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Le dernier colporteur de Régny
COLPORTEUR RURAL<o:p></o:p>
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(Hommage à Etienne Chevillard dit « Nono », ancien secrétaire talentueux des Chemins du Passé, qui fut sans aucun doute le dernier colporteur rural, moderne de Régny dans la fin du XX° siècle.)<o:p></o:p>
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Souvent les colporteurs étaient des paysans migrants saisonniers originaires de régions pauvres, souvent des « Savoies », tout comme les ramoneurs. Leur départ navait rien dimprovisé, pas plus que leur tournée, ils se munissaient dun passeport intérieur leur permettant de se rendre partout en France, délivré par le maire de leur commune pour un an. Ils devaient dabord se procurer la marchandise, soit quils se la fissent livrer, soit quils allassent la chercher avant de commencer leur tournée. Avant de partir, ils remplissaient leur balle de bottes dherbes séchées, descargots, de fromages, dobjet de boissellerie fabriqués dans leurs vallées. Lécoulement de ses denrées pendant quils gagnaient le lieu de leur activité&, parfois fort éloigné de leur point dorigine, leur permettait de vivre sans dépenser dargent, éventuellement den gagner un peu. Jusquau XIX° siècle, les colporteur proposaient un peu de tout : passementerie, petite quincaillerie, mercerie, foulards, un peu détoffe, quelques livres et imprimés.
Au XIX° siècle, ils se spécialisent : le rouennier équipé dune charrette tiré par un âne ou un mulet vendait des tissus de toutes sortes, des torchons, des mouchoirs, des châles, des chemises, des gilets, des tabliers, des cravates,etc. Son activité était plus compliquée que celle des autres ; il acceptait parfois de faire crédits à ses clients sur un an. Son sens de lorganisation et sa capacité à tenir ses comptes et ses écritures à jour expliquaient son succès. Tout comme lui, le quincaillier avait bien réussi : également équipé dune charrette et dun âne, il véhiculait toute une variété dustensiles de cuisine, de couteaux et de petit outillage. Le mercier portait dans la balle en bois ou en osier du fil, des aiguilles de toutes sortes, des épingles, de la passementerie, des crayons et du papier à lettres, un peu de graines et des tisanes, des bijoux de pacotille. Comme lui, le lunetier proposait des lunettes, des foulards de soie, de petits bijoux, marchandises qui offraient le double avantage dêtre légères et chères.
Lherboriste, son armoire dosier accrochée aux épaules par des bretelles, apportait des simples préparations pharmaceutiques, antiseptiques à base deau-de-vie dans laquelle macéraient des fleurs de lys, liqueur darnica, gentiane, graisse de blaireau ou de marmotte, et ne dédaignait pas à loccasion de manier la tenaille pour arracher les dents.
Au milieu du XIX° siècle, la profession sorganisa de plus en plus, au point que les voyageurs de commerce, envoyé par les manufacture de tissus, mercerie ou autre, vinrent lété dans les villages de départ présenter catalogues et échantillon et prendre commande. La marchandise était généralement livrée au colporteur dans la ville doù partait sa tournée.
Ses clients se composaient des domestiques et des servantes dans les grosses exploitations, des petits paysans, des artisans des villages. Il était le plus souvent accueilli avec chaleur car il satisfaisait à des besoins immédiats ou plus futiles, sans que ce fût trop coûteux. Ces relations marchandes reposaient sur la confiance mutuelle. Il acceptait volontiers des négocier les conditions dun crédit ou dun paiement échelonné. La parole donnée, une petite inscription dans son carnet suffisaient à le faire attendre.
De surcroît, il apportait des nouvelles de lextérieur, quil sagît de nouvelles nationales ou de celles des villages ou des villes voisines.
En revanche, ceux que lon ne connaissait pas, qui venaient pour la première fois, sans être présenté s par un habitué suscitaient la méfiance des sédentaires.
Sans doute le colporteur ne devenait-il pas riche. Mais, pour ceux qui réussissaient bien, les gains permettaient de doter leur fille, de renouveler le bétail, délargir la terre
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