• ROANNE SUCCESSION DE SON MAITRE DE POSTE JACQUES FLANDRE

    AA POSTE
     

    Jacques FLANDRE est né à Saint-Symphorien-de-Lay le 20 mars 1769. Il épouse le 14 novembre 1796 Marguerite PICHON de Roanne fille de Joseph (aubergiste) et Marguerite BESSIERE. Il meurt le 5 mars 1843 à Roanne ou il exerce la profession de Maître de Poste. Tout laisse à penser qu’il a accueilli dans son Hôtel de la Poste, Napoléon partant en exil à l’ile d’Elbe (Voir illustration).

    Roanne : Adjudication immobilière des biens de la succession de Jacques Flandre-Marguerite Pichon (1° lot seulement, le second comporte 80 pages, il serait trop long à énumérer ici)

    Ci-dessous transcription en clair de l’acte :

     

    Maitre DECHATELUS.

    Le 30 janvier 1855, extraits des actes et minutes du greffe du Tribunal Civil de première instance, arrondissement ce la commune de Roanne.

    Immeubles des successions des mariés Flandre au profit de madame Damour.

    Napoléon par la grâce de Dieu et la Volonté nationale, Empereur des Français, à tous présents et à venir, salut.

    En l’audience publique du Tribunal Civil de Roanne département de la Loire où était monsieur Antoine Ardaillon, juge commissaire aux fins des présentes il a été dressé par ce magistrat le procès d’adjudication par voie licitation qui termine les présentes.

    Dépôt

    Ce jourd’hui trente décembre mil huit cent cinquante-quatre au greffe du Tribunal Civil de Roanne a comparu Me Marchand, avoué, qui nous a fait le dépôt d’un cahier enregistré ce jour d’hui dressé par lui, contenant les charges, clauses et conditions de la vente par licitation devant Monsieur Duverger, juge commis à cet effet des immeubles indivis entre les héritiers défunts mariés Jacques Flandre et Marguerite Pichon de leur vivant habitant à Roanne.

    Dont acte que nous avons rédigé, clos et signé. Enregistré à Roanne le 16 janvier 1855, folio 130, case troisième, reçu quatre francs cinquante-cinq centimes au greffier.

    Cahier des charges, clauses et conditions pour parvenir à la vente par licitation de divers immeubles situés dans les communes de Roanne, Briennon, Mably et La Bénisson Dieu dont la vente est poursuivie par dame Marguerite Adèle Flandre veuve Roux, propriétaire demeurant en la ville de Roanne, laquelle a pour avoué Me Marchand, exerçant en cette qualité près le Tribunal Civil de Roanne

    Contre

    Dame Marie-Mélanie Flandre, Veuve Damour propriétaire, rentière domiciliée à Lyon, laquelle a pour avoué Me Dechatelus exerçant en cette qualité près le Tribunal Civil de Roanne

    Faits et procédure

    Monsieur Jacques Flandre et madame Marguerite Pichon quand ils vivaient propriétaires domiciliés à Roanne ont laissé pour leur succéder par égalité deux enfants qui sont madame Roux et madame Damour.

    De leur succession dépendent deux maisons situées à Roanne et d’un corps de domaine situé à Briennon. Ces immeubles sont encore indivis.

    Le dix huit octobre 1854 par exploit de l’huissier Coquard, madame Veuve Roux a assigné madame Damour sa sœur devant le Tribunal Civil de Roanne pour faire ordonner le partage et la licitation des immeubles indivis dont il a été parlé.

    Sur cette demande madame Veuve Damour a constitué pour avoué Me Dechatelus.

    Le sept novembre 1854, il est intervenu un jugement contradictoire qui a accueilli la demande de madame Veuve Roux et a ordonné que les immeubles dépendant de la succession des défunts mariés Jacques Flandre et Marguerite Pichon seraient vendus par licitation en deux lots séparés devant monsieur Duverger juge au Tribunal Civil de Roanne. C’est en vertu de ce jugement dont nous allons énoncer le dispositif que la vente est poursuivie.

    Le tribunal jugeant contradictoirement et en premier ressort prononce que partage sera fait par égalité entre madame Roux et madame Damour.

    1° des immeubles encore indivis qui dépendent des successions de monsieur Jacques Flandre et de madame Marguerite Pichon leurs père et mère, lesquels consiste en un corps de domaine situé sur les communes de Briennon, Mably et La Benisson Dieu, et en deux maisons situées à Roanne.

    2° du mobilier se trouvant dans la maison de campagne de Briennon.

    Les immeubles seront vendus par licitation devant monsieur Duverger, l’un des juges, nommé commissaire au partage, aux conditions suivantes :

    1. Ils seront vendus en deux lots
      • Le premier composé des deux maisons situées à Roanne sur la mise à prix de 40.000 francs
      • Le second composé du domaine de Briennon sur la mise à prix de 100.000 francs
    2. Ils jouiront des servitudes dont ont joui les prédécesseurs.
    3. En sus du prix de l’acquisition ils paieront tous les frais de purge des hypothèques légales, ceux de transcription et de signification etc.
    4. Les autres conditions seront écrites suivant cahier des charges tenu par Me Geoffray, notaire liquidateur.

    Premier lot

    Deux maison contigües située à Roanne rue Impériale où elle pote les numéros sept et neuf. Elles sont construites en pierres, chaux et sable, au milieu et entre ces deux maisons se trouve une cour desservant les deux bâtiments ; à la suite et au midi de la cour se trouvent des écuries prenant jour et entrées au nord sur la dite cour, au midi sur une autre petite cour dont la majeure partie fera également partie de la vente.

    La maison portant le numéro sept, anciennement Hôtel de la Poste, se compose d’un rez-de-chaussée ayant deux magasins, d’un premier, d’un second et d’un troisième étage.

    Celle portant le numéro neuf se compose d’un rez-de-chaussée ayant deux magasins, d’un premier et d’un deuxième étage avec un grenier au-dessus.

    Entre le deux maisons se trouve un portail donnant sur la rue Impériale et qui sert d’entrée aux cours et bâtiments.

    Le tout est confiné de matin confinant midi par remise et écuries à monsieur Peillon de midi déclinant par soir par la brasserie Pitre de soir  nord par écurie à monsieur Pitre, café,… basse et aisances du café, de Nord par la rue Impériale.

    La mise à prix sur ce lot est fixée à quarante mille francs…….40.000 francs.

    Fin du premier lot

    NOTA : l’adjudication du premier lot a été infructueuse et reportée à une date ultérieure et avec un résultat inconnu. Le second lot a été adjugé à Mme Damour, sœur de Mme Roux.

    Une première vente partielle des bâtiments du relais de Poste de Roanne à Messieurs Peillon et Pitre a eu lieu à l’amiable en 1841.

    A titre de comparaison et pour vous faire une idée du coût de la vie vous trouverez quelques renseignements ci-dessous (remerciements à monsieur Gérard Vachez) :

    Valeur du Franc en 1842 et 1847

    Voici un bordereau des prix pour une journée de 10 heures de travail en
    1846 et en 1861.
    Pour comparer, en 1841 le kilo de pain vaut 0,25 F et en 1861 0,35 F.
    Une enquête de l'Assemblée nationale en 1872 dit :
    - Les salaires ont augmenté depuis 15 ans de 20 à 30 %, dans une proportion
    beaucoup plus élevée que les denrées, aussi la culture est impossible pour
    qui ne la fait pas lui-même.
    1846 1861
    Manouvre ordinaire 1,50 1,60
    Manouvre choisi 1,80 1,80
    Terrassier 2 2,05
    Mineur 2,70 3,20
    Maçon de première classe 3 3
    Maçon de seconde classe 2,50 2,40
    Couvreur 2,50 2,40
    Tailleur de pierre 3,50 3,75
    Paveur 3 3,15
    Plâtrier 3 3,15
    Charpentier, menuisier, serrurier, charron, forgeron
    3 3,10
    Scieur de long 2,75 2,50
    Peintre, vitrier, ferblantier, pompier de première classe
    3 3,10
    - Id de seconde classe 2,70 2,70
    Voiture ou tombereau à un collier avec conducteur
    6,60 6
    Idem collier supplémentaire 5 4
    Mulet bâté avec conducteur 4 3,75

    Il est difficile d'estimer à la valeur à nos jour les prix pêchés dans nos
    lectures. Voici quelques prix tirés des comptes d'une maison bourgeoise vers
    1840. Certains laissent rêveurs par leur modicité. Ces prix en Franc
    germinal restent à peu près fixes de 1803 à 1914, l'utilisation du
    coefficient légal d'environ 20* est encore plus déroutant.

    La facture de l'épicier : vaut soit
    1 hectolitre vin rouge 10 F 0,10 F/l
    30 kg de porc 30 F 1,00 F/kg
    100 kg pomme. de terre 8 F 0,08 F/kg
    1 kg sucre 1,10 F
    thon mariné (1) 0,35 F
    1 litre eau-de-vie 1,00 F
    3 bichets (2) seigle (3) 12 F 0,40 F/l~
    livre beurre fondu 1 F 2,00 F/kg
    balai avec manche 0,95 F
    2 paires pantoufles 3,25 F 1,63 F
    paire sabots avec chaussons 2,75 F
    2 kg papier à vers à soie 1,60 F 0,80 F/kg
    tissu indienne 1,10 F/m
    tissu cretonne 2,25 F/m
    kilo pointes 1,00 F
    loquet de porte 1,10 F

    Quelques remarques
    - Le boulanger fait le pain compris cuisson plus les plats, pour un forfait
    (1) de 12 F par an.
    - La peinture à l'huile et blanc de céruse, deux couches sur croisées,
    portes et volets à 0,8 F/m²
    - La journée de l'aide-maçon pour faire le pisé 3,25 F.
    - Les artisans (maçon et charpentier) sont payés par acomptes de 10 à 40 F.
    - L'argent est emprunté à 5%.
    - La servante est payée 63 F par an, plus 2 chemises, avec 1 paire de
    souliers et 2 tabliers fournis(4).

    Notes
    (*) Qui connaît le coefficient 2000, celui de 1900 à 1990 était de 18.
    (1) On ne sait pas combien de personnes vivent dans la maison.
    (2) Bichet : Ancienne mesure de capacité de 20 à 30 litres (21,37 à
    St-Marcellin; 31 à Vienne; 18,33 à Grenoble). Le système métrique était
    pourtant depuis longtemps obligatoire, si on utilise les nouvelles unités
    (kilo) on utilise encore le vocabulaire des anciennes.
    Note de 1803 :
    -L'hectolitre ou setier valant 100 dm3 ou 10 décalitres.
    - Le décalitre ou boisseaux de 10 dm3 ou 10 litres ou pintes.
    - Le litre ou pinte vaux 1 dm3.
    (3) Le seigle sert-il à la soupe ?
    (4) Bien que nourrie et logée, on a du mal à croire aujourd'hui que l'on
    puisse accepter ceci, ce salaire divisé par les heures de travail et
    d'astreinte doit être bien inférieur au centime (même or!). La lecture des
    testaments montre pourtant qu'il n'est pas inhabituel que les servantes
    testent pour leurs patrons ou patronnes. Mais qu'en faisaient-t-on quand elles
    n'étaient plus utilisables ?

    Sources
    Tableau extrait Levasseur, Histoire des classes ouvrières en France de 1789
    à 1870. Annuaire 1846, Annuaire 1861.
    Note de l'épicier extrait de Chetail, Histoire en bas Dauphiné, Bellier
    1988. Note (2) F. Francillon, CGD.

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :