• Le carrosse


     

    ATTELAGES : LENTE EVOLUTION VERS PLUS DE CONFORT<o:p></o:p>

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    Le Carrosse<o:p></o:p>

    En 1599, le premier carrosse, méritant vraiment cette appellation, rapporté d’Italie par François de Bassompierre, le favori d’Henri IV, entrait dans Paris où il fit sensation. Les grands seigneurs de la cour voulurent tous avoir semblable voiture, puis les ministres, les seigneurs de plus petite noblesse le clergé et finalement la mode passa jusqu’à la riche bourgeoisie.<o:p></o:p>

    Le véhicule, utilisé plus d’un siècle auparavant par Isabeau de Bavière lors de son entrée solennelle dans la capitale, n’était encore en dépit de l’abondance des peintures et du luxe des garnitures, du somptueux harnachement des chevaux, qu’un chariot ! Chariot royal peut-être, mais néanmoins une caisse posée à même les essieux supportant tous les cahots des mauvais chemins. De plus il n’existait pas encore de train avant pivotant ! Inutile de souligner que prendre un virage dans ces conditions représentait une opération délicate, lente et périlleuse ! Il fallait beaucoup d’espace pour tourner.<o:p></o:p>

    Un progrès fut accompli au début du XV° siècle avec l’invention en Hongrie d’un premier système de suspension encore très rudimentaire. Des poteaux de bois, les moutons étaient fixés verticalement sur les essieux à proximité de chacune des roues et reliés à la caisse par des chaînes (plus tard par des courroies de cuir, les soupentes), les deux essieux étant réunis en leur centre par une poutre en bois, la flèche, qui passait sous la caisse : celle-ci, dès lors, était désolidarisée des roues et les voyageurs ne ressentaient plus tous les chocs. Première amorce de confort ! Le « coche branlant » était né. Le mot « coche » viendrait d’ailleurs du hongrois par l’intermédiaire de l’allemand.<o:p></o:p>

    En 1457, la reine Marie d’Anjou, femme de Charles VII, recevait de Hongrie ce coche qui éveilla la curiosité des Français… sans plus ! Il en fut tout autrement en Italie, alors en pleine effervescence artistique, culturelle, technique ; au temps de Michel-Ange et de Léonard de Vinci, du mathématicien Léonard de Pise et du physicien Porta ! Les Italiens se mirent à l’ouvrage et firent construire des coches. Dès 1525, on en comptait déjà une soixantaine à Milan. Vers 1450, pour remédier aux inconvénients provenant du  fait que les lanières de cuir se distendaient inégalement, provoquant le déséquilibre de la caisse, les Italiens eurent l’idée de poser des crics à l’arrière de la voiture, qui permettaient de régler la tension des courroies.<o:p></o:p>

    Une nouvelle étape fut franchie et un important progrès réalisé au XV° siècle grâce à l’invention de l’avant-train tournant qui rendait la voiture plus maniable.<o:p></o:p>

    En 1550, il n’y avait encore que trois coches aussi perfectionnés dans Paris. Ce coche n’avait que des rideaux de cuir pour se protéger du froid. La voiture dans laquelle Henri IV fut assassiné en 1610 n’était qu’un coche au confort très relatif, seuls sa décoration et ses coussins intérieurs le différenciaient du coche populaire. Le mot « carrosse » est employé pour la première fois  en 1574 et très souvent pour désigner ce qui n’est encore qu’un « coche ». Selon Roubo, il ne faudrait attribuer le nom de « carrosse » qu’à une voiture à caisse suspendue par des ressorts, équipée d’un avant train tournant, munie de portières et de glaces.<o:p></o:p>

    Au cours du XVII° siècle, des progrès techniques ont rendu ce carrosse plus maniable et plus sur. Les roues antérieures sont devenues plus petites, la flèche c’est allongée pour ce terminer en « col de cygne » avant de s’attacher sur le train avant. Le siège du cocher, en s’éloignant de la caisse, s’est abaissé offrant davantage de vision aux passagers.<o:p></o:p>

    Enfin, vers la fin du siècle, aux pièces de bois, les moutons, se substituent des ressorts en fer, d’abord verticaux, suspension à <st1:PersonName productid="la Dalesme" w:st="on">la Dalesme</st1:PersonName>, qui, par la suite se courbèrent en « C », jusqu’à la fin du XIX° siècle. En 1818 apparurent des ressorts en forme d’ellipse, à pincette.<o:p></o:p>

    Dès que parut le carrosse, le coche fut vite abandonné. Néanmoins, on ne comptait pas plus de 12 carrosses à Paris sous Henri IV…mais déjà 310 en 1658 et 14 000 en 1722… en dépit des interdits royaux, à l’égard des célibataires, par exemple, qui demeurèrent lettre morte comme les condamnations tonitruantes du clergé s’élevant contre la vanité des propriétaires de carrosses. Ces voitures furent en effet sous Louis XIV d’un luxe inouï. Des ornemanistes tel Jean Bérain ont fourni des modèles. Ce n’était que caisses en bois surabondamment sculptées, dorées, ornées de fines peintures comme sur les chaises à porteurs, vrais tableaux dus aux plus grands artistes, notamment au XVIII° siècle lorsque laque et vernis Martin vinrent augmenter les possibilités de décor. L’intérieur, gainé de damas, de velours, agrémenté de rideaux, de draperies de soie brodée, de brocart rehaussé de passementerie… n’était pas moins fastueux.<o:p></o:p>

     Louis XIV, pour le voyage possédait un carrosse tel un wagon-salon, où l’on pouvait manger, dormir au besoin. Celui de <st1:PersonName productid="la Grande Mademoiselle" w:st="on">la Grande Mademoiselle</st1:PersonName> lorsqu’elle se promenait au Cours la reine, était « couvert partout, sur le cuir, de velours rouge cramoisi cloué à des clous dorés »<o:p></o:p>

    L’ambassadeur de Pologne arrivait à Paris en carrosse « couvert d’argent massif.»<o:p></o:p><o:p> </o:p>

    On assiste à une surenchère de luxe et d’un luxe qui s’étale avec une insolente ostentation, pas seulement chez les grands. « Il n’était pas épicier enrichi ou fournisseur adroit qui ne fit couvrir le sien (carrosse) d’ornement et d’armoiries » écrit Pierre Rousseau (auteur de « Histoire des transports ».)

    Le carrosse ne fut pas accueilli par tous avec un égal enthousiasme. Conseillers et avocats au Parlement, habitués à leur mule, virent d’un mauvais œil cette voiture qui effrayait leur monture. A partir de 0620, le nombre de carrosses augmentant sans cesse, la circulation dans Paris devint très difficile. Imaginez un instant les embarras de la circulation lorsque les carrosses allaient dans tous les sens et qu’à ces lourds véhicules traînés par deux, quatre, six, voire huit chevaux s’ajoutaient les chaises à porteurs, les vinaigrettes, les chariots de marchandises au milieu d’un tohu-bohu causé par des disputes antre valets, cochers… et vous aurez une vague idée de la vision apocalyptique d’un étranger débarquant dans notre capitale au début du XVIII° siècle.

    Sous Louis XV et Louis XVI le carrosse s’allégea et gagna en grâce et raffinement avec ses panneaux peints, ses lignes qui, suivant l’évolution générale des styles, passèrent des chantournements, courbes et contre-courbes à la sobriété inspirée de l’antique.

    Le carrosse survécut comme voiture d’apparat, sans subir de grands changements, le véhicule de Napoléon I° ne différait guère de celui de Louis XIV.

    Aujourd’hui en France le carrosse n’a plus sa place que dans les musées.

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