• SUR LES CHAUSSEES ROMAINES (3°partie et fin)


     <o:smarttagtype namespaceuri="urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" name="metricconverter"></o:smarttagtype>

    <o:p> </o:p>

    Illustration : CYBELE sur son char, tiré par des lions<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    SUR LES CHAUSSEES ROMAINES<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    (troisième partie et fin)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Revenons à notre premier historien.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    L’incommensurable vanité des descendants de Romulus crée des types extraordinaires de voitures :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    ·        Le carruca : fauteuil magnifique, haut perché sur un train de quatre roues ressemblant à quatre énormes pétales déployé. On s’assied là dedans, à deux mètres au-dessus du pavé, on domine la foule qui admire et s’écarte devant les quatre chevaux attelés de front, et conduits à la main par des carrucarii, esclaves aux vêtements éclatants.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    ·        Le pilentum : le praticien trône sur un siège entouré par quatre colonnes qui soutiennent un dais. Pour être au goût du jour ce temple mobile doit être tiré par deux lions du désert, dressés à rugir et à agiter leur crinière.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>

    ·        La thensa se prise du dais, mais elle vaut par l’éléphant qui la remorque. A u début elle sert à promener la statue d’un dieu ou d’une déesse. Mais sous les derniers césars, un patricien ventru et lippeux s’estime dieu lui-même et fait hisse sa laideur et ses graisses sur l’emplacement jusqu’alors réservé aux marbres.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    ·        Le cisium, une voiture merveilleuse, cabriolet à deux place, sans suspension, monté sur deux hautes roues robustes, attelage de trois chevaux, deux au timon, un en flèche. C’est le véhicule des voyages rapides, des courriers officiels. Interdiction d’y embarquer des bagages pesants d’après le code Théodosien, la charge limite totale du cisium est de 198 kilos, conducteur et passager compris. Cela file grand train, au galop tout le temps, de relais en relais, et cette allure soutenue permet de couvrir régulièrement cent milles, soit <st1:metricconverter productid="160 kilom│tres" w:st="on">160 kilomètres</st1:metricconverter> par jour. Le trajet de Lutèce (Paris) à Marseille demande cinq jours et demi seulement, soit quatre de moins qu’en 1830 à l’époque des diligence. César, dans un de ces cisiums, couvre en sept jours et quelques heures la distance qui sépare le Rhône du Tibre. Cette voiture légère est donc le véhicule le plus rapide qui ait jamais existé, jusqu’à l’apparition des chemins de fer.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Évidemment, elle ne doit pas être considérée comme une voiture publique puisque un seul voyageur peut y prendre place, à côté du cocher. Celui-ci tient son fouet de la main droite et les rênes de la main gauche. Ce que les Romains désignent comme « sedere prima sella ». Ce fouet est d’ailleurs extrêmement brutal, une pointe de fer termine sa lanière de cuir ou de chanvre et déchire les flancs du cheval déjà martyrisé par son collier mal compris. Horace, dans sa Satire Première, n’hésite pas à lui appliquer l’épithète d’horrible : horribile flagellum. Et cela aide à comprendre pourquoi le cisium est un véhicule à ce point rapide.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    A vrai dire l’excellente organisation romaine y est pour quelque chose. Le cisium est un transport officiel, réservé aux courriers, aux fonctionnaires, aux patriciens dûment autorisés à s’en servir. Mais il y a des concurrences privées, aussi rapides, et à la portée de chacun. Les collegia jumentariorum, les collegia cisiriorum, établis dans chaque ville mettent à la disposition du public : voitures, chevaux et conducteurs. Ces derniers, a vrai dire, n’étant pas militarisés comme ceux de l’État, ont une tendance naturelle à s’attarder aux relais, qui sont en même temps des tavernes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Même pressé, le Romain se résout difficilement à voyager la nuit. D’abord, il aime ses aises. Ensuite, en dépit des efforts déployés pour le réprimer, le brigandage sévit, et les routes ne sont pas sures. Juvénal convient qu’un roseau agité par le vent au clair de lune suffit à glacer d’effroi le voyageur et le cocher. Même en Italie, des bandes existent, qui écument les chaussées ténébreuses.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    De sorte que le Romain préfère quitter son cisium à la tombée de la nuit et prendre gîte dans une des nombreuses hôtelleries qui s’espacent au long des routes, encore que le confort y laisse à désirer et que plusieurs d’entres elles ne soient pas beaucoup plus sures que le grand chemin.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Sans doute, les mutationes, ou hôtelleries impériales, inspectées par les magistrats frumentaires, sont propres, avenante et bien outillée. Mais n’y pénètre pas qui veut. Le gérant n’y reçoit que les seuls voyageurs munis d’une autorisation spéciale, et elle ne s’accorde guère qu’aux proches de l’empereur, aux sénateurs, aux gouverneurs de provinces et autres dignitaires.<o:p></o:p>

    Le voyageur qui n’appartient pas à ce monde choisi doit se contenter de faire arrêter sa voiture devant une des nombreuses auberges publiques rencontrées aux marges des routes. Les délicats y souffrent fort. L’élégant Horace déclare qu’on ne consent à s’arrêter dans ces diversorium que crotté jusqu’à l’échine et mouillé jusqu’aux os. Dans la salle basse autour des tables une foule de gens suspects, un hôte hargneux, des visages inquiétants. Au mur, un coq grossièrement peint, avec cette inscription : « Quand ce coq chantera, on fera crédit ».<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Les lits, dans les chambres hautes, sont de simples paillasses rembourrées de roseaux. On y dort si l’on peut. La table ne vaut pas mieux. Des grives maigres en composent l’ordinaire. Parfois cependant, aux environs des villes, des mets extraordinaires remplacent ce menu famélique : quartiers de lion, de tigre ou de panthère. Car les hôteliers achètent à vil prix les fauves tués dans l’arène par les gladiateurs. Quelques rixes sauvages, brutalités de tout genre emplissent ces antres enfumés et malodorants qui ne sont pas faits pour inviter au voyage d’agrément.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Aussi les raffinés quand ils se déplacent, font suivre leur voiture par un chariot portant leur literie, leur batterie de cuisine, leurs provisions de bouche et les esclaves nécessaires. <o:p></o:p>

    Ils louent des chambres dans l’auberge et s’y installent presque « dans leur meuble ». Le lendemain matin, on recharge le mobilier, et l’on repart.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Comme on le constate dans son ensemble, le charroi romain laisse encore beaucoup à désirer, tant au point de vue de la rapidité qu’à celui du confort.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    Par contre, chose étonnante, certaines de ces voitures grossières sont munie d’un compteur de distance, fixé à l’essieu de la roue et qui, en laissant tomber dans un bassin de métal, un à un, les petits cailloux dont on l’a empli, indique le nombre de milles parcourus. <o:p></o:p>

    Vitruve en donne une description précise.



       Alfred CARLIER (L'Homme, la Route, le Rail, Histoire de la locomotion terrestre)
    <o:p></o:p>


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :