• LES ANCETRES DE MARGUERITE GONON

     

    LES ANCETRES DE MARGUERITE GONON

     

    Marguerite Gonon était fière de ses racines foréziennes et était attachée à son Forez au point de n’accepter un poste de chercheur au C.N.R.S. qu’à la condition qu’elle pût rester à Poncins, le pays de ses ancêtres maternels, le pays de son enfance, le pays où elle avait appris le patois avec les « drôles » qui allaient à l’école avec elle. « Le plus beau des villages du monde » disait-elle.

     

    Marguerite Gonon avait accepté de rédiger dans la collection « Patrimoine rhônalpin » une brochure, bien illustrée, qui s’intitulait « Le Forez de Marguerite Gonon » : son Forez, celui qu’elle aimait, ses monuments et ses hommes : une vision sentimentale et savante à la fois. Elle savait en parler dans le style plein de verve qui nous permet aujourd’hui de retrouver le son de sa voix.

     

    Partir à la recherche des ancêtres de Marguerite Gonon n’est donc pas un exercice convenu qui se fait par simple goût de la recherche généalogique. Tous ses ancêtres sont foréziens. Les résultats de cette recherche nous montrent la profondeur d’un enracinement auquel l’œuvre de l’historienne doit sa force est sa saveur.

     

    Les Gonon

     

    Les ancêtre paternels de Marguerite Gonon viennent des monts du Matin et de la région qui, de ce côté, borde la plaine du Forez. Ils sont originaires de Saint-Denis-sur-Coise près de Chazelles-sur-Lyon, où Jean Pierre Gonon, est granger (métayer) sous le premier Empire. Son fils, Jean Gonon, habite à Saint-Médard où il est, à la fois cultivateur et tisserand : paysan pauvre, obligé d’exercer un second métier et qui sans doute, tient un ou deux métiers à tisser.

     

    Puis viennent deux générations de chapeliers : Jean Gonon (né en 1820) et Mathieu Gonon (né en 1850), bisaïeul et aïeul de Marguerite Gonon, qui furent tous deux ouvriers chapeliers. C’est l’époque où la chapellerie est, à Chazelles une activité importante et prospère : le chapeau est à la mode et le porter fait partie du savoir-vivre !

     

    La classe ouvrière chazelloise est fière de son savoir-faire et souvent gagnée aux utopies sociales. Lorsque j’évoquais le destin de Martin Bernard et d’Eugène Baune, deux quarante-huitards montbrisonnais qui furent députés sous la seconde République, Marguerite Gonon me disait souvent que son grand-père paternel était, lui aussi, par ses opinions, un héritier de 1848, avec tout ce que cela comporte : croyance en la « République universelle », à la fraternité, au progrès, aux vertus de l’instruction…

     

    Les Gonon étaient alliés à des familles de Saint-Galmier (les Duboeuf), de Bellegarde (les Charvolin et les Tissot), de Saint-Médard (les Chomat, Berne et Bruyas). Ils furent d’abord cultivateurs ou journaliers puis vinrent travailler « à la ville » comme chapeliers (Jean et Mathieu Gonon, père et fils) ou ouvrière en soie (Marguerite Duboeuf, épouse de Mathieu Gonon).

     

    Les Péronnet

     

    Marguerite Gonon s’est sans doute, davantage identifiée à sa lignée maternelle qui était de Poncins, près de Feurs : nous sommes là dans la plaine du Forez. Son arrière-grand-père Louis Péronnet et son grand-père, lui aussi nommé Louis Péronnet étaient menuisiers à Poncins.

    Le grand-père Louis Péronnet (1851-1913) épousa Christine Mignard (1856-1932).

    Celle-ci semble avoir joué un rôle important auprès de sa petite fillequi avait dix-huit ans au moment de sa mort : on sait que les relations entre grands-parents et petits-enfants sont souvent privilégiées, en particulier à la campagne où les membres de plusieurs générations vivent ensemble. En tout cas, lorsque Marguerite Gonon entra dans la Résistance, elle prit comme pseudonyme le nom de Christine, celui de sa Grand-mère, et cela avait sans doute un sens fort. C’est à « Christine » que « La guerre de Cent Ans » d’Edouard Perroy est dédiée.

     

    Christine Mignard était née à Croizet-sur-Gand en 1856, elle épousa Louis Péronnet : elle vivait alors à Saint-Cyr-de-Valorges, chez son père.Sa mère était morte depuis deux ans. Christine Mignard s’installa à Poncins avec son mari.

     

    Les parents :

     

    Joanny Benoît Gonon (1883-1953) et Marguerite Claudia Péronnet (1885-1968) les parents de Marguerite Gonon se sont mariés en 1907 à Poncins. Joanny Gonon, fils de Mathieu Gonon et Marguerite Duboeuf avait 24 ans et était instituteur à la Ricamarie, Marguerite Péronnet, fille de Louis Péronnet et de Christine Mignard avait 21 ans ; son acte de mariage lui donne la profession de couturière. L’un de leurs témoins est Etienne Péronnet, frère de la mariée, né à Poncins mais « industriel à Chazelles-sur-Lyon » : ce qui fait le lien entre Poncins et Chazelles d’où les jeunes mariés étaient originaires.

     

    Marguerite Gonon, née en 1914, était la deuxième enfant de la famille. On lui donna le prénom de sa grand-mère paternelle qui était aussi celui de sa mère.

     

    Avoir un père instituteur puis directeur d’école et combattant de la guerre de 1914-1918, avec lequel on apprend, à la fois l’amour de l’étude et de la patrie ; avoir une mère qui vous apprend l’amour de la langue de son terroir, tout cela est essentiel pour comprendre la formation de la personnalité de Marguerite Gonon.

     

    Les grands-parents et sans doute aussi les parents de Marguerite Gonon reposent dans le cimetière de Poncins, dans le caveau qui est situé contre le mur latéral, à gauche en entrant, non loin de celui du peintre Charles Beauverie que signale une palette sculptée. Il y a là inscrits dans la pierre les noms de Louis Péronnet et de Christine Mignard et aussi celui de Reine Péronnet, une tante maternelle. On n’a pas inscrit les noms de Joanny Gonon et de Marguerite Péronnet. Celui de Marguerite Gonon ne sera pas inscrit puisqu’elle a donné son corps à la Science. Mais, pour nous, c’est à Poncin, à Feurs et à Montbrison que son souvenir reste. Et selon la formule célèbre, le véritable « tombeau des morts » n’est-il pas ‘le cœur des vivants » ?

     

                                                  Claude Latta

     

     

    Claude Latta, professeur d’histoire (h), docteur en histoire, chercheur associé à l’Université de Saint-Etienne. Collabore à la Revue d’histoire du XIXe siècle et au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français et a participé à plusieurs colloques sur l’histoire du mouvement républicain entre 1830 et 1871. Auteur de deux biographies de « quarante-huitards », Martin Bernard (1808-1883) et Eugène Baune (1799-1880). Président de l’Association des Amis de Benoît Malon, qui publie un bulletin semestriel, il a dirigé deux ouvrages collectifs (actes de colloques) consacrés à Benoît Malon puis à la Commune de 1871. Claude Latta est l’auteur d’une Histoire de Montbrison (1995) et un Guide de la Corrèze (1988, 1990 et 1996).

     

    Nota : Marguerite Gonon avaient de très bons rapports avec Antonin Bécaud et Gabriel Fouillant et donc avec « Les chemins du Passé » souvent sollicitée, elle est venue plusieurs fois à Saint-Symphorien-de-Lay donner des conférences ou voir nos expositions.

     


  • Commentaires

    1
    Oubi
    Mercredi 4 Août 2010 à 19:45
    Marguerite Gonon... une amie de mon père et ma voisine à Poncins.
    Une femme extraordinaire, de grande culture et d'une simplicité exemplaire.
    2
    TESTENOIRE Profil de TESTENOIRE
    Lundi 9 Août 2010 à 09:39
    Bonjour Dominique
    Marguerite était une référence pour les anciens de notre association. Elle est venue plusieur fois à Saint-Symphorien-de-Lay donner des "causeries".
    Ses connaissances sur le Moyen-âge, les Chartes et surtout son extraordinaire courage comme résistante en font une femme vraiment hors du commun.
    Bien amicalement
    Bernard
    3
    mamilole
    Lundi 30 Août 2010 à 11:48
    Je me souviens de madame Gonon, j'en ai entendu parler dans mon enfance, plus tard j'ai lu un livre d'elle (il me semble que c'était sur l'origine des noms de famille, mais si déjà si lointain que je sais plus vraiment!!), livre que j'ai dut perdre dans un déménagement. Par bizarerie de la vie ma maman est originaire de Saint-Cyr-De-Valorges, je suis née à Saint-Just-La-Pendue canton de Saint-Symphorien-De-Lay, et j'ai passé mon enfance à Mornand-en-Forez et Montbrison.... Donc pas mal de points communs avec madame Gonon.......
    Quel beau département que celui de la Loire.....
    4
    TESTENOIRE Profil de TESTENOIRE
    Jeudi 2 Septembre 2010 à 11:14
    Bonjour Madame
    Je vous remercie de votre sympathique message et de vous intéresser à notre blog.
    Le départ de votre itinéraire correspond tout a fait au "territoire" des Chemins du Passé.
    Saint-Cyr-de-Valorge ( est son bombardier écrasé), Saint-Just-la-Pendue et tous les trésors que renferme cette petite bourgade, que de belles histoires et un riche passé.
    Mais Montbrison est une bien jolie ville aussi qui à l'avantage de mélanger l'histoire et la gastronomie ( la fourme quel délice, celle de Sauvain extraordinaire) et le vin des Côtes du Forez pas mal lui aussi,souvent nous faisons un petite descente à la cave coopérative de Boën.
    Mais je m'égare un peu.
    Je n'ai pas connu Marguerite Gonon sinon que par ses écrits et ses exploits dans la Résistance, une sacrée courageuse bonne femme.
    Bien amicalement
    Bernard
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