• ROANNE, JACQUES BREL, RENCONTRE PIERRE ETAIX

    ROANNE, JACQUES BREL, RENCONTRE PIERRE ETAIX

     

    Rencontre au sommet à Roanne où Jacques Brel a rencontré Pierre Etaix, le père de  « Yoyo ».

     

    Jacques Brel !... Sans souci du qu’en dira-t-on… « Vivre sa vie », voilà Jacques Brel.

     

    Avoir la force et le culot de ne pas se compromettre. Jacques Brel définit ce qu’il appelle son « art de vivre ». Il est heureux. Il le proclame et son rire éclatant, son langage direct et plein d’humour disent bien  qu’il a réussit !...

     

    Sans souci du conformiste, dédaigneux de l’opinion des autres, il fait se qu’il lui plait. C’est un des rares « seigneurs » du music-hall dans ce métier qui, plus encore que tout les autres, engage à toutes les compromissions.

     

    Il déjeunait hier à Roanne, avec ses musiciens, au restaurant Troisgros où il descend chaque fois qu’il se trouve dans la région. La veille, il avait chanté à Tarare. Salle comble, enthousiaste d’un public où jeunes et moins jeunes se côtoyaient dans l’amour de la vie telle que la conçoit et la chante ce grand garçon venu de Belgique pour conquérir le monde de la chanson, de sa chanson…Le soir il chantait à Châteauroux.

     

    A quelques tables de là, dans une autre salle du restaurant  l’air de rien dans son costume de chez le bon faiseur, masquant sa volonté sans limite derrière une réserve de bon aloi : Pierre, Etaix qui venait présenter son film « Yoyo » à Roanne, déjeunait se son côté avec M. le sous-préfet Crespy et Madame, M. Pillet député-maire de la ville. Ils étaient les invités de M. Anglade qui programme le film et avait choisi cette occasion de présenter le jeune metteur en scène au nouveau sous-préfet de Roanne.

     

    Pierre Etaix…

     

    Après le « Soupirant » son premier film, la critique et le public unanimes pour une fois, avaient parlé, au  sujet du Roannais Pierre Etaix, d’un nouveau Chaplin.

     

    La comparaison est flatteuse mais n’est pas juste. Pierre Etaix aussi fut mime, débutait en lever de rideau au music-hall…Mais Pierre Etaix a renouvelé l’art de Charlot.

     

    On ne rit pas en regardant « Yoyo ». On sourit. D’un bout à l’autre du film. C’est d’une finesse, d’un don d’invention comique que les fans de Darry Cowl ou de Fernandel ne décèleront peut-être pas. Mais Pierre Etaix s’enfiche : « Je suis arrivé à faire ce qui me plaisait. Ce que font les marchands de navets ne m’intéresse pas » dit-il.

     

    Ce film pourtant sera présenté au prochain festival de Cannes… avec le dernier Fellini et le Faistaff d’Orson Welles.

     

    « Nous nous reverrons »…

     

    Le succès, la gloire, l’argent qu’ils ont pu en retirer…Intéresse assez peu Jacques Brel et Pierre Etaix. Ils le disent. Et avec tant de simplicité et de conviction qu’on ne peut que les croire.

    La rencontre des deux « enfants terribles » du cinéma et de la chanson n’avait jamais eut lieu… L’un est constamment en tournée, l’autre travaille nuit et jour à ses films (il a mis quatorze mois pour réaliser « Yoyo »). Nous avons pensé que sous l’égide de notre journal c’était le moment où jamais de les présenter l’un à l’autre. Ils en avaient très envie, tous les deux d’ailleurs !

     

    Après le « Ravi de vous connaître » et la présentation traditionnelle, le contact a été très vite trouvé.

     

    Jacques Brel qui avait encore quatre heures de route pour aller à Châteauroux, a failli rater son tour de chant. Il comptait un nouvel ami, à 16 h 30, après avoir bu avec lui un de ces cafés noirs dont il raffole…

     

    Ils ont promis de se revoir. Mais Jacques n’a pas envie de faire du cinéma : « Je suis trop orgueilleux pour accepter d’être dirigé par qui que ce soit », dit-il « même par Pierre Etaix… ».

    Celui-ci approuve : c’est la raison pour laquelle il a lui-même choisi d’être son propre metteur en scène.

     

    Puis les deux hommes se sont séparés. Jacques Brel, dans son éternel costume Prince de Galles, a franchi en coup de vent la porte d’entrée : « Les gars m’attendent…J’ai horreur d’arriver en retard. Ce n’est pas compris dans la règle du jeu ».

     

    A ce « jeu » là Pierre et Jacques ont tiré le gros lot : celui du bonheur…

     

    Jacques Poncharal pour « Le Dauphiné Libéré » du 16 mars 1965.

     

     

    Note : finalement Jacques Brel a tourné les films suivants :

    Les risques du métier [1967]

    Mon Oncle Benjamin [1969]

    La Bande à Bonnot [1969]

    Les Assassins de l'ordre [1971]

    Le Bar de la fourche [1972]

    L'aventure, c'est l'aventure 1972

    L'Emmerdeur [1973]

     

     

     

     

     

     

     

     


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