• Saint-Germain-Laval : des Foréziens contre l'impôt

    impot progressif
     

    A Saint-Germain-Laval

     

    LES FOREZIENS CONTRE L’IMPOT EN 1789

     

    Le 17 août 1788…

     

    Le syndic Pochin dépose sur la table des délibérations des Ediles germanois un mémoire devant être adressé à L’Assemblée Provinciale, préparant les Etats Généraux. Il s’agit d’une véhémente motion de protestation contre l’inégalité des impôts. La voici :

     

    « Le Conseil arrête que la contribution commune due à l’Etat soit parmi tous les citoyens, répartie à proportion de leurs moyens cette juste maxime devra être reconnue et avouée par tous les ordres qui composent l’Assemblée Provinciale.

    En conséquence qu’attendu l’injuste distribution subsistant elle arrêtera (l’Assemblée Provinciale) de procéder à la répartition des impôts entre toutes les classes, sans exception de corps et de particulier, étant contraire à la raison, à l’ordre public, et qu’attendu son importance icelle maxime sera imprimée pour être envoyée aux municipalités de la Généralité »

    Suivent huit signatures.

     

    Pochin et quelques amis continueront farouchement à prôner la fameuse contribution commune, sans exception pour la noblesse et le clergé.

     

    Lettre su syndic Pochin aux délégués des Etats Provinciaux, tous deux nobles et privilégiés. Pochin, orateur  du Conseil, écrit beaucoup et semble parler encore plus encore, exhorte les deux délégués à bien faire :

     

    « Messieurs, votre nomination est l’expression du choix qu’eut fait la municipalité s’il eut été à sa disposition. Elle vous confie avec plaisir la discussion de ses intérêts et désire que chacun des objets confiés à vos soins soit discuté en bureau, délibéré en corps et que vous lui fassiez part aussitôt de chaque résultat !

       Elle espère que vous ferez le généreux oubli de vos qualités de nobles et de privilégiés pour ne voir que celui du représentant du Tiers Etat et que, uniquement occupé des devoirs y attachés, vous ferez usage de toutes vos lumières et de tout votre zèle pour anéantir l’effet des objections que pourraient dicter l’intérêt personnel de ce corps.

       Le vigneron de notre ville est écrasé par les impôts, droit d’entrée, de sortie et de consommation.

       Vous n’oublierez point que notre bureau de charité a plus de zèle que de fonds et que les pauvres abondent.

     

       La dîme, cette portion de fruit dont une partie autrefois (pendant les premiers siècles) consacrée au soulagement des misères, a changé de destination : pourquoi, à l’imitation de ce qui se passe en Dauphiné, ne solliciterait-on pas un arrêt qui assujettirait les décimateurs à compter au profil des pauvres la dixième partie du profit de la dîme ?

     

       Des grains de navets et de topinambours ont été distribués par ordre du Gouvernement. Saint-Germain-Laval n’à point eu sa part de ces bienfaits vous veillerez à ce que notre cité soit classée dans le nombre de celles qui ont à recevoir.

        La communauté désire qu’un sujet présenté par elle soit admis à l’Ecole vétérinaire royale, pour pouvoir ensuite se fixer sur les lieux.

       Vous présenterez comme il convient le rapport que nous vous remettons sur la taxe de la commune. Pour tant de services la municipalité n’a d’autres prix à vous offrir que sa reconnaissance, c’est le seul digne de vous.

     

    Mention en sera faite sur nos registres afin que nos descendants puissent y lire avec intérêt le nom de ceux qui auront bien mérité de la patrie ».

     

    M. Chassaing, président du Conseil municipal et en même temps délégué par le Gouverneur, parait bien avoir accueilli la harangue fleurie, mais son collègue Beaudre, sans doute moins bonhomme, s’insurgea contre le mandat ayant trait à la contribution de la commune. Il assura que cette manière de voir les choses allait à l’encontre de son opinion personnelle et prétendit qu’il n’était pas en sa qualité de délégué du Tiers, obligé d’appuyer une demande peu conforme à ses vues.

     

    Le fougueux Pochin lui répondit :

     

    « La municipalité considérant que l’opinion de M. Beaudre étant déterminé par sa qualité d’homme noble, constate que la représentation du Tiers, dans la dite Assemblée Provinciale est presque en totalité composée de nobles et de privilégiés et qu’alors il serait possible que les réclamations du Tiers fussent étouffées par les intérêts particuliers par les intérêts de personnes et de corps, décide d’adresser à M. Necker, contrôleur général des finances, un rapport concernant la contribution commune et sollicite de Sa Grandeur l’autorisation de faire imprimer à ses frais afin de le distribuer dans la Province ».

     

    Le 16 novembre 1788…

     

    Le Conseil ulcéré de constater que son rapport sur la contribution commune (confié nous l’avons vu aux deux délégués) est « étouffé sous la poussière d’un greffe provincial », décide de refuser à l’avenir  de reconnaître tous nobles ou anoblis comme représentant du Tiers.

     

    Le 1° janvier 1789…Le Ministre Necker fait répondre aux tenaces édiles germanois par un M. Bergasse, lequel distille certainement un baume bienfaisant, car peu après, le 6 janvier le Conseil Derechef assemblé écrit une lettre dithyrambique au dénommé Bergasse.

     

    « Monsieur Bergasse, la Municipalité de Saint-Germain-Laval a retrouvé dans la lettre que vous avez eu la bonté de lui écrire, le patriote et l’écrivain qui a su rompre les barrières que les Ministres avaient osé mettre entre le Trône et la Justice…etc. »

     

    Le 20 juillet 1789…La Municipalité par suite des avis reçus de toutes parts, s’inquiète que nombre de brigands se répandent dans la Province pour exciter des émotions populacières et la faveur desquelles ils pourront exercer leurs brigandages avec plus de fruits et de sécurité.

     

    « Délibérant de préserver son district de pareils malheurs, vu le désir et les offres de la majeure partie des habitants de cette ville de se réunir pour veiller à la sûreté, attendu la circonstance de présent danger, et l’éloignement de la maréchaussée ; en conséquence, elle arrête qu’il sera formé une compagnie des habitants de cette communauté de tous les rangs et toutes les classes, tant villageois que citadins, sous le titre de légion citoyenne en faisant pour eux soumission entre les mains du syndic Pochin.

       Arrête la formule de soumission sera ainsi rendue :

    « Je m’engage comme soldat citoyen à servir cette communauté pour le maintien de l’ordre, de la sureté et de la tranquillité publique dans tout ce qui sera prescrit par la municipalité de cette ville. Comme Français je jure sur mon honneur… »

     

    Mais n’allons pas  plus loin. Il nous faudrait cent pages pour dire l’Histoire de notre cité. Mais ces quelques extraits font comprendre la grande Histoire et prouvent que de tout temps les Germanois furent gens volontiers tenaces !

     

                                                       Rédaction de l’Almanach du Lignon-Forez (1957)


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