• Les fermes brulées de Machézal : août 1944

     

                     

     

    Les fermes brulées de Machézal

    Lundi 21 et Mardi 22 Août 1944

     

    Le lundi 21 Août 1944

    Ce jour là, entre 13/14 heures, une colonne allemande qui remontait de Roanne et allait en direction de Lyon a été mitraillée dans le virage vers la ferme Chirat, par le maquis qui s’était caché au hameau de la Forêt. Le dernier camion de la colonne a brulé. La tête de la colonne est revenue vers le camion qui brûlait pour voir ce qu’il se passait. Les allemands ont riposté aux tirs, ils ont mitraillé en tous sens. Pendant la fusillade monsieur Chirat qui faisait sa sieste s’est sauvé par la fenêtre et est parti se cacher dans le bois vers la ferme Rey. Son épouse, madame Chirat, était au même instant dans les toilettes situées au fond du jardin. Les allemands ont tué une poule juste devant la cabane des toilettes. Puis ils ont libéré les vaches de leur étable, ont tué la dernière et incendié la ferme. Ce jour là, madame Chirat toujours enfermée dans ses toilettes a dut avoir la peur de sa vie. Puis cette colonne a continué sa route en direction de Lyon.

     

    Le même jour une deuxième colonne, qui elle aussi allait de Roanne à Lyon, a été arrêtée à Saint-Symphorien car leurs vélos avait crevé à cause de clous jetés sur la chaussée. Cette colonne a dut attendre sur place la réparation des pneumatiques.

     

     

    Mardi 22 Août 1944

    Ferme Mercier du Chizalet

     

    Vers 2 heures du matin des personnes étaient passées dans les fermes pour avertir qu’une colonne était bloquée à Saint-Symphorien depuis la veille en fin d’après-midi, que des otages avaient été pris, que les allemands étaient forts excités et qu’il valait mieux partir et se mettre à l’abri. Mon père nous a donc tous réveillé,  mon frère, mes deux sœurs, ma mère, la grand-mère et moi-même. Nous nous sommes rapidement habillés et nous sommes partis avec la voiture à cheval du côté de Sarron. Mon père était   jeune à l’époque, il avait 34 ans. Comme au tout début de la guerre il avait été fait prisonnier alors qu’il gardait le pont d’Aiguilly à Vougy et qu’ensuite il s’était évadé de la caserne Werlé de Roanne où il avait été détenu,  il se méfiait beaucoup des allemands. En plus il avait peur pour nous ses enfants, il nous a donc mit de suite à l’abri. Cette nuit-là on a tous dormi dans une écurie à Sarron.

     

    De bonne heure le matin mon père est revenu à la ferme traire les vaches et il a donné le lait aux cochons. Puis il est revenu vers nous. Et nous sommes alors allé jusqu’aux Trêves à Saint-Claude-Huissel. De là nous avons regardé brûlé notre ferme, je me souviens du toit qui est passé à travers en toute fin de matinée.

     

     

    1ère Ferme brûlée : chez les frères Duperray

     

     

    Dans la matinée de ce 22 Août, quand la colonne allemande a reprit sa route, ils sont passés à la Mule. Là, les deux frères Duperray, tous deux célibataires, bien qu’avertis eux aussi de la présence des allemands, n’avaient pas voulu partir sans emporter des provisions. Ils  étaient donc entrain de charger un tombereau. Les allemands les ont tués au milieu de leur cour. Ils ont aussi sacrifié un cochon, lui ont ensuite coupé la tête et l’ont déposé devant les cadavres des frères Duperray. Ils ont mis le feu à la ferme avant de partir.

     

    Le père Félix qui gardait ses moutons dans un pré en bord de route n’a pas eut le temps de se cacher, il a été blessé par balle à une jambe. Le pauvre pépé est mort quelques jours après des suites de sa blessure, il avait prit la gangrène.

     

     

    2ème Ferme brûlée : chez Mercier au Chizalet

     

    Heureusement mon père avait eut le temps de nous rejoindre après la traite quand les allemands sont arrivés chez nous. Avant de remonter à Sarron il avait lâché les vaches, mais une qui devait encore se trouver dans la cour a été tuée sur place. Les cochons ont tous été épargné, nous avons toujours pensé que repus du lait de la traite ils devaient dormir et n’avaient pas   fait de bruit, probablement alors que les allemands ne les ont pas vu ou bien  les ont gracié ?

     

    La maison fût incendiée, les écuries à chevaux, à chèvres et à moutons aussi. La petite maison de ma grand-mère n’a pas brûlé. Pourtant un feu avait été allumé dans un tiroir de sa commode, mais il s’est éteint de lui-même, sûrement  par manque d’air. Heureusement parce que c’est dans cette petite maison que nous avons tous vécu, mes parents, nous les quatre ainés plus mes deux autres frères nés après-guerre en 48 et 49, sans compter la grand-mère. Les travaux de reconstruction ont démarrés en 1948 et se sont terminés à la Noël 1949.

     

     

    3ème Ferme incendiée : chez Vignon à la Roche

     

    Là comme précédemment ils ont brûlé les bâtiments avant de continuer leur route en direction de Lyon.

     

    Si mes souvenirs sont bons c’est cette colonne qui le même jour a massacré des otages au pied de Vindry, sur la commune de Saint-Loup.

     

    Nous sommes resté aux Trêves jusqu’au vendredi, et avons regagné la maison de la grand-mère dans l’après-midi.

     

    Je me souviens aussi que mon père avait emprunté une chemise et une cravate pour aller à l’enterrement des frères Duperray.

     

     

    Voilà le triste déroulement de cette journée d’août 1944. J’avais 7 ans, je n’étais qu’un petit garçon, pourtant cette journée reste marquée dans ma mémoire.  Je pense que   mon récit ne trahit pas la réalité, enfin je vous le livre tel qu’il est dans mon souvenir.

     

           Souvenirs de Pierre Mercier (recueillis par sa fille Nicole Sahnoune)


    NOTE : merci à Pierre et à Nicole pour les précieux renseignements fournis.


  • Commentaires

    1
    zguingo
    Jeudi 17 Mars 2011 à 09:59
    très émouvant
    2
    TESTENOIRE Profil de TESTENOIRE
    Jeudi 17 Mars 2011 à 15:49
    MERCI
    Bernard
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