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    <st1:PersonName style="text-decoration: underline;" productid="LA CHAISE A" w:st="on">LA CHAISE A</st1:PersonName> PORTEUR<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>Bien que les archives de nos villages ne mentionnent jamais dans les écrits le passage de chaises à porteurs sur nos routes, il semble intéressant de les mieux connaître.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>La photographie représente : une chaise normale et une chaise avec  roues appelée plus communément : « une vinaigrette ».<o:p></o:p>

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    Ce n’est guère avant le XVI° siècle que des solutions un peu confortables furent apportées aux problèmes de déplacements.

    <o:p> </o:p>L’invention de la chaise à porteurs et celle du carrosse qui s’est alors répandu en Europe, ont apporté un progrès sensible et favorisé ce qui nous paraît aujourd’hui si naturel : la promenade et les voyages. La force des bras humains soulève la chaise, la traction hippomobile sert de moteur au carrosse, voiture d’apparat qui a évolué à travers les siècles vers des formules plus légères et maniables.

    <o:p> </o:p>Peu à peu objet de tous les  raffinements réservés aux œuvres d’art, chaise à porteur et carrosses s’accompagnaient souvent d’un déploiement de laquais, porteurs, en livrée, perruques et poudrés témoignant d’un faste parfois insolent. Signes extérieurs de richesse et du rang social de leur propriétaire, plus encore que la voiture de luxe d’aujourd’hui, ces inventions ont instauré au XVII° et au XVIII° siècle un nouvel art de vivre.

    <o:p> </o:p>La chaise à porteurs descendrait-elle de la litière si prisée par nos « rois fainéants » et dont la dernière fut utilisée par le Cardinal de Richelieu ? Dès l’antiquité cette litière « la basterna » garnie de riches étoffes et portée par quatre hommes fut très en faveur auprès des patriciens et des belles romaines, tandis qu’en Orient les personnages d’importance circulaient en « palanquin. »

    <o:p> </o:p>Dans la chaise à porteurs, il est vrai, on se déplaçait assis et non couché. Tout le monde a vu, ne serait-ce que dans les musées, la chaise à porteurs qui se présente sous la forme d’un siège fermé et couvert ayant l’aspect d’une boîte étroite et haute comme une guérite. Elle s’ouvre en façade par une porte munie d’une glace mobile dans la partie supérieure, les côtés sont équipés chacun d’une glace mobile analogue ; le fond est plein. Deux crochets de fer, fixés sur chacune des faces latérales, permettent le passage des longs bâtons des porteurs ayant la fonction de brancards.

    <o:p> </o:p>Depuis l’existence de la chaire, selon Henry Havard, il y aurait eu des chaises pour porter ceux qui se trouvaient dans l’incapacité de se servir de leurs jambes. Mais le plus ancien récit s’y rapportant ne remonte pas au-delà du XIV° siècle. Christine  de Pizan rapporte qu’en 1377 l’empereur Charles IV, atteint de la goutte, vint visiter le roi Charles V dans une « chayère couverte de drap d’or » et se rendit dans cet équipage à la basilique de Saint-Denis.

    <o:p> </o:p>Charles Quint lui aussi se faisait porter dans sa chaise, qui était encore assez proche du simple fauteuil avec seulement un rajout de deux brancards.

    <o:p> </o:p>Toujours selon Henry Havard, la transformation de ce fauteuil en la chaise à porteurs classique daterait de la reine Margot, l’épouse répudiée d’Henri IV. Tandis que pour Sauval, la souveraine fut la première à se servir d’une  chaise « découverte », c’est le marquis de Montbrun qui serait revenu d’Angleterre ace l’invention de la chaise « couverte ». Issue du « cucking-stool » britannique, elle en possède toutes les caractéristiques sauf que les bâtons sont remplacés par des cordes.

    <o:p> </o:p>Cette cage, outre Manche, tenait lieu d’instrument de correction pour punir les « femmes criardes et querelleuses » en les suspendant assises sur un siège au-dessus d’un endroit plein d’eau où on les faisait plonger pour adoucir leurs humeurs. Horrible origine pour une si précieuse création !

    <o:p> </o:p>Ou bien comme tant d’autres raffinements, cette chaise à porteurs serait venue d’Italie, où certains affirment qu’elle à vu le jour au XV° siècle, voire au XIV°  sous la forme de chaise roulante de malades. Marie de Médicis en possédait une… En avait-elle rapporté l’idée de son pays natal ? Son fils Louis XIII, se faisait promener dans sa chaise, lorsqu’il était enfant, sans sortir de ses appartements. Et si l’on s’en réfère au Journal d’Héroard, il demandait même à ses porteurs de danser pour l’empêcher de dormir. Plus tard, il eut des Suisses pour tous ses déplacements.

    <o:p> </o:p>Dès cette époque la chaise à porteurs est rentrée dans les mœurs. Dès 1639, le sieur de Souscairières obtient avec Mme de Cavoye, intéressée par l’entreprise, le privilège de louer des chaises. Une semblable opération avait été tentée plus tôt mais sans grand succès. Ceci n’empêcha nullement les particuliers de posséder une chaise en propre et parfois de fort belles.

    <o:p> </o:p>Celle du Cardinal Mazarin, d’après l’inventaire de ses biens dressés en 1653, était, pour l’extérieur, « de maroquin noir rehaussé de galons d’or et de clous dorés de différentes grosseurs » et l’intérieur « de damas de Gênes rouge cramoisi, à petits fleurons, avec des galons d’or et des franges à mollet » : de chaque côté, la paroi à jour était garnie « d’un petit vitrail de cristal serti dans du plomb doré. »

    <o:p> </o:p>La grande vogue des chaises à porteurs date du règne de Louis XIV, lorsqu’elles jouirent de la faveur des plus grands seigneurs, des dames de tout rang et furent accueillies avec enthousiasme pour la promenade, à la ville et surtout à la cour. Versailles avait son service de « chaises dorées » auquel s’ajouta, quelques années plus tard, un service de « chaises bleues » et l’on dit qu’il revient à Mme de Maintenon d’avoir organisée une équipe de garçons porte-chaises. Quant aux Précieuses tant raillées par Molière, elles appréciaient fort cette commodité. Comment, sans ce « Jardin de propreté » arriver en visite sans être tout crotté, dès lors qu’il fallait traverser les rues de la capitales, pleines de boue certains jours, encombrées de détritus et de déjections. Un seul ennui, pourtant, se trouver à la merci de l’humeur des porteurs, surtout avec des chaises de louage§ On se souvient des clameurs de Mascarille à son arrivée chez les « Précieuses » : « Holà porteur holà ! là ! là ! là ! Je pense que ces marauds là ont desseins de me briser à force de heurter contre les murailles et les pavés… »

    <o:p> </o:p>Très rapidement la chaise devint inséparable des réunions mondaines. Au moment de la sorties des grandes réceptions, il devint courant, de trouver à la porte des hôtels des « aboyeurs » appelant « la chaise de Mme la marquise de… », « de Mme la présidente… »

    <o:p> </o:p>Des originaux allèrent jusqu’à se faire monter la chaise dans leurs appartements et à s’installer dans cet abri pour se préserver du froid et de l’humidité. <st1:PersonName productid="La Maréchale" w:st="on">La Maréchale</st1:PersonName> de Luxembourg y passa tout l’hiver.

    <o:p> </o:p><st1:PersonName productid="La Duchesse" w:st="on">La Duchesse</st1:PersonName> de Nemours, était si éprise de ce moyen de transport qu’elle faisait chaque année le trajet de Paris à Neuchâtel en Suisse, dans sa chaise, suivie de quarante porteurs qui, montés sur des chariots, se relayaient pour la porter. Elle accomplissait ainsi jusqu’à douze ou treize lieues par jour (environ <st1:metricconverter productid="50 km" w:st="on">50 km</st1:metricconverter>)

    <o:p> </o:p>La chaise à porteurs devenait toujours de plus en plus douillette et coquette comme un boudoir ambulant, garnie, à l’intérieur de tentures et « carreaux » en tissus précieux que souligne de la passementerie, tandis  que l’extérieur, dès le milieu du « Grand Siècle », s’ornait de peintures-armoiries, puis scènes galantes, paysages, ainsi que de moulures et montant en bois doré.

    <o:p> </o:p>L’inventaire des biens d’Henry de Béthune, archevêque de Bordeaux en 1681, fait mention d’une chaise à porteurs en vernis de <st1:PersonName productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:PersonName> « ayant au derrière les armes dudit Seigneur Archevesque, et aux panneaux la croix et la crosse dorées passées en sautoir »

    <o:p> </o:p>Au XVIII° siècle, les plus grands artistes n’ont pas craint d’employer tout leur talent pour faire de cette chaise à porteurs une œuvre d’art. Daniel Marot, à côté de modèles de carrosses, a fourni des dessins de chaises, Martin avec l’invention de son vernis, a augmenté les possibilités de décors et les plus célèbres peintres du temps ont illustré sa caisse, recouverte de toile, de vrais tableaux. La reine Marie Leczinska possédait un bijou de chaise ornée de panneaux peints par Boucher (des Amours), par H. Vernet (des Marines) et Fragonard (des camaïeux.)

    <o:p> </o:p>Il y avait dans la capitale, au XVIII° siècle, des stations de chaises à porteurs attendant le client comme nous avons   aujourd’hui des stations de taxis. Mais vers la fin du siècle, les « embarras de Paris », dont il était déjà  question en raison du nombre de carrosses et autres véhicules attelés en circulation, rendirent l’utilisation de ce moyen de transport très difficile. « La chaise à porteurs, écrit Mercier en 1783, n’est usitée que dans les rues tranquilles de quelques faubourgs ; elle est impraticable dans le centre de la ville à cause du tumulte des voitures. » Mais elle reste fort estimée à Versailles «  parce que les rues y sont larges, commodes et nullement obstruées. »

    <o:p> </o:p>L’usage de la chaise à porteur s’éteignit avec les fastes de l’Ancien Régime.


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