• QUE J'AIME TA COULEUR "CAFE"

    Que j’aime ta couleur café !

     

    Inventé par l’archange Gabriel pour restaurer les forces défaillantes de Mahomet, le café fut pendant longtemps plus un élixir qu’une gourmandise.

     

    On sait peu de chose sur la découverte du café. Il doit, parait-il, son nom à la région du Kaffa, au sud-ouest de l’Éthiopie Il fallut attendre  le XVII° siècle pour qu’il fasse son apparition en  Europe.

     

    En réalité les Européens connaissaient l’existence de cette plante  depuis qu’un médecin Italien, Prosper Alpini, qui voyagea  surtout en botaniste en Orient, en eut rapporté un Traité des plantes d’Égypte publié en 1592.

     

    L’Anglais Édouard Terry qui séjourna de 1615 à 1617 dans les États du Grand Moghol dit que se breuvage fortifie l’estomac, arrête « le cours des fluxions et des catarrhes » et empêche qu’on s’assoupisse. Un autre Anglais, sir Thomas Herbert qui avait fait le voyage de Perse et des Indes orientales, lui attribue des vertus extraordinaires. Un religieux, le P. Pierre Dan, sera le premier Français à mentionner le café dans son Histoire de Barbarie et de ses corsaires (1637).

     

    En 1638, l’Allemand Jean Vesling écrit que le café est l’objet d’un grand commerce en Égypte, que le Caire compte quelques milliers d’établissements où on le consomme et que quelques-uns y ajoute du sucre pour en corriger l’amertume. Il dit aussi que cette graine est d’une extrême rareté en Europe, ce qui laisse supposer que le café n’était déjà plus tout à fait inconnu en Occident.

     

    Marseille fut la première ville de France où le café ait été importé. Un certain La Roque, négociant arrivé de Constantinople, en rapporta en 1644, « non seulement du café, mais encore tous les petits meubles et  ustensiles qui servent son usage dans la Turquie. Cela passait alors pour une vraie curiosité »…

     

    Le premier usage du café à Marseille n’alla pas au-delà d’un cercle restreint d’amis du commerçant. C’est vers 1660 seulement que des voyageurs et des marins revenus d’Orient mirent vraiment le café à la mode. L’Égypte l’exporta alors par lourdes balles et les droguistes de Marseille, puis de Lyon commencèrent à en vendre.

     

    Son succès ne s’affirma qu’après la publication en 1664 des voyages de Thévenot dans le Levant. Celui-ci écrivait « lorsque nos marchands ont beaucoup de lettres à écrire et qu’ils veulent travailler toute la nuit, ils prennent le soir une ou deux tasses de cahvé ».

     

    Les cafés, tels que nous les connaissons, existaient déjà, en Orient ; mais l’Europe n’allait pas tarder à en posséder. Le premier que connut la France fut ouvert à Marseille en 1671. « On y fumait et on y jouait. Le concours ne manqua pas d’y être fort grand, surtout de la part des Levantins. Outre que les marchants et tous les marins trouvèrent ce lieu-là commode pour conférer de leur commerce et pour s’entretenir sur la navigation. Ce qui fit bientôt augmenter le nombre de ces lieux publics, sans que, pour cela, on prit moins de café dans les maisons particulières. On en prenait aussi sur les galères du roi. »

     

    A peine connu le café se vit en butte à de ridicules superstitions des médecins qui attaquèrent publiquement le café. Le 27 février 1679 dans une thèse qui devait être soutenue dans la Maison de Ville de la cité phocéenne. La « question » était posée en ces termes : « Savoir si l’usage du café est nuisible aux habitants de Marseille » ; l’auteur concluait positivement, accusant le café de tous les maux : il « attaquait le cerveau » « relâchait les nerfs » et provoquait la « paralysie et une terrible maigreur » ; surtout, il « engendrait l’impuissance ».

     

    A Paris l’introduction de ce breuvage noir comme l’encre est le fait d’un ambassadeur turc envoyé par le sultan Mahomet IV auprès du Roi-Soleil, Soliman Aga Mustapha Raca qui fit fureur à Paris durant l’année 1669.

    Moins de trois ans après son arrivée dans la capitale, il y avait plusieurs boutiques où l’on vendait publiquement du café. La première fut ouverte par un Arménien, nommé Pascal en 1672, sur l’actuel quai du Louvre. Vers le même temps, un petit boiteux, originaire sans doute de Candie, en Crète, qu’on appelait le Candiot parcourait les rue de Paris ceint d’une serviette blanche, avec un éventaire devant lui et tenant à la main un réchaud surmonté d’une cafetière. Pour deux sous, il versait aux chalands une tasse de café.

     

    En 1687, le café était plutôt considéré comme un remède, cette année là des médecins eurent l’idée de le soumettre à une analyse chimique ; elle démontra que le café était souverain contre les maux d’estomac et contre les vomissements. Il avait encore la propriété de « tenir les reins ouverts », de « déboucher tous les endroits par où il passe », de prévenir l’hydropisie, la gravelle et la goutte, et d’ « adoucir les levains des entrailles et d’en perfectionner les fermentations ».

     

    Les hollandais les premiers, allèrent chercher eux-mêmes le café à Moka, pour l’importer directement à Amsterdam. Surtout, ils dérobèrent plusieurs plants aux Arabes et les transplantèrent dans leur colonie de Java, où il réussit si bien qu’en peu d’années l’île en était couverte.

     

    La France en 1714, obtint un plant de café du bourgmestre d’Amsterdam. Présenté solennellement à Louis XIV, il fut transféré dans une serre du Jardin des plantes par les soins de Jussieu. L’arbrisseau prospéra et devint la source de tous les caféiers qui seraient cultivés dans les Antilles Françaises.

     

    Un capitaine d’infanterie, Gabriel-Mathieu de Clieu, eut l’idée de profiter d’un voyage à la Martinique pour y acclimater le café. Il s’embarqua à Nantes, avec un arbuste cultivé à Paris. L’arbuste prospéra à la Martinique et grâce au capitaine cette culture s’étendit avec rapidité à la Guadeloupe et à Saint-Domingue.

     

    Louis XV le récompensa en le nommant gouverneur de la Guadeloupe et en le faisant grand-croix de Saint-Louis. Après sa mort survenue en 1774, les planteurs de Saint-Domingue lui élevèrent un monument.

     

    La France cultiva également avec succès le café dans ses colonies de la Guyane, de l’île de Bourbon (la Réunion), où l’on comptait en 1776 près de neuf millions de caféiers, et de l’île de France (île Maurice).

     

     A cette époque la cause du café était depuis longtemps gagnée. Ce succès ne se démentit pas au siècle suivant, et en 1855 les Français consommaient environ 50 mille tonnes de café, en provenance des Antilles, du Brésil, des Indes et de l’Insulinde hollandaise.

     

    Claude Laforêt (Historia magazine n° 33 novembre 1982)

     

     


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