• L'ART DE MANGER UN OEUF POUR UN ENFANT AU XVI° SIECLE

    L’ART DE MANGER UN ŒUF POUR UN ENFANT

    Il ne faut pas  que l’enfant commence son repas par le boire, combien qu’il soit fort altéré, car s’il boit sans d’abord mangé, ce boire le lui fera mal. Davantage, de commencer par le boire, c’est le propre des ivrognes, qui boivent plus par coutume que par soif.

    Il commencera donc de manger, et en premier lieu coupera du pain avec son couteau et non point avec les mains comme les affamés, ni avec le bout des deux doigts comme ceux qui veulent contrefaire les délicats courtisans. Que si c’est au déjeuner ou au diner, et qu’il y ait des œufs mollets avec la coque à manger, l’enfant coupera premièrement du pain et fera des apprêts, et après ouvrira son œuf, et l’ayant salé le mangera avec les apprêts de pain qu’il aura coupés auparavant. Et ne sera point le premier qui prendra son œufs du plat, mais après ceux que ceux qui seront plus grands que lui en auront pris (s’ils en veulent prendre) il prendra le sien. Et après l’avoir mangé, s’il a soif et que les plus grands que lui aient bu, il pourra demander à boire. Or en mangeant son œuf, il ne doit point nettoyer la coque de celui-ci avec les doigts, mais seulement le manger avec les dits apprêts de pain…

    Le breuvage de l’enfant doit être du vin si trempé que ne soit que eau, car comme dit Platon à ce propos : « On se doit garder de mettre feu sur feu », ce que ce serait si l’enfant (qui n’est que chaleur et feu) buvait du vin pur ou mal trempé, ou de la bière ou cervoise violente. Davantage voici quelle punition reçoivent les enfants qui usent du vin mal trempé ou de la bière qui est trop violente : les dents leur deviennent jaunes ou noires, ou rouillées, les joues pendantes, les yeux chassieux, et l’entendement stupide et hébété.

    Nouvelle civilité pour les enfantsde Gilbert Calviac -1559  (Bibliothèque nationale)

    Nota : Et comme disait mon père qui élevait des poules au fond du jardin :

    « Manger un œuf ce n’est rien, deux œufs fait du bien, avec trois en voilà assez, mais à quatre on peut en crever »

     

     


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