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Les grands couturiers de l'automobile
Illustration :Éléphant dressé jouant, qui sera légèrement modifié et fondu en argent 24 ans plus tard pour servir de mascotte de radiateur à la célèbre Bugatti Type 41, la Royale, conçue par Ettore en 1928.<o:p></o:p>
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En marge du Mondial de lautomobile 2008 à Paris<o:p></o:p>
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LES GRANDS COUTURIERS DE LAUTOMOBILE<o:p></o:p>
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Nikolaï Taraboukine écrit, dans son essai « Du chevalet à la machine », paru en1922, « les fondements de la maîtrise productiviste se trouvent au plus profond de la vie, et non du Parnasse. Le vieux Pégase est mort, lautomobile Ford la remplacé. Ce ne sont pas les Rembrandt qui créent le style de notre époque, mais les ingénieurs ».<o:p></o:p>
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Leurs plus exaltantes conquêtes, la locomotive, le train-express, lavion, le paquebot, expressions dune esthétique nouvelle, sont à lusage collectif, seule lautomobile est individualisée. Et de plus lartiste peut agir sur elle ; avec 1920 commence lâge dor de la carrosserie française, les « grands couturiers de lautomobile » auront une importance et une audience égales à celles des couturiers de la femme. « Ma Bugatti est plus belle que toutes les uvres dart » dit Derain, et Boccioni : « Une soupape qui souvre et se ferme crée un rythme aussi beau, mais infiniment plus nouveau, que celui dune paupière ».
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Lautomobile réalise en 1920, dont elle est le jouet le plus excitant, le mariage tant à la fois cherché de lart et de lindustrie, du beau et de lutile ; elle trouve enfin, après beaucoup dhésitations, sa morphologie propre annoncée par le « skiff » Panhard et Levassor du grand carrossier Labourdette, dessiné et exécuté en 1912, et plusieurs fois imité par la suite. Les réalisations de ses successeurs daprès guerre ne seront pas toutes aussi radicales, et certaines automobiles de luxes, lancées sur le marché vers 1920, restent encore proches, avec leurs formes massives, leurs ailes efflanquées et leurs grosses roues à rayons de bois, des voitures hippomobiles.
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Mais lévolution sera rapide grâce surtout à linfluence de la peinture, le fauvisme avec ses couleurs vives, le cubisme avec ses volumes géométriques et ses rythmes dépouillés, le futurisme avec ses lignes dynamiques symbolisant la vitesse.
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Le goût « Art Déco » se manifestera surtout dans la recherche du luxe et du raffinement ; ultime signature esthétique le bouchon de radiateur « termine » la voiture, les « Deux ailes » de Voisin, la « Cigogne » dHispano-Suiza, « La Victoire » de Delage sont des objets dart. Lalique fabrique des bouchons en pâte de verre, Rembrandt Bugatti sculpteur animalier, frère dEttore le constructeur italien imagine pour les fameuses « Royales » un « Éléphant dressé », aux États-unis on arbore des Rodin en réduction, « LHomme au nez cassé » ou « Le Penseur ».
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Les grands carrossiers de 1925, Labourdette, Figoni-Falaschi, Belvalette, Sinder, Chapron, Franay, Letourneur et Marchand, Charles Weymann, Van Vooren, Gangloff, Marc Birkigt, comptent parmi les créateurs les plus inventifs et les plus raffinés de lépoque ; chacun à son style et ses caractéristiques propres, certains travaillent pour une marque ou se spécialisent dans un type de carrosserie déterminé. Les Panhard, les Delahaye, les Talbot, les Hispano-Suiza. « LHomme à lHispano » de Pierre Frondaie est lun des best-sellers de lépoque, on en tire un film qui connaît un triomphe, les Delage, les Renault, les Bugatti, attirent la clientèle riche et snob.
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Gabriel Voisin, dabord constructeur davions, ami de Le Corbusier et admirateur du Bauhaus exécute le premier des carrosseries légères en aluminium aux formes anguleuses inspirées du cubisme. A partir de 1928-30, les lignes sétirent et saffinent, la carrosserie perd de la hauteur et les roues deviennent pleines tandis que les ailes à « bavolets » épousent leurs formes en se rabattant. Laérodynamisme va naître, il sera lattrait capital du salon de lauto de 1933.
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Ces modèles ne sadressent évidemment quà une élite, mais Citroën présente en 1921 au salon de lAuto, que Fernand Léger place avec celui de lAviation parmi « les plus beaux spectacles du monde », la 7 CV cylindres, puis lannée suivante la fameuse 5 CV construite en grande série jusquen 1926 ; Louis Renault la concurrence avec sa populaire 6 CV trèfle. Le nom de Citroën se détachera en lettre lumineuse sur la tour Eiffel durant lExposition de 1925, le célèbre constructeur pratique le premier, comme Ford aux États-Unis, la standardisation chère à Le Corbusier.
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Pierre Cabanne (Art Déco)
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