• Le château des COTES de Roanne



    LE CHATEAU DES COTES<o:p></o:p>

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    Le bitume du boulevard Bernard Palissy recouvre aujourd’hui où jusqu’en 1906 broutaient les vaches et picoraient dindons et poules d’un bâtiment agricole.<o:p></o:p>

    Cette « ferme des Côtes » faisait partie d’un vaste domaine : outre la ferme, le clos des Côtes comprenait une spacieuse villa italienne, dite « Château des Côtes », et sous l’appellation d’orangerie, une construction servant à la fois de logement au jardinier, et de jardin d’hiver.<o:p></o:p>

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    Lorsque, en 1853, le manufacturier Desbenoit, propriétaire à Roanne d’une tannerie spécialisée dans le cuir pour chaussures et sellerie, fit l’acquisition de cette propriété, elle s’étendait de la route de Charlieu jusqu’au bord du canal.<o:p></o:p>

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    Cela ne représentait pourtant qu’une petite partie de l’ancienne Terre des Côtes qui couvrait au siècle précédent <st1:metricconverter productid="22 hectares" w:st="on">22 hectares</st1:metricconverter> d’un seul tenant. Car, au XVI° siècle, le fief des Côtes se partageait avec le fief de Fontenille, la longue berge sablonneuse qui, en aval de Roanne, limitait le cours de <st1:PersonName productid="la Loire" w:st="on">la Loire</st1:PersonName> du côté du couchant. Un des premiers propriétaires en fut Noble Guillaume de <st1:PersonName productid="la Salle" w:st="on">la Salle</st1:PersonName> qui ajouta à son nom, en 1613, celui de seigneur d’Amaranthe,  de <st1:PersonName productid="la Livatte" w:st="on">la Livatte</st1:PersonName> et des Côtes. En 1622, sa veuve, Philiberte de Crezolles, revendit le tènement des Côtes à Louis Valance, juge et châtelain du duché de Roannais.<o:p></o:p>

    Cette vente passée par-devant Marcellin, notaire royal à Roanne, fut payée pour partie en pistoles d’Espagne, et complétée par « une esguière d’argent valant <st1:metricconverter productid="75 livres" w:st="on">75 livres</st1:metricconverter>, pour espingles ».<o:p></o:p>

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    Les héritiers de Louis Valance possédèrent les Côtes pendant un siècle. Ils n’y firent sans doute que peu d’aménagements, peut-être vivaient-ils sur une autre propriété ? Car un rappel de fief de 1682 mentionne au lieu des Côtes « une maison servant de ferme avec près, terres, jardin, pasquiers et colombiers », et cette maison ne se compose que « d’une  grande pièce basse et de deux petites hautes ».<o:p></o:p>

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    En 1721, les Hue succèdent aux Valance.  Charles Hue, receveur au grenier à sel de Roanne, s’attribua immédiatement le titre de seigneur des Côtes, mais continua à résider à Roanne, rue des Ursulines, en face de l’église Saint-Etienne. L’aîné de ses dix-sept enfants, prénommé Claude hérita la charge de receveur des gabelles, et le titre de seigneur des Côtes. C’est lui qui en 1754 fut pris quelques instants en otage par le fameux Mandrin et ses troupes, et contraint de leur ouvrir sa caisse. Après sa mort, le fief des Côtes passa à son neveu C.M. Hue, qui ayant également hérité de Charles-César de <st1:PersonName productid="la Blanche" w:st="on">la Blanche</st1:PersonName>, en prit le nom et les armes.<o:p></o:p>

    Il semble que ce Claude-Marie Hue de <st1:PersonName productid="la Blanche" w:st="on">la Blanche</st1:PersonName> ait apporté un peu de confort à son habitation des Côtes où sa famille vécut, alors qu’en 1793, arrêté comme suspect, il était emprisonné à Feurs. Libéré après le 9 Thermidor, il fut nommé par ces concitoyens membre du directoire de district.<o:p></o:p>

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    Sa fille, madame Hue de Grobois, se fixa aux Côtes dont elle aménagea sans doute la résidence, puisque l’abbé Prajoux parle d’une « modeste gentilhommière ». C’est là qu’en 1802, le mystérieux bandit Rio de Panama exerça sur elle un chantage par des demandes de rançons adressées à « Madame Grosbois,   bourgeoise, demeurant à <st1:PersonName productid="la C￴te" w:st="on">la Côte</st1:PersonName>, entre l’hôpital et le moulin ». Sous Louis XVIII, madame Hue de Grosbois habitait encorde aux Côtes. L’une de ses contemporaines écrivait que « Elle était très aimable, et on se réunissaient chez elle pour faire la partie ».<o:p></o:p>

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    A sa mort, sous la monarchie de Juillet, la terre des Côtes fut vendue au docteur Gubian, maire de Roanne celui-là même qui en 1838 fit installer dans la ville les cinquante premières lanternes à gaz. Il se fit construire ce que les Roannais appelèrent un peu pompeusement le château des Côtes. C’était une somptueuse villa de style italien.<o:p></o:p>

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    Il sacrifia une part importante de son exploitation agricole pour planter autour de sa villa un vaste parc riche d’essences variées, et conçu avec beaucoup de goût, mais dont  il n’eut pas le loisir de profiter longtemps.<o:p></o:p>

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    Après la mort du docteur Gubian, les Côtes passèrent à sa fille madame Martin mariée à Tarare avec un important industriel.<o:p></o:p>

    Comme l’ascension du col du Pin Bouchain rendait laborieux à l’époque, les trajets Roanne Tarare, les Martin délaissèrent les Côtes et finirent par les vendre à monsieur de Larnage, juge au tribunal de Roanne, qui y demeura jusqu’à sa retraite en 1883.<o:p></o:p>

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    C’est alors que l’industriel Desbenoit acheta le clos des Côtes. Le parc, arrivé à sa plénitude, cachait le château au regard des curieux, et en faisait un décor idyllique. Un sentier ombragé descendait en pente douce jusqu’aux rives du canal dont les eaux étaient alors limpides. Cet environnement paradisiaque se prolongea vingt ans…<o:p></o:p>

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    Mais en 1903, cédant aux pressions de la municipalité et de son maire Joanny Augé, la famille Desbenoit céda à la ville une partie de sa propriété pour permettre l’aménagement de plusieurs avenues.<o:p></o:p>

    Le 5 février 1906, le conseil municipal approuva  cette réalisation : « deux boulevards de quinze mètres de largeur ont été ouverts à travers le parc des Côtes, l’un conduisant du boulevard de <st1:PersonName productid="la Livatte" w:st="on">la Livatte</st1:PersonName> jusqu'au quai du canal, l’autre aboutissant au quai du bassin. De plus on a ouvert une rue de douze mètres partant de la rue de l’Hôpital pour aboutir au boulevard de la liberté ».<o:p></o:p>

    A la même période, monsieur Desbenoit fut pratiquement contraint d’abandonner une bande de terrain de quatre mètres de largeur sur la rive du canal pour permettre l’aménagement d’un quai.<o:p></o:p>

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    Pour le tracé de ces différentes artères, il fallut mutiler le parc. On abattit les arbres septuagénaires du docteur Gubian et quelques cèdres du Liban bicentenaires. Les Côtes y perdirent beaucoup de leur charme. Avec l’enclavement elles perdirent aussi leur tranquillité, la circulation croissante et le développement de la motorisation déversèrent sur le château décibels et pollution. Finis pour les enfants de la famille et leurs petits camarades les jeux sur la murette de l’orangerie, finies les promenades prolongées jusqu’aux eaux transparentes du canal.<o:p></o:p>

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    Bibliophile insigne, monsieur Léon Desbenoit, le dernier propriétaire des Côtes, dans sa majestueuse bibliothèque, dut protéger ses incunables de la poussière du boulevard, et sa femme Frédérique Gauthier, pianiste internationale, ne pouvait plus préparer ses récitals sans fermer les fenêtres du salon de musique.<o:p></o:p>

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    Vers 1960, les religieuses de la congrégation des sœurs Saint Charles, propriétaires et enseignantes du collège de jeunes filles de <st1:PersonName productid="la Charit←" w:st="on">la Charité</st1:PersonName>, s’inquiétant pour leur avenir : le plan prévu pour la futur avenue de Lyon allait traversait leurs cours et frôler leurs murs. Elles projetèrent de construire un nouvel établissement scolaire. A cet effet, monsieur Desbenoit leur céda sa propriété. Mais le projet des religieuses, trop ambitieux, échoua. Elles revendirent le clos des Côtes à la ville de Roanne, qui y construisit peu avant 1960 un ensemble immobilier comprenant une centrale thermique, une blanchisserie, des services techniques, logements d’internes, garages.<o:p></o:p>

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    Un passage supérieur, surplombant le boulevard Palissy relie aujourd’hui l’ancien clos des Côtes à la construction principale du Centre hospitalier.  Bien peu des usagers de cette passerelle, bien peu des automobilistes qui circulent sur le boulevard Palissy évoquent encore l’ancien décor, le château des Côtes, son parc, sa ferme et son orangerie sous les frondaisons.<o:p></o:p>

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      Jacques Chaize (Revue N°4 MUSEES ET PATRIMOINE  de Roanne et sa région)<o:p></o:p>


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