• NOEL : QUAND LES BOEUFS PARLENT

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    Légende gracieusement brodé par Laisnel de Lassale : la scène se passe en Berry

    « On assure qu’on moment où le prêtre élève l’hostie pendant la Messe de Minuit, toutes le aumailles (Bêtes à cornes) de la paroisse s’agenouillent et prient devant la Crèche. On assure qu’après cette oraison toute mentale, s’il existe dans une étable deux bœufs qui sont frères, il leur arrive infailliblement de prendre la parole.

    « On raconte qu’un boiron (le jeune garçon qui touche ou aiguillonne les bœufs pendant le labourage. – on dit aussi boyer pour bouvier – en italien ? boaro.) qui, dans ce moment solennel, se trouvait couché près de ses bœufs, entendit le dialogue suivant :

    « - Que ferons-nous demain ? Demanda tout à coup le plus jeune du troupeau.

    « - Nous porterons notre maître en terre répondit d’une voix lugubre un vieux bœuf à la robe noire, et  tu ne ferais pas mal, François, continua l’honnête animal en arrêtant ses grands yeux sur le boiron qui ne dormait pas, tu ferais pas mal d’aller l’en prévenir, afin qu’il s’occupe des affaires de son salut.

    « Le boiron, moins surpris d’entendre parler ses bêtes qu’effrayé du sens de leurs paroles, quitte l’étable en toute hâte et se rend auprès du chef de la ferme pour lui faire part de la prédiction.

    « Celui-ci se trouvait attablé avec trois ou quatre francs garnements de son voisinage et, sous prétexte de faire réveillon, présidait à une monstrueuse orgie, tandis que la cosse de Nau  (bûche de Noël) flamboyait dans l’âtre et que sa femme et ses enfants étaient encore à l’église.

    «  Le fermier fut frappé de l’air effaré de François à son arrivée dans la salle.

    «  - Eh bien ? Qu’y a-t-il lui demanda-t-il brusquement.

    «  - Il y a que les bœufs ont parlé, répondit le boiron consterné.

    «  - Et qu’ont-ils chanté ? Reprit le maître.

    « - Ils ont chanté qu’ils vous porteraient demain en terre ; c’est le vieux Noiraud qui l’a dit, et il m’a même envoyé vous en avertir, afin que vous ayez le temps de vous mettre en état de grâce.

    «  - Le vieux Noiraud  a menti, et je vais lui donner une correction, s’écria le fermier, le visage empourpré par le vin et la colère.

    « - Et sautant sur une fourche de fer, il s’élance hors de la maison et se dirige vers les étables. Mais il est à peine arrivé au milieu de la cour qu’on le voit chanceler étendre les bras et tomber à la renverse.

    «  Etait-ce l’effet de l’ivresse, de la colère ou de la frayeur ?

    « Nul ne le sait.

    « Toujours est-il que ses amis, accourus pour le secourir, ne relevèrent qu’un cadavre et que la prédiction du vieux Noiraud se trouva accomplie.

    «  Depuis cette Aventure, que l’on dit fort ancienne, les bœufs ont toujours continué à prendre, une fois l’an, la parole ; mais personne n’a plus cherché à surprendre le secret de leur conversation.

    « A Romorantin, nous écrit un de nos correspondants, lorsque j’étais enfant, on me recommandait de me trouver à la Crèche, le jour de Noël, à minuit sonnant ; c’était, me disait-on, l’heure où le bœuf et l’âne empruntaient la voix humaine pour saluer le Christ naissant ».

    Dans le Cotentin, où la foi est naïve, on est persuadé que toute la création adore le Jésus, à Noël. A l’heure de minuit, dit-on, tous les animaux de ferme s’agenouillent, et tel curieux qui voudrait alors pénétrer dans l’étable, uniquement pour s’assurer du fait, serait immédiatement puni de sa témérité.

    Dans la Loire aussi les bêtes parlent, à Ambierle :

     Aussitôt de retour de la messe de minuit, et avant de faire réveillon, on portait une ration au bétail, afin d’éviter qu’il puisse parler mal de ces maîtres. Car le bœuf de la porte, ou le bœuf le plus âgé a le pouvoir de parler à ce moment de l’année, et un paysan qui ne donnais rien à ses bêtes, à cette occasion, entendit nettement les bœufs prononçaient cette menace «  Nous tuerons notre maître demain ». 


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