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                                                                             Aux Rochers, ce lundy 9  de Juin 1690

                           A Madame de Grignan

     

    Ma bonne,

                      C’est donc dans quelques semaines, ma chère enfant, que je quitte la Bretagne et nos pauvres Rochers. Je m’imagine déjà courant vous rejoindre en Provence…je couche le premier jour à Laval, puis à Sablé…au Lude et à Tours… enfin à Moulins et à Roanne.

    Les 5 et 6 juillet, je suis dans la Montagne de Tarare. Vous savez, ma toute bonne, combien je la redoute ! Mes amis, l’abbé Charsier et Madame du Gué-Bagnols ont prévu de me rejoindre dans ces lieux difficilement accessibles. O m’a dit mille horreurs de cette Montagne, il y a paraît-il, un certain chemin où l’on tient le carrosse par l’impériale !

     

    Par lettre, Madame du Gué-Bagnols tient à me rassurer : « Nous ferons halte à Amplepuy, m’écrit-elle. Si les chemins d’accès y sont sinueux et parfois difficiles, les habitants y ont conservé le sens de l’accueil et de l’hospitalité la plus cordiale ! Ils ont prévu de grandes Fêtes à l’occasion de notre passage : On y dansera le samedy 5 juillet sur les musiques les plus modernes… On y défilera le dimanche 6 juillet ! « 

     

    J’imagine les somptueux costumes des Amplepuisiens, leurs musiques leurs danses et leurs jeux extraordinaires ! Comment peuvent-ils être aussi aimables, avoir tant d’entrain, vouloir s’amuser avec tant de fougue, tout en demeurant constamment dans un pays si difficile et que je redoute tant !

     

    Savez-vous, ma bonne, que le passage entre ce si bonne ville d’Amplepuy et celle de Tarare porte le nom de « Col des Sauvage » ? J’en frémis et tout mon être en est glacé de peur ! Priez Dieu, ma fille, pour que votre mère parvienne saine et sauve les 5 et 6 juillet prochain parmi les habitants d’ Amplepuy. Ils ont tout prévu pour bien me recevoir.

     

    Adieu, ma très aimable enfant, il me semble que vous savez assez combi en je vous aime sans qu’il soit besoin de vous le dire davantage.

     

    Marie de Rabutin Chantal Marquise de Sévigné.  

     

    Note : de fait la présente lettre est une publicité pour annoncer deux jours de fête dans la ville d’Amplepuis (Rhône).

    Quant à un passage de Madame la Marquise de Sévigné dans les montagnes de Tarare, il est très controversé, en effet aucun  écrit officiel ne le mentionne laissant ainsi place au doute.


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