• C.DUPONT Grenadier de Napoléon


     

    Christophe DUPONT<o:p></o:p>

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     « L’eau est très froide mais je me dois de le sauver… » N’écoutant alors que son courage et se moquant de la mitraille environnante, le valeureux capitaine plonge dans les eaux froides de l’Adige, nage à brasses rapides vers le malheureux pontonnier en train de se noyer. Pendant son effort, il a quand même le temps de se dire « après cela, finies les batailles, je demande à prendre ma retraite à Saint Symphorien de Lay ». Sa constitution solide et sa robustesse naturelle lui permettront de ramener le pontonnier sain et sauf sur la berge. Pour localiser le lieu de l’action, il faut signaler que l’Adige est un fleuve qui descend des Alpes italiennes et  coule dans la  région de Vérone.

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          Quel est donc ce vaillant capitaine de notre canton?  

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         Dès 18 ans, Christophe Dupont prend du service dans l’île de Malte. Il a donc fait le choix des armes puisqu’un premier document le fait apparaître dans cette île à compter du 8 octobre 1785 et ceci jusqu’au 12 août 1790.

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         Rappelons qu’en 1530, Charles Quint, empereur germanique et roi d’Espagne, qui avait hérité des possessions de Naples et de la Sicile, offrit l’île de Malte à l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, un ordre consacré à la défense du Royaume latin de Jérusalem, en compensation de Rhodes d’où ils ont été chassés par les Ottomans. Le grand maître de l’ordre devient alors le souverain de Malte. L’ordre changea alors de nom et prit celui d’Ordre de Malte. Qu’un jeune qui se destine à la carrière des armes ou à de l’aide humanitaire ait pu rentrer alors dans l’Ordre de Malte, avant la Révolution, n’a donc rien d’extraordinaire. A 18 ans, avec la vie devant soi, avec la soif de découvrir des terres lointaines, de voir du pays, de se séparer des parents, d’aller vivre sa vie, tout est permis.

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         Il y reste jusqu’au 12 août 1790. Quelle est la raison de son départ de Malte ? Nous l’ignorons mais pouvons imaginer le désir de changer de pays, de voir autre chose, d’éviter la routine, de progresser dans sa carrière, quelques écueils avec l’Ordre. Tout est envisageable. A-t-il entendu parler que la Révolution déchirait la France ? Pas impossible ; et dans ce cas, on peut envisager qu’il ait eu envie de revenir au pays pour prendre des nouvelles, après cinq années d’absence. Il a alors 23 ans.

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        Est-il alors repassé par Saint Symphorien de Lay ? Nous l’ignorons par les textes mais très probable car  ce qui est sûr, c’est que la carrière des armes l’attire toujours mais  que ce n’est qu’à 26 ans qu’il reprend les armes. En effet, lors de la formation du 2ème bataillon de grenadiers du Rhône et Loire, c’est le nom du département avant qu’il ne soit scindé en deux, à l’occasion de la 2ème levée et le 7 septembre 1792, il y reprend du service et en qualité de sous lieutenant. Devant la guerre, le pays a besoins de soldats et son expérience à Malte explique qu’il ait été pris d’emblée avec ce grade.

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         Le 19 octobre 1793, c'est-à-dire un an après avoir repris du service, il est nommé lieutenant. Ainsi il sert dans les armées de Mayence, de Rhin et Moselle, du Rhin, du Nord, du Rhin Danube. Avec le Directoire puis Bonaparte, puis l’Empire, la carrière des armes est prometteuse car les campagnes se multiplient et avec elles les opportunités de prendre du galon. Le 8 février 1805, il est nommé capitaine à l’ancienneté à son régiment, le 53ème de ligne, soit après 11 années de grade de lieutenant. Nous serions tentés de dire que la carrière s’est bien déroulée.

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         Il nous faut aborder maintenant une campagne précise de Napoléon pour retrouver Christophe Dupont. Nous sommes en  octobre 1805, pas tout à fait un an après le sacre de Napoléon du 2 décembre 1804. L’Empire débute son apogée avec les succès militaires sur les puissances européennes environnantes.

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         En guerre sur plusieurs fronts contre l’Angleterre et l’Autriche, Napoléon débute la première partie de sa campagne de 1805 avec la marche sur Ulm des armées françaises parties du camp de Boulogne, de Hollande et du Hanovre. Le 29 août 1805, Napoléon donne à ses forces le nom de Grande Armée. C’est donc en Allemagne que l’Empereur a décidé de vaincre l’Autriche. En Italie du Nord, il confie la protection de l’Italie à Masséna dans la plaine du Pô pour contenir l’adversaire et à Gouvion-Saint-Cyr à Naples. 32 000 Anglo-Russes en Sicile et 142 000 Autrichiens leur font face. C’est sur l’Adige, dans la région de Verone-Legnano que Français et Autrichiens s’observent.  

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         Fort de sa supériorité numérique, l’archiduc autrichien Charles se replie vers l’Autriche pour essayer de rejoindre le principal champ de bataille et renforcer l’armée autrichienne. Il  souhaiterait attaquer, mais il a l’ordre d’attendre le résultat des opérations en Allemagne. C’est Masséna qui, à la nouvelle des premiers succès français sur le Danube, prend l’offensive. Il passe par surprise l’Adige à Vérone le 18 octobre. Le 20 octobre, les Autrichiens capitulent à Ulm en Allemagne. La nouvelle de la capitulation d’Ulm, reçue le 28 octobre, va permettre à Masséna de passer à l’offensive, car toute la ligne française avance. Masséna décide alors d’affronter l’ennemi à Caldiero le 30 octobre 1805. Malgré l’infériorité numérique, Masséna et ses 37 000 hommes tiennent bon.

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         Qu’est devenu Christophe Dupont ? Il est bien dans cette bataille. En effet, le 30 octobre 1805, le capitaine Dupont se jette à l’eau au passage de l’Adige pour sauver un pontonnier tombé à l’eau. Il y réussit. Les circonstances précises ne nous sont pas précisément connues même si les textes de la bataille rapportent que « la brigade Verdier a été détachée pour tourner les positions autrichiennes en traversant l’Adige à Persacco ». C’est cet exploit qui devait provoquer sa mise à la retraite. En effet, le certificat de l’officier de santé expose qu’il est atteint de douleurs rhumatismales « croniques et périodiques (sic) ».  Loin de nous l’idée de penser que c’est lors du séjour involontaire dans l’eau de l’Adige qu’il a contacté ces rhumatismes. Ils ne sont pas venus ainsi mais bien plutôt des longs séjours à tous les temps lors de l’ensemble de ses campagnes antérieures. Masséna remporte la victoire à Caldiero, ce qui permet à  Christophe Dupont de terminer sur un exploit opportun et flatteur. Se trouvait-il exactement à Persacco ou est-ce à un autre pont posé par les pontonniers sur l’Adige ? Quand 80 000 hommes s’affrontent, le champ de combat est immense et une localisation précise, si elle n’est pas stipulée dans les textes, reste imparfaite.

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         Il  fait alors connaître son intention de prendre sa retraite à Saint Symphorien de Lay.

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         Les péripéties, inconnues à ce jour, sont néanmoins très longues pour revenir à notre chef lieu de canton. Rentré au foyer, il ne reste pas inactif car toujours soldat dans l’âme. Alors en 1809, il obtient le commandement du dépôt des prisonniers de guerre espagnols à Montbrison.

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         Ne souhaitant toujours pas s’arrêter, et à la suite d’un voyage à Paris pour obtenir un nouvel emploi dans l’armée, il est fait Chevalier de la Légion d’honneur par un décret de Napoléon du 12 mai 1815. Nous sommes peu de temps avant Waterloo et la chute de Napoléon. A la chute de ce dernier, il en veut encore plus et demande cette fois ci à être nommé Chevalier de l’Ordre Royal de la Légion d’honneur. Le maire de Saint Symphorien de Lay et le Sous Préfet l’appuient dans sa demande. On ne connaît malheureusement pas la suite de sa requête.

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         La question reste quand même entière. Pourquoi s’intéresser à Christophe Dupont à Saint Symphorien de Lay ? Il a demandé à y revenir après sa mise à la retraite. Il a obtenu la légion d’honneur. C’est un titre enviable pour beaucoup et peut-être le premier à l’obtenir dans le canton. Mais, et c’est le suspense final, sa naissance elle-même est extraordinaire ; nous dirions aujourd’hui, hors du commun.

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         Christophe Dupont est né à Saint Symphorien de Lay le 17 janvier 1767. Il est le fils de Pierre,  dit Beauregard et de Françoise Marie Dupont de Marseille. Ses parents sont commis voyageurs. A vrai dire, c’est bien au hasard d’un voyage de ses parents qu’il a dû de naître et d’être baptisé sur cette paroisse, comme le montre la rédaction de l’acte. Il n’a d’ailleurs pas été baptisé par le curé, mais par un capucin « de maison à Roanne », Claude Lunot, dit père Angélique. Les parents sont-ils alors restés au canton? C’est possible ou ils ont alors gardé contact avec des gens du pays, y revenant régulièrement et ramenant leur fils,  pour que, adulte, Christophe Dupont ait demandé à revenir dans notre chef lieu. Même actuellement, l’enfance et le lieu de l’enfance marquent l’être humain et la fin de la vie nous ramène parfois voire souvent au lieu de notre petite enfance.

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          Hasard de la vie, quand tu nous tiens !!!    

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                                                                                                                      Bertrand Lacroix

                                                                                                (Vice-Président des Chemins du passé)

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                                                                                                                         01/10/2006.<o:p></o:p>


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