• Village de MOINGT (Forez) : Vichy des Ségusiaves

    moingt

     

     

     

    MOINGT

    Vichy des Ségusiaves

    Par Marcel Roche

     

    On a découvert, en Forez comme ailleurs, des constructions romaines enfouies auprès de plusieurs sources.

     

    Ces thermes anciens, avec leur « atrium », ou cour intérieure, leur déshabilloir, chambre tiède, étuve, piscine dallée de marbre, sont les témoignages d’une civilisation poussée très avant et ou l’hygiène tenait un rôle important.

     

    Si l’on comparait l’âge des civilisations selon l’hygiène pratiquée, on pourrit dire que la notre n’est pas à demi-chemin de ce qu’était celle de Rome !

    Cependant toutes ces sources étaient utilisées seulement pour l’hygiène et très peu pour la thérapeutique.

    Les médecins et les prêtres firent parfois appel aux qualités guérisseuses de l’eau, mais bien rarement dans l’antiquité.

     

    Au Moyen-âge, à partir du XIII° siècle, on croit que les sources abritent des fées. La superstition élèvera des temples à des divinités qu’on croyait présider à la vertu de certaines eaux.

     

    C’est alors qu’on met à jour les sources et les bassins d’origine gallo-romaine. On construit des maladreries près des sources d’eaux minérales.

     

    Au XVI° siècle on allait déjà aux Eaux. Au XII° siècle la médecine hydrominérale fait encore des progrès ; les souverains, leurs seigneurs donnent l’exemple en allant, chaque année faire leur cure.

     

    En 1778 est publié un petit livre où Richard de Laprade expose les vertus des eaux minérales du Forez.

    Vers cette époque des chimistes envoyés par le roi firent l’analyse des eaux minérales de notre région.

     

    La conclusion de leurs travaux peut faire sourire ; la voici telle qu’elle : « Nos eaux (celles du Forez) enivrent un peu et donnent de la propension au sommeil. Pour éviter ce penchant, on usera de la promenade à pied et surtout de l’équitation. Comme ces eaux picotent et agacent agréablement le système des nerfs, elles augmentent les passions( !), mais il ne faut pas aller se briser à cet écueil ».

     

    Les deux sources de Moingt et de Montbrison sont inséparables. Moingt, autrefois Modinium puis Moind, fut appelé aussi Aquae Segatoe, non qui évoque la déesse des moissons, Ségesta, une Cérès d’origine hypothétique St-Galmier revendique ce titre, mais les thermes de St-Galmier sont ce qu’on a trouvé de plus pauvres en Gaule, tandis que Moingt possédait des thermes modernes et nombres d’hôtelleries et palaces qui en faisaient alors « la Vichy des Ségusiaves ».

     

    Les environs se couvrirent de lieux en terminaisons en « ieu », ce qui indique des « villas » gallo-romaines ; ces noms sont innombrables en Forez et cela confirme la richesse historique de cette province.

     

    La réputation des eaux de Moingt et de Montbrison date de 1816. On nettoya la source qui devînt un but de promenade mais on  en faisait que peu d’usage. A Moingt, on découvrit la présence d’hypocaustes (appareils pour chauffer les bains) et ce qui n’est pas sans étonner nos contemporains, un réservoir à huîtres, bien que Moingt fût à 350 kilomètres de la mer…

     

    Dans cette commune existaient deux sources : la grande fontaine des Romains à l’emplacement de la chapelle Sainte-Eugénie, édifiée au XII° et au XV° siècle aujourd’hui disparue et la fontaine de Moingt, ou de Fontfort, à la limite de Montbrison : c’est celle qui existe actuellement. Au Moyen-âge, on l’appelait Source de Ladres ou de l’Hôpital, car Moingt possédait une importante léproserie ou maladrerie, fondée au XII° siècle par le Comte Guy de Forez.

     

    Moingt, la Vichy des Ségusiaves, conserve encore les ruines d’un théâtre antique, un mur des Sarrazins. Les Sarrazins détruisirent Moingt » où toute ces eaux bouillonnent davantage quand le tonnerre gronde » écrivit Victor de Laprade).

     

    Ces ruines, dont quelques-unes sont encore visible, attestent de la grandeur passée de Moingt et de la pauvreté de l’histoire…

     

    Aucun document n’existe sur l’ancienneté de la source de Montbrison dont la réputation est également très ancienne. On l’appelait la Source de la Rivière, étant située près du Vizely, et l’endroit où elle se trouve est appelé quai des Eaux Minérales. Elle a toujours servi uniquement à la consommation familiale ; contrairement à Moingt, aucun therme n’a été mis à jour dans la sous-préfecture.

     

    Pendant les grosses chaleurs de l’été 1837 une fièvre se déclara parmi la garnison de Montbrison. L’analyse des eux démontra que «  les carbonates de soude er de magnésie doivent communiquer à ces eux des propriétés fortement purgatives quand on les prend en trop grande abondance ».

     

    La réputation des eaux de l’agglomération montbrisonnaise ne dura pas longtemps ; elles furent que très peu exploitées. En 1886, on accusait 15 000 bouteilles vendues ; 55 000 en 1874 ; 100 000 en 1878, puis seulement 10 000 en 1913.

     

    Ainsi, contrairement aux autres villes minérales du Forez, St-Romain, St-Galmier, Sail, Montrond, les sources de Moingt et de Montbrison, après avoir connu un illustre passé, sont tombées en disgrâce et n’ont pu se développer industriellement. Quoi qu’il en soit, elles font le bonheur des populations de l’agglomération qui ne se privent point de faire honneur à ces eaux rafraîchissantes.


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