• ROANNE : des VARIETES au PALAIS DES FETES (seconde partie)

     

     

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    LE PALAIS DES FETES OUVRE A ROANNE

     

    Inauguration le mercredi 25 octobre 1933

     

    Le Palais des Fêtes va ouvrir. Le Palais des Fêtes est ouvert !

    Par ses deux petites phrases cent fois répétées, les Roannais ont d’abord exprimé leur vif contentement de voir renaître de ses cendres, tel un Phénix rajeuni, le théâtre des anciennes variétés ; puis ils ont affirmé leur admiration en constant que cet énorme chantier, où des cerveaux et des bras ont rivalisé, depuis des mois d’ingénieuse invention et d’intelligente habileté, avait si vite pris figure de monument achevé.

     

    Il y a  quelques jours à peine, c’était encore une bruyante usine, où, gaziers, électriciens, miroitiers et mécaniciens, menuisiers et plâtriers, ajustaient, vissaient, cognaient et badigeonnaient. Les visiteurs qui d’aventure, essayaient de découvrir M. Fossul, l’âme de cette ruche, en errant du sous-sol à la scène, de la salle au cintre, étaient obligé d’enjamber des tas de copeaux et de plâtras de gravir des escaliers, sans rampe, de côtoyer des trous vertigineux. C’était affolant !

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    Aujourd’hui, tout ici est luxe, calme et plaisir des yeux. D’épais tapis accueillent les pas. Des paysages familiers de notre Roannais, idéalisés par le pinceau d’un habile décorateur, parent les murailles et prédisposent les cœurs à accepter toutes les fééries. De la caisse, l’automatisme s’empare de l’arrivant et lui donne dans l’estomac un coup avertisseur de modernisme : les tickets désirés jaillissent tout seuls, contre monnaie s’entend, dans la main qui s’ouvre.

     

    Chose stupéfiante, nouvelle, mirobolante, il n’y aura aucun de ces spectateurs, sacrifiés et mécontents qui paient pour ne rien apercevoir du spectacle, si ce n’est au prix d’un torticolis. Tout le monde sera confortablement assis, tout le monde verra intégralement l’ensemble de la scène. Des bouches invisibles, dont ont peut orienter les lèvres vers l’orchestre ou le plafond, soufflent en hivers le chaud, et le froid en été. De magiques jeux de lumière, colorés et décroissants comme une gamme chromatique, caresseront les regards et créeront, dans ce temple de fantaisie, un univers délicieusement mensonger. Des ingénieurs fort experts ont calculé les courbes d’un plafond qui établiront, par toute la salle, une acoustique impeccable. Un large plateau monté sur ascenseur fera apparaître l’orchestre, composé de musiciens vivants ; et ceux-ci, d’une pression de l’index sur un bouton, pourront être escamotés à l’instant.

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    Que désire-vous de plus ? Auriez-vous soif ou faim ? Bar et Buffet s’offrent à point nommé. Le meuble aux cocktails comportera même, suprême élégance, car le nord et blanc est à la mode cette année, un nègre en veston de neige. Sans cette sale à boire, vous pourrez aussi déguster, avant le lever du rideau, un apéritif musical qui donnera le ton à vos rêveries et leur imprimera, selon votre humeur, allante ou mélancolique une forme résolument rythmique ou doucement mélodique.

     

    Bref,  contrairement au futur époux qui, écoutant chez son notaire la lecture du contrat, s’écriait : «  Mais il n’est question que de ma mort là-dedans ! »Celui qui franchira le seuil du somptueux Palais des Fêtes murmurera avec ravissement : « Mais ils se sont donc occupés de moi, les bâtisseurs de cette maison, de mon bien être et de l’entière satisfaction du moindre de mes désirs ».

     

    Un théâtre de cette qualité manquait à Roanne, avouons-le sans ambages. Peu de ville de l’importance de Roanne, qui est moyenne possèdent une salle aussi parfaite et pourvue d’une semblable machinerie ; il faut le proclamer, car c’est une vérité dont on a bien le droit de concevoir quelque orgueil.

     

    Voilà, objecteront les gens moroses de bien grands mots pour un simple théâtre. Je me permets de n’être pas de leur avis. Il y a temps pour tout, pour être sérieux et accomplir de son mieux les devoirs de son état, pour être frivole et oublier en souriant la besogne de tous les jours. L’antique recette des empereurs Romains, destinée à assurer le bonheur extérieur du peuple, panem et circenses, n’a rien perdu de son efficacité. Le bonheur intérieur, il appartient à chacun d’y pourvoir en son privé. Mais l’autre, celui que les jeux du cirque et de la scène offrent à la foule, je trouve excellent qu’il soit largement distribué et que les pouvoirs publics, en l’espèce notre Municipalité, ne s’en désintéressent pas. Une disette de pain et une privation de distractions prises en commun seraient des évènements préjudiciables à la santé du corps social.

     

    Il est bon et nécessaire que Roanne possède un Musée et une Bibliothèque, afin que les esprits apprennent à connaître leur passé provincial, s’émeuvent devant les beautés de l’art, s’élèvent à la suite des grands écrivains. N’hésitons pas à ajouter qu’il était bon et souhaitable que Roanne fut aussi doté d’un théâtre où l’on puisse, après les journées de labeur, se détendre et se récréer, prendre contact enfin avec notre temps, soit par la production dramatique, soit par la vision directe du cinéma.

     

    Ce Théâtre-là, moderne dans ses tendances, original dans son agencement matériel, nous le possédons maintenant. Qu’il prospère et participe de plus en plus à la vie de notre cité, c’est ce que nous souhaiteront de tout cœur les Roannais, qui saluent sa naissance et se réjouissent de l’élément nouveau qu’il leur apporte.

     

                                     Albert Déchelette, Conservateur du Musée de Roanne.

     

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    Le plus beau cinéma, parlant de Province.

    La collaboration de la Compagnie Pathé-Nathan

     

    C’est en avril 1933 que les Etablissements Pathé-Nathan répondirent au désir exprimé par M. Fossoul, et le « Palais des Fêtes » fut introduit dans le circuit de programmation par Fernand Weill, Directeur.

     

    Cette collaboration permettra de donner des programmes de premier ordre et de sélectionner les spectacles de Théâtre et de Music-Hall.

     C’est sous la direction du Service Technique Pathé Natan qu’une cabine moderne a été construite et équipée avec les appareils R.C.A. High Fidelity, les meilleurs et les plus perfectionné qui soient.

     


  • Commentaires

    1
    gil
    Samedi 18 Mai 2013 à 19:41
    que de souvenirs d'enfance et de jeunesse - y aurait des cartes postales ancienness de la façade.
      • TESTENOIRE Profil de TESTENOIRE
        Dimanche 19 Mai 2013 à 11:13
        Bonjour, Je vous remercie de votre message. Hélas je ne possède pas aucune carte postale de la façade, néanmoins pour vous êtes agréable, je pose pendant quelques jour une photographie en page d'accueil du blog Bien amicalement Bernard
    2
    Howard Davies
    Dimanche 28 Juillet 2013 à 12:22
    Monsieur, Je viens de lire cette article sur le Palais des Fetes a Roanne et veux m'emparer de deux clichés du cinema a cette époque (1939/40) - façade et salle principale - pour les incorporer dans un chapitre sur Roanne - et un concert pour les Prisonniers de Guerre donne au cinema en automne/hiver 1940. Ce livre est une publication privee des memoires du musicien-peintre anglais David Ponsonby (1901-86) qui passat les premiers ans de la IIeme Guerre a Roanne avant de se refugier au Sud, et puis se joindre a l'Armee Francaise (FFI) en 1944. Je vous remercie en avance pour toute assistance que vous pouvez me rendre et aura plaisir de vous envoyer un exemplaire du Ier volume de ses memoires (Fugitive Papers) qui est sorti l'annee derniere, si cela vous interessera. - Howard Davies (Editeur, Scenes from a Life, de David Ponsonby: a paraitre)
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    Howard Davies
    Dimanche 28 Juillet 2013 à 12:22
    Monsieur, Je viens de lire cette article sur le Palais des Fetes a Roanne et veux m'emparer de deux clichés du cinema a cette époque (1939/40) - façade et salle principale - pour les incorporer dans un chapitre sur Roanne - et un concert pour les Prisonniers de Guerre donne au cinema en automne/hiver 1940. Ce livre est une publication privee des memoires du musicien-peintre anglais David Ponsonby (1901-86) qui passat les premiers ans de la IIeme Guerre a Roanne avant de se refugier au Sud, et puis se joindre a l'Armee Francaise (FFI) en 1944. Je vous remercie en avance pour toute assistance que vous pouvez me rendre et aura plaisir de vous envoyer un exemplaire du Ier volume de ses memoires (Fugitive Papers) qui est sorti l'annee derniere, si cela vous interessera. - Howard Davies (Editeur, Scenes from a Life, de David Ponsonby: a paraitre)
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