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La base.... à Saint-Symphorien-de-Lay (Conte)
La base à Saint-Symphorien-de-Lay<o:p></o:p>
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Les contes des Bords du Rhins<o:p></o:p>
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Discussion entre lami Bertrand et son compère Bernard, entendue par un membre des Chemins du Passé lors dune réunion mensuelle un vendredi soir.
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« La base, cest lessentiel, cest ce sur quoi repose tout le reste. Sans base, il nest pas de sommet possible. »
- Est-ce là, la base de tous nos raisonnements ?
- Ne peut-on concevoir une base à plusieurs niveaux ?
- Je ne vous suis pas.
- Il y a pourtant des bases aériennes et des bases de sous-marines, par exemple.
- Vous jouez sur les mots.
- Reprenons le problème à la base, voulez-vous ?
- Soit.
- Vous semblez considérer que toute démarche procède de bas en haut, or vous nignorez pas que les décisions sont prises au sommet et sappliquent de haut en bas.
- Quand le sommet néglige de consulter la base, cest quil perd la tête.
- Si le sommet perd la tête, ne lui reste-il pas néanmoins la base de cette dernière ?
- Celle-ci nest quintermédiaire et ne serait être confondue avec la base initiale.
- Vous voyez bien que mon allusion à des bases à plusieurs niveaux elle nest pas totalement dénuée de base !
- Certes mais vous vous basez sur des approximations. Quand on parle de base, il sagit du fondement même de toute chose.
- Quand peut-on être assuré de partir réellement de la base dune question ?
- On ne peut à lévidence, se baser sur un schéma type ; si ce nest quon peut considérer avoir atteint le but lorsque, au-dessous, ne se manifeste aucune réaction susceptible dinhiber la démarche.
- Jentends bien, mais, à dire vrai, sur quoi repose une base, sinon sur une autre base et cela indéfiniment.
- Vous me semblez vouloir compliquer les choses à plaisir.
- Nullement, mais quand il sagit dune question aussi fondamentale, pour ne pas dire, de base, on se doit de lexaminer sous tous ses angles.
- Cest donc que vous considérez langle comme une base possible de départ ?
- Pourquoi pas ? Quest-ce que « lhomme de base » dans larmée, si ce nest celui qui « fait langle » dans un rassemblement ?
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A ce stade de la conversation, les protagonistes éprouvèrent le besoin de marquer une pause, base indispensable de toute saine réflexion
Lorsquils reprirent lentretien un des interlocuteurs sexclama :
« Avez-vous conscience que ce temps darrêt que nous venons de marquer, dans la mesure où nous avons essayé de faire le vide dans notre esprit, sapparente au métabolisme basal ? »
- Si lon sen tient à la définition communément admise, il sagit de lénergie minimale que consomme un organisme vivant, même au repos complet.
- Convenez avec moi quil y a là une base quasi scientifique puisquon peut la chiffrer très précisément.
- Je ne sais si lexemple que vous prenez est suffisamment probant. Même si le calcul est établi pour chaque individu, jimagine quil existe une marge derreur possible et quen tout état de cause on nest, jamais descendu au-dessous du seuil en question par crainte de voir disparaître le sujet même de lexamen.
- Si je vous comprends bien, une base nest, pour vous, quun point de départ parmi dautres et nullement privilégié ?
- Cest a peu prêt cela.
- Ainsi donc, quand vous suggérez de reprendre un raisonnement à la base, cela revient à dire que la discussion est renouée à un niveau indéfini ?
- Je crois effectivement quil sagit là dune simple façon de parler, tant il est vrai quon nest jamais certain davoir atteint le fond dun problème.
- Le mot lui-même de base vous semble-t-il dénué dintérêt ?
- Il ne me parait guère refléter une quelconque réalité. Comment du reste, pourrait-il en être autrement puisque lidée de stabilité qui sattache à sa définition va à lencontre du mouvement perpétuel qui caractérise lUnivers.
- Somme toute, nous navons fait jusque-là, que jouer avec les mots ?
- Le jeu de mots nest-il pas, dans son genre, une bonne base de réflexion ?
- Tenez pour conclure sur une note apparemment scientifique, je me permets de vous rappeler la formule chimique qui met en jeu une base et un acide.
- Lon obtient, sauf erreur, un sel et de leau.
- Bien. Mais rien ne vous empêche dimaginer, en transposant un peu, que la base, cest lhomme. Lacide, tout ce qui, par quelque moyen que ce soit, oblige lhomme à sortir de lui-même, le sel, ce qui donne de lintérêt à la vie.
- Et leau ?
- Leau, eh bien, cest leau de boudin, en quoi tout se termine.
- Y compris notre entretien ?
- Y compris notre entretien ; mais nen prenez pas ombrage, pour autant ; vous savez combien il est agréable de bavarder de choses et dautres avec quelquun qui comme vous, sait le peu de crédit quil faut accorder aux démonstrations humaines, de base.
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Léo MIQUEL (1982)
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