• A BOEN IL Y A CENT ANS

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    A BOEN IL Y A CENT ANS

     

         Dans cette rubrique annuelle nous avons souvent parcouru notre cité au cours de divers âges de sa longue existence et plus particulièrement aux époques les plus anciennes, les temps gallo-romains et le Moyen-âge ; mais la vie de nos grands-parents n’avait-elle pas aussi son charme, n’est-il pas également précieux pur nous de connaître ce qui se passait en nos murs, non lus sous les Césars ou sous les sires de Couzan, mais par exemple sous Napoléon III ?

     

         L’année dernière – en 1959 – l’amitié latine de l’Italie et de la France bruyamment soulignée à l’occasion du centenaire de la campagne de 1959 qui avait marqué le « Risorgimento » des provinces transalpines et vu à Solferino la fondation de la Croix-Rouge Internationale par le Genevoix Jean-Henri Dunant. Pour commémorer ce centenaire la République Française envoyait son Président sur les champs de bataille de Magenta, San Martino et Solferino alors que l’Italie plus modestement, éditait une collection de « cerini » (allumettes-bougies) représentant en images d’Epinal violemment coloriées les phases principales de ces grands combats.

     

         Plus modestement encore nous nous contenterons de rappeler ce qui se passait à Boën il y a il y a cent ans en 1859.

     

         Naturellement le conseil municipal ne voulu pas rester insensible à tout ce qui se passait de l’autre côté du monté Cenisio et désira d’emblée apporter sa sympathie au fondateur de la Croix-Rouge. A l’occasion de la réunion du 29 juin 1859 le maire Turquais propose au conseil de voter la somme de cent francs en faveur des blessés de la l’armée d’Italie, « heureux, dit le maire, de donner à sa Majesté l’Empereur une preuve de son dévouement et de sa sympathie à la noble cause pour laquelle il a pris les armes ». Le Conseil vote la subvention à l’unanimité, regrettant toutefois que la modicité des ressources de la ville de Boën ne lui permette pas de porter cette somme de cent francs à un chiffre plus élevé.

     

         Mais le mois suivant les hostilités cessaient à la faveur de nos armes et aussitôt le bonapartiste conseil municipal de Boën se réunit « extraordinairement » le premier août à l’heure de l’apéritif, c’est-à-dire sur les sept heures du soir, afin d’adresser à Napoléon III ses chaleureuses félicitations après son retour en France et l’heureux traité de Villafranca.

     

         A l’invitation de son maire le Conseil s’associe – dit le secrétaire de séance _ « avec empressement à l’enthousiasme et à l’admiration inspirée au pays ». Il s’y associe également avec cette emphase qui  a toute les réminiscences de proclamations jacobines et aussi quelque souvenir des envolées romantiques des grands poètes de l’époque.

     

         « Sire ! – écrit le conseil à Napoléon-le-Petit – La ville de Boën-sur-Lignon, justement émue par vos victoires et vos triomphes, a l’honneur d’offrir à votre Majesté par l’organe (sic) de son Conseil Municipal, l’expression du bonheur qu’elle éprouve de votre retour dans la commune patrie, ainsi que la paix si heureuse que vous venez de conclure et de la gloire dont vous vous êtes couvert.

    « Toutes les familles sont fières que leurs enfants aient servi sous vos étendards et qu’ils se soient distingués sous votre valeureux commandement. Elles attendent avec empressement, de leurs bouches, le récit de vos héroïques exploits et celui de votre bienveillance pour les membres épars de cette nombreuse famille qui, sous vos yeux, Sire, et encourage par votre ardeur, recevait le baptême sacré du feu, pour l’honneur et le repos de la France, sur le sol que fécondèrent jadis de leur sang les phalanges victorieuses de nos ancêtres conduites par Napoléon Premier.

    « Partageant les mêmes sentiments de sympathie pour tout ce qui émane de votre génie. Sire, et formant les vœux les plus sincères pour votre conversation, la Cité de Boën-sur-Lignon a l’honneur de déposer aux pieds de votre Majesté, de sa Majesté l’Impératrice et du Prince Impérial, son hommage le plus respectueux.

    « Nous sommes de votre Majesté Sire, les plus humbles et très fidèles sujets ».

     

         Quinze jours plus tard, à l’occasion du 15 août qui était alors depuis Napoléon I°, le jour de la fête nationale, le Conseil assistait à un Te Deum en l’église paroissiale et faisait distribuer deux cents kilos de pain aux pauvres les plus nécessiteux de la commune…Ce qui coûta cinquante francs à la ville puisqu’en ces temps-là le pain valait douze centimes et demi la livre.

     

         Mais l’euphorie patriotique des édiles ne suffisait pas à contenter la population qui avait des soucis un peu plus terre à terre et le conseil, retombé des nuées bonapartistes, dut-il bientôt se pencher sur de beaucoup plus délicats problèmes locaux qui, déjà en 1859, trainaient en longueur depuis de nombreuses années.

     

         Les soucis de la population étaient alors l’installation d’une justice de paix puisque celle-ci logeait chez l’habitant, c'est-à-dire dans l’actuelle maison Gaumon, rue Saint-Jean, c’était aussi l’amélioration du quartier du Sordet dont on réussit à ramener la pente à 7% et enfin cette fameuse reconstruction de l’église qui comme le serpent de mer au temps des vacances, revenait périodiquement dans les ordres-du-jour du Conseil municipal. Il y avait cinq ans déjà qu’un projet avait été déposé et il faudra attendre un quart de siècle pour en voir la réalisation.

     

         Ainsi il y a cent ans la vie de la nation se mêle-t-elle un peu aux multiples petits soucis de la vie locale. Ainsi,  en est-il encore de même aujourd’hui.

     

                                    Jean-Claude Gourgouillons  (Lignon et Forez 1960)

     

     

     

     


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