est pas rouge, ce n’est pas grave et puis les nichées de perdrix s’en nourrissent. »

     

          Chaque année, il trie la part qui va à la féculerie à Croizet et celle qu’il conserve précieusement dans un coin de la cave pour le bétail, là où il ne gèle pas, et enfin celle qu’il ne dégerme pas,  pour les replanter l’année suivante. Ainsi toute la famille peut en profiter aussi bien pour la soupe journalière qu’en plat. Il existe tellement de façons de les cuisiner. Petit Pierre aime bien celle qui sont coupées en long et frites sur le poêle dans du bon beurre battu par mémé.

     

         Les animaux ont leur part eux aussi du précieux tubercule, aussi bien les poules que les cochons ou les lapins. Dans la lourde chaudière du fournil, pépé a mis les petites et celles que la grappine a endommagées. Après la cuisson avec les fagots, pépé a prélevé quelques unes entières pour les poules puis a passé les autres dans le broyeur pour les cochons. Petit Pierre pourra même en manger une lors de la prochaine cuisson. A la distribution journalière, seules les rations varient suivant les espèces d’animaux.

        Quant aux céréales, Pépé fait du froment, du seigle et de l’avoine. Il en a toujours été ainsi depuis qu’il a pris la ferme. Là aussi, l’alimentation des animaux est la principale utilisation même si le boulanger absorbe une grande partie de la farine du froment. Il est en effet en accord avec un des deux boulangers de Chirassimont pour lui fournir la farine qu’il a extraite du passage au concasseur. Il peut ainsi récupérer le son pour la nichée de cochons toujours affamée. En retour, le boulanger assure la cuisson du pain. A la base de l’alimentation journalière, le pain fait dire aux tisseurs casamontois qu’ils vont gagner leur croûte.

     

        Vivant pratiquement en autarcie, pépé possède un troupeau de 12 vaches  pour la production de lait et surtout de fromages. C’est déjà une grosse ferme où un tas de fumier imposant se vide à chaque printemps. Toujours attendus, les veaux sont vendus au boucher local. Poules, poulets, quelquefois pintades ou canards agrémentent la cacophonie journalière. C’est même lui qui a débuté dans la ferme l’élevage de pigeons dans les boulins. C’est un art ancestral et un complément non négligeable.

     

        Ainsi donc, une grande partie du travail du paysan en cet « entre deux guerres », consiste à produire pour s’auto alimenter et nourrir les animaux en complément des pâtures. La vente du blé,  des pommes de terre pour la féculerie, des veaux, des petits cochons, des lapins, des œufs, des fromages, du beurre apportent l’argent nécessaire à l’amélioration du confort, au renouvellement du matériel, à l’entretien des bâtiments et à l’achat des vêtements familiaux ou des compléments alimentaires. Un jardin toujours bien entretenu assure un précieux complément indispensable.

     

         Le dimanche suivant, papa, maman et la petite sœur sont venus récupérer Petit Pierre aux Champs. « Tu as pris des couleurs » lui assure son père en l’embrassant. Même sa sœur semble heureuse de le retrouver.

     

        Autour de la grande table familiale où le poêle stéphanois chauffe toujours, flotte un prometteur goût de cuisine. Après l’ancestral gâteau de foie dominical où tout vient de la ferme et agrémenté de riz, un canard aux flatteuses couleurs rôties titille déjà les papilles adultes: « Moi, je veux une aile » lance Marie en toisant son frère d’un regard inquisiteur. Sachant qu’il y en a deux et qu’on lui demandera son avis, Petit Pierre ne réagit même pas à la demande hostile de sa sœur.

     

        « Tiens, Petit Pierre, prends du fromage de Mr Jallon. Tu as mangé des miens pendant toute la semaine. Ca te changera ». « Mais, mémé, j’aime bien tes fromages, surtout les petits ronds que tu fais dans les écuelles. Et puis j’ai plus faim » fait remarquer Petit Pierre en quittant le grand banc familial pour aller caresser le chat qui guette si quelque chose de dessus la table lui est réservé.

     

        Seule l’île flottante amoureusement préparée par mémé avec des pralines d’un rouge intense peut ramener l’enfant à table. Quelle crème enchanteresse d’un doux mélange jaune et blanc entoure l’île !

     

        « Tu prendras bien une petite gnôle aux pelosses pour finir le repas, ou alors une bonne poire » propose le beau père à son gendre ; « C’est pas de refus. Allons y pour la poire». Fascinante car rentrée on ne sait comment à l’intérieur de la bouteille, une poire imbibée d’alcool y repose nonchalamment. « Dis, comment tu as fait pépé pour la mettre à l’intérieur » questionne Marie. Je te ferais voir un jour ». « Il faudra que j’essaie avec une vipère ou un crapaud, mais ni l’un ni l’autre ne sont faciles à attraper » soupire le gendre en levant le coude.

     

        « Tu nous as fait une fois encore un repas savoureux » susurre la fille à sa mère. « Tant que je pourrai  et que ça vous fera plaisir».

     

         Petit Pierre nous laisse pour reprendre le chemin de l’école casamontoise.

     

     

    Poème lu par Martine

     

    SONNET LOUIS MERCIER

     

    Voix de la Terre et du Temps

     

    A la terre

     

    L’homme en vain te soumet à son cruel empire ;

    En vain, pour y semer, chaque automne son grain,

    Il fait saigner tes flancs maternels sous l’airain

    Et promène en ton cœur le soc qui te déchire.

     

    Malgré les jours nombreux qu’a duré ton martyre,

    Nous n’avons point lassé ton amour souverain,

    Mais ton front toujours jeune et demeuré serein

    Vers le vieux firmament n’a cessé de sourire.

     

    Et pour qu’avec le pain, nourricier de la chair,

    Nous te devions le don surhumain et plus cher

    De sentir la Beauté tressaillir dans les choses,

     

    Clémente à nos affronts et douce à nos oublis,

    Tu te souviens toujours de la forme des roses

    Et tu sais ciseler encore les grands lis.

     

     

     

    2/ Région provinciale rurale influant sur ses habitants

     

        Petit Pierre a bien grandi. C’est maintenant Pierrot.

     

        « Quel gros investissement je viens de faire ! » soupire – t – il à sa jeune femme. « Pourvu que nous y arrivions ! »

     

        La seconde guerre mondiale a changé beaucoup de choses. Tout est à reconstruire mais tout s’emballe et va très vite.

     

        Après le certificat d’études obtenu sans soucis, un moment tenté par le tissage dans un des nombreux ateliers du village, Pierrot a débuté au bourg  comme tisseur, là où travaillait son père,  avant de choisir le plein air et les animaux. Papa le voyait tisseur comme lui, mais lui ne fera pas ce que faisait son père.

     

        Après l’adolescence marquée par le temps de la privation, de la mauvaise qualité des choses car tout part en Allemagne, de la peur de la guerre qui n’en finit pas, Pierrot a choisi à 20 ans de reprendre la ferme de pépé. Mais, à cet âge où l’on refait le monde, il décide de tout moderniser, aussi bien le matériel que la ferme elle-même et les pratiques ancestrales. C’est beaucoup de travail en perspective.

     

        Le choix a été difficile car le tissage marche bien. La demande énorme après le long conflit assure une rentrée régulière d’argent. 3 équipes de tisseurs animent Chirassimont à chaque entrée et sortie d’usine et tournent régulièrement au rythme de la pointeuse. C’est tentant d’y faire carrière.  L’arrivée et le développement des fibres synthétiques, comme on dit, y sont pour quelque chose. Aménager son propre atelier avec 4 ou 5 métiers à l’intérieur se pratique régulièrement. On est maître chez soi. Les donneurs d’ordre lyonnais ont trouvé là une main d’œuvre bon marché et toute proche. Toutes les communes voisines vivent alors au rythme du « tiacapan ». « Bistanclac » disent les lyonnais.

     

        Ce qui l’a fait choisir c’est le bruit. Rester une équipe complète à entendre le bruit incessant des métiers ne l’a finalement pas séduit.

     

        Et puis, il y a eu un autre élément. Au cours des longues soirées passées avec les copains à discuter, à jouer de la musique à l’Indépendante,  à boire parfois plus que de raison lors des classes ou des cocardes avec les conscrits et les conscrites, il a bien remarqué qu’il n’était pas étranger à Jeanne, la fille des BILLAUD de Baracand. Belle brunette aux cheveux courts comme la mode le veut alors, elle a plusieurs fois dansé avec lui au son de l’accordéon dans la salle communale. En plus, elle a beaucoup appris dans une maison familiale de la côte roannaise où ses parents l’ont placée comme pensionnaire. Elle a quelque chose, comme on dit. Ils se sont revus souvent et commencent à penser aux choses sérieuses. Bref, ils fréquentent. Et Jeanne préfère elle aussi la ferme au bruyant atelier. Et quand femme veut…  

     

        Aussi, quand pépé a décidé d’arrêter, c’est avec un grand plaisir qu’il a appris que son petit fils allait reprendre derrière lui. Il avoue qu’il avait un peu peur que le domaine ne soit récupéré par ailleurs, mais tout semble maintenant bien parti pour que seule une génération ait loupé le coche. Dans la logique des choses, il va tout faire pour aider le petit fils.

     

       Vint alors le temps des fiançailles où l’on porte les dragées dans la famille. La tradition où le fiancé sortait de la poche une tabatière décorée qu’il ouvrait  pour offrir une prise qui va faire éternuer, est pratiquement révolue. Devant une tasse de café sortie avec la soucoupe pour cette grande occasion, c’est le moment pour le jeune couple de parler des projets. « Alors, tu vas reprendre la ferme du grand père ? Il doit être content. Je l’ai toujours vu la haut, aux Champs » « J’y ai tellement passé de temps pendant ma jeunesse » commente Pierrot «  que je me sens un peu obligé de m’y installer ; mais il y a beaucoup à faire et puis, il faut évoluer. On ne travaille plus comme il y a 50 ans… » « Tu es jeune et plein de vie. Et puis avec une femme comme celle que tu vas prendre, tu auras une aide précieuse ».

     

        Pas moins de 60 personnes ont participé à la noce. Que de belles toilettes à admirer ! Après la cérémonie civile à la mairie, ce fut l’église qui accueillit le jeune couple. Septembre est encore souvent beau à Violay et le choix du restaurant s’est porté sur ce village.

     

        Jusqu’à trois heures du matin, les jeunes mariés ont été surveillés. Pas question de partir pour la nuit de noces malgré les diverses tentatives. Pourtant ils réussirent, « parce qu’on l’a bien voulu » dirent certains, à fausser compagnie à la noce avant de voir à nouveau arriver les plus fêtards avec la « gravirotte » dans un pot de chambre. C’est la coutume. Pas question d’y échapper.

     

        Sur son beau tracteur tout neuf équipé d’une charrue du dernier modèle, Pierrot quitte fièrement sa jeune femme pour aller labourer et repense encore à tout cela. Le grand père et le père l’ont un peu aidé dans son achat. Le tracteur vaut cher mais quel gain de temps et quelle puissance pour tirer le matériel. Il n’y a plus rien à voir avec le temps où pépé équipé  de sa guise passait la charrue avec ses deux vaches trop lentes , puis ses deux grands bœufs blancs au nom de « Blanc » et de « Frisé »,  pour finir avec un puis deux chevaux. Le brabant avait quand même constitué une grande avancée car il retournait mieux la terre que la charrue ne faisait que rayer.

     

        « La première guerre mondiale a amené les barbelés et la seconde les bottes en caoutchouc » lui a rappelé son grand père. « Autrefois, on vivait les pieds mouillés et on avait froid car les sabots n’étaient pas étanches, même si on y mettait de la paille ». « La guerre, c’est pas bien ; je ne te souhaite qu’une chose, c’est de ne pas la connaître… » a-t-il ajouté.

     

        Tout au long des sillons parfaitement rectilignes de la grande terre, Pierrot a le temps de penser à tout cela. Mais il faut aussi ne pas oublier de payer le charron pour le nouveau tombereau et la fin du mois va être dure à boucler car les veaux se vendent mal. Peut-être faudra –t-il vendre une génisse pour faire le joint ? Il y a toujours quelque chose à penser au cours des longues et laborieuses journées débutées quotidiennement à 5 heures du matin, quelque soit l’époque de l’année, pour ne s’achever qu’à 10 heures du soir, quand il ne faut pas se lever encore la nuit pour voir si la frisette n’a pas fait le veau ou si la truie, la caille comme on dit, n’a pas écrasé un ou deux porcelets en se couchant dessus.

     

        Heureusement la santé du jeune couple aide à supporter toutes ces contraintes, même si quelquefois Jeanne se plaint de n’avoir jamais un jour de repos. « Finalement, tu serais à l’usine, tu aurais des vacances et nous pourrions partir au moins un jour ou deux» lui a-t-elle souvent répété, surtout quand le temps est au beau. Heureusement, les sorties avec l’Indépendante apportent quelques distractions locales et l’occasion de voir du monde, même si le soir, il faut rentrer tôt pour la traite. Les bêtes n’attendent pas et pépé n’a plus la force de s’en occuper.

     

        Joies et malheurs rythment la vie du hameau des Champs qui s’endort parfois difficilement avec le bruit de la Nationale 7 au dessus. Heureusement l’habitude ne l’entend plus mais que de trafic maintenant ! Peugeot, Citroën et Renault cadencent les kilomètres de bitume dans le Pin Bouchain et la montagne de Tarare garde son col embrumé ou d’un côté ou de l’autre de la Chapelle. La neige n’est pas loin en ce jour de Toussaint.  C’est tout cet environnement qui forge le caractère de ses habitants.

     

        Marie Claude, Noël puis Rémi ne connaîtront pas le pépé qu’une attaque emportera. Inconsolable, mémé restera alors dans une petite location proche de la ferme. « Ce n’est pas bien de rester avec les enfants. J’ai beaucoup souffert dans ma jeunesse de trois générations sous le même toit. Mais, mes enfants s’occupent bien de moi » avoue-t-elle à ses voisines.

     

        Pierrot et Jeanne feront prospérer par leur travail le domaine familial. Il rentrera même au conseil municipal de la commune. 

     

     

     

    Poème lu par  Martine

    Louis MERCIER

    Voix de la Terre et du Temps

     

    Le parfum de la Terre

     

    O Terre, sur ton cœur j’aime à poser mon cœur ;

    Le visage dans l’herbe épaisse,

    Je goûte à respirer ta profonde senteur,

    Je ne sais quelle obscure ivresse.

     

    Ton parfum n’est-ce pas le parfum souverain,

    Dont l’univers même s’embaume ?

    L’odeur des fleurs, l’odeur des fruits, l’odeur du pain

    Vivent déjà dans cet arome.

     

    Il est sauvage et tiède, il est âpre et puissant.

    A humer sa liqueur subtile,

    Il me semble parfois que j’aspire le sang

    Qui bout en tes veines d’argile.

     

    Et pendant que, pareil à celui d’un amant

    Contre le tien mon cœur s’appuie,

    Je savoure ton âme et je bois longuement

    Le souffle même de la vie !

     

     

     

      3/ Goût particulier : goût de terroir.

         

        Papy Pierrot n’a pas voulu être appelé « pépé ». « Ca fait vieillot » leur a –t-il dit. « Il faut vivre avec son temps ». Le petit dernier de Rémi saute sur ses genoux. Ce sera un solide gaillard, à voir ses membres déjà solidement charpentés.

     

        Que de changements en 50 ans depuis les années 30 ! Ce matin, en faisant son tour du hameau comme tous les jours, il se rappelle même que dans un coin de la boutique, un grand métier à tisser Jacquard prenait poussière et vermine. Que de fois, en vacances chez les grands parents,  il l’avait fait marcher en imitant le bruit et le tintement de la clochette : « Tiacapan, digueling, digueling ». Mais une vie est peu de chose et passe si vite.

     

        Pendant quelques temps, après avoir pris sa retraite, Pierrot a gardé deux vaches et a aidé dans son travail le fils qui a repris la ferme. Mais maintenant, il souffle et prend son temps. Les années sont là. Dans leur petite maison toute proche de la ferme, le couple passe une retraite paisible. Pierrot a laissé le conseil municipal mais rend encore souvent des services car il a le temps.

     

        « Le SIVOM a demandé s’il y avait eu des vignes à Chirassimont. Ils montent une Association, « Les Couleurs du Goût » à St Symphorien de Lay. C’est un joli nom  et ils cherchent des choses sur le terroir. Le terroir, c’est le goût particulier à un produit, un produit du terroir et on pense à la vigne. Mais la vigne chez nous !!! » lui a annoncé le 1er adjoint quand il l’a croisé chez le boulanger. « Tu veux pas demander à la mairie de St Symphorien s’ils ont quelque chose sur les vignes locales ».

     

        Toujours disponible, Pierrot a dit qu’il allait chercher. « Chercher, c’est une jolie occupation ».

     

         Alors, un jour qu’il voulait aller se promener, il a décidé de partir du côté de la Croix de Malle et de pousser jusqu’à Passinge. Avant d’aller au chef lieu, il faut d’abord regarder sur place. Depuis qu’il est gamin, il connaît le quartier par cœur et son grand père lui a souvent dit qu’autrefois il y avait des vignes dans chaque ferme pour la consommation locale. Il lui avait même fait voir où elles étaient à Passinge. « Je vais rendre une visite au père DUBOST qui a toujours vécu là, lui aussi. Il saura » pensa-t-il en lui-même.  

     

        Sur place, les fils de fer qui étaient tendus au moyen de crosses piquées dans le crépi, entre les trous des pierres, ont disparus ; tout comme d’ailleurs les mêmes fils de fer qui pendaient le long de la bâtisse pour aider la vigne à monter. La façade au sud, en face la croix de Malle,  aidait grandement à la maturation

     

        Gabriel DUBOST lui a dit et montré tout ce qu’il savait. Il y a bien eu des vignes mais elles ne sont plus cultivées aujourd’hui. Le père MAGAT avait même construit un petit local pour installer un pressoir mais tout a disparu. « C’était une piquette » lui confirma Gabriel « mais autrefois, quand il n’y avait rien ou que l’on ne pouvait pas se le payer, on la buvait quand même. Il se faisait aussi du cidre avec les poires ruire et les pommes », a –t-il ajouté.

     

        Souhaitant que les découvertes soient plus fructueuses, il descendit un jeudi matin au marché à St Symphorien et en profita pour demander au maire de pouvoir consulter les archives.

     

        Et là, surprise. Un document de 1909 prouve bien que dans le coin, il se produisait du vin :

     

     

    Document de 1909, en mairie de St Symphorien de Lay :

     

         Monsieur le Président

     

        Note à l’Assemblée qu’en vue de l’application de la loi sur les fraudes, des commissions ont été instituées pour la délimitation des territoires qui pourront réclamer pour leurs vins, les appellations de Bourgogne, Beaujolais, Champagne, Bordeaux, etc…

     

        Une commission va incessamment se réunir pour déterminer, à ce point de vue, les limites du Beaujolais.

     

        Il invite en conséquence l’assemblée qui comprend l’importance considérable des décisions de cette commission, à prendre une délibération demandant énergiquement que la commune de St Symphorien de Lay, qui a toujours fait partie de l’ancienne province du Beaujolais, ainsi qu’en témoignent les documents authentiques de l’histoire et des Archives de la Province, reste bien comprise dans la liste des localités qui pourront se réclamer pour la vente de leurs produits vinicoles, de l’épithète de « Beaujolais ».

     

         Le Conseil municipal, après avoir entendu l’exposé de son Président qui a démontré à l’aide de documents authentiques que la commune de St Symphorien de Lay a toujours fait partie de la province de Beaujolais,

     

        Considérant que ce serait absolument arbitraire de ne pas comprendre cette commune dans le périmètre du Beaujolais,

     

        Que ce  qui a démontré à l’aide de documents authentiques que la commune de St Symphorien de Lay a toujours fait partie de la province de Beaujolais,

     

        Considérant que ce serait absolument arbitraire de ne pas comprendre cette commune dans le périmètre du Beaujolais,

     

        Que ce serait donc une erreur géographique et une injustice

     

        Considérant d’autre part que les produits vinicoles de la commune ont toujours présenté les qualités et caractères des vins de la région beaujolaise et sont cités dans les documents et histoires de l’époque

     

        Que ce serait causer un préjudice grave aux vignerons de notre commune que de les frustrer du droit qu’ils ont toujours eu de présenter leurs vins sous le nom de « Beaujolais »

     

        A l’unanimité, prie instamment l’Administration supérieure de bien vouloir demander à la Commission de délimitation de laisser figurer la commune de St Symphorien de Lay dans le périmètre du « Beaujolais ».

     

           Monsieur le Maire.

     

        Ainsi, à cette période là, 500 ares de vigne produisaient  12 000 hectolitres sur le canton.

     

         Fier de sa trouvaille, dès le lendemain, Pierrot était à la mairie pour rencontrer le 1er adjoint. « Nous étions dans le « Beaujolais » et ils se sont battus pour que l’appellation y soit maintenue », montre-t-il sur une belle photocopie que la secrétaire de mairie de St Symphorien a bien voulu lui faire.

     

        « C’est peu ou pas connu » a-t-il commenté mais depuis que l’homme est homme, même chez nous, le goût du terroir fait partie intime de la vie journalière.

     

    Alors, bon appétit à tous.

     

     

    Poème de Martine. 

    Les voix sur l’infini

     

     

    Sous les grilles des mots griffe la révolte

    Le sans abri, à la frontière des mondes

    Et le cri de l’enfant soldat sans comprendre

    Incertitude de l’adulte avide de connaissance

     

    Sur les grilles des mots poète éveille toi

     

    L’ardeur d’un désespoir aux confins de la vie

    Sur les non dits qui enferment les regards

    Au temple des rêves s’arrêtent les rancoeurs

    Et le temps songeur reprend son aventure

     

    Sur les grilles des mots frémit la liberté

     

    Oubli de nos terreurs sur l’espoir du toujours

    Sur les chants d’un troubadour joyeux d’inventer

    A l’écharpe de ciel bleu dessinant la confiance

    L’univers soupire découvrant l’amour

     

    Sur les grilles des mots s’amuse la vérité

     

    Aux sentiers escarpés parfumés de tendresse

    Les mains offertes pour accueillir l’infini

    Sous le silence doucement s’installe la paix

    En balbutiant la joie étreint l’humanité

     

    Par les grilles des mots se construit l’avenir

     

     

     

    Ma maison

     

    Aux pierres sages de siècles écoulés

    Aux frémissements enjoués du passé

    Ma maison

    Pour la douceur de ton chant

    Pour la vérité de ton ailleurs

    Je t’aime

     

    Lorsque s’allongent les ombres du soir

    Tu souris en racontant leurs histoires

    Ma maison

    Vivante

    Songes des murs ou souvenirs bleutés

    Je reste près de toi

    Et mon âme reconstruit son enfance

     

     

     

    Terre mon Amie

     

     

    Sur les cris des laboureurs

    Et le soupir de la terre

    Sur les chants des métiers à tisser

    Et les rires des ouvrières

    Pour toi le moulin

    Qui rythme la vie

    Entre le ciel et l’air

    J’inscris la joie d’un merci

     

    Terre nourricière

    Amante de tes paysans

    Terre notre mère

    Cueille nos remerciements

     

     

    Sur les temps de jadis,

    Femmes courbées sur les blés

    Au festin du labeur

    Par les clochers cadencés

    Pour nos frères les animaux

    Travailleurs jusqu’à nuit tombée

    Que vibre la joie d’un merci

     

    Terre nourricière

    Amante de tes paysans

    Terre notre mère

    Cueille nos remerciements

     

     

     


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