• LOUIS XIV : "JE VEUX GUERIR EN PAYSAN"

     

    JE VEUX GUERIR EN PAYSAN

     

    Dix huit novembre 1686, sept heures du matin, Mme de Maintenon, Louvois et Félix entrent dans la chambre du Roi. Sa Majesté dort dans « l’œil de bœuf », qui était à cette époque coupé en deux. Ils y sont bientôt rejoints par le père La Chaise, Fagon, les médecins Daquin, Bessières et quatre apothicaires. Louis se penche sur les instruments que Félix vient d’étaler sur une table. Louis-Soleil est ombrageux, inquiet. On le serait à moins. Ce qu’il à sous les yeux ressemble davantage au nécessaire d’un maréchal-ferrant qu’à celui d’un barbier. Charles-François Félix explique qu’il a mit tout spécialement au point pour Sa Majesté un bistouri qui devrait être beaucoup plus efficace.

     

    Cet objet tranchant est encore utilisé aujourd’hui sous le nom de bistouri à la royal.

     

    En réalité, en plus de celle du 18 novembre, il faudra cinq autres horribles interventions, la dernière ayant lieu au début de janvier.

     

    Aux pires moments de ces séances de torture, raconte l’abbé de Choisy, le Roi se bornait à demander d’une pauvre voix : « Est-ce fait, messieurs ? Achevez et ne me traitez pas en roi. Je veux guérir comme si j’étais un paysan ».

     

    A la fin de janvier, on constata que la plaie était parfaitement cicatrisée. Les prières de Mme de Maintenon avaient eu le succès escompté. Mais on constata que le mal du Roi était contagieux ! Car subitement, il y eut comme une épidémie de fistules qui s’abattit sur Versailles. Tous les courtisans se mirent en effet à souffrir du sphincter et à se faire opérer, ce qui était plus glorieux qu’une blessure d’arquebuse reçue sur tel ou tel champ de bataille !

     

    Mme de Maintenon, qui ne se sentait plus de joie, décida  alors, avec les demoiselles de Saint-Cyr dont elle venait de prendre en main l’éducation, d’offrir un grand banquet pour fêter la guérison de son mari.

     

     

    Note : François d'Aix de La Chaise

    François d'Aix, seigneur de La Chaise, est né le 25 août 1624 au château d'Aix dans la Loire près de Saint-Martin-la-Sauveté, et mort le 20 janvier 1709 à Paris. Plus connu sous le nom de père Lachaise, ce jésuite fut le confesseur du roi Louis XIV pendant 34 ans. Il a donné son nom au cimetière du Père-Lachaise, situé à Paris.

    Fils de Georges d'Aix, seigneur de La Chaise, et de Renée de Rochefort, il était, par son ascendance maternelle, petit-neveu du père Coton, confesseur d'Henri IV. Il enseigna au Collège de la Trinité de Lyon qui était tenu par les Jésuites. Le médaillier du collège qu'il avait considérablement enrichi jusqu'à sa mort, était devenu l'un des plus riches d'Europe.

    C'est en 1675 qu'il devint à son tour confesseur du roi Louis XIV. Il exerça sur celui-ci une influence modératrice dans la lutte contre le jansénisme et de nombreux seigneurs tentaient d'approcher le roi par son intermédiaire. Il modéra également l'action du roi lors de la révocation de l'édit de Nantes en octobre 1685. On soupçonne qu'il maria le roi à Madame de Maintenon en 1683, après la mort de Marie-Thérèse d'Autriche. Le Père La Chaise n'habitait pas Versailles, mais la maison Professe des Jésuites près de l'église Saint-Paul à Paris.

    A sa mort, le père La Chaise fut remplacé par le père Le Tellier (1643-1719), également jésuite, comme confesseur du roi.


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