• UNE FETE INTERDITE PAR LOUIS XVI A REGNY

     

    REGNY : UNE FETE INTERDITE PAR LOUIS XVI


    Par arrêt du 10 février 1778, le parlement fait défense, sous peine de punition corporelle, à tous garçons de la ville, de Régny et des paroisses des environs, de s'afférer à l'occasion d'une espèce de réjouissance allez semblable aux fêtes baladoires déjà supprimées, et dont il ne pouvait résulter que des désordres. La requête du procureur-général contient la description de cette fête, si digne, des siècles d'ignorance qui l’ont vu naître.

    « Cette réjouissance consiste, dit ce magistrat, en ce que tous les garçons de la ville de Régny, et  ceux de la campagne, au-dessus de l'âge de 18 ans s’assemblent au son du tambour, le jour du mardi-gras, dans une place de la ville de Régny, où ils se rendent, ayant chacun sur l'épaule une hache ou quelques autres outils tranchants ; ils vont ensuite dans les bois taillis des environs , où ils coupent du bois, et font des fagots, dont ils chargent une charrette tant qu'il peut  en contenir: le dimanche suivant, qui est le premier dimanche de Carême, et qu'on appelle le dimanche des brandons, ces mêmes garçons s'assemblent au son du tambour et exigent que tous les hommes qui se sont mariés à Régny dans le courant de l'année, les suivent dans l'endroit où ils ont placé la charrette, et qu'ils s'y attèlent deux à deux, ce qui se fait au moyen d'une grosse et longue corde qu'on attache au timon de la charrette , à laquelle on met des bâtons en travers, de distance en distance ; lorsque tous les hommes mariés sont attelés, ils traînent la charrette chargée de fagots dans la ville ; ils sont escortés par les garçons, qui ont chacun un gros bâton sur l’épaule, etqui marchent à pas réglés au son du tambour; ils arrivent presque toujours dans la ville au moment où l'on sort des vêpres, et que les rues font pleines de monde ; quand on entre dans la ville, on double le pas ; et comme les rues font en pente, il arrive souvent que la charrette verse, ou qu'elle soit entraînée par la pente, en sorte que les personnes qui passent dans les rues, ainsi que celles qui traînent la charrette, sont souvent blessées et estropiées, et courent les plus grands dangers pour la vie ; la charrette, nonobstant des  événements qui peuvent arriver, est traînée dans une place appelée la place Notre-Dame ; les garçons en déchargent les fagots, dont ils font une pyramide fort haute entremêlée de paille , cette pyramide est appelée  foagan; ils dansent autour, et se retirent ensuite dans les cabarets , où ils boivent jusqu'à la  nuit ; ils se rassemblent de nouveau pour mettre le feu à la pyramide ; la place de Notre Dame, où cette pyramide en bois s’élève, est fort étroite, et environnée de maisons fort baissées , le toit de l’ église de Notre-Dame avance beaucoup sur cette place, en sorte que ceux qui habitent ces maisons sont toujours dans la crainte que leurs maisons et effets soient consumés par le feu

    Lorsqu'un homme marié s'absente de la ville et s'en expatrie, pour ne courir aucun danger, et ne pas s'atteler pour traîner la charrette , et qu'il reparaît dans la ville après quelque laps de temps que ce puisse être, ils se saisissent de lui, le promènent par toute la ville au son du tambour , le mènent à la place Notre-Dame , où il y a un grand puits , auprès duquel ils le font asseoir fur une chaise , où ils l'attachent pour qu'il ne puisse pas se relever, lui découvrent la tête , et chaque garçon tire un seau d'eau du puits qu'ils lui jettent sur la tête, le changent ensuite de chemise et d'habits,  le conduisent enfin au cabaret, où ils le contraignent de boire avec eux. »

    Tiré de : Journal Politique ou Gazette des Gazettes Année 1778.



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