• L’HORLOGE

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    L’HORLOGE

     

    C’est elle qui, de sa voix familière, a sonné le premier coup de la nouvelle année.

     

    Avec un peu d’imagination, on la prendrait pour une personne vivante et sensible. En effet, comme l’a si bien écrit notre délicat poète forézien, M. Louis Mercier :

     

    Elle a l’air vaguement humaine

    Avec sa face d’émail blanc

    Et sa robe couleur de chêne

    Où bat son cœur rythmique et lent.

     

    L’horloge valétudinaire

    Craint les caprices des saisons ;

    Elle vibre aux coups de tonnerre,

    Le vent lui donne le frisson.

     

    Elle a peur du cahot des roues,

    Des portes qu’on ferme trop fort ;

    Les jours de pluie, elle s’enroue,

    Et le gel des grands froids l’endort.

     

    Elle aussi, d’ailleurs, quand elle a marché longtemps et travaillé beaucoup, connaît les infirmités de la vieillesse. Elle tâtonne d’abord, puis s’arrête, n’en pouvant plus. Oh ! Alors, ne la maudissons pas ; ayons pitié de son âge et soyons-lui reconnaissants des immenses services qu’elle a rendus.

     

    Quel est le rôle de l’horloge ? Compter, sans répit et sans erreur, les heures du jour et de la vie.

     

    Toujours allante et toujours calme, elle annonce les naissances et les mariages, les agonies et les décès, tous les événements de l’existence. Elle excite l’homme au travail et l’invite au repos ; elle ponctue indifféremment toutes nos tristesses et toutes nos joies.

     

    Bien que l’horloge accomplisse sa besogne avec une régularité et une perfection exemplaires, le jugement des hommes ne lui est pas toujours favorable. Le malade la regarde et se plaint de la lenteur de sa marche ; l’homme heureux la regarde aussi et l’accuse d’emporter trop vite son bonheur.

     

    Elle n’y peut rien, la pauvre horloge, car son pas et celui du temps que rien n’accélère et ne retarde.

     

    L’horloge nous rappelle le passé, mais elle nous cache l’avenir. Nous ne connaîtrons jamais, par elle, cette dernière heure que marquera, son doigt inexorable, son doigt rigide : « Ultima latet ».

     

    Que du moins elle nous enseigne à bien profiter de toutes les heures de notre vie.


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