• DEBUT DU TRAMWAY A ROANNE

     

    DEBUT DU TRAMWAY A ROANNE

     

    Jusqu’aux environs de 1845, où la population de la ville groupée sur une assez faible surface, n’avait pu franchir le cap des 12 000 habitants, il n’avait pas été question de service urbain pour voyageurs ;

     

    Les municipalités de l’époque, paraissant même peu pressé de s’en soucier, c’est un sieur Debiesse qui, en juin 1848, prit l’initiative de mettre à la disposition des piétons fatigués un omnibus entre la place de la Voirie (actuelle place Louis Flandre) et le Renaison, les faubourg qui formeront plus tard au-delà de ces limites étant alors pratiquement sans importance.

     

    C’était une voiture hippomobile à étage, si lourde et bruyante avec ses épaisses roues bardées de fer, qu’elle n’obtint qu’un demi-succès.

     

    Dix ans plus tard exactement, en juin 1858, les sieurs Colombat et Yvonnet, de la Société Favre et Cie, tentèrent, eux l’expérience d’un omnibus sur rail pour relier la toute nouvelle voie ferrée de Paris à Lyon au centre de la ville ; on l’appela « l’omnibus de la gare ».

     

    Ces deux premiers essais n’ayant pas donné totale satisfaction, Pierre Farcat déposa en mairie, le 10 décembre 1886, une demande d’autorisation de prévoir des services réguliers de « Car Rippert » adoptés déjà dans d’autres villes importantes de la région. Cette autorisation fut accordée le 17 janvier 1887 et le 1° avril suivant ou inaugura solennellement deux lignes allant du Pont du Coteau au faubourg Mulsant (qui venait d’être annexé par Roanne) et de Saint-Clair au faubourg de Paris. Le trajet sur l’une ou l’autre ligne coûtait 15 centimes et les départs avaient lieu toutes les trente minutes de 6 heures à 21 heures en été et de 7 heures à 20 heures en hiver.

     

    Pour avoir une idée sur ce qu’étaient ces Cars Rippert, je ne saurais mieux faire que de citer un court passage des souvenirs du vieux docteur Revol, de Lyon qui écrivait, il y a de nombreuses années :

     

     « Deux chevaux pour tirer l’engin. Leur trot cadencé sur les pavés donnait un bruit, sinon musical, du moins régulier et rythmique. Les roues, basses, mais trapues, dont les bandages venaient directement des meilleures plantations de caoutchouc de Saint-Etienne, Rive-de-Gier ou de Saint-Chamond, faisaient sur les pavés une musique assourdissante, résonnant dans la caisse d’harmonie du véhicule et procuraient par surcroît aux voyageurs une délicieuse trépidation. Il y avait un tintamarre inouï de vitraille et de ferraille, les constructeurs ayant pris la précaution de laisser le jeu nécessaire aux vitres dans les châssis et aux châssis dans la carrosserie pour tirer le maximum de puissance de ce nouvel instrument de musique. En vain, à l’intérieur, durant le trajet, vous pouviez essayer de dire un mot à votre voisin… »

     

    La population roannaise n’apprécia guère le concert discordant que le docteur Revol a présenté avec tant d’humour.

     

    Aussi, fin1887, P. Farcat se réjouit-il de pouvoir céder son entreprise à la veuve Raffin. Presque aussitôt cette dernière attaqua la ville en justice pour non respect des clauses conclues avec son prédécesseur, et elle eut gain de cause en 1893, juste à temps pour vendre à son tour, en plus value, l’entreprise des Cars Rippert à un nommé Paillason.

     

    Le nouveau venu se heurta aux mêmes difficultés que la veuve Raffin, et de plus se trouva, dès l’année suivante, en face de redoutables concurrents : les frères Denis, qui s’installèrent sur les mêmes lignes, avec un nombre égales de voitures, si peu conciliants qu’au lieu de collaborer, ils lui livrèrent une guerre sans merci.

     

    Face à ce désordre scandaleux qui allait contre l’intérêt de la population, la municipalité se décida d’agir, pour son propre compte, en se passant des services des uns et des autres.

     

    Après de laborieuses démarches administratives, elle créa, le 25 novembre 1897, une « Société des tramways électriques de Roanne » qui se mit aussitôt au travail pour acquérir le matériel roulant et poser des voies sur les itinéraires suivis par les Cars Rippert, qui furent officiellement interdits le 18 décembre 1900.

     

    La société commença avec 11 voitures motrices de 36 places chacune (16 places assises à l’intérieur et 10 places debout sur chacune des plateformes des extrémités). En outre, elle avait une demi-douzaine de « buffalos » (remorques non fermées qu’on pouvait accrocher aux motrices aux heures de pointes.

     

    Le service débuta le 1° janvier 1901 (c'est-à-dire deux semaines seulement après l’interdiction des cars Rippert) et il fut assuré toutes les 10 minutes de 5 heures 30 à 22 heures du 1° mars au 1° octobre, et de 5 heures 30 à 21 heures 30 en hiver, moyennant 0 Fr 50 le trajet pour les ouvriers.

     

    Il y avait deux lignes qui allaient du Cimetière à Saint-Clair et des Canaux au Coteau. Les voies étaient simples et ne se déboulaient qu’à intervalles espacés, où les convois arrivant à sens inverse devaient s’attendre pour pourvoir se croiser. Dans l’étroit carrefour Helvétique, avant la démolition de la Poste et de l’hôtel Forest, où se coupaient à angle droit les deux lignes, la visibilité était si mauvaise qu’un employé devait se tenir en permanence, et par tous les temps, au centre, muni d’un drapeau le jour, d’une lanterne rouge la nuit, pour régulariser les passages des trams sans risque de tamponnement. Par ses fonctions très en vue, cet employé, populairement appelé le Père Flandre, était le personnage le plus célèbre de la ville.

     

    Nous l’avons vu, une troisième ligne fut créée en 1916 de l’Arsenal à la gare par le boulevard du Marais. Elle fut reliée ensuite vers les Promenades Populle à la ligne du Coteau par le Carrefour, cette dernière ayant été déclassées au-delà de la voie du chemin de fer, en direction de Mulsant, par suite de la suppression du passage à niveau et de la construction d’un pont entre la Place des Promenades et le Phénix.

     

    Les tramways électriques de Roanne, qui n’avaient jamais été renouvelés, et vraiment trop vétustes après la deuxième guerre mondiale, durent céder leur place à des cars.

     

    Leur dernier voyage eut lieu le 5 juillet 1948. Ils ne furent pas regrettés.

     

                                                                               Jean Canard (Roanne pas à pas)


  • Commentaires

    1
    TESTENOIRE Profil de TESTENOIRE
    Mercredi 19 Janvier 2011 à 09:58
    Salut Roland
    Pas de problème, il existe trois ouvrages sur le tram à Roanne. Le premier est en possession de Jean-Claude, le second est celui de l'APR et le troisième doit encore se trouver dans le commerce, il est consultable à la Médiathèque de Roanne à la section Patrimoine.
    Bien amicalement
    Bernard
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