• DROLE DE CANDIDAT AUX ELECTIONS DE ROANNE



     

    DROLE DE CANDIDAT  AUX ELECTIONS DE ROANNE<o:p></o:p>

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    Pour ce second tour des élections municipales, me remonte en mémoire le souvenir d’un drôle de candidat.

    J’ai repris quelques renseignements sur lui dans l’ouvrage de Gérard Decombe « Les Joyeux compères du Roannais ».

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    Les élections, qu’elles soient cantonales ou législatives, du fait de notre démocratisation poussée, ont toujours permis à quelques candidats farfelus d’affronter les urnes, déridant ainsi bien souvent, une situation tendue. Chaque sous-préfecture a connu tôt ou tard cette arrivée surprenante d’un candidat pour le moins inattendu.

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    Il n’y a pas si longtemps que cela, Roanne découvrait ainsi Jean-François Deveaux qui se présentait sans complexe aucun sous l’étiquette : « Candidat Républicain d’Union Nationale et d’Union Internationale sur certaines questions ».

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    Comme on le voit un programme particulièrement éclectique digne du personnage attiré par un destin politique indéniable.

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    L’homme était connu de tous les Roannais. Assez négligé de sa personne, il était vêtu de fringues dont la fraîcheur laissait beaucoup à désirer, lui donnant l’air d’un vagabond qu’il n’était pas, ayant pignon sur rue dans la plus belle artère costelloise. Il se déplaçait toujours à bicyclette, un engin qui à tout coup remontait au début du siècle. Sur son porte-bagages se trouvait une foule d’objets hétéroclites et un superbe parapluie était fixé au cadre par des ficelles. Il portait en bandoulière une musette de type 1914 et un chapeau qui, au temps de sa prime jeunesse qui ne datait pas d’hier, avait fait de nombreuses moissons dans les plaines de Vougy, d’où il était originaire. La musette abritait quelques reliefs de casse-croûte et aussi ses états d’âme. C’est la en effet qu’il rangeait entre un bout de lard rance et un cabrion durci par le temps, son programme socio-économique, prouvant qu’à défaut d’avoir fait Polytechnique, l’homme avait beaucoup d’idées sinon d’esprit.

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    Bavard impénitent, il conversait avec tous les badauds qui pouvaient disposer d’un bon quart d’heure, pour écouter ses péroraisons, sur l’avenir du futur, autrement dit pour expliquer le changement de société qu’il préconisait bien avant Mai 1968.

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    Depuis des années qu’il sévissait dans le centre ville, il faisait partie du paysage et personne ne portait un intérêt suivi à ses prises de parole jusqu’au jour où, certains petits plaisantins l’encouragèrent sans douta à se présenter aux élections.

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    Ils se cotisèrent pour l’aider à financer sa campagne électorale du moins en ce qui concerne l’impression de son programme qui méritait une lecture attentive.

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    C’est ainsi que Jean-François Deveaux se présenta aux cantonales de 1958 puis de 1964 face à des candidats cotés. Il faillit même avec les quelques centaines de voix glanées, faire trébucher le favori. Mais cela est une autre histoire.

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    Il est vrai que sa campagne électorale faite dans la rue, un peu selon la méthode britannique, avait obtenu un beau succès de curiosité. Sans vouloir infliger au lecteur la totalité du programme imprimé, pourtant truffé de perles, nous ne pouvons passer sous silence, parmi ce méli-mélo, « ses engagements » s’il était élu. A savoir notamment :

    -         Qu’une chèvre soit attribuée à chaque fille-mère afin de nourrir décemment son enfant (il est vrai qu’il y a beaucoup de trottoirs pleins d’herbe en ville).

    -         Qu’il ferait construire un téléphérique pour relier le village haut  perché de Perreux.

    -         Qu’il ferait interdire les courses de bicyclettes (il avait failli se faire renverser une fois par un peloton de coureurs).

    -         Qu’il ferait interdire la boxe (ce n’était ni un violent, ni un exalté)

    -         Interdiction aussi de la Loterie Nationale

    -         Semaine de 40 heures, réparties sur 4 jours de 10 heures pendant 8 mois et 9 heures pour les 4 mois d’hiver, ce qui prouve si besoin était, qu’il avait prévu sans doute bien avant les autres l’organisations des loisirs.

    -         Suppression de la polygamie.

    -         Non reconnaissance des rois « imposés par une secte, comme en Angleterre, la Suède et d’autres pays

    -         Même salaire pour les prêtres et les instituteurs

    -         Suppression des cartomanciennes et autres diseuses de bonnes aventures.

    -         Grands travaux pour percer un canal des deux mers reliant la Méditerranée à l’Atlantique (ignorant sans doute le détroit de Gibraltar.)

    -         Création d’une ligne de chemin de fer traversant l’Espagne pour rejoindre l’Afrique.

    -         Creusement d’une tranchée pour amenée l’eau de mer au Sahara, etc.

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    L’homme ne manquait donc pas d’idées et celles-ci, comme bien l’on pense, étaient  abondamment commentées dans les bars où l’on cause.

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    Visionnaire ou original ? On ne le saura jamais puisque finalement Jean-François Deveaux n’a pas été élu et qu’il quitta ce monde avec beaucoup plus de discrétion.

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