• ON SUPPRIME LES CHEVAUX (Début du XX° siècle).

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    LA SUPPRESSION DES CHEVAUX

     

    De notre confrère belge Automobile-Veloce, cette étude de la question toujours intéressante concernant l’existence actuelle et future de la race chevaline menacée par l’extension de la locomotion mécanique.

     

    Les splendeurs et les merveilles du Salon Automobile de Bruxelles ont suggéré à M. Valentin de Marcy de la « Meuse », l’idée de demander à M. Bergeron, médecin vétérinaire, « ce que deviennent nos chevaux devant la marée montante » de l’automobilisme et le développement de la traction mécanique, qui tend à devenir de plus en plus à la mode.

     

    « Les rues de nos villes, en effet, sont sillonnées de légions d’autos et voici que la modeste voiture de place, la guimbarde cahin-caha de nos pères, cesse peu à peu d’être véhiculée par quelque brave haridelle  pour se transformer orgueilleusement et pompeusement en auto-fiacre !

    « L’industrie de la saucisse, et le commerce idem, semblent donc, devant l’effacement de la « plus belle conquête que l’homme ait jamais faite » devoir s’aligner de ressources toujours nouvelles et consistantes. »

    M. Bergeron a répondu que « jamais, les bons chevaux n’ont été plus chers qu’aujourd’hui. L’automobilisme n’a eu, semble-t-il, d’autre conséquence que de maintenir les prix, à moins que ce ne soit de les élever…

    « La demande de chevaux a été, au cours de ces derniers temps, dans certaines localités plus forte que l’offre, ce qui a eu pour effet une hausse de 10 à 15% sur les prix. Des hongres de 18 mois ont été enlevés à 1 000 francs, et à 1 100 francs ; des poulains de quelques mois, 500 à 650 francs, les pouliches, 400 à 500 francs, des chevaux de labour, de 1 000 à 1 800 francs.

    M ; Bergeron fournit ensuite de très curieuses statistiques d’où il ressort que la population chevaline du globe est de 89.959.140 unité et celle de la Belgique de 300.000, donc 9.055 pour l’armée et 1.750 pour la gendarmerie.

     

    La race chevaline ne tend pas à disparaître du globe. Que le cheval ne soit pas sur le point de disparaitre du globe, nous le croyons sans peine. Il a encore de très grands services à rendre, mais à la campagne seulement. Dans les villes, sa suppression complète est nécessaire ; la propreté des rues et l’hygiène publique le commandent. Avant l’invention des moyens de locomotions mécaniques, il fallait bon gré mal gré subir les multiples inconvénients et désagréments occasionnés par les « oublis » naturels de la « plus belle conquête… » ; mais aujourd’hui, grâce à la bicyclette et à l’automobile, il est aisé et indispensable de supprimer les W.C. accidentels pour chevaux et les « pissodromes » permanents installés sur un grand nombre de place publiques.

     

    Précisément, à Paris, au Champs-Elysées, l’on peut constater l’exquise propreté que présente la partie médiane de cette importante avenue réservée aux automobiles, et l’ignoble crasse qu’exhibent les bas-côtés sur lesquels circulent les hippomobiles.

    Voici, en quels termes s’exprime leFigaro à ce sujet :

    « Depuis qu’on applique cette nouvelle méthode de circulation, la chaussée même des Champs-Elysées, et par chaussée, j’entends le sol, a pris une physionomie très remarquable. Alors que les deux bas-côtés sont, de l’Etoile à la place de la Concorde, de vastes et humides litières de crottins, épaisses par places de plusieurs centimètre, la ligne centrale est complètement nette, sèche, luisante, propre, sans saletés sans poussière, comme cirée par les caoutchoucs des automobiles.

    « Si l’application de cette réglementation se prolonge quelques temps encore, il sera facile de constater que si, au point de vue hygiénique, les automobiles, qui dégagent des fumées rapidement absorbées par l’air où elles disparaissent, sont préférable aux voitures hippomobile, dont les attelages sèment dans nos rues des crottins malodorants et dangereux pour la vue comme pour la respiration, elles ont aussi d’appréciables avantages économiques.

     

    « En effet, tandis que, travaillés par les fers de chevaux, et pourris par l’action chimique des crottins les pavés de bois de nos rues se creusent, là où ne passent que les automobiles, ils restent unis, inusés, entièrement conservés.

     

    « L’entretien des rue de Paris, si mal assuré qu’il soit, coûte au budget de la ville des sommes considérables. L’automobile, le jour où son emploi sera généralisé permettra à nos édiles de réaliser de ce chef des économies considérables, qui leur permettront, espérons-le, d’assurer à nos rues un meilleur arrosage et un meilleur balayage ».

    La suppression du cheval dans les grandes villes est à l’ordre du jour. Elle se fera plus rapidement qu’on ne le croit généralement. A Berlin, Londres, Paris, non seulement de nombreux fiacres et omnibus automobiles sont lancés dans la circulation, mais des milliers sont en construction dans les grandes usines d’Europe et iront très prochainement remplacer les guimbardes à moteur à crottin.

                                    Tiré d’un journal du début du XX° siècle

     

     

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