• GREVE DES FACTEURS PARIS 1899

    greve facteurs

    ILLUSTRATION : le courrier distribue par l'Armée

     

     

    Paris, mai 1899 :

     

    LA GREVE DES FACTEURS

     

    Le mouvement qui vient de se manifester à Paris et dont les conséquences, à l’heure où nous écrivons, ne peuvent encore être prévues, a frappé d’étonnement le gouvernement bourgeois.

     

    S’il était une catégorie de travailleurs paisibles dans leur pénible fonction, c’est bien le corps des facteurs des postes.

     

    Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, on les voit toujours par les chemins et par les rues, remplissant leur difficile et délicate fonction. Pour le prix de ce rude labeur ils n’ont qu’une mensualité dérisoire. A diverses reprises ils ont fait les démarches auprès des pouvoirs publics pour obtenir une amélioration à leur sort. On leur à toujours beaucoup promis ; mais on n’a rien tenu. Chaque année le budget se votait, les ministres passaient, et les pauvres facteurs ne voyaient rien venir.

     

    L’attitude de M. Mougeot au Sénat a fait déborder la colère depuis longtemps concentrée des facteurs. Leur patience s’est enfin lassée et ils ont résolu d’employer la grève pour que leurs revendications légitimes soient enfin entendues par le Pouvoir.

     

    On ne dira pas que ce sont les socialistes qui ont prêché cette grève : il faudrait une stupéfiante audace pour oser l’affirmer. Cette grève ne résulte que de l’égoïsme de l’Etat bourgeois ! De l’Etat patron, de l’Etat payant des cinquante et cent mille francs les hauts fonctionnaire et refusant même le nécessaire aux petits employés.

     

    On entretien des sous-préfets et d’autres fonctionnaires inutiles avec des centaines de millions et on ne trouverait pas paraît-il le moyen de boucler le budget en votant les deux millions nécessaires à donner satisfaction aux justes réclamations des facteurs des postes !

    Voilà des hommes que l’injustice bourgeoise envoie dans nos rangs. Nos adversaires font pour notre cause plus que tous nos propagandistes. Merci pour les nouvelles recrues qu’ils nous font.

     

    Chaque jour, avec le développement considérable que prennent les relations nationales et internationales, le service des postes acquiert plus d’importance.

    Cet accroissement indique une augmentation d’intensité des affaires commerciales industrielles et financières.

    Vous croyez peut être que nos bourgeois vont penser à améliorer le sort de ceux qui sont les dévoués instruments de la prospérité nationale ! Il aurait fallu mal les connaître pour penser qu’ils auraient agi ainsi.

     

    Rothschild, Jaluzot ou Schneider doubleront leurs affaires, augmenteront leurs correspondances, le ministre du commerce les décorera, mais ne donnera que des promesses aux facteurs dont la besogne a doublé ou triplé. Tout pour les gros, rien pour les petits, telle est la devise de ces messieurs.

     

    Bravo ! Facteurs, nous faisons des vœux pour votre succès et s’il est nécessaire, les gros sous des travailleurs de l’usine et des champs viendront vous aider dans le combat que vous avez livré.

     

                                 Journal « Avant-garde de Roanne » du dimanche 21 mai 1899.

     


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