-
Par TESTENOIRE le 11 Avril 2014 à 15:57
AMPLEPUIS : LA CHAPELLE SAINT ROCH
1629-1630 années d’épouvante et d’horreur … La peste est arrivé et fauche implacablement … aucune parade … des familles entières disparaissent. On emmène les habits, les meubles, à la Quarantaine … pas question d’ensépulturer les corps dans le cimetière autour de l’église, on les porte dans les fosses vers les terrains du Paradis ou en bas des Plasses. On a hissé le voile noir sur le clocher. Une messe est dite en plein air le dimanche à laquelle assistent de loin les paroissiens dispersés er apeurés.
En dehors des remèdes charlatanesques, la protection du ciel est le grand recours vers lequel se précipitent les populations. On espère en l’efficace intervention de Saint Roch.
En 1327 meurt dans une prison de Montpellier un inconnu. Le sens du merveilleux, courant au Moyen-Age, s’empare de la réalité, la transforme en la rattachant aux forces miraculeuses dont on attend le salut. Ainsi raconte-t-on qu’au moment d’inhumer le pauvre hère incarcéré, on découvre sur sa poitrine une tache rouge en forme de croix. Alors tout s’éclaire…
Trente-deux ans plus tôt, naît au foyer du Gouverneur de la Ville un enfant longtemps attendu, qui à sa naissance porte ce signe étrange. Il est baptisé sous le prénom de Roch. Sa jeunesse durant, il pratique un ascétisme exceptionnel. A 20 ans, il perd ses parents, vend ses biens, entre dans le Tiers-Ordre de Saint François et part pour Rome.
La peste sévit alors en Italie. Tout au long du voyage, il fait étape auprès des malades, les assiste, les soigne et souvent les guérit. Parvenu sans la Ville Sainte également infestée, il continue dans l’anonymat le plus absolu à apporter son soutien aux mourants, et ramène bon nombre d’entre eux à la vie. Contaminé à sa tour, il se retire dans une cabane en bordure de la forêt. Là, chaque jour, un chien lui apporte un quartier de pain. Miraculeusement guéri, il retourne dans son pays. Défiguré par la maladie personne ne le reconnaît. Son oncle devenu gouverneur le prend pour un espion et le fait emprisonner. A sa mort, la tâche révèle sa véritable identité.
Trouvères et troubadour disent et chantent cette histoire, et partout en France, surgit le culte de ce pauvre, devenu saint. On lui sculpte des statues, l’accompagnant de son chien. On lui élève des sanctuaires pour conjurer le fléau.
A Amplepuis, après l’épouvantable hécatombe de 1581 et la flambée de petite vérole de 1630, les habitants songent comme ceux de Néronde, Sainte Colombe sur Gand, Violay, Bussières et autres lieux à lui bâtir une chapelle. Certes il existait bien un autel qui lui était dédié dans l’église depuis 1602, mais cela leur paraissait notoirement insuffisant.
Ce courant populaire auquel adhère le curé Rousset amène Pierre Guillard, seigneur de la Goutte, à faire don en 1630 d’un emplacement en haut du bourg dans son domaine de Coussy, à proximité de la Croix des Rampaux (Rameaux) élevée là en 1618. Commencés en 1630, les travaux se terminent en 1647 clôturés par la bénédiction de l’édifice et la célébration de la première messe le 16 avril par la permission de Monsieur le Grand Vicaire de Lyon. Cette même année, Monsieur de Saint Amant et Jeanne d’Ars son épouse, fondent une messe eucharistiale à dire à haute voix en l’honneur de Saint Roch le 16 août. Cette fondation est hypothéquée sur une maison proche de la Tour de la Prison.
Les ex-votos commencent bientôt de couvrir les murs, disant parfois sous leur naïve présentation la reconnaissance des ouailles exaucées. Le 24 février 1684, un marchand d’Amplepuis, quartier d’en-haut, Philibert Cousty-Quentin fait un legs « en vue de placer un balustre de fer forgé ou de pierre devant l’autel avec appuis pour un portillon en pierre de taille ».
Le 16 novembre 1678, messire Jean-Mathieu Bissuel, pasteur de la paroisse, procède à la bénédiction d’une cloche dont le parrain et la marraine sont Luc de Pomey et sa sœur Paule (A.D.R. – E – sup. 23).
En 1811, durant les travaux de démolitions de l’ancienne église et de construction de la nouvelle, les offices et sacrements y sont célébrés.
En 1921 ou 22, Adolphe Deteix, enfant du pays qui deviendra un peintre de renom, fait don d’une toile où Notre-Dame d’Amplepuis accueille et protège deux poilus de la guerre 1914-1918. Durant ces quatre années de cauchemar, le chapelet y fut récité chaque jour avec ferveur.
Sous le ministère du curé Péraud en 1965, le sanctuaire, les statues et tableaux sont restaurés.
Il faut souligner combien l’inexplicable « absence » de la Vierge à l’Enfant, transférée de St-Roch pour devenir un objet de musée, a été choquante pour beaucoup d’amplepuisiens.
Heureusement laissées en place, on admire les deux splendides statues de Saint Roch et de Saint Pierre, en bois doré à l’or fin datant probablement de la fin du XVII° siècle.
Ce haut-lieu que l’abbé Bonnefoy appelle le « Fourvière des amplepuisiens », dédié à Notre-Dame de Grâces, verra dans les temps d’épreuve affluer la foule de ceux qui, devant l’anxiété ou l’écrasement, viennent y chercher apaisement et réconfort.
G. FOUILLANT et G. PATAY (70 Chapelles autour de : Amplepuis, St-Symphorien-de-Lay, Néronde) 1988.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique