LA PREMIERE LIGNE DE CHEMIN DE FER DESTINEE AUX VOYAGEURS<o:p></o:p>
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Le 27 septembre 1825 se place un événement historique de cette civilisation mécanique qui est la nôtre : louverture de la première ligne de chemin de fer destinée aux voyageurs.<o:p></o:p>
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Elle unit Stocktonon-Tees à Darlington, vingt-trois miles. De son court et mince faux-fil, elle ouvre un avenir fabuleux aux transports automoteurs.<o:p></o:p>
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Pour avertir la population du danger, et prévenir ainsi les accidents, un cavalier porteur dun drapeau rouge galope devant la locomotive, celles-ci court à la moyenne de huit kilomètres à lheure. Au nombre des trente huit wagons quelle tire est une plate-forme qui porte en son milieu un extraordinaire véhicule à la silhouette de diligence, construit tout exprès en vue des présentes solennités. Cest une sorte de berline pourvue dun siège de cocher à chaque bout, comme pour permettre datteler indifféremment dans un sens ou dans lautre.<o:p></o:p>
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Au-dessus flotte au vent une bannière portant cette devise inquiétante : « Periculum privatum utilitas publica » : « Danger pour les particuliers, utilité pour le public ». A bord sont les autorités, tandis que savants, techniciens et invités se sont installés comme ils ont pu dans les wagons transconiques évasés vers le haut, vidés du charbon quils transportent habituellement et dont il a fallu enjamber les bordages. Mais ils peuvent se consoler de linconfort, à constater quen somme, le véhicule où sont les officiels est probablement moins solide que les poubelles aménagées où ils ont dû prendre place. Nempêche que linauguration malgré les apparences, leur passe pour une bonne part inaperçue : la première voiture de voyageurs à voir le jour nest pas pour eux.<o:p></o:p>
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Des gens du monde à cheval escortent le train. Dans leur nombre, on compte des femmes dont lémancipation est à la mode, dès cette époque, dans la bonne société britannique. A un moment, le rail grimpe une rampe assez forte ; une machine à vapeur fixe, établie au bord de la voie prend alors la traction en charge. Son treuil hisse les wagons et leur locomotive qui prendra le relais une fois parvenue à ce décourageant sommet. Tout au long du parcours, la foule acclame ce début qui promet des merveilles à tous les Phileas Fogg à venir.<o:p></o:p>
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Avec lapparition du chemin de fer, voleur de grands chemins et détrousseurs de diligences, eux, voient péricliter leur négoce. Mais larbre du péché est aussi celui de la Science. De même que les simples travailleurs, les criminels sauront sadapter au siècle de la vapeur. Sur le chemin de fer, labsence de surveillance continue, lobscurité des trains de nuit ou celle, même des tunnels, la somnolence du voyageur ouvrent des perspectives. A ce nouveau mode de communication se posent bien vite, outre les problèmes de la sécurité technique, ceux de la protection de lutilisateur contre les menaces de la délinquance ou de la folie.<o:p></o:p>
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Pour résoudre les premiers, savants et artisans, industriels, administrateurs des grandes compagnies fournissent un effort remarquable. Pour les seconds la presse, reflet de lopinion publique, fera porter à la fois sur lÉtat et sur les sociétés fermières le reproche de négligence voire dincurie. Il faudra quelques crimes retentissants pour que Napoléon III conçoive la nécessité dun système de surveillance, et, par des aménagements intérieurs, dune protection efficace du voyageur contre les entreprises menaçant sa bourse, ou sa vie, ou les deux. Bien entendu, la perfection dans ce domaine ne sera jamais atteinte. On peut désormais se débarrasser dun gêneur en le ficelant sur le rail, dun cadavre, en lexpédiant en petite ou à grande vitesse ou, moins cher, en le déposant à la consigne. Et il y a des malandrins de la spéculation. Aux années 1830, à Saint-Just-sur-Loire, Melle Desmaret commandait à ses gens de détruire, la nuit les rails qui traversaient ses terres. En 1962, lasse dobéir, lépouse dun adjudant Robillaud, premièrement le tue ; puis le découpe, chiffre record, en 327 morceaux que, du haut du pont de Savigny-sur-Orge, proche de son domicile, elle jette un à un sur les trains qui passent là. Il en résulta un tel éparpillement du défunt que les principales gares de France, et quelques unes de létranger, en reçurent au moins un morceau.<o:p></o:p>
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