• Déclaration de grossesse au XVIII° siècle


     

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    LES DECLARATIONS DE GROSSESSE SOUS L'ANCIEN REGIME. L'EXEMPLE DU FOREZ AU MILIEU DU XVIIIème SIECLE<o:p></o:p>

    Communication de M. Joseph BAROU<o:p></o:p>

    (Extraits tirés des Bulletins de <st1:PersonName productid="la Diana" w:st="on">la Diana</st1:PersonName> à Montbrison)<o:p></o:p>

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    Sous l’ancien régime, pour lutter contre les avortements, les infanticides et la pratique des expositions d’enfants, un édit d’Henri II, daté de février 1556, imposait aux femmes enceintes non mariées ou veuves une déclaration de grossesse.<o:p></o:p>

    L’édit, très rigoureux, précisait que “toute Femme qui se trouvera deüment atteinte & convaincüe d’avoir celé et occulté, tant sa grossesse que son enfantement sans avoir déclaré l’un ou l’autre, & avoir pris de l’un ou l’autre témoignage suffisant, mesme de la vie ou mort de son Enfant lors de l’issue de son ventre, et après se trouve l’Enfant avoir esté privé, tant du saint Sacrement de Baptesme que sépulture publique et accoütumée, soit telle Femme tenüe et réputée d’avoir homicidé son Enfant, & pour réparation punie de mort et dernier supplice (1) ...” Il fut ensuite confirmé plusieurs fois aux siècles suivants (2).<o:p></o:p>

    La déclaration dont la forme n’était pas précisée devait être reçue avant l’accouchement par un notaire ou un juge, faute de quoi si l’enfant venait à mourir sans être baptisé et sans sépulture il y avait présomption d’infanticide et la mère risquait, en principe, la peine de mort.<o:p></o:p>

    Il semble bien que l’édit d’Henri II ait été très diversement appliqué suivant le lieu et l’époque. Après avoir mis beaucoup de temps à s’imposer, il perd de sa force au cours du XVIIème siècle et est devenu pratiquement lettre morte à la veille de <st1:PersonName productid="la R←volution." w:st="on">la Révolution.</st1:PersonName><o:p></o:p>

    Les déclarations de grossesse, assez nombreuses dans les fonds notariaux, constituent une bonne source pour l’étude des mentalités. Elles permettent aussi de mieux comprendre le phénomène des abandons d’enfants. pourtant ces documents n’ont fait l’objet que de travaux fragmentaires, notamment pour le Forez.<o:p></o:p>

    Cette étude s’appuie sur trente déclarations de grossesses tirées de minutes des années 1742 à 1759 de Morel, Franchet et Duby, notaires royaux à Montbrison . Elles doivent être prises comme des exemples, un travail plus vaste restant à faire dans ce domaine. A défaut d’une étude statistique, ces cas particuliers, en donnant le ton des déclarations, ont le mérite d’évoquer une ambiance et de nous montrer quelques traits de moeurs du temps.<o:p></o:p>

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    Rares sont ceux qui s’occupent des couches en plaçant leur victime à Montbrison. Antoine Michel, avant de devenir soldat, charge un de ses amis de gérer ses biens et de pourvoir aux besoins de Brigitte Cros (19), la servante qu’il a séduite. Un seul est présent au moment de la déclaration ; il s’agit de Jean Viot qui est responsable de la grossesse de Barthélémye Gorand (20). Il avait placé sa victime à Montbrison. Devant les recteurs de l’hôtel-Dieu il “convient de la vérité de tout” mais déclare “qu’il ne se trouve pas en état quant à présent de fournir aux frais des couches et aliments de ladite Gorand”. Il semble que certaines sages-femmes ou matrones de la ville se soient spécialisées dans l’hébergement des filles en mal d’enfant comme “la nommée Massonne de derrière Saint-André” ou “la nommée Chatel”, femme du garde de l’hôpital qui habite quartier de <st1:PersonName productid="La Porcherie." w:st="on">La Porcherie.</st1:PersonName><o:p></o:p>

    Il y a aussi une tentative de compensation financière. Un vigneron du faubourg de <st1:PersonName productid="La Madeleine" w:st="on">La Madeleine</st1:PersonName>, Guy Gras, un notable - il est en 1744 l’un des maîtres en charge de la confrérie de Saint-Vincent de la ville (21) -, utilise ses écus et ses relations pour fuir ses responsabilités. Il incite sa servante, Marie Dusson (22) à faire une fausse déclaration mettant en cause un domestique sous la promesse de payer trois cents livres pour faciliter le mariage.<o:p></o:p>

    Christophe Guyot, le marchand de Néronde, ne manifeste, semble-t-il, aucun regret envers Jeanne Poncet (23 ) avec qui il s’était engagé et se marie... avec une autre. La situation la plus rocambolesque est celle du sieur Pauche, curé de Saint-Georges-près-de-Craponne (aujourd’hui Saint-Georges-Lagricol) et de sa jeune servante Marie Cournet ( 24) , “élève d’une maison de charité du Puy”. Il abuse de la domestique, la menace de mort. Tandis qu’il se rend au chevet d’un paroissien mourant elle en profité pour fuir. Sous un déguisement, il la poursuit et vient la relancer jusqu’à Montbrison. Il la rejoint dans une grange et utilise un somnifère pour endormir une autre pauvresse qui se trouvait là... Tous les ingrédients ainsi que l’ambiance d’un roman à la manière de Rétif de <st1:PersonName productid="la Bretonne" w:st="on">la Bretonne</st1:PersonName> se trouvent réunis dans l’aventure de la pauvre Marie...

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