• Le début des facteurs à bicyclette (seconde partie et fin))

     

    Le début des facteurs à bicyclette (seconde et dernière partie)

     

    A BICYCLETTE

     

    « P’tits télés » et « petits bleus »

     

    En juillet 1895, remise pour le service d’une bicyclette à chacun des deux facteurs de Gravenchon (Seine inférieure). Cette magnificence, peu en rapport avec les habitudes administratives, trouve son explication dans la venue dans la commune nommée, chez sa belle-famille, du président de la République Félix Faure.

     

    Cette innovation est bénéfique au facteur par l’économie de fatigue qu’elle lui procure (c’est d’ailleurs pourquoi il se sert du vélo sans exigences excessives), avantageuse pour l’usager qui reçoit un courrier plus précoce que par le passé. La tournée peut être réduite de moitié, de 8 heures à 4 heures.

     

    Les Postes, quant à elles, voient dans cette machine plus un moyen de réduire les dépenses des tournées de distribution locale et rurale, qu’une possibilité d’améliorer le sort de leurs plus modestes serviteurs.

    Avec le vélo, les tournées passent d’un maximum de 21 à  32 km à pied à 40. On évite ainsi la création de nouveaux bureaux distributeurs.

     

    A la ville, l’administration est plus attentive pour ses facteurs bicycles. Image de marque oblige. Ainsi,  à Paris, en mai 1895, la levée des boîtes aux lettres a lieu à bicyclette de service. Il est aussi crée un service de transport par vélocipédistes sur les gares des correspondances déposé dans les  bureaux en dernière limite d’heure, c'est-à-dire après les ultimes levées habituelles.

     

    Juin de cette année accueille le vélo à la distribution télégraphique. La décision réjouit les porteurs de « petits bleus » physionomie très parisienne, bicycliste émérites depuis longtemps. Mais le nombre d’élus sera restreint. Les « p’tits télé » doivent avoir entre 15 et 19 ans. Ils sont soumis à une sélection scrupuleuse. Les créations d’emplois s’échelonnent sur trois ans. En plus de leur salaire ils perçoivent deux indemnités mensuelle : une de 10 F pour frais d’achat et d’entretien de « l’appareil », une se 5 F à titre de rémunération d’un service spécial.

     

    L’exception

     

    En cette fin de XIX° siècle, 3 511 facteurs ruraux usent plus ou moins régulièrement du vélocipède. Or sur 25 000 tournées, 20 000 pourraient être assurées avec, compte tenu que les chemins ne sont pas en bon état et des zones de montagnes.

    Alexandre Millerand, le ministre du moment, entend favoriser la bicyclette en accordant aux postiers les mêmes indemnités qu’aux facteurs télégraphiques, voire  à les élever à 20 F par mois. Cependant étant donné « ses faibles ressources » l’administration d’une façon générale, ne donne 180 F par an que pour les tournées locales et rurales de facteurs dépassant 32 km, et pour les facteurs-receveurs de plus de 24. Il existe d’autres conditions pour obtenir les primes de 180, 120 et 60 F dont la complexité ne peut que décourager tout demandeur.

     

    Aussi, en 1912, la bicyclette demeure-t-elle l’exception aux Postes. L’administration estime que cette situation lui porte préjudice car, à partir du moment où les facteurs se servent du vélo de leur propre initiative, leur tournée reste limitée au nombre de kilomètres qu’elle comporte à pied, et elle n’y trouve aucun avantage ! (Comme aujourd’hui encore, à cette époque la Poste veut « le beurre et l’argent  du beurre » sans rien débourser ».)

     

    La « petite reine » est cependant devenue un véritable instrument de travail. Afin d’améliorer la distribution rurale, l’administration projette d’attribuer l’indemnité à tous les facteurs qui en feraient usage, selon une répartition équitable…

     

    Depuis 1980, les Postes procurent la bicyclette aux facteurs (encore s’agit-il d’un vélo tout ordinaire, sans aucuns renforts et pas équipé, il faut ajouter des sacoches à l’arrière, un porte-bagage à l’avant pour la sacoche principale, porte bagage souvent pas compatible avec l’éclairage d’origine qu’il faut souvent transformer. Ce vélo de piètre qualité, qui va rouler par tous les temps dans les mauvais chemins, sauter des bordures des trottoirs être écraser par la charge du courrier et des lourds catalogues des Ventes Par Correspondance, doit durer 15 ans une véritable gageure).

    Il faudra attendre 1999 pour voir arriver des bicyclettes adaptées à la distribution du courrier, livrées par la société Cycleurope à Romilly-sur-Seine dans l’Aube, filiale d’un groupe suédois.

    Innovation en novembre 2010 les premières bicyclettes avec assistance électrique arrivent dans certain bureaux de Poste.

     

                                                                  Jean DURAN


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