• SAINT NICOLAS

     

    Autrefois quand arrivait la fin du mois de novembre on entendait souvent chanter : Saint-Nicolas mon Bon Patron, apportez-moi des macarons, des mirabelles pour les demoiselles ; des coups de bâton pour les garçons, car le «  bon saint Protecteur du Pays », selon la primitive, inscription du XVI° siècle de la chapelle des Bourguignons (Notre-Dame de Bon Secours) arrivait chaque année le 5 décembre au soir, blanc, doré, lumineux mais inévitablement accompagné d’un personnage, celui-là tout noir, et armé de verges, le « Père Fouettard ».

    Cet usage n’est pas particulier à la Lorraine, on le retrouve en Flandres, en Rhénanie, en Souabe, en Suisse, etc. Cette fois comme il s’agit de pays germaniques, la Saint-Nicolas porte le nom de Santa-Klaus. Le grand saint Nicolas, patron de la Lorraine, est donc, malgré les guerres, les pestes, les hérésies et les révolutions demeuré très populaire. Mais pour la majorité de gens ce n’est plus qu’un saint… en pain d’épice !!!

    La réalité ; l’auguste réalité est toute autre ! Il s’agit d’un enfant né de nobles et riches parents à Patare en Asie mineure dans la seconde moitié du III° siècle. A la mort de ses parents il distribua aux pauvres son riche héritage et notamment il dota trois jeunes filles, c’est pourquoi il est resté le patron des filles à marier. Quelques-unes marchent pour cela sur « la bonne pierre » en sa basilique portoise…

    Revenons à saint Nicolas, d’aucuns veulent qu’il ait fait le pèlerinage de Jérusalem et qu’il devint abbé d’un monastère. Ce qui est plus sur c’est que ce fut un vaillant confesseur de la Foi qui dut supporter bien des misères dans les dernières années du paganisme. En 313, l’Empereur Constantin le Grand reconnut la religion chrétienne. Vers cette même époque saint Nicolas fut élu évêque de Myre, la métropole de la Lycie en Asie mineure. Là notre saint patron put déployer tout son zèle et montrer toute sa charité.

    Son nom signifie en grec : Victoire du Peuple. Saint Nicolas a mérité son nom splendide en protégeant son peuple contre toutes les injustices. En venant en aide à d’innombrables malheureux, c’est ainsi que favorisé du don de bilocation, surnaturellement averti et miraculeusement transporté, une nuit Saint-Nicolas se rendit de Myre à Constantinople et il apparut à Constantin lui-même ! Le monarque réveillé lui dit : Qui es-tu audacieux mortel qui ose troubler le sommeil de ton empereur ? «  Saint Nicolas lui répondit : « Je suis Nicolas de Myre, le pécheur », et il ajouta, « dans les prisons souterraines de ton palais, trois officiers innocents qui ont imploré mon assistance attendent la mort délivre-les, sans cela crains la vengeance de notre commun Maître le Christ ». Constantin instruisit de suite l’affaire et donna la liberté aux trois officiers. Cela est un fait historique (1), mais au cours des siècles la légende s’en est emparé et les officiers représentés plus petits que saint Nicolas devinrent des enfants et la prison un saloir !

    Gracieux symbole de la sollicitude pastorale de saint Nicolas envers les enfants et sa protection des voyageurs sur terre et sur mer, libérateurs des prisonniers. Nous avons à ce sujet, nous les Lorrains, deux preuves (et il y en a quantité d’autre !) de l’excellence de l’intercession du grand confesseur – pontife de Myre auprès du Tout-Puissant. C’est d’abord la délivrance de Cunon de Linange, sire de Rechicourt, transporté d’Orient à Varangéville un soir du XIII° siècle, le 5 décembre veille de la fête de saint Nicolas, portant encore ses chaînes de prisonnier des musulmans. Puis plus près de nous, en Février 1429. Après un pèlerinage à la basilique portoise, c’est la réussite du voyage de « Jeanne la bonne Lorraine » de Vaucouleurs à Chinon à travers une France occupée par les troupes anglaises (2).

    En 325 eut lieu le plus célèbre et le plus décisifs des conciles, celui de Nicée. Saint Hilaire de Poitiers pour l’Occident et saint Athanase patriarche d’Alexandrie pour l’Orient défendaient la vraie foi chrétienne, la foi en la Divinité du Verbe incarné de Jésus, fils de la Vierge Marie. Auréolé par le prestige des souffrances endurées sous les empereurs païens et par l’éclat de ses miracles, saint Nicolas fut d’un grand secours pour saint Hilaire et saint Athanase dans l’affirmation de notre « Crédo ». Jusqu’à maintenant les orthodoxes, les catholiques et les protestants ont admis la divinité du Christ ! C’est un fait très important car la croyance en cette divinité fut la base et le ressort de notre grande, belle et multiséculaire civilisation européenne. Encore aujourd’hui si différente des autres civilisations ! Saluons donc en saint Nicolas un personnage qui nous fut infiniment bénéfique et ne craignons pas de lui redire ces vers émouvants composés par le prestigieux publiciste nancéien Guerrier de Dumast :

    Saint Nicholas, ton crédit d’âge en âge

    A fait pleuvoir des bienfaits souverains

    Vient couvrir encore de ton doux patronage

    Tes vieux amis les enfants de Lorrains

    Pierre Dié MALLET Hagiographe – Iconographe Pontifical (approbation de Pie XI, 1929, Pie XII 1955)

    La Revue Lorraine Populaire N° 1 de décembre 1974

    (1)  Transmis unanimement par les premiers biographes de Saint-Nicolas.

    (2)   Le pèlerinage et la splendide basilique lorraine ont commencé par la phalange bénissante transportée de Bari à Varangéville par le chevalier Albert, déposée dans la rustique chapelle de Port par les bénédictins du prieuré Saint-Gorgon de Varangéville, celle-ci rebâtie deux fois depuis le XII° siècle, la dernière fois au XV° siècle par Simon Moycet, est devenue notre Insigne basilique patronale nationale (c’est son titre officiel) la Lorraine étant considérée comme une nation. C’est un joyau de l’art gothique flamboyant, elle est toujours debout malgré les guerres, les pestes, le pillage et les révolutions.

    (3)  N’oublions pas que la principale Foire Commerciale de la Lorraine ducale se tenait à la Saint-Nicolas d’été à l’ombre de la basilique portoise. Un grand entrepôt orné de très beaux hauts reliefs appelé le Kaffouse abritait d’une année à l’autre des objets précieux laissés par les plus importants commerçants d’Europe. Cette foire se tenait au midi de la basilique dans le haut de la ville en allant vers le Vermois.

     Hélas, en 1636 toute cette brillante prospérité fut détruite lors de la guerre de Trente ans qui dura en Lorraine jusqu’à vers 1696.

    Seul le retour du duc Léopold ramena la paix et le bien–être dans notre chère province.

     

    VOIR AUSSI LE SITE http://aboudhabi.fateback.com/imprim/nicolas.pdf


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