• Coulisses du théâtre de Roanne



     

    THEATRE DE ROANNE<o:p></o:p>

    Ils s’en passent dans les coulisses<o:p></o:p>

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    Indépendamment qu’ils accomplissent le geste qui sauve, ou qu’ils noient les incendies, les pompiers sont aussi utilisés en matière préventive.<o:p></o:p>

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    En  ce domaine, on les trouve de garde dans tous les édifices publics, là où il y a un risque d’incendie. Théâtres salles de spectacle en tous genres les accueillent lors des séances publiques. Et, si la légende courtelinesque veut que les soirs de dramatiques, le pompier de service pleure dans son casque – ce qui n’a jamais été prouvé – par contre leur casque leur a joué bien souvent de drôles de tours qui laissa pantois public et acteurs.<o:p></o:p>

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    Au Théâtre municipal local notamment, où, il existe une passerelle, située à une dizaine de mètres de haut, dans les cintres. Passerelle qui surplombe toute la scène. C’est souvent du haut de celle-ci que le pompier suit le spectacle qui se déroule ainsi à ses pieds. Une note de service devait cependant interdire cette pratique à la suite de plusieurs incidents.<o:p></o:p>

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    En deux ou trois occasions en effet, le pompier penché sur le garde-fou de la passerelle, tenant son casque à la main, trop pris sans doute par le spectacle et voulant applaudir ou au contraire victime d’une somnolence passagère avait laissé échapper de ses mains son casque tombant sur scène dans un bruit caractéristique au milieu des acteurs médusés.<o:p></o:p>

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    Une chute qui ne pouvait passer inaperçue et laissait quelquefois aphones les acteurs qui en oubliaient leur réplique.<o:p></o:p>

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    Une autre fois alors qu’ils casse croûtaient, les deux pompiers et les employés municipaux chargés des décors installés dans une petite guérite, placé à hauteur de la passerelle avaient heurté un seau en métal qui descendit ainsi tout les nombreux escaliers dans un bruit infernal couvrant les voix des acteurs sur scène et provoquant une panique bien compréhensible avec des trous de mémoire chez certains interprètes.<o:p></o:p>

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    On se souvient encore, avant guerre, de Faust. Ce soir-là, avant le spectacle et l’arrivée des acteurs, un pompier, en chahutant avec un collègue, avait cassé la frêle épée d’un artiste, cinquante centimètre au-dessous de la poignée. Il remit malgré tout, tant bien que mal l’épée dans son fourreau. Or, comme par hasard, il s’agissait de l’épée de Faust. Aussi, au moment tragique et attendu bouche bée par les spectateurs où, Faust devait trucider son adversaire (qui le méritait bien) il dégaina rageur et, resta sans voix, l’air idiot avec son bout de sabre, tandis que sa future victime et le public éclataient de rire. Faust ce soir là, fut bien long à retrouver sa superbe. Il n’avait pu enchaîner, trouver une chute, une sortie digne de ces capacités professionnelles pourtant reconnues tant il avait été stupéfait de voir son arme réduite à la poignée et à un petit bout de lame.<o:p></o:p>

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    Il ne sut jamais qu’il devait cette mésaventure qui vous marque un artiste pour le restant de sa carrière à un pompier roannais qui avait voulu chahuter et n’avait pas pensé que l’acteur aurait à se servir de son arme.<o:p></o:p>

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    Mais allez donc expliquer à un spécialiste de la lance que ne ferraille pas qui veut.<o:p></o:p>

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    Le bon vieux Théâtre municipal pourrait évidemment justifier bien d’autres de ces anecdotes croustillantes, tel ce placier qui après l’entracte avait l’habitude de venir sur l’arrière-scène rejoindre ses amis machinistes et accessoiristes, jusqu’au jour où, attiré par une superbe statue antique et dénudée, il ne vit pas que le décor derrière lequel il était abrité se levait et qu’il se trouvait, tournant le dos au public en costume de ville, mélangé d’un seul coup à des soldats romains.<o:p></o:p>

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    L’auteur n’avait sûrement pas prévu pareil dénouement. Notre placier tenta bien de se retirer sur la pointe des pieds, mais comme bien l’on pense, il n’était pas passé inaperçu.<o:p></o:p>

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    « Quelle honte que ces théâtres de province » assurait le régisseur parisien de service.<o:p></o:p>

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    Un autre jour, la troupe de Jean Dasté faisait « un tabac » et les acteurs transcendés par un public enthousiaste jubilaient. Pourtant, lors d’une scène pathétique ils déclarèrent avoir été gênés par le bruit sourd d’un moteur et ils craignaient qu’on ne l’entende depuis les premiers rangs des spectateurs.<o:p></o:p>

    Alertés, le régisseur du théâtre et le pompier de service assurèrent qu’aucun moteur n’était en marche dans l’enceinte du théâtre. Néanmoins leur ouïe exercée au moindre bruit suspect devait les conduire tels des détectives, sur la piste de l’énigme, c’est-à-dire ce qui était effectivement un bruit de moteur. Et que découvrirent-ils allongé sur des décors, dormant du sommeil du juste, en émettant un ronflement dont la sonorité pouvait effectivement prêter à confusion ? Le deuxième pompier de service apparemment peu conquis par le spectacle pourtant fort brillant qui se déroulait. <o:p></o:p>

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    L’opérette reste aussi un bon souvenir pour certains. Avec un titre pareil : « Le Pays du Sourire », on peut raisonnablement penser que la joie de vivre se répercute non seulement sur tous les acteurs mais aussi sur toute les personnes présentes. Il n’en fut pourtant rien cette année là, au Palais des Fêtes qui accueillait la tournée Mazauric. L’orage était dans l’air et le régisseur un peu nerveux faisait évoluer sa troupe au doigt et à l’œil, mais il eut le tort de vouloir aussi commander le pompier Bidule qui n’avait pas à suppléer le machiniste défaillant. Le régisseur eut le tort de traiter «Bidule » de « faignant » devant quelques belles artistes. Ce dernier le prit très mal, transformant en coulisse Le Pays du Sourire en vent de folie. Ce fut bientôt la bagarre générale, acteurs et actrices venant protéger leur régisseur qui succombait littéralement sous les coups de casque du pompier, lequel arborait une lèvre tuméfiée et un œil  au beurre noir du plus bel effet. Bref, il fallut prolonger l’entracte et faire appel à Police Secours. Le fourgon des gardiens de la paix arriva et c’est dans l’impasse des Bains que se clôtura cette nouvelle partition de l’œuvre de Franz Lehar. Afin de permettre aux uns et aux autres de reprendre leurs fonctions, le commissaire de police eut la bonne idée de convoquer tout ce petit monde le lendemain matin sur le coup de dix heures. A cette heure-là, il y avait longtemps que notre troupe lyrique avait quitté Roanne et son champ de bataille en jurant bien de ne plus jamais remettre les pieds dans le petite sous-préfecture à l’aspect si paisible pourtant.<o:p></o:p>

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    C’est encore au Palais des Fêtes qu’un régisseur se retrouva, quant à lui enfermé dans une panière immense chargée d’abriter les tuniques de danse et les ballerines des danseuses du spectacle. Comment avait-il fini si lamentablement enfoui sous ces chiffons ? Le pompier apporta la réponse aux danseurs alertés par ses cris sourds. Sommé par le soldat du feu d’éteindre sa cigarette avant de pénétrer en scène, il avait écrasé son mégot sur le bouton en métal de l’uniforme de notre pompier. Celui-ci vexé, ce qui est bien normal, avait bousculé l’importun qui avait atterri dans la panière à vêtements, le pompier n’ayant eu qu’à fermer celle-ci.

                                                     Gérard Decombe (Les Joyeux compères du Roannais)
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