• REVOLUTION : çà chauffe à SAINT-JUST-LA-PENDUE

     

    Illustration

    Christ aux liens dit « Christ à la colonne » ou « Ecce homo » cette statue du 18° siècle en bois peint est classée MH. Elle représente une scène de la flagellation du Christ attaché à une colonne. La chaîne, à la particularité d’être taillée d’une seule pièce.

    Sauvée des flammes à la Révolution par le sacristain de l’époque : Léonard Chaize, qui l’avait protégée dans son patrimoine familial, elle a été redonnée en fin de XX° siècle par une de ses descendantes, à l’église de Saint-Just-la-Pendue.

     

    REVOLUTION : çà chauffe à Saint-Just-la-Pendue

     

       Les prêtes cachés dans les communes éloignées commencèrent à susciter des troubles sur plusieurs points du département. Dans le district de Montbrison, le Directoire savait que les prêtres réfractaires à la loi portaient au milieu des populations les principes du fanatisme et de la superstition et qu’ils agissaient de concert avec les partisans de l’ancien régime et les rebelles qui s’étaient soustraits par la fuite à la vengeance nationale ; le 5 thermidor, il ordonna de faire, le décadi suivant, à 4 heures du matin, dans les bois, dans les châteaux, maisons et partout où il serait nécessaire, des visites et battues pour y découvrir les prêtres, religieux et religieuses, traîtres et rebelles muscadins (Archives du département de la Loire. Délibération du District de Montbrison, le 5 thermidor An II).

     

    Dans les cantons de Saint-Just-la-Pendue et de Néronde, la tranquillité n’existait plus et l’administration du district de Roanne se vit dans la nécessité de rendre des mesures énergiques pour réprimer les écarts des prêtres insermentés soutenus par les déserteurs ou des jeunes gens de la première réquisition. Les membres du Directoire étaient instruits d’une horde impure de prêtres réfractaires, fanatiques, échappés au glaive des lois, errait successivement à Violay, Just-la-Pendue, Jodard, Neulize, Pinay et Marcel-de-Félines, qu’ils y entretenaient et nourrissaient parmi les crédules habitants des campagnes les erreurs de la  superstition la plus grossière, qu’ils blasphémaient la République et les lois sages, que les lâches déserteurs des armées de la République, des jeunes gens qui ne s’étaient point rendus au poste d’honneur ou les appelait la défense de la Patrie, des hommes suspects, des fanatiques de tout genre, des muscadins, des fédéralistes étaient allés grossir cette troupe scélérate de prêtres, que tous ensemble ils célébraient dans les bois et dans les maisons isolées des orgies contre-révolutionnaires où ils appelaient leurs complices de ces différentes communes.

     

    Dans ces conditions, le district ordonna qu’une battue générale aurait lieu dans les bois, broussailles, châteaux et maisons des six communes dénommées le 6 thermidor. Les chefs de légions des gardes nationales du district tiendraient douze cents hommes prêts à cerner les villages durant la nuit ; la gendarmerie marcherait avec les six colonnes et un membre du district serait attaché à chacune d’elle. Les suspects et les prêtres seraient arrêtés, les papiers saisis et les scellés apposés sur les maisons suspectes ; les maires coupables seraient traduit dans la maison d’arrêt.

     

    Quant à la solde à payer aux gardes nationaux, elle serait comptée par les pères et mères des déserteurs, des jeunes fugitifs et par les personnes suspectes des six communes. Une proclamation précédant la mise en marche de colonnes, fut lancée le 14 thermidor et, dans la nuit du 15 au 16, les opérations commencèrent. (Archives du département de la Loire. Délibération du District de Montbrison, le 12 thermidor An II L. 173).

     

    Ramel, administrateur, et Louvrier, agent national du district, se transportèrent avec la force armée des bataillons, de Néronde, Monthalier (Saint-Just-en-Chevalet), Montmarat (Saint-Germain-Laval), Saint-Polgues, et avec la gendarmerie des dits cantons, sous les ordres de Palobeau, lieutenant, à Saint-Just-la-Pendue.

    Ils y arrivèrent à 2 heures après minuit et investirent le bourg ; ils fouillèrent les bois, firent des visites domiciliaires et arrêtèrent plusieurs individus. Dans l’église ils trouvèrent des objets du culte en cuivre et des statues de saints qu’ils enlevèrent, une autre chapelle en renfermait aussi : on porta les statues auprès de l’arbre de la liberté et on les brûla aux cris de : »Vive la République et la Convention », les autres objets furent envoyés à Roanne et le bataillon de Néronde se retira le même jour.

     

    Le lendemain, les citoyens mis en état d’arrestation furent interrogés ; les plus coupables au nombre de 12 furent conduits à Roanne. Des pères et des mères des jeunes gens de la première réquisition avait pris la fuite et fermé leur domicile ; on comptait plus de cinquante maisons dans cet état.

     

    Ramel et Louvrier mirent les propriétaires en demeure de rentrer dans les 24 heures, sinon ils seraient regardés comme suspects et le séquestre serait établi sur leurs biens ; ils décidèrent aussi que 25 hommes demeureraient à Saint-Just jusqu’au retour de l’ordre. On comptait dans cette communes 47 garçons de la première réquisition restés dans leurs foyers et fugitifs en ce moment ; trois seulement avaient été réformés ; les officiers municipaux furent requis de mettre à exécution sous leur responsabilité la loi contre les pères et les mères qui avaient des enfants fuyards. Le même jour, les bataillons de Montmarat et de Montchalier quittèrent Saint-Just-la-Pendue.

     

    Un prêtre nommé Bonhomme, insermenté et porteur du passeport d’un marchand de Saint-Galmier, fut arrêté, le lendemain, et conduit à Roanne ; c’était un ancien prêtre de la Charité de Montbrison ; on arrêta également une fille qui refusait de crier «Vive la République » et s’obstinait à répondre par le cri de « Vive la Religion Catholique ! » Trois femmes furent emmenées le même jour à Roanne.

     

    Le 21 thermidor, Ramel destitua le maire et un officier municipal qui avaient abandonné leur poste ; il nomma divers membres du Conseil général et reconstitua le Comité révolutionnaire de Saint-Just-la-Pendue.

     

                                          Joseph de Fréminville (Histoire du département de la Loire pendant la Révolution Française).

     

    Note :

    Les habitants de Saint-Just-la-Pendue sont des personnes au caractère « bien trempé » et ce n’était pas la première fois que les autorités étaient confrontées à eux.

    Pour l’exposition annuelle de 1973 des Chemins du Passé : « HISTOIRES ETRANGES D’AUTREFOIS » qui réunissait des dessins, gouaches et pastels illustrant des faits historiques ou notables ayant eu pour théâtre la région. Le Maître Maurice Montet de Thizy avait prêté une peinture ou un dessin représentant la résistance des populations au moment du paiement de la taille en 1636 « l’illustration décrit d’une manière saisissante la révolte à Saint-Just-la-Pendue, où dès que la venue des Agents de Roanne est signalée, on sonne le tocsin pour ameuter la population qui, curé en tête, les contraint à tourner bride, et à rebrousser par un autre chemins au péril de nos vies ». Malheureusement nous ne possédons aucune gravure de cette illustration. Une recherche auprès des descendants du peintre est restée jusqu’à ce jour sans réponse.


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