• LES ANGES DE COLROY-LA-GRANDE

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    Au cours d’une recherche sur Internet  concernant la Grande Guerre, je consulte quelques monuments aux morts du département des Vosges (berceau de la famille). Pas hasard, je consulte celui du village de Colroy-la-Grande. Sa lecture m’interpelle : 2 militaires morts pour l’année 1916 alors que les victimes civiles inscrites sont au nombre de 6  toutes du sexe féminin et trois sont mentionnées comme des demoiselles. Que s’est-il passé ?

    Je n’avais rien trouvé de précis jusque à l’article suivant :

     

    LES ANGES DE COLROY-LA-GRANDE (Vosges)

    « Un obus Français s’abat sur l’église »

     

    Henri n’était pas encore né. Sa maman lui a raconté ce qui s’était passé et dans quelles circonstances sa sœur Hélène, âgée alors de dix ans et demi, allait perdre la vie avec ses petites « camarades.

    L’école de Colroy-la Grande (près de Saint-Dié) était en partie occupée par l’armée allemande, qui y avait ouvert une infirmerie.

    Le commandant allemand a désigné la salle de catéchisme pour faire la classe aux petites filles, afin qu’elles ne soient pas livrées à elles-mêmes dans les rues.

    Les garçons, eux, ont continué à se rendre à l’école communale. Madame Maurice, une institutrice en retraite, a été placé à la tête de cette nouvelle école de filles par décision de l’autorité allemande. Car il n’y avait plus de lien avec l’inspection académique française » indique Henri.

    Trois jours avant le drame, en février 1916, un avion de reconnaissance français est signalé dans le ciel de Colroy, survolant la localité. « Il planait au-dessus de l’église. Il avait sans doute aperçu de la fumée qui s’échappait de la salle de catéchisme. Il a pu voir aussi des terrassements à la gauche de l’église. C’était des tranchées que les Allemand avaient creusées dans le talus, des abris où ils se réfugiaient pour se protéger des tirs français ».

    En effet l’artillerie, avec ses canons de 155, est installée à la côte 607, au lieu-dit la Pouxe, près du village de Lusse, à 3,7 kilomètres à vol d’oiseau. « Les Français ne pouvaient pas savoir que la classe de filles avait été transférée à l’église Ce qu’ils visaient, c’était les installations allemandes », insiste Lucienne Simon, une             autre habitante du village institutrice retraitée, à qui sa mère a également raconté le détail de cette page d’histoire très singulière.

    « Le 26 au matin, un obus est tombé tout près de l’église, où se trouvaient les fillettes. Apeurées, certaines ont voulu quitter la salle, traverser l’église afin de s’échapper par la grande porte.

    C’est à ce moment qu’un obus a traversé la façade sud de l’édifice et est venu exploser devant le maître-autel. Six petites ont été tuées sur le coup, déchiquetées par les éclats, sept autres ont été grièvement blessées. La maîtresse, qui était restée dans la salle, a été épargnée, ainsi que le reste du groupe » indique le frère d’Hélène.

    « Les soldats allemands ont porté les corps dans une maison avoisinante. Ils étaient criblés d’éclats. Les infirmiers allemands ont soigné les autres.

    Eux aussi étaient pères de famille. Ma mère m’a toujours dit qu’ils étaient d’une correction absolue », insiste-t-il.

     

    Pour marquer l’événement et s’en servir comme un instrument de propagande, las autorités allemandes firent graver une plaque de marbre relatant les faits, « en lettres gothiques ».

    Une photographie de l’intérieur de l’église éventrée par « l’artillerie française » fut également utilisée sous forme de carte postale.

    L’objectif était de stigmatiser la cruauté de leur adversaires », souligne Lucienne Simon.

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    « Lorsque l’abbé Lemorge, le prêtre de la paroisse, revint de la guerre et qu’il découvrit cette plaque, il la décrocha et la brisa avec un marteau » ajoute-t-elle.

     

    « Dans le village, il n’y avait aucun ressentiment à l’égard de l’armée française. C’était une terrible méprise, comme il en existe dans toutes les guerres et dont les exécutants ne peuvent être tenus pour responsables », estiment aujourd’hui encore Henri et Lucienne mémoires vivantes de Colroy-la-Grande. Les petites filles du monument ne sont pas oubliées.

     

                   François Moulin (Les enfants de la Grande Guerre) ouvrage   collectif  L’Est Républicain 2006


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