• HENRI IV RENCONTRE, LE PÈRE COTON, BIEN CONNU A ROANNE

     

    Tout le monde à Roanne connaît le Père Coton fondateur du premier collège de Roanne. Confesseur et conseiller d’Henri IV. Il est inhumé (près de son frère) dans la crypte de la Chapelle Michel du collège jésuite de Roanne (aujourd’hui « Lycée Jean Puy »), que son frère Jacques (Seigneur de Chenevoux) près de Nérondes (Loire) avait fait construire sur ses deniers personnel (1617).

    Au duc Charles III revient, sans conteste le mérite d’avoir, le premier, orienté la Lorraine vers la France en essayant de la soustraire à l’influence allemande. Il faillit pourtant commettre une redoutable erreur politique en prenant parti pour le Cardinal de Bourbon, le « Roi de Péronne », que la ligue – inventée par les princes Lorrains, les Guises – avait résolu de faire monter sur le trône de France.

    Quand Henri IV abjura la religion réformée, le 15 juillet 1593, Charles III, conseillé par Christophe de Bassompierre, comprit qu’il fallait se rapprocher de celui qui allait devenir roi de France.

    Le 2 août 1593, Lorrains et Français signent une trêve. En décembre 1595, un traité de paix définitif est signé à Folembray. Aux termes de cet accord, Toul et Verdun revenaient à la France et la place de Marsal restait à Charles III. Pour donner à la chose un aspect plus directement familial, en 1599, le duc de Bar, fils aîné de Charles III, épousait Catherine de Bourbon, sœur d’Henri IV. En 1603, quelques esprits avisés firent courir le bruit que Catherine de Bourbon était grosse des œuvres du duc de Bar. Bon frère, le Béarnais ne pouvait faire moins que d’aller embrasser sa sœur. Au vrai, le voyage du roi de France à Nancy fut conçu comme une véritable mission d’espionnage et les gentilshommes de la suite royale reçurent consigne d’être attentifs à tout.

    Pierre Consul écrit à ce propos : « Le Béarnais, on le sait aujourd’hui, avait depuis longtemps son attention tournée vers l’Est, et il n’était pas fâché de trouver une occasion de se rendre sur les frontières de l’Empire tout proche, pour y constater par lui-même l’état d’esprit des princes rhénans qui ne manqueraient pas de venir le saluer à Nancy » (P.Consul. « Carrefour de l’Histoire » n° 5, décembre 1957).

    Fin février, la troupe royale s’ébranle. Le 9 mars 1603, elle est à Verdun où se tient une grosse garnison française. Là Henri IV rencontre Charles III venu le saluer et régler avec lui le cérémonial d’accueil à Nancy.  Là, également, Henri IV rencontre celui qui allait devenir son confesseur, le fameux Père Coton directeur du Collège des Jésuites de Verdun.

    Le 11, le roi couche à Fresnes-en-Woëvre. Le 12, il est à Malatour. Le 14, il fait son entrée à Metz pour y séjourner près de deux semaines. Le duc de Bar et Catherine de Bourbon, duchesse d’Albret et de Bar, lui font visite.

    Avant de quitter Metz, le 1er avril, le Béarnais touche les écrouelles d’une énorme foule de mendiants qui, au sortir de la messe, se pressent devant la cathédrale. Sous les vivats, le roi se prête de bonne grâce à la « cérémonie ».

    Le 2 avril, la troupe royale, qui a procédé par Nomeny et Agincourt, fait son entrée dans Nancy par la porte des Moulins (l’actuelle porte Saint-Georges)

    A la cour ducale, on a mis les petits plats dans les grands. On a mis aussi la main à la poche : les échevins ont refusé d’ouvrir leur bourse pour régaler le roi de ces Français, le roi de ces ennemis d’hier.

    Le roi est logé au Palais Ducal. Pour le désennuyer, un grand ballet est dansé le 4 avril, un ballet qui, aux dire de François de Bassompierre, offrit « tout l’apparat et la magnificence imaginables ». Pour le désennuyer encore, on lui présenta quelques jeunes nancéennes. Il eut la surprise de retrouver Madeleine Catherine de Rohan – il l’avait courtisée en vain jadis – qu’il maria aussitôt avec le fils du duc de Deux-Ponts.

    Pendant son séjour à Nancy, Henri IV apprit également la mort de a reine Elizabeth d’Angleterre. Il écrivit à son représentant à Londres : « Si je ne me fusse trouvé obligé  à mon frère le duc de Lorraine et à ma sœur, de passer par cette ville pour les visiter, je m’en fusse allé en diligence droit à Paris pour être plus prêt à recevoir des nouvelle de la Reine ».

    Le 7 avril, après avoir entendu la messe à l’église des Cordeliers, le roi prit la route de Toul, s’arrêta à Bar-le-Duc et, dans la même journée, commença son voyage de retour sur Paris.

    Diplomatiquement, cette « tournée » en Lorraine eut un succès durable. Quand, moins d’un an plus tard, le 15 février 1604, Catherine de Bourbon mourut sans descendance et que, de ce fait, tous liens de parenté furent rompus, les relations entre la France et la Lorraine continuèrent d’être excellentes. Pour perpétuer le souvenir de ce voyage, Charles III fit peindre et envoyer à la cour de France, des portraits d’Henri IV et de Marie de Médicis, exécutés par Jean de Wayenbourg.

    Spirituellement, elle eut aussi des prolongements puisque le Père Coton resta auprès d’Henri IV jusqu’à son assassinat, en 1610. Le Père Coton n’en avait pourtant pas fini avec la Lorraine. Alors qu’il prêchait devant la Cour Ducale (Henri II avait succédé à Charles III mort en 1608), il assista à l’exorcisme d’Elizabeth de Ranfaing, plus connue sous le surnom «  d’énergumène de Nancy »

    Elizabeth de Ranfaing, hystériques consommée, eut à subir pendant des années, les « attentions » de l’officialité. Elle fut aussi une redoutable  semeuse de mort : dans ses crises d’hystérie, elle accusait de sorcellerie d’honnêtes  Nancéens qui n’en pouvaient, mais le juge lorrain, le redoutable Nicolas Rémy s’empressait de les expédier au bucher.

    Le Père Coton entretint, un temps, une lénifiante correspondance avec la malheureuse exaltée. A l’âge de la ménopause, Elizabeth de Ranfaing se calma tout à fait : le diable se fit ermite et l’énergumène se retira dans le couvent qu’elle avait créé à Nancy, théâtre de ses exploits.

    On se plaint à croire qu’une rencontre entre le Vert-Galant et l’énergumène de Nancy eût pu épargner beaucoup de sang et de souffrance.

                  Alain SANDERS (« La Revue Lorraine », octobre 1982).

     

    Pour en savoir plus sur « l’énergumène de Nancy « : http://www.lorraine-cafe.fr/showthread.php?t=6682

     

    charles III

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