• A pied : le pèlerin


     

    A pied sur la route : le Pèlerin
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    L’histoire du voyage à pied devrait  commencer au paragraphe des chaussures. Non que les populations ne marchent les pieds nus et ne parcourent pas ainsi de grandes distances. Mais sans chaussures, pas de piéton capable de faire régulièrement par tous les temps, à travers tous les terrains, des étapes journalières de 25 à <st1:metricconverter productid="30 kilomètres" w:st="on">30 kilomètres</st1:metricconverter>. Songeons aux pèlerins et aux croisés populaires, aux compagnons du  Tour de France et aux grognardS de <st1:PersonName productid="la Grande Armée" w:st="on">la Grande Armée</st1:PersonName>, pour apprécier justement l’importance….. de la cordonnerie française !

    Le paysan, aux origines même de notre histoire, fait et s’entoure souvent les jambes de houseaux, guêtres de cuir avec sous-pied pour se protéger dans une marche à travers les champs et les fourrés. Le citadin préfère le soulier, la botte étant plutôt réservée au cavalier, noble ou soldat. La forme de la chaussure reste immuable (il suffit de se souvenir que la mode de la poulaine, avec sa pointe démesurée, a régnée chez nous pendant quatre siècles.)

    Le luxe apparaît très tôt, mais il affecte peu « l’article de voyage ».

    Pendant tout le Moyen-Age, le piéton le plus populaire est sans conteste le pèlerin. On le reconnaît aisément à sa robe mantelet et capuchon, ornée de médailles de plomb, à son attirail bénit, fait d’une « escarcelle » ou bourse, d’une « écharpe » ou sac à  provision pendu de côté et du « bourdon », long bâton terminé au sommet par une pièce de métal portant une inscription pieuse.

    Il cache soigneusement sa « licence » (nous dirions aujourd’hui sauf-conduit ou passeport) et ses lettres de recommandation. Il jouit d’une considération toute spéciale qu’il aille à Rome, en Espagne (à Saint-Jacques-de-Compostelle), à Jérusalem ou que la piété et la pénitence le poussent plus modestement vers quelques sanctuaires français (Chartes ou Tours par exemple). Il se sait sous la protection de la juridiction de l’Eglise (« Excommunication et damnation à qui oserait le toucher d’une main, sacrilège »), mais la route est longue difficile et dangereuse.

    Il peut compter sur des subventions au  départ, des aumônes en cours de route, des exemptions de taxes pour lui et ses bagages, l’hospitalité dans l’hôtellerie des couvents ou, s’il est noble, le gîte dans le château de ses égaux.

    Mais rien ne vaut pour le confort, les bonnes pièces d’or et d’argent qu’il fera tinter à l’étape. Il peut demander sa route au passage, mais il préfère, par crainte d’aventure, se fier plutôt à son manuel du pèlerin. Ce livre comporte, après des hymnes et les miracles les plus célèbres du saint qu’on honore, la description des routes et des étapes avec les distances, un vocabulaire usuel des langues et patois des pays traversés, la liste des points où l’on trouve de l’eau, des reliques et des curiosités au passage.

    Le plus souvent il préfère se joindre à une bande, pour plus de précaution et de facilité et si la piété y perd parfois au profit d’une certaine « liesse » collective, bien vite on se ressaisit et le cantique ou la prière reprennent en cœur, pour la plus grande édification des passants.

    Et de retour, quel ne sont point les récits lourds de souvenir et parfois également imaginaires, qui feront du pèlerin un personnage prestigieux et entouré. C’est au point que bien des chroniqueurs de l’époque, sans doute d’assez méchante espèce, écrivaient que pour rompre la monotonie du temps, le meilleur remède à l’ennui était encore un pèlerinage.


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