• PRINTEMPS 1790 LA DISETTE ET LES BANCS

    La région  du canton de Saint-Symphorien-de-Lay et les alentours furent appelés la "Petite Vendée" pendant la Révolution.

     

     

    REVOLUTION DANS LE FOREZ :

     

    PRINTEMPS 1790 LA DISETTE ET LES BANCS

     

    Dans tout le Forez, à la fin du printemps 1790, les grains menacent de manquer et les prix montent : problèmes fréquents à l’époque, mais maintenant le peuple supporte plus mal la misère ; les adversaires de la Révolution attisent l’inquiétude populaire, et les émeutes sont nombreuses dans les districts de Montbrison et de Roanne.

     

    Le 28 avril, un marchand de grain est déculotté par la population de Sury-le-Comtal, et les femmes lui donnent des coups de quenouilles sur les fesses. Les attroupements dureront jusqu’au 10 mai, et il faudra la promulgation de la loi martiale pour les faire cesser.

     

    Le 3 mai 1790, le pain est taxé à Néronde. Il passe de 3 sols 6 deniers à 3 sols 9 deniers pour « le pain de froment ou miche », de 2 sols 6 à 2 sols 9 pour « le pain blanc de seigle ou efferin », de 1 sol 6 à 1 sol 9 pour « le gros pain ou pain atout », avec défense à toutes personne de le vendre à un prix plus considérable sous peine d’amende.

     

    Le 16 mai, la municipalité de Néronde enregistre un fait significatif : « Nous étant aperçus que la cherté et la rareté des grains soulevaient et excitaient du tumulte parmi le peuple qui s’assemblait en grand nombre pour aller visiter, fouiller et faire des incursions chez des citoyens soupçonnés d’avoir des denrées, nous sommes assemblés et après avoir délibérés et requis une escorte  de milice nationale pour éviter des désordres et de plus grands maux, nous nous sommes présentés à eux, nous les avons calmés par les expression que le désir de la paix nous a suggérées, et pour les satisfaire plus amplement et sans conséquence, nous nous sommes honnêtement transportés avec quelques-uns d’eux dans tous les endroits et domiciles qu’ils nous ont indiqués ; et le tout s’est terminé comme nous le désirions par satisfaire le public, ce dont néanmoins nous dressons et faisons le présent verbal et avons signé : Jayet, maire ».

     

    Vers la même époque, la femme de Pierre Valfort, coquetier et notable de la commune qui achetait des œufs avant l’heure fixée le jour du marché se les voit confisquer par la milice, qui les vend au bénéfice des pauvres.

     

    Le 18 mai, le tocsin sonne à Chazelles. Trois cent personnes obligent la municipalité à perquisitionner et à taxer le pain. Le 21 mai, le curé de Machézal, en même temps procureur de la commune prend parti pour les affamés, convoque la municipalité chez lui, et lorsque elle y est assemblée, sort sur son balcon et crie au peuple : « Entrez, ils sont ici ! » Assailli par plus de 80 personnes, le maire est obligé de taxer les grains.

     

    Le 26 mai à Chirassimont la population s’empare d’une voiture chargée de grains achetés à un propriétaire de la commune par deux particuliers d’une paroisse voisine. Ils sont obligés de les vendre au prix imposé précédemment au conseil municipal.

     

    Troubles également autour de l’enlèvement des bancs des églises. Les places réservées aux nobles sur ces bancs sont perçues maintenant comme une atteinte à l’égalité. En avril et mai 1790, à Fourneaux et à Feurs, des citoyens sortent les bancs des églises et commencent à les briser. La municipalité dans les deux cas intervient pour s’y opposer. Le 9 mai, l’assemblée communale de Feurs est interrompue par les cris de « A bas les bancs ! » poussés par une partie des assistants qui sortent en tumulte, se rendent à l’église où, aidés par « des gens de la campagne », ils les sortent malgré l’intervention de la maréchaussée. La municipalité arrivée sur les lieux est accueillie à coups de pierres ; elle fait battre la générale : la garde nationale refuse de prendre les armes. Des individus menacent d’incendier le château du Rozier et réclament la vente du grain à trois livres la mesure.

    A Saint-Symphorien (12 mai), la municipalité délibère, conclut que les bancs représentent « le temps des privilèges » mais ajourne sa décision. Le 31 mai des jeunes gens armés de haches, de fourches et de massues entrent dans l’église de force, brisent les bancs, et en jettent les débris à l’extérieur.

     

    A Néronde, où le problème des bancs ne sera soulevé qu’en décembre 1792 (après l’émigration du seigneur de Chenevoux) plusieurs passages du registre municipal témoignent de la disette et des troubles :

    « Il se commet pendant la nuit dans les champs des vols de gerbes de blé, froment, orge et avoine, pommes, poires et autres fruits. On voit des gerbiers éventrés, des truffières arrachées et récoltées par partie avant temps (…). La garde nationale est requise à patrouiller de onze heure du soir jusqu’à quatre heures du matin »

     

    Le 22 août, le pain est à nouveau taxé : le pain blanc à 3 sous 6 deniers, l’efferin à 2 sols 6, le gros pain à 1 sol 6, soit en légère diminution par rapport au 3 mai.

     

    Des évènements bien plus graves se déroulent à Saint-Etienne où Berthéas, commis aux aides, accusé d’accaparer les grains ? est massacré par le peuple le 4 août. Le lendemain, les émeutiers forment une nouvelle municipalité, taxent la farine et les grains, réquisitionnent des voitures de blé.

     

    La troupe est envoyée. Les séditieux sont arrêtés et jugés. Quatre meneurs, dont Louise Thomas, surnommée Truffe, et Jean Escoffier, dit Tartare, faiseur de percerettes, sont condamnés à la pendaison comme « chef d’émeute et de sédition » ; Plus De 400 soldats sont envoyés en renfort lors de leur exécution.

     

     

    René Berchoud (La Révolution à Néronde et dans les Monts du Matin)

     


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