• Roanne : il boit!



     

     ROANNE : IL BOIT ! <o:p></o:p>

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    Petits propos de deux personnes, entendus sur un trottoir de Saint-Symphorien-de-Lay, au mois de mai.<o:p></o:p>

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    Vous savez, celui qui habite Roanne ; le secrétaire des Chemins du Passé, le fameux groupe fondé par Antonin Bécaud ;  ceux qui organisent une exposition sur l’histoire du pays chaque année à la chapelle St Charles : il boit ! Oui, oui, il boit.<o:p></o:p>

    -         De quoi ?<o:p></o:p>

    -         De l’eau !<o:p></o:p>

    -         Ah ! et comment cela lui est arrivé ?<o:p></o:p>

    -         Une mauvaise habitude contractée dès son plus jeune âge.<o:p></o:p>

    -         Dans ce cas la responsabilité des parents ne fait aucun doute.<o:p></o:p>

    -         En effet.<o:p></o:p>

    -         Eux-mêmes je suppose…<o:p></o:p>

    -         Vous avez deviné.<o:p></o:p>

    -         Il y a des familles qui sont durement frappées par le destin. Savez-vous si une quelconque démarche a été entreprise pour porter remède, si tant que cela soit encore possible, à un comportement aussi étrange ?<o:p></o:p>

    -         Il m’a été rapporté, effectivement, que plusieurs tentatives ont été faites pour l’amener à consommer des boissons plus saines : mais tout cela jusqu’à présent, est demeuré sans résultat. Le bonhomme est particulièrement obstiné.<o:p></o:p>

    -         Le danger, dans un cas semblable c’est le phénomène de contagion. Si l’exemple fait tâche d’huile, tout risque d’aller à vau-l’eau, si vous me permettez l’expression.<o:p></o:p>

    -         Pourtant il saute aux yeux que la campagne lancée contre ce liquide incolore, inodore et sans saveur, selon la formule consacrée, a été menée avec un grand luxe de moyens.<o:p></o:p>

    -         Cela ne fait aucun doute. Les qualités reconnues à l’alcool en général et au vin en particulier et ce depuis les temps les plus anciens ont été mises en lumière par des organismes qui font autorité en la matière.<o:p></o:p>

    -         Vous faites allusion, j’imagine, aux sociétés de bienfaisance qui patronnent généreusement les marques d’apéritifs ?<o:p></o:p>

    -         Pas seulement. Je pense aussi aux bouilleurs de cru qui défendent avec la conviction que vous savez un élément important de notre patrimoine national.<o:p></o:p>

    -         Et malgré ces démonstrations convaincantes, il boit !<o:p></o:p>

    -         De l’eau !... Allons, laissons cela. Il ne sert à rien de s’apitoyer sur le sort d’un malheureux qui refuse obstinément l’aide généreuse de la société.<o:p></o:p>

    -         Dites-moi et votre dernier accident, comment s’est-il terminé ?<o:p></o:p>

    -         L’affaire est encore en instance. Les gendarmes prétendent que j’avais dans le sang un taux d’alcool excessif, comme si l’on pouvait se fier à leur système de mesure.<o:p></o:p>

    -         Le gouvernement était moins regardant en 14-18 lorsqu’il envoyait les gars en premières lignes après avoir doublé les rations de vin.<o:p></o:p>

    -         C’est pourtant vrai ! Il ne faut pas chercher plus loin la raison de notre victoire…<o:p></o:p>

    -         Et la voiture, vous l’avez récupérée ?<o:p></o:p>

    -         Entièrement remboursée, l’assurance n’a pas fait d’histoire. Ce qui ennuie  par contre, c’est le fils.<o:p></o:p>

    -         Il n’est toujours pas complètement rétabli ?<o:p></o:p>

    -         Le professeur que nous avons consulté est formel, il va rester handicapé partiellement.<o:p></o:p>

    -         Dans un cas semblable la Sécurité Sociale doit remplir son rôle.<o:p></o:p>

    -         Si elle fonctionnait normalement, oui, mais la Caisse Régionale prend prétexte de ce fameux rapport de la gendarmerie pour ergoter à plaisir alors qu’on lui demande après tout que de payer ce qu’elle nous doit.<o:p></o:p>

    -         Pour en revenir à notre buveur d’eau, savez-vous qu’il s’est mis dans la tête de marcher à pied…Enfin, je m’entends, il renonce à utiliser la voiture toutes les fois qu’il peut emprunter un autre moyen de transport.<o:p></o:p>

    -         C’est sans doute un écologiste convaincu ?<o:p></o:p>

    -         Je ne crois pas, il est contre les éoliennes qui gâchent le paysage,  sont onéreuses et ont une longueur de vie limitée dans le temps. Il ne veut pas non plus obéir à tous les conseils sur les économies prodigués par la télévision, d’ailleurs il me l’a dit personnellement « je laisse couler l’eau du robinet pendant que je me lave les dents. Pourquoi parce ce que : je ne possède plus de baignoire, je n’entretiens pas de jardin (pas d’arrosage) je ne possède pas de piscine (économie d’eau), je ne vais pas faire de ski (les canons à neige sont gourmands en eau) et en plus je ne mange jamais de maïs (plante gourmande en eau) ». Finalement il fait qu’en boire, mais convenez avec moi qu’il aggrave son cas car il n’y à pas pire danger sur une route qu’un piéton.<o:p></o:p>

    -         En effet, non seulement il ralentit la circulation, mais c’est le plus souvent en cherchant à l’éviter que l’on provoque l’accrochage.<o:p></o:p>

    -         Du reste, les statistiques sont formelles là-dessus ; après l’excès de vitesse, le refus de priorité, le manque de réflexe du conducteur et le mauvais état du véhicule, c’est bien le piéton qui est responsable du plus grand nombre d’accidents de la route. <o:p></o:p>

    -         Tenez la semaine dernière : vous connaissez ma voiture ? Une tenue de route impeccable. Quarante-cinq minutes Roanne-Lyon. C’est pas mal non ? D’autant plus que la route était particulièrement encombrée et la visibilité médiocre au Pin Bouchain à cause du brouillard et d’un petit « crachin » qui rendait la chaussée glissante ; eh bien il s’en est fallu d’un cheveu que je n’écharpe un piéton qui marcher à gauche.<o:p></o:p>

    -         A gauche ?<o:p></o:p>

    -         Oui à gauche ! Insensé n’est-ce pas ? heureusement qu’il m’a vu le premier et qu’il a pu se jeter dans le fossé, si non, à cent quarante à l’heure, vous imaginez le tableau. Mais j’ai fortement « clacksoné » cet inconscient en passant à son niveau.<o:p></o:p>

    -         Allons, cher ami, nous n’allons pas nous quitter sur une note pessimiste. Entrons là, au café chez « le Babe » nous y prendrons un petit quelque chose en attendant le dîner.<o:p></o:p>

    -         Nous pourrions, peut-être, demander un verre d’eau ?<o:p></o:p>

    -         Vous plaisantez, mais il y a encore des cafés où sa marche !<o:p></o:p>

    -         Cela vous est déjà arrivé ?<o:p></o:p>

    -         Une fois seulement, mais quand j’ai vu le garçon obtempérer, je me suis empressé d’ajouter : « de vie, mon ami, de vie »<o:p></o:p>

    -         Et vous lui avez fait la démonstration, qu’en France, il y a des gens qui ont du savoir-vivre.<o:p></o:p>

    -         J’espère que c’est ainsi qu’il l’a compris.<o:p></o:p>

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                                                           Léo Miquel (les contes des bords de Rhins)<o:p></o:p>


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