• LE TRAIN RENARD CIRCULE AUSSI A ROANNE

     

    Illustrations : Le Train Renard à Roanne - Inauguration le 5 Avril 1908. - Départ de la Gare du Coteau

     

    LE TRAIN RENARD

     

    Charles Renard (1847-1905).

     

    Il est né à Damblain, le 23 décembre 1847. Une rue y porte son nom. Appelée à tort rue de la gare, c’est l’ancienne rue d’Ayotte. Elle fut rebaptisée « rue du Colonel Renard » après la mort tragique de ce dernier.

     

    Après de brillantes études au lycée de Nancy où il remporte le prix d’honneur de mathématiques au Concours Général de 1866, il rentre a Polytechnique.

    Jeune officier du génie, il participe courageusement à la guerre de 1870 ; cela lui vaut la croix de la légion d’honneur.

     

    D’esprit  inventif, on lui doit une infinité d’inventions dont certaines furent oubliées tel le « décaplan », l’Aéride, planeur à 10 ailes qu’il expérimente en novembre 1873 du haut de la tour St Eloi d’Arras où il est en garnison.

     

    Le marquis Raymond d’Ecquevilly, s’inspire de l’invention de Charles Renard pour concevoir en 1907 son avion constitué de deux cerceaux ovales verticaux à l’intérieur desquels sont fixées cinq paires de demi-ailes surmontées d’un sixième plan. Sur la deuxième version une septième aile est ajoutée au-dessus des cerceaux circulaires avec une cinquantaine de petites ailes installées à l’intérieur.

     

    Charles Renard se passionne pour la navigation aérienne naissante. Il conçoit une vingtaine de types de moteur (à hydrogène, à batterie, a vapeur…) suffisamment légers pour augmenter les performances des aérostats. Il met au point un dirigeable. Il crée l’engrenage en chevron plus tard cher à Citroën. Ses essais et calculs de la sustentions son repris par Sikorski après sa mort pour la construction des hélicoptères. Il fabrique un treuil pour ballons captifs utilisé par l’Armée. On lui doit un procédé de production de l’hydrogène par électrolyse. Il est à l’origine de la « normalisation » grâce à ses développements mathématiques. Il crée « le train automobile à propulsion continue et à tournant correct » qui lui confère la célébrité dans le grand public.

     

    Malheureusement, il est très éprouvé par les difficultés financières et les problèmes administratifs qu’il estime entraver le développement de ses recherches. Sa santé se dégrade, il devient de plus en plus dépressif et le 13 avril 1905 se donne la mort dans son laboratoire.

     

    L’homme

    C’est en 1877 que les autorités françaises décident de fonder l’Établissement Central de l’Aérostation Militaire de Chalais-Meudon, premier laboratoire d’aéronautique au monde. La direction de l’établissement est confiée au jeune capitaine Charles Renard, âgé de 30 ans.

    Ce laboratoire avait pour mission de concevoir l’ensemble du matériel aérostatique militaire français à partir de composants réalisés dans l’industrie et de former les hommes à son utilisation.

     

    Sous son impulsion des compagnies d’aérostiers sont mises sur pied, des parcs de ballons captifs pour l’observation sont installés à Chalais-Meudon. Les aérostiers participent également aux manœuvres militaires des 1880, puis accompagnent les troupes françaises dans la conquête coloniale.

     

    L’année 1878 marque les débuts de Charles Renard dans la construction de dirigeables aux côtés d’Arthur Krebs (1850-1935), alors major-ingénieur au régiment des Sapeurs-pompiers de la ville de Paris.

    Le problème fondamental à résoudre est le moyen de propulsion  du dirigeable. La solution de ce problème, tentée déjà en 1855 en employant la vapeur par M. Henri Giffard, puis en 1872 par M. Dupuy de Lôme  en utilisant la force musculaire des hommes, et enfin en 1883 par M. Tissandier, qui le premier a appliqué l’électricité à la propulsion des ballons, n’avait été jusqu’à ce jour, que très imparfaite, puisque, dans aucun cas, l’aérostat n’était revenu à son point de départ.

    Avec Arthur Krebs, Charles Renard développe un moteur électrique, très léger, de type Gramme multipolaire, d’une puissance de 8 ch.

     

    Séduit par les volumes de la Galerie des Machines de l’Exposition Universelle de 1878, construits par Henri de Dion, Charles Renard se fait affecter une partie des bâtiments et les fait remonter 1881 à Chalais-Meudon. Ce nouveau hangar est identifié par le repère Y, le Y étant la marque des militaires qui avaient désigné par une lettre chacun des bâtiments de leur centre de recherches et de constructions aéronautiques.

     

    Renard et Krebs dessinent les plans d’un dirigeable de 1 864 m3 disposant d’une nacelle de 32 mètres de long constituée de bois et de bambou, avec une hélice motorisé par le moteur électrique alimenté par pile. Le dirigeable « La France est né ».

     

    Le 9 août 1884, Renard et Krebs s’envolent à bord du dirigeable « La France » et effectuent le premier vol en circuit fermé du monde. Parti de Chalais, ils virent au-dessus de Villacoublay et se posent à l’endroit exact de leur départ après 7,6 km d’un parcours effectué en 23 minutes. C’est un succès total ! C’est le début des dirigeables militaires. L’un d’eux portera le nom de « Charles Renard » en souvenir du précurseur.

     

    Les trains routiers

    Charles Renard dépose en 1903 le brevet de son train routier à traction à traction continue, appelé « Train Renard ».

     

    Le train Renard présente deux avantages. D’abord il a une propulsion continue. Par un mécanisme judicieux (transmission à cardans), la force motrice produite par le moteur de la voiture tractrice est communiquée à chacune des voitures constituant le train. Ensuite il y a ce que l’on nommait « le tournant correct », réalisé grâce à l’ingénieux système qui entraîne chaque voiture dans la trace de la précédente, alors que de vulgaires remorques attelées sont toujours déportées.

     

    Ainsi se trouve résolu, en théorie, le problème des transports sur route en 1902. A l’aide d’un moteur de 50 ch. Charles Renard actionne un train destiné à l’armée transportant une charge utile de 36 tonnes et se déplaçant suivant le terrain à des vitesses entre 12 et 72 km/h. Les châssis des voitures étaient à 4 ou 6 roues à suspension « grande flexion » pour les marchandises et à « suspension compensée » pour les voyageurs. N’importe quel moteur peut être appliqué sur le train Renard, qu’il soit à explosion, à vapeur chauffée au pétrole, au coke, au bois ou aux huiles lourdes.

     

    La liaison routière entre Remiremont et Plombières desservie par le chemin de fer, et séparée de sa voisine par une ligne de crêtes, était un problème d’actualité quand le train Renard fut présenté au salon de l’automobile de 1903. Des essais sont lancés malgré l’opposition du Conseil général, favorable à une liaison ferroviaire. L’autorisation sera finalement donnée en avril 1906 et le 12 avril le convoi inaugural relie Remiremont à Plombières, effectuant le trajet aller en 1 h 15 et le retour en 1 h.

     

    Malgré quelques expériences épiques à Chaumont, Rolampont et Langres, les essais sont finalement très concluants.

     

    En 1907 est créée la Société française des Trains Renard, société anonyme au capital de 1 750 000 francs, qui a pour objet l’exploitation du monopole des transports sur routes par Trains Renard, transports publics et particuliers , en France, dans les colonies et dans les pays de protectorats.

     

    Des sociétés d’exploitations sont crées dans plusieurs département, dont les Vosges, le Pas-de-Calais, le Cher… Ces compagnies se donnaient pour but d’assurer des liaisons régulières entre villes et villages pour suppléer à l’absence de réseaux secondaires de chemin de fer. Le train Renard attira rapidement la curiosité des populations qui se pressaient pour voir et essayer le nouveau moyen de transport.

     

    Le train Renard est également en exploitation en Grande-Bretagne, en Hollande, en Autriche, en Espagne, au Paraguay, en Perse.

     

    La fiscalité appliquée à ce mode de locomotion, basée sur celle des fiacres et calèches, était très lourde entraînant un prix de place assez coûteux qui fit reculer les utilisateurs potentiels.

    La rentabilité n’était pas assurée. Les déboires arrivèrent rapidement : manque de stabilité sur les routes mal entretenues, vitesses réduites, bruit important, confort relatif… Une série d’accidents hypothéqua définitivement l’avenir de l’invention de Charles Renard. Le 18 novembre 1911, la liquidation des Trains Renard est prononcée, cinq ans après l’inauguration officielle du 12 août 1906.

     

    Charles Renard connut la joie d’assister au succès de son invention, mais ignora son échec commercial. Il eut droit à des obsèques solennelles. Avec lui la France perdait un grand savant, dont le génie inventif n’avait d’égal que le patriotisme et le désintéressement

     

     Extraits de l’article de Roland Racine pour le n° 39 du Bulletin de l’Association Philatélique Rhodanienne.

    Les permanences de cette association ont lieu le dimanche de 9 h 30 à 11 h 30 au 19, rue du Professeur Louis Paufique -69002 Lyon

     

     


  • Commentaires

    1
    chenille
    Samedi 28 Décembre 2013 à 22:09
    beaucoup d'inventeurs ont été pris pour des doux dingues et n'ont pas eu le soutient mérité ou encore se sont fait voler leur invention..
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    2
    TESTENOIRE Profil de TESTENOIRE
    Dimanche 29 Décembre 2013 à 19:26
    Bonjour Je vous remercie de lire notre blog. Je suis bien d'accord avec vous. Un peu fou Bernard Palissy brûlant ses meubles, je garde encore un souvenir précis de cette leçon d'histoire donné par mon instituteur à l'école primaire, sans nul doute impressionné par l'image du manuel très explicite et vivement colorée. Beaucoup volé et un petit peu oublié Barthélémy Thimonnier l'inventeur de la machine à coudre, heureusement que Monsieur Georges Bourbon, érudit, personnage fort sympathique ( que j'ai eu le plaisir de côtoyer, mais trop tôt disparu) fonda à Amplepuis (Rhône) un Musée portant son nom très intéressant. Bien amicalement Bernard
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